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Joseph-Alexandre Bergon

Joseph-Alexandre Bergon (1741-1824) est un juriste, appartenant au corps des administrateurs du ministĂšre des finances, directeur gĂ©nĂ©ral des ForĂȘts de 1805 Ă  1817. Conseiller d’État, il est fait comte d’Empire en 1811.

Joseph-Alexandre Bergon
Description de l'image Alexandre-Bergon.jpg.
Naissance
Rinhodes (Aveyron)
DĂ©cĂšs
Paris
Nationalité Française
Profession
Directeur gĂ©nĂ©ral de l'administration des forĂȘts

Biographie

Joseph-Alexandre Bergon est nĂ© le 21 fĂ©vrier 1741 au lieu-dit « Mirabel » de la paroisse de Rinhodes dans le Rouergue, de Pierre Bergon (1696-1768), notaire et avocat au village voisin de La Capelle-Balaguier, et d'HĂ©lĂšne Pradines († 1775)[1].

Il fait probablement ses humanitĂ©s au collĂšge des JĂ©suites de Rodez. Sur les traces de son pĂšre, il suit des Ă©tudes juridiques et devient avocat au Barreau de Paris. Alors que MaupĂ©ou prĂ©side le parlement de Paris, il abandonne cette carriĂšre pour se consacrer exclusivement aux lettres[2]. Il compose un grand nombre d'Ă©crits dont les seuls que l'on connaisse sont les Ă©loges au marĂ©chal d'EstrĂ©es, au mathĂ©maticien Clairaut et du grammairien Restaut[3]. Mais en 1767 il renonce Ă  ce « stĂ©rile mĂ©tier d'auteur » pour entrer Ă  l’ñge 26 ans dans l’administration des Finances comme commis[4].

En 1778[1] il est secrĂ©taire Ă  l’Intendance d’Auch et Pau[4] alors que Douet de La Boullaye en est l’intendant[5]. Ses fonctions en Bigorre, au moment de la RĂ©volution, expliquent sa proximitĂ© avec BarĂšre, natif de Tarbes et futur dĂ©putĂ© rapporteur des deux premiĂšres lois forestiĂšres de la Constituante[6].

Puis il est nommĂ© en 1783 premier commis de l’Intendant des « Mines et MiniĂšres de France », dĂ©pendant du ContrĂŽle gĂ©nĂ©ral des finances, et dont Douet de La Boullaye en est alors l’intendant. De 1785 Ă  1788, Douet de La Boullaye est l’intendant Ă©galement des Droits domaniaux, avec Bergon Ă  ses cĂŽtĂ©s comme premier commis. En 1789, Bergon suit Douet de La Boullaye promut Ă  l’Administration de la Ferme gĂ©nĂ©rale[5].

En 1792, Bergon s’occupe des dĂ©tails « relatifs Ă  la Conservation GĂ©nĂ©rale des ForĂȘts et Ă  la rĂ©gie nationale des douanes »[4] que lui a probablement confiĂ© Louis TarbĂ©, ministre des Finances. Ainsi Ă  cette date, il entre dans l'Administration des ForĂȘts qu'il ne quittera que 25 ans plus tard en 1817, occupant des postes de premier plan en ne connaissant, pour autant, pas « d'autres arbres que ceux du jardin des Tuileries »[5].

Fonctionnaire prudent, « Bergon se montra partisan modéré de la Révolution et se fit peu remarquer pendant la Terreur. »[2].

En 1793, Bergon s’occupe des « dĂ©tails relatifs Ă  la conservation des forĂȘts » au DĂ©partement des Contributions des Revenus publics (l'Ă©quivalent du ministĂšre des Finances) dirigĂ© par le ministre Destournelles. Sous la Convention Thermidorienne (1793-1794), il est le chef de la DixiĂšme division «bois et forĂȘts ». Sous le Directoire (1795-1799), lorsque les forĂȘts sont confiĂ©es Ă  la « RĂ©gie des Droits d’Enregistrement, Timbres, Patentes et du Domaine National », Bergon est le « Directeur de la correspondance relative aux bois et forĂȘts », au Bureau des Bois, Salins et Canaux[5].

