Jeu vidéo en Afrique
Le jeu vidéo en Afrique est un secteur qui émerge à partir de 1994, date de l’installation en Afrique du Sud du premier studio indépendant d’Afrique, Celestial Games. Le secteur se développe ensuite lentement avec notamment l’implantation d’Ubisoft à Casablanca au Maroc en 1998 et la création d’entreprises locales comme celle de Madiba Olivier, créateur de Aurion : L'Héritage des Kori-Odan, ou de Wesley Kirinya qui conçoit le premier jeu indépendant africain en 3D, Adventures of Nyangi, ou encore le studio Malgache Lomay[1], créateur du jeu de course Gazkar. Comme dans le reste du monde, l’explosion des jeux sur téléphones mobiles (comme le jeu Cross Dakar City" conçu au Sénégal[2] et Les Aventures de Béhanzin conçu au Bénin) et de la dématérialisation permet ensuite à de nouveaux projets de voir le jour, tel le jeu e-Fanorona de l'entreprise Nelli Studio installée à Madagascar[3] - [4].
Histoire
L'histoire du jeu vidéo sur le continent africain débute en 1996 avec la création de Toxic Bunny (en) par le studio sud-africain Celestial Games, dans lequel un lapin mutant évolue dans un monde souterrain[5].
En 1998, Ubisoft ouvre un studio à Casablanca, au Maroc[5] - [6]. En 2010, il compte 150 salariés[7].
En 2002, un autre studio sud-africain nommé I-Imagine créé en 1999 par Dan Wagner[8] et premier studio africain à être licencié par Sony et Microsoft[9] sort Chase: Hollywood Stunt Driver sur Xbox[9] - [5]. Quelques autres jeux vidéo sont développés mais n'obtiennent pas le succès escompté, ce qui provoque l'expatriation de la plupart des salariés[5].
En 2009 sort sur Xbox 360 Football Genius: The Ultimate Quiz, dernier jeu du studio sud-africain I-Imagine[9].
En sort Nairobi X, un jeu sur mobile développé par Black Division Games, téléchargé 21 000 fois en deux mois[10].
2016, Cross Dakar City, la sensibilisation par le jeu. A l’image du reste du monde, le jeu vidéo africain s’empare de problématiques sociétales. Ainsi de Cross Dakar City, un jeu mobile sénégalais lancé en . Il met en scène Mamadou, un enfant mendiant abandonné, ou talibé, que le joueur doit guider jusqu’à ses parents biologiques. « Victimes de violences en tout genre, [les talibés] vivent dans des conditions terribles : logés en surnombre, ils n’ont bien souvent accès ni à l’eau ni à l’électricité et sont mal nourris », alerte son développeur Ousseynou Khadim Bèye, ingénieur de l’École Polytechnique de Dakar et de l’École Centrale de Lyon[11].
En , LimPio Studio a lancé The Boy In Savannah, (« Le garçon dans la savane » en français), le premier jeu vidéo entièrement né et développé au Togo. Le pitch de ce jeu en 2D (deux dimensions) est aussi simple que ludique: raconter les aventures d’un petit garçon qui évolue dans des contrées hostiles. La deuxième version du jeu, accessible sur le magasin d'applications mobiles de Google, Android, est parue en [12].
Le sort sur la plate-forme Steam le premier jeu camerounais, Aurion : L’Héritage des Kori-Odan, développé par le studio Kiro'o Games, et dont la réalisation aura duré 13 ans au total[13] - [14]. Le studio à l'origine du jeu a mis beaucoup de mal à devenir opérationnel, environ 10 ans, rencontrant des problèmes d'accès à internet et à l'électricité[14]. Olivier Madiba, à l'origine du projet, explique qu'il s'agit d'un jeu fantasy assez différents des jeux du genre habituels, dont la thématique est celle des racines africaines[13]. Ving-cinq dessinateurs et programmeurs ont participé au projet[15]. Le jeu a pu sortir grâce à un appel à contribution lancé mi-2013 ayant permis de récolter 120 millions de francs CFA, soit environ 183 000 euros[15] - [14] - [5].
