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Joseph Owona

Joseph Owona, né le à Akom, est un professeur de droit et homme d’État camerounais. Il a été plusieurs fois ministre et est depuis avril 2020, membre du Conseil constitutionnel.

Biographie

Enfance et débuts

Joseph Owona est né le à Akom dans le département de l'Océan, dans la région du Sud Cameroun. Il fait ses études supérieures à l’université de Yaoundé, puis en France à l'université Panthéon-Sorbonne. Il est titulaire d'une licence en droit, du DES en droit public, du DESS en sciences politiques, du doctorat d’État en droit public[1]. Il est lauréat du concours français d’agrégation en droit public et en science politique.

Il commence sa carrière académique en tant qu'assistant à l’université Panthéon-Sorbonne de 1969 à 1972 puis à l’université de Yaoundé de 1972 à 1977 en qualité de chargé de cours au sein la faculté de droit et sciences économiques[2]. Il occupe au même moment plusieurs postes de responsabilité dont celui de membre de l'Académie des sciences de la république du Cameroun, et régulièrement reçu comme professeur visiteur à l'Institut d'Afrique de l'Académie des sciences de l'URSS[3].

Il a enseigné durant plus d'une quarantaine d'années dans plusieurs universités africaines et du monde.

Il assure la fonction de chef du service enseignement et recherche à l’université de Yaoundé en 1973, puis chef du département de droit public en 1976. Il est nommé directeur de l’Institut des relations internationales du Cameroun le 9 septembre 1976 et occupe la fonction jusqu'au 22 août 1983[2]. Il devient ensuite chancelier de l’université de Yaoundé du 22 août 1983 au 13 septembre 1985. Joseph Owona est considéré comme le père du constitutionnalisme au Cameroun, et a été de la première génération des juristes et jurisconsultes ayant essaimé la science du droit au Cameroun et en Afrique[4].

Parcours politique

Ayant eu maille à partir avec le président Ahidjo du fait de ses positions intellectuelles progressistes proches du socialisme, et d'un article scientifique retentissant considéré comme une critique à l'endroit du pouvoir intitulé "L' institutionnalisation de la légalité d'exception dans le droit public camerounais" paru en 1974[5], le jeune Juriste Owona fait partie des personnes observées de près par le pouvoir et les services de sécurité notamment à cause de sa liberté de ton. Mais ayant comme protecteur Paul Biya, alors secrétaire général de la présidence de la République, cette proximité qui lui vaut d’échapper de peu à la répression[6].

Avec l'avènement de son mentor et protecteur Paul Biya au Pouvoir en 1982, Joseph Owona gravit les échelons du pouvoir. Il a plusieurs fois été ministre, et est surnommé à un moment donné par l'opinion Camerounaise "le sapeur-pompier", puisqu'en ce moment il semble bénéficier de la toute confiance du président Camerounais Paul Biya qui lui confie les dossiers les plus sensibles à gérer et en fait un baron clé de son système. Réputé très légaliste et surtout rigide, il apparait toutefois comme un fidèle de Paul Biya[7] qui lui a évité les geôles du président Ahidjo qui voit d'un mauvais œil cet intellectuel libre et clairement à gauche dans un contexte où ce dernier est proche du pouvoir de droite du général de Gaulle et de ses héritiers.

Il occupe la prestigieuse fonction de secrétaire général de la présidence de la République du 9 avril 1992 au 21 juillet 1994, ayant été avant cette promotion secrétaire général adjoint. Il a laissé l'image d'un homme rigoureux et intègre, même s'il lui a été à un moment donné reproché son tropisme identitaire, par des accusations de Sème Ndzana, philosophe Camerounais, jamais prouvées. Dans les années 1990, il joue un rôle très remarqué dans le renforcement du pouvoir du président Paul Biya, bousculé par l'ouverture au multipartisme avec la montée en puissance de Ni John Fru Ndi, et la percée de l'UNDP dans la partie septentrionale. Owona est alors mis à contribution par son mentor pour sélectionner les jeunes élites du septentrion favorables au président Paul Biya et lui conforter la reconquête de cet espace qui lui tient à cœur, mission qu'il réussira et qui ramènera dans le giron du pouvoir cette partie du pays nostalgique de l'ère du président Ahmadou Ahidjo. Bien qu'étant un soutien de Paul Biya, il jouit d'une certaine crédibilité auprès de toute la classe politique, notamment celle de l'opposition qui le considère davantage pour son intégrité et son rayonnement au sein du milieu universitaire où il compte des proches[8]. Il est d'ailleurs proposé par cette dernière en 2008, par le chef de l'opposition camerounaise Ni John Fru Ndi, et Christian Cardinal Tumi, premier cardinal de l'histoire du Cameroun, qui voit en lui une personnalité objective et crédible pour faire partie de la direction de la Commission électorale indépendante[9], qui verra le jour en 2006 sans lui sous le nom d'Elections Cameroon[10].

