Junte Nationale de Gouvernement
La Junta Nacional de Gobierno (JNG, en français Junte Nationale de Gouvernement) est un triumvirat qui a gouverné le Nicaragua du 1er mai 1972 au 1er décembre 1974. Il a été établi à la suite de la Convention politique Agüero-Somoza afin qu'il y ait une période de transition, pour permettre de préparer les conditions de tenue d'élections libres. Le conseil d'administration de la junte est composé de 2 libéraux (proche de Somoza) et d'un conservateur, l'objectif de ce dernier étant de contrôler que ce qui était convenu dans l'accord était respecté.
Il Ă©tait composĂ© du gĂ©nĂ©ral Roberto MartĂnez Lacayo, du docteur Alfonso Lovo Cordero (tous deux membres du parti au pouvoir, le Parti libĂ©ral nationaliste, PLN, au service d'Anastasio Somoza Debayle) et du docteur Fernando AgĂĽero Rocha (du parti d'opposition, le Parti conservateur, PC).
Après le tremblement de terre du 23 dĂ©cembre 1972, AgĂĽero, figure de l'opposition , s'oppose Ă la nomination d'Anastasio Somoza comme super ministre de la reconstruction, ce qui lui attribue les pleins pouvoirs. Un groupe de conservateurs qui se sont alliĂ©s Ă Somoza a formĂ© un nouveau conseil d'administration national du Parti conservateur et a Ă©vincĂ© AgĂĽero du conseil d'administration de la Junte. Il a Ă©tĂ© remplacĂ© par Edmundo Paguaga IrĂas qui Ă©tait soutenu par l'homme d'affaires Alberto Chamorro Benard et par l'ambassadeur des États-Unis de l'Ă©poque, James Cheak, favorable Ă un coup d'État de Somoza.
Ce triumvirat est le rĂ©sultat du Pacte Kupia Kumi (qui dans la langue Miskito signifie « un seul cĹ“ur »), signĂ© le 28 mars 1971 dans la Sala Mayor du Théâtre National RubĂ©n DarĂo (TNRD) dans la capitale Managua entre Somoza et AgĂĽero en tant que dirigeants de leurs partis respectifs, pour parvenir Ă des Ă©lections libres. Ce pacte s'est conclu en autorisant que Somoza soit ou non candidat, mais avec l'observation de l'Organisation des États amĂ©ricains, pour parvenir Ă une nouvelle constitution et Ă des Ă©lections libres. le Parti conservateur avait une majoritĂ© dans les conseils de rĂ©ception des votes dans 6 dĂ©partements nicaraguayens et une reprĂ©sentation au Tribunal Ă©lectoral suprĂŞme et Ă la Cour suprĂŞme de justice, ce qui lui autorisait ces revendications. Le Parti conservateur rĂ©clamait Ă©galement la mise en place de la loi d'identification, qui Ă l'Ă©poque n'existait pas, pour identifier les Ă©lecteurs, et Ă©tait l'une des revendications du Parti conservateur depuis qu'AgĂĽero avait pris les rĂŞnes du parti en 1960.
Avant la junte
En 1966, AgĂĽero a fondĂ© l'UniĂłn Nacional Opositora (UNO - Union de l'opposition nationale), une coalition Ă©lectorale de 5 partis politiques opposĂ©s au somocisme, avec le docteur Pedro JoaquĂn Chamorro Cardenal – directeur du journal La Prensa – pour vaincre Somoza aux Ă©lections du 5 fĂ©vrier 1967. La campagne de l'UNO a Ă©tĂ© soutenue par tous les secteurs sociaux du pays, en particulier les paysans. Le dimanche 22 janvier 1967, sur la Plaza de la RepĂşblica Ă Managua, il y eut une manifestation de plus de 50 000 personnes de l'UNO s'opposant au rĂ©gime. Vers 17 heures, une partie de la foule a dĂ©cidĂ© de se rendre Ă la maison prĂ©sidentielle de Loma de Tiscapa. Un peloton de la Garde nationale (GN, dont le gĂ©nĂ©ral Somoza Ă©tait le directeur en chef) Ă©tait stationnĂ© pour empĂŞcher le passage des manifestants. Peu de temps après, un franc-tireur de l'UNO, cachĂ© dans les lauriers indiens prĂ©sent dans la rue, a tirĂ© sur le lieutenant Sixto Pineda CastellĂłn, le tuant et dĂ©clenchant une fusillade, pendant laquelle entre 1 000 et 1 500 personnes ont Ă©tĂ© tuĂ©es par des membres de la Garde nationale. AgĂĽero, Chamorro et d'autres dirigeants de l'UNO se sont rĂ©fugiĂ©s au Gran Hotel (actuel centre culturel de Managua). Le lendemain, en quittant l'hĂ´tel, ils ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©s, en violation de ce qui avait Ă©tĂ© convenu par AgĂĽero, et ce en prĂ©sence de l'attachĂ© militaire de l'Ambassade des États-Unis, le colonel Francisco. Ils ont Ă©tĂ© emmenĂ©s Ă la prison de Hormiguero et AgĂĽero a Ă©tĂ© libĂ©rĂ© 43 jours plus tard. AgĂĽero s'est prĂ©sentĂ© aux Ă©lections de 1967 dans ces conditions, L'UNO souhaitant obtenir la libĂ©ration des prisonniers.