Le , Mahaman Sani Housseyni Issa dit "MOG" un jeune nigérien infographiste de 24 ans développa le premier jeu vidéo nigérien intitulé : Les Héros du Sahel. C'est un jeu d'action en 2D jouable sur Android, mettant en scène un super héros nommé "Shamsou" portant un accoutrement traditionnel aux couleurs du drapeau national nigérien et qui utilise l'énergie solaire pour combattre ses ennemis. Il connait un certain succès relatif, avec notamment 2 000 téléchargements dans le premier mois de sa sortie. Le jeu fut décliné en bande dessinée quelque temps après , Shamsou le guerrier soleil qui raconte en détail l'origine de ce super héros mystique. Un film d'animation est en cours de production au Niger par le studio MOGMedia Design du jeune infographiste et un autre talent Galadima Issaka (son ami d'enfance) du studio GLADISK. Neuf mois après Les Héros du Sahel, le studio MOGMedia Design développa aussi deux autres jeux sur PC en langue haoussa en l'espace d'une année : KASHE MACIZAI (tue les serpents) et Dan Kwarai (l'enfant modèle). L'industrie du jeu vidéo et de l'animation existent depuis lors au Niger[16] - [17] - [18].
En , le studio Irooko sort le premier jeu mobile béninois : Les Aventures de Béhanzin, qui a reçu un accueil favorable et a suscité un engouement considérable. Ce jeu met en action un personnage historique de la résistance africaine contre le colonialisme : le célèbre roi Béhanzin[19].
À l'origine d'une trentaine de jeux[6] - [5], la filiale d'Ubisoft à Casablanca, forte de 48 salariés, ferme en [6]. En 2020, Ousmane William Kebe[20], un jeune développeur sénégalais, a créé un jeu vidéo appelé "Car Rapide Senegal"[21]. Ce jeu met en vedette le transport en commun le plus populaire du Sénégal, le car rapide, et a été lancé sur la plateforme mobile Android[22].
Médias et événements
La ville de Johannesbourg en Afrique du Sud, accueille chaque année une foire aux jeux vidéo nommée « rAge »[13].
Il n'existe qu’un seul magazine consacré au jeu vidéo et aux nouvelles technologies sur le continent, NAG online (New Age Gaming online)[5].
Industrie
Les quelques éditeurs africains sont confrontés au piratage, à des difficultés de financement et de distribution, ainsi qu'à un manque de personnel compétent[5]. Quelques jeux ont néanmoins bénéficié d'aides publiques tels qu'Aurion : L’Héritage des Kori-Odan, le jeu du studio camerounais Kiro'o Games, qui a reçu le parrainage du ministère des Arts et de la Culture camerounais[5].
En 2012, l'Afrique du Sud était en tête dans l'économie du jeu vidéo des pays d'Afrique, avec 1,7 milliard de rand de chiffre d'affaires au total, et 3,5 millions de joueurs, un chiffre d'affaires deux fois plus élevé que celui de la musique[23].
Sur le classement 2017 des 100 plus grands pays au monde consommateurs de jeux vidéo en termes de revenus, l’Afrique n’est représentée que par 7 pays : l’Egypte (41e), le Nigeria (45e), l’Afrique du Sud (54), l’Algérie (57e), le Maroc (59e), le Kenya (87) et la Tunisie (89)[24].
Studios et DĂ©veloppeurs
- Illimix 3D studio (Cameroun)
- Betsaleel Studio (Cameroun)
- Celestial Games (Afrique du Sud)
- Cyan Girls
- Kiro'o Games (Cameroun)[13]
- Kola Studios (Ouganda)[25]
- Kuluya (Nigeria)[25]
- Leti Arts (Ghana, Kenya)[25] - [5]
- Irooko (BĂ©nin)
- Is Daouda Games (Togo)[26]
- LimPio Studio (Togo)[27]
- Mahaman Sani Housseyni Issa dit "MOG" (Niger)[28]
- Lomay (Madagascar)[29]
- Maliyo Games (Nigeria)[25]
- Nelli Studio
- Ousseynou Khadim BEYE (Sénégal)[30]
- Picseru (Sénégal)
- Wesley Kirinya
- Work'D (CĂ´te d'Ivoire)
- Kayfo (Sénégal)
- Ousmane William Kebe(Sénégal)[31]
Pratique et formation
Le pratique du jeu vidéo en Afrique est assez singulière puisque sur le continent, du moins en Afrique subsaharienne, il est pratiqué presque exclusivement dans des salles spécialisées, et sur quelques jeux ciblés uniquement, du fait du manque de matériel domestique[5].
En Afrique de l'Ouest et Afrique équatoriale, le marché est plus restreint, il n'y a que très rarement de consoles de jeu, le développement s'est principalement orienté dans les années 2010 dans le domaine des jeux sur smartphones[32].