Au cours de son passage au gouvernement, il joue un rôle clé, avec d'autres personnalités telles que les gardes des Sceaux maître Douala Moutome, Amadou Ali, ou Encore Maurice Kamto sous la coordination du président Paul Biya[11] dans le règlement du différend sur le tracé de la frontière terrestre et maritime qui oppose le Cameroun à la république fédérale du Nigeria avec en apothéose en 2006 la signature des accords de Greentree sous l'égide de la Cour internationale de justice (CIJ)[12].

Dans sa riche carrière gouvernementale, Joseph Owona est nommé par Paul Biya aux diverses fonctions du pouvoir. En 1985, il est nommé secrétaire général adjoint de la présidence de la République puis ministre de la Fonction publique et du Contrôle de l’État du 16 mai 1988 au 7 septembre 1990. Entre le 7 septembre 1990 au 9 avril 1992, il est ministre de l’Enseignement supérieur, de l’Informatique et de la Recherche scientifique, par ailleurs chancelier des ordres académiques de la république du Cameroun. Secrétaire général de la présidence de la République du 9 avril 1992 au 21 juillet 1994, il sera ensuite ministre de Santé publique (21 juillet 1994-19 septembre 1996), ministre délégué à la présidence de la République chargé du contrôle supérieur de l’État (19 septembre 1996 – 7décembre 1997 – 18 mars 200) ; ministre de l’Éducation nationale (18 mars 2000 – 8 décembre 2004)[13].

Il devient très impopulaire du fait de sa rigueur en tant que ministre de l’Éducation nationale, avec des résultats désastreux au baccalauréat avec un pourcentage de 21 % de réussite, dans un contexte de préparation de l'élection présidentielle, l'opinion lui sera très défavorable. À ce propos il affirmera :" «les résultats du bac sont le reflet du niveau des candidats»[14].

Il a été membre titulaire élu du comité central du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) parti au pouvoir au Cameroun. Entre 2013 et 2015, il préside le comité de normalisation de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT) et fait preuve d'une intransigeance très appréciée par la FIFA, malgré une appréciation très mitigée de la part de l'opinion qui a du mal à accepter la rigueur de ce juriste chevronné, dans un pays où le football fait office de religion nationale. Il est ensuite nommé Par Paul Biya à sa sortie du gouvernement président du conseil d'administration de la Société de recouvrement des créances (SRC).

Sur le plan diplomatique, en 2018, Joseph Owona est désigné, aux côtés de l'ancien vice-président de la transition du Mali Dioncounda Traoré[15], par la Communauté économique des États de l'Afrique centrale à l'effet de diriger la mission d'observation des premières élections présidentielles ayant conduit à l'alternance démocratique dans ce pays avec l'élection de Félix Antoine Tshisekedi[16].

Considéré comme l'un des fidèles du président Paul Biya, et jouissant de l'image d'une personnalité n'ayant connu aucun scandale, ni accusation de détournement dans un pays où la corruption des politiques est largement décriée.

Le 15 avril 2020, il est nommé membre du conseil constitutionnel en remplacement de Jean Foumane Akame décédé[17].

Famille

Marié, et polygame, Joseph Owona est patriarche de la Tribu Mvog Tsung Mballa (Zomloa),la tribu Ewondo la plus nombreuse et présente dans les régions du Centre et du Sud du Cameroun. Il est initié et choisi par le patriarche plus que centenaire des Beti Mboudou Ngambong[18]. Cette intronisation comme patriarche, léguée par celui qui fait office de plus ancien et du plus puissant patriarche Ekang-Beti au Cameroun (agé de près de 130 ans), en présence des notabilités traditionnelles et mystiques Etenga, Bassas en passant par les Etoudi, les Yezoum ; les Etons, et tous les grands groupes de la province du Centre représentés, est considérée par certains observateurs comme le début de l'effritement de ses rapports avec son mentor, à qui il a pourtant toujours témoigné et affirmé sa fidélité[19].

Il est le père de plusieurs enfants parmi lesquels les plus en vue sont : le politologue camerounais Eric Mathias Owona Nguini, vice-recteur de l'université de Yaoundé ; Kourra Félicité Owona Mfegue, avocate et enseignante de droit ; et Ben Joseph-Wladimir Owona, médecin et capitaine de l'équipe nationale de basket ball du Cameroun vice-championne d'Afrique en 2007[20].