Le Pacte Kupia Kumi
À la suite du massacre du 22 janvier, Agüero a perdu les élections face à Somoza, où il y eût une forte abstention, deux semaines après les événements sanglants, et le Somoza a pris ses fonctions. L'Union de l'opposition nationale a décidé de prendre part aux élections malgré ces conditions défavorables pour tenter d'obtenir la libération de nombreux prisonniers politiques. Par la suite, l'Union nationale de l'opposition s'est dissoute et ne réapparaîtra qu'en 1989, sous le régime sandiniste.
Le 10 novembre 1970, Somoza a invitĂ© AgĂĽero Ă un dialogue politique qu'il a acceptĂ© en tant prĂ©sident du Parti conservateur, avec une dĂ©claration le 19 novembre. Une semaine plus tard, le 27, ils se sont rencontrĂ©s au Théâtre national RubĂ©n DarĂo pour entamer le dialogue. Le gĂ©nĂ©ral Somoza Ă©tait conseillĂ© par les docteurs Cornelio HĂĽeck et Salvador Castillo et AgĂĽero par Arnoldo Lacayo Maison et JosĂ© JoaquĂn Cuadra Cardenal, respectivement secrĂ©taires politique et technique du PC. Au dĂ©but de 1971, les nĂ©gociations se sont poursuivies chez HĂĽeck dans la ville de Masaya, dans lesquelles il a Ă©tĂ© convenu de former une junte gouvernementale nationale de 3 membres (2 du Parti libĂ©ral nationaliste et 1 du Parti conservateur).
L'intention avec la Junte était d'établir un gouvernement de transition, une nouvelle Constitution qui entrerait en vigueur 3 ans plus tard en 1974 – remplaçant celle de 1950 –, ou encore des élections législatives le premier dimanche de février 1972 pour élire une Assemblée nationale constituante. Cela a abouti à la signature du pacte Kupia Kumi le 28 mars 1971 dans la Sala Mayor du TNRD entre Somoza et Agüero dans un acte public.
L'interdiction de Somoza d'être candidat aux élections de 1974 a été levée, mais à la condition que les lois et l'environnement nécessaires à une élection libre en 1974 soient établis. Pour la réforme de la Constitution, le Congrès a été dissous et une constituante a été convoquée, où le Parti conservateur a exigé 40% des constituants, puisque cette élection des constituants allait se dérouler selon les anciennes lois et règles des Somozas. Le Parti conservateur ne se contentait d'une minorité figée, comme certains détracteurs de la Convention politique ont voulu le projeter, car la durée de la constituante serait de 2 ans et demi, et des élections générales se tiendrait le 1974, dans lesquels le PC espérait remporter beaucoup de sièges. D'autant que l'accord prolongerait le mandat des élus jusqu'au 1981, et que ces élections devaient se dérouler sous l'observation d'observateurs internationaux invités par l'intermédiaire de l'Organisation des États américains (OEA).