Jjiguene Tech Hub, association formée d'une trentaine de volontaire (2015) fondée en 2012 par Marième Jamme et formant à l'informatique au Sénégal[33].
Un campus pour former les étudiants aux métiers du jeu vidéo avait été créé par Ubisoft à proximité de son studio de Casablanca mais a été fermé un an et demi plus tard[6] - [5].
À Yaoundé (Cameroun), il existe une association des gamers de Yaoundé "Kamer Games Yaoundé"[15].
Références
- « Lomay,développement web et jeux vidéos. »
- Les Observateurs de France 24, « Les jeux vidéo "Made in Africa" sont en plein boom », sur Mashable avec France 24, (consulté le )
- William Audureau, « Une petite histoire du jeu vidéo africain », sur Le Monde, .
- (en) « Kenya Games Industry », sur Polygon, .
- Léo Pajon, « Jeux vidéo : la percée du made in Africa », sur jeuneafrique.com,
- « Jeux vidéos (sic) : Ubisoft ferme son studio de Casablanca », sur jeuneafrique.com,
- « L’atout marocain d’Ubisoft », sur jeuneafrique.com,
- « I-Imagine Interactive », sur mobygames.com
- « I-Imagine », sur ign.com
- Damien Glez, « Jeu vidéo : des aliens 3D à l’assaut de Nairobi X », sur jeuneafrique.com,
- William Audureau, « Une petite histoire du jeu vidéo africain », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- « La start-up africaine de la semaine : le jeu vidéo développé à Lomé qui veut séduire les "gamers" togolais - JeuneAfrique.com », JeuneAfrique.com,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Mathieu Olivier, « Aurion, le jeu vidéo 100% camerounais du studio Kiro’o Games, sortira le 14 avril », sur jeuneafrique.com,
- Mathieu Olivier, « Jeu vidéo : Aurion, un Fantasy à l’africaine », sur jeuneafrique.com,
- Rodrigue Loué, « Aurion, le premier jeu vidéo produit en Afrique centrale », sur fr.africanews.com
- « Qui se cache derrière « Les Héros du Sahel », le premier jeu vidéo 100% nigérien ? – JeuneAfrique.com », sur JeuneAfrique.com, jeuneafrique1, (consulté le ).
- « «Les Héros du Sahel», succès d'un jeu vidéo 100% nigérien - RFI », sur RFI Afrique (consulté le ).
- https://www.facebook.com/africanews.fr, « "Les Héros du Sahel", le jeu vidéo fait au Niger, par un Nigérien », sur Africanews, (consulté le ).
- Claude Biao, « « Les Aventures de Béhanzin »: Quand le célèbre roi du Dahomey sort des livres d’histoire », sur ecceafrica.com,
- « Covid-19 : Ousmane William Kébé confine les internautes à bord de Car Rapide », sur Senego - Actualité au Sénégal, (consulté le )
- « Ousmane William Kebe sort le jeu « Car Rapide Sénégal » », (consulté le )
- Loïc Gabin, « Sénégal: Ousmane William Kebe développe un jeu vidéo baptisé « Car Rapide Sénégal » », sur Afrik-Jeunes, (consulté le )
- (en) « Video gaming tops R1.7 billion », sur Bizcommunity,
- (en) « Top 100 Countries by Game Revenues », sur Newzoo, (consulté le )
- Julien Clémençot, « Les Africains marquent des points dans les jeux vidéo », sur jeuneafrique.com,
- « Is Daouda Games »
- « LimPio Studio »
- « Qui se cache derrière « Les Héros du Sahel », le premier jeu vidéo 100% nigérien ? », sur jeuneafrique.com,
- « Gazkar, le nouveau jeu de Lomay », sur Blog de Madagascar.com
- « Le jeu vidéo dont un enfant mendiant de Dakar est le héros », sur Les Observateurs de France 24 (consulté le )
- « Un jeune sénégalais honore Sadio Mané dans un jeu vidéo », sur www.afrique-sur7.ci (consulté le )
- rédaction de jeuvidéo.com, « Regard sur le jeu vidéo africain », sur Jeu video.com,
- « Jjiguene Tech Hub forme les codeuses sénégalaises de demain », sur lemonde.fr,
Annexes
Bibliographie
- (en) Mark J. P. Wolf et Toru Iwatani, Video Games Around the World, Cambridge, Massachusetts/London, MIT Press, , 720 p. (ISBN 978-0-262-52716-3, lire en ligne)