Sous le Consulat (1799-1804), en l'an VIII (1799), il est nommĂ© directeur de l’Administration forestiĂšre (4e section de la RĂ©gie des droits d'enregistrements)[7]. Lors de la crĂ©ation de l`Administration gĂ©nĂ©rale des forĂȘts par la loi du 16 nivĂŽse an IX (6 janvier 1801), Bergon est l'un des cinq Administrateurs gĂ©nĂ©raux des forĂȘts nommĂ©s. Il occupe une place de premier plan Ă  la tĂȘte de la PremiĂšre division.

Au dĂ©but du Premier Empire, un dĂ©cret du 7 thermidor an XIII (25 juillet 1805) place Bergon Ă  la tĂȘte de l`Administration, comme Directeur gĂ©nĂ©ral, relevant directement du ministre des Finances, Gaudin. Ce mĂȘme dĂ©cret crĂ©e un poste de secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral, chargĂ© de tĂąches d'administration pour dĂ©gager le Directeur gĂ©nĂ©ral d`une partie du travail de la PremiĂšre division. Ce poste est tenu par DuchĂątel puis par M. Denormandie. Les quatre autres administrateurs restent en place[8].

Conseiller d'État en 1806[4], Bergon est fait chevalier de l’Empire en septembre 1810 puis comte d’Empire en juillet 1811, et se vit attribuer de droit de porter des armoiries, et une donation en Illyrie d’un revenu annuel de 4000 francs[9].

Pour autant, ni le Conseiller d’État Bergon, ni l’Administration des forĂȘts qu’il dirigeait n’avaient le moindre pouvoir dĂ©cisionnaire, l’Empereur NapolĂ©on, et prĂ©cĂ©demment le Premier Consul Bonaparte, donnant ses ordres relatifs aux forĂȘts directement Ă  son ministre des Finances Gaudin ou Ă  son ministre de la marine DecrĂšs[9].

Le grand mĂ©rite du directeur des forĂȘts Bergon est d'avoir encouragĂ© Jacques-Joseph Baudrillart, alors premier commis de l'Administration des forĂȘts Ă  traduire et publier des ouvrages de forestiers allemands de renom tels que Georg Ludwig Hartig ou Friedrich August Ludwig Burgsdorf. Ainsi la diffusion en 1805 de la premiĂšre Ă©dition de l'Instruction sur la culture du bois, Ă  l'usage des forestiers de Hartig eut trĂšs rapidement un grand succĂšs auprĂšs des forestiers français de l'administration[10].

En avril 1814, Ă  l'avĂšnement de la Restauration, il adressa de vibrantes louanges royalistes Ă  Louis XVIII et Ă  son frĂšre le comte d'Artois, futur Charles X et conserva ainsi son poste de Directeur gĂ©nĂ©ral des forĂȘts[11]. DĂšs le dĂ©but des Cent-Jours, le comte Bergon dĂ©missionna de son poste de directeur. NapolĂ©on 1er le remplaça par GuĂ©heneuc[12].

Il servit sous tous les rĂ©gimes, durant un quart de siĂšcle et figure Ă  ce titre dans le Dictionnaire des Girouettes de Charrin dĂšs 1815, lorsqu'il retrouve lors de la seconde Restauration son fauteuil au Conseil d'État et sa place dans l'Administration des forĂȘts[11].

Il se marie en 1786 avec Jeanne-Françoise-Grace des Isnards (1767-1814) avec qui il a une fille Jeanne-JosĂ©phine-GrĂące (1787-1858) qui Ă©pouse en 1804 le gĂ©nĂ©ral Pierre Dupont de l’Etang (1765-1840), futur vaincu de Baylen (Espagne) en 1808, et ministre de la guerre de Louis XVIII en 1814. MalgrĂ© la disgrĂące de NapolĂ©on 1er envers son gendre le gĂ©nĂ©ral, honteusement dĂ©fait en 1808, le comte Bergon conserva son poste de Directeur gĂ©nĂ©ral des ForĂȘts[13].