Publications

  • Les systèmes politiques prĂ©coloniaux au Cameroun, Éditions L'Harmattan, , 114 p. (ISBN 978-2343072944)
  • Droits constitutionnels et institutions politiques du monde contemporain, Éditions L'Harmattan, , 732 p. (ISBN 978-2-296-12846-0)
  • Droit international humanitaire, Éditions L'Harmattan, , 216 p. (ISBN 978-2-336-00123-4)
  • Le contentieux administratif de la RĂ©publique du Cameroun, Éditions L'Harmattan, coll. « Droits africains et malgache », , 232 p. (ISBN 978-2-296-55412-2)
  • Droit de la fonction publique camerounaise, Éditions L'Harmattan, coll. « Droits africains et malgache », , 258 p. (ISBN 978-2-296-55413-9)
  • La DĂ©centralisation camerounaise, Éditions L'Harmattan, coll. « Droits africains et malgache », , 172 p. (ISBN 978-2-296-55409-2)
  • EncyclopĂ©die juridique de l'Afrique (droit international et relations internationales) Tome II, (co-auteur).
  • J. Owona; « L’essor du constitutionnalisme rĂ©dhibitoire en Afrique noire. Étude de quelques “constitutions Janus” », in MĂ©langes en l’honneur de P.-F. Gonidec. État moderne : horizon 2000 : aspects interne et externe, Paris, LGDJ, 1985, p. 235
  • Owona, Joseph. Published in: Revue camerounaise de droit. - YaoundĂ© : Ed. CLE, ZDB-ID 191174-0. - Vol. 6.1974, p. 104-123.
  • Droit constitutionnel et rĂ©gimes politiques africains, Berger-Levrault, coll. Mondes en devenir, 1985,(978-2-7013-0617-9).
  • DomanialitĂ© publique et expropriation pour cause d'utilitĂ© publique au Cameroun, L'Harmattan, Droits africains et malgache, 2012,(978-2-336-00124-1).
  • La Nouvelle voie chinoise ou l'Air pur du soir, Berger-Levrault, Collection Mondes en devenir, 1986, (ISBN 978-2-7013-0667-4)
  • La RĂ©publique populaire dĂ©mocratique de CorĂ©e : "Et pour vous, qui suis-je ?" BrochĂ© – IllustrĂ©, 6 mai 2021, d'Edmond Jouve,vec les contributions de : Pierre Boudot, Bernard Chantebout, Derek Elzein, Marcelle Jouve, FrĂ©dĂ©ric Titinga PacĂ©rĂ© Naba. (ISBN 234321607X)

Notes et références

  1. Juyas, « Joseph Owona: Vie et parcours », sur Camfoot.com, (consulté le )
  2. « Joseph Owona : un constitutionnaliste dans son élément », sur www.cameroon-tribune.cm, (consulté le )
  3. Droits constitutionnels et institutions politiques du monde contemporain (ISBN 978-2-296-12846-0, lire en ligne)
  4. Juin 2012 | Livre | 29, « OWONA Joseph », sur Camerlex, (consulté le )
  5. Joseph Owona, « L' institutionnalisation de la légalité d'exception dans le droit public camerounais », Revue camerounaise de droit, revue camerounaise de droit. - Yaoundé : Ed. CLE, ZDB-ID 191174-0. - Vol. 6.1974, p. 104-123, vol. 6,‎ (lire en ligne, consulté le )
  6. « Parcours de S.E. Paul BIYA », sur www.prc.cm (consulté le )
  7. « Cameroun/Joseph Owona : « je ne peux pas avoir d’ambitions particulières que d’être fidèle » », sur Actu Cameroun, (consulté le )
  8. Luc Ngwé, Hilaire De Prince Pokam, Albert Mandjack et Ernest Folefack, « L’université et les universitaires dans les mutations politiques et éducatives au Cameroun », Cahiers de la recherche sur l’éducation et les savoirs, no 5,‎ , p. 169–191 (ISSN 1635-3544, lire en ligne, consulté le )
  9. « Bonaberi.com : Elecam: Le SDF propose sa liste », sur Bonaberi.com (consulté le )
  10. KOUOKAM Ubald, « Loi no 2006/011 du 29 décembre 2006 portant création, organisation et fonctionnement d'Elections Cameroon (ELECAM) », sur www.minjustice.gov.cm (consulté le )
  11. « Cameroun - Joseph Owona: « C’est Paul Biya qui est le héros de Bakassi, pas Maurice Kamto » », sur Actu Cameroun, (consulté le )
  12. « Cameroon-Info.Net:: Bakassi : Le grand jour », sur www.cameroon-info.net (consulté le )
  13. osidimbea, « Joseph Owona », sur osidimbea.cm (consulté le )
  14. « RFI - Cameroun - Des taux d’échecs records au baccalauréat », sur www1.rfi.fr (consulté le )
  15. « Réunion de principaux candidats à la présidentielle autour de Dioncounda Traoré » (consulté le )
  16. user1, « RDC/ Elections : La CEEAC dépêche une mission internationale d’observation électorale à Kinshasa – Geopolismagazine » (consulté le )
  17. Dieudonné Zra, « Conseil constitutionnel: Joseph Owona prête serment », sur Cameroon Radio Television, (consulté le )
  18. « 237Story Cameroun - [Politique] Crime de ‹‹ lèse-président ›› ils ont été ‹‹ soupçonnés ›› de vouloir le pouvoir ! », sur 237story.net (consulté le )
  19. « Cameroon-Info.Net:: Revue de presse du 8 Septembre 2003 », sur www.cameroon-info.net (consulté le )
  20. Rue2ponpon, « Enquête : Que sont devenus les vice-champions d’Afrique 2007 ? », sur LeCoindole (consulté le )

Voir aussi

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