Le gouvernement de la Junte
Le matin du 1er mai 1971, Anastasio Somoza Debayle a remis le pouvoir au gĂ©nĂ©ral Roberto MartĂnez Lacayo et aux mĂ©decins Alfonso Lovo Cordero et Fernando AgĂĽero Rocha, qui ont formĂ© la Junte gouvernementale nationale (JNG), laissant le gĂ©nĂ©ral Somoza comme directeur en chef de la Garde nationale. Les trois nommĂ©s exerceraient le pouvoir exĂ©cutif. Somoza a prĂŞtĂ© serment cette mĂŞme nuit en tant que directeur en chef de la Garde nationale.
Neuf mois plus tard, le 23 décembre 1972, un séisme de 6,2 degrés sur l'échelle de Richter détruit une partie de la capitale. La Junte, regroupée à côté des ruines de la Maison présidentielle (qui s'est partiellement effondrée) a décrété la loi martiale et nommé Somoza président du Comité national d'urgence, rencontrant l'opposition du Dr Agüero. Somoza récupère des pouvoirs absolus pour intervenir dans l'urgence, s'érigeant en tant que gouverneur militaire et, de fait, en tant que dirigeant du pays. De nombreuses fonctions du conseil ont été transférées à Somoza, bien que la formalité de l'exécutif ait été détenue par le conseil. Les 3 membres de la Junte se sont pliés aux souhaits de Somoza en installant leurs bureaux à Hacienda El Retiro, la résidence de Managua de l'épouse de Somoza, Hope Portocarrero.
Un dĂ©cret du conseil de la Junte a confisquĂ© 640 manzanas (quartiers) dans le centre de Managua, le plus touchĂ© par le tremblement de terre qui a fait près de 19 000 morts, interdisant la reconstruction, et provoquant dès lors un malaise entre les entreprises privĂ©es et une partie des habitants. AgĂĽero n'a pas dĂ©missionnĂ© du conseil d'administration en 1973. Le secrĂ©taire politique de l'ambassade nord-amĂ©ricaine, James Cheak, a conseillĂ© Ă AgĂĽero de ne pas dĂ©missionner car il Ă©tait prĂ©fĂ©rable que Somoza fasse un coup d'État. Il a tentĂ© de dissimuler ce coup d'État avec l'aide de certains membres du parti conservateur bien connus, mais cela a Ă©tĂ© commis dans l'illĂ©galitĂ©, puisque ce choix a Ă©tĂ© commis en n'ayant pas la majoritĂ© du du Conseil suprĂŞme du Parti conservateur, le seul organe qui avait la capacitĂ© de faire, donc. AgĂĽero a finalement Ă©tĂ© dĂ©mis de ses fonctions auprès de la Junte par le Congrès et Edmundo Paguaga a Ă©tĂ© nommĂ©. L'AssemblĂ©e a rĂ©digĂ© la nouvelle Constitution qui est entrĂ©e en vigueur en 1974 et les Ă©lections ont Ă©tĂ© remportĂ©es par Somoza. Il a pris ses fonctions le 1er dĂ©cembre au Théâtre national RubĂ©n DarĂo. En tant qu'anciens dirigeants de la junte, Lovo et MartĂnez avec le Dr Lorenzo Guerrero GutiĂ©rrez (qui, Ă©tant vice-prĂ©sident, a succĂ©dĂ© Ă RenĂ© Schick GutiĂ©rrez Ă la prĂ©sidence de la RĂ©publique Ă sa mort le 3 aoĂ»t 1966 jusqu'Ă l'investiture de Somoza le 1er mai 1967) sont devenus sĂ©nateurs. Parmi les dĂ©putĂ©s figuraient Francisco Urcuyo Maliaños (vice-prĂ©sident et futur prĂ©sident par intĂ©rim en 1979, proche de Somoza) et les ingĂ©nieurs Luis Pallais Debayle et JosĂ© Somoza Abrego, respectivement cousin et neveu du gĂ©nĂ©ral Somoza. Tous ont occupĂ© ces postes jusqu'Ă la rĂ©volution sandiniste en 1979.
Références
- UCSD collections
- Entretien avec Agüero, dans Le Nouveau Quotidien, 14 juin de 1999, consulté le 24 août 2011.
- Présidents du Nicaragua, dans Le Nouveau Quotidien, 24 décembre de 1999, consulté le 24 août 2011.