Jeanne de Fougères
Jeanne de Fougères (av. 1242-ap. 1273) dame de Fougères[1] et de Porhoët (suo jure) à compter de 1256 est l’héritière de la Maison bretonne de Fougères. Elle épouse un aristocrate de haute noblesse poitevine en 1254, Hugues XII de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême, et fait passer les importants fiefs de Fougères et du Porhoët dans la famille des seigneurs de Lusignan.
Dame de Fougères Dame de Porhoët Dame de Lusignan Comtesse de la Marche Comtesse d'Angoulême |
---|
Naissance |
Av. 1242 |
---|---|
Décès |
Ap. 1273 |
Père | |
Mère | |
Fratrie |
Jean |
Conjoint | |
Enfants |
Yolande de Lusignan Hugues XIII le Brun Inconnu Jeanne de la Marche Marie de la Marche Isabelle de la Marche Guy Ier de Lusignan |
Biographie
Famille
Jeanne née au château de Fougères[2], en Bretagne, à une date inconnue, seule fille et enfant survivant de Raoul III, seigneur de Fougères, et d'Isabelle de Craon. Ses grands-parents paternels sont Geoffrey, seigneur de Fougères, et Mathilde de Porhoët, et ses grands-parents maternels, Amaury Ier, seigneur de Craon (v. 1180-1226 ), et Jeanne des Roches (1195-1238), fille de Guillaume des Roches, sénéchal d'Anjou, et de Marguerite de Sablé.
Règne
Jeanne a un frère, Jean, qui décède peu de temps après sa naissance, le . Ses parents n'ont pas d'autre enfant et Jeanne devint l'héritière de la baronnie de Fougères. À la mort de son père, survenue le , elle prend le titre de dame de Fougères. La même année, elle ordonne l'expansion du château de Fougères, faisant ajouter les tours de guet de Mélusine et du Gobelin, ainsi qu'un renforcement des remparts et des portes. Ses efforts donnent une meilleure stabilité à la ville[3].
Veuvage et régence
Peu après le , Jeanne devient veuve lorsque son mari Hugues XII décède de la peste à Carthage[4] lors de la huitième croisade, où il avait accompagné Saint Louis. Jeanne est reconnue tutrice de ses enfants mineurs dès avril 1273[5] - [6].
Testament, décès et sépulture
Jeanne fait son testament le 20 mai 1269 à Touvre[7] et décède à une date inconnue après 1273. Elle est enterrée à l'abbaye de Savigny.
Mariage et descendance
Hugues XII de Lusignan
Jeanne avait épousé, le 29 janvier 1254 Hugues XII de Lusignan, comte de la Marche et d'Angoulême. La cérémonie se déroula dans le château de Fougères et fut célébrée par l’abbé de Savigny, Étienne[8]. Son mariage fut enregistré le [9].
Hugues XII de Lusignan et Jeanne de Fougères sont les parents de sept enfants :
- Yolande de Lusignan (24 mars 1257-av. 12 octobre 1314), comtesse usufruitière de la Marche, d'Angoulême (1308-1314), dame de Fougères et de Porhoët (1308-1314). Elle épousa en premières noces Hélie Ier Rudel (av. 1260-1290), seigneur de Pons et Bergerac ; puis en secondes noces Robert de Matha, seigneur de Mornac.
- Hugues XIII le Brun (25 juin 1259-novembre 1303), seigneur de Lusignan, comte de la Marche, d'Angoulême, seigneur de Fougères et de Porhoët (1270-1302). Il épousa Béatrix de Bourgogne (av. 12664-ap. juillet 1328), fille d'Hugues IV, duc de Bourgogne et de Béatrice de Champagne ; sans postérité.
- Inconnu (v. 1261-?) dont le nom ni la destinée ne sont connus.
- Jeanne de Lusignan (v. 1263-5 déc. v. 1323), dame de Couhé