Lors de la rĂ©organisation du ministĂšre des finances en mai 1817 dĂ©cidĂ©e par Louis XVIII en vue de faire des Ă©conomies, se traduisant par le dĂ©mantĂšlement inattendu de l'Administration des forĂȘts, rattachĂ©e Ă  la Direction gĂ©nĂ©rale de l'enregistrement et des domaines, son poste de directeur gĂ©nĂ©ral est supprimĂ©. Le comte Bergon se retrouve ainsi Ă©vincĂ©, n'assurant plus que ses activitĂ©s ordinaires de Conseiller d'État, mais se trouve rĂ©compensĂ© par son Ă©lĂ©vation au grade de Grand officier de la LĂ©gion d'honneur[14].

En 1796, il acquiert le chĂąteau des Ternes Ă  Paris.

Il meurt sept ans aprĂšs avoir quittĂ© son poste de directeur gĂ©nĂ©ral des forĂȘts, le 16 octobre 1824 Ă  Paris.

Distinctions

Notes et références

  1. Rouerguauvergne, « Généalogie de Joseph Alexandre Bergon », sur gw.geneanet.org (consulté le )
  2. Louis-Gabriel Michaud, Bergon in Biographie universelle ancienne et moderne, tome IV, (lire en ligne), p. 27-28
  3. § III.7.1 Qui Ă©tait le comte Bergon ? par Marie-NoĂ«lle Grand-MĂ©nil pp. 332-343 in Les Eaux et ForĂȘts 1987, p. 332-333 (extrait)
  4. Lormant 2008, p. 20-21
  5. § III.7.1 Qui Ă©tait le comte Bergon ? par Marie-NoĂ«lle Grand-MĂ©nil pp. 332-343 in Les Eaux et ForĂȘts 1987, p. 334-336 (extrait)
  6. Morin 2019, p. 288
  7. « Almanach national de France, an VIII, p. 188 », sur gallica.bnf.fr, (consulté le )
  8. § III.6.1 Les administrateurs gĂ©nĂ©raux in Les Eaux et ForĂȘts 1987, p. 305-308
  9. § III.7.1 Qui Ă©tait le comte Bergon ? par Marie-NoĂ«lle Grand-MĂ©nil pp. 332-343 in Les Eaux et ForĂȘts 1987, p. 340-341 (extrait)
  10. § III.7.5 De Bergon Ă  Baudrillart par Marie-NoĂ«lle Grand-MĂ©nil pp. 358-361 in Les Eaux et ForĂȘts 1987
  11. § III.8.1 L'attitude du Directeur GĂ©nĂ©ral en 1814 par Marie-NoĂ«lle Grand-MĂ©nil pp. 381-385 in Les Eaux et ForĂȘts 1987, p. 381-382 (extrait)
  12. § III.8.4 L'Administration des ForĂȘts pendant les Cent-Jours (mai-juin 1815) par Marie-NoĂ«lle Grand-MĂ©nil pp. 394-400 in Les Eaux et ForĂȘts 1987, p. 394
  13. § III.7.1 Qui Ă©tait le comte Bergon ? par Marie-NoĂ«lle Grand-MĂ©nil pp. 332-343 in Les Eaux et ForĂȘts 1987, p. 338-339 (extrait)
  14. La suppression des Ordonnances de mai 1817 in Les Eaux et ForĂȘts 1987, p. 429-434
  15. « Dossier de la légion d'honneur de Joseph-Alexandre Bergon », sur culture.gouv.fr (consulté le )

Bibliographie

  • Raymond Lefebvre, Louis Bourgenot, Marie-NoĂ«lle Grand-Mesnil, Louis BadrĂ© et al., Les Eaux et ForĂȘts : du 12e au 20e siĂšcle, Paris, CNRS, coll. « Histoire de l'administration française », (rĂ©impr. 1990), 767 p. (ISBN 9782222039976)
  • François Lormant, « La politique de la forĂȘt sous le Consulat et l’Empire : L’exemple du dĂ©partement de la Meurthe », revue Napoleonica, no 1,‎ , p. 1-34 (lire en ligne, consultĂ© le ) ;
  • Georges-AndrĂ© Morin, « Les Ponts et ChaussĂ©es et les Eaux et ForĂȘts pendant la RĂ©volution française », Revue forestiĂšre française, vol. LXXI, nos 3-2019,‎ , p. 281-291 (lire en ligne, consultĂ© le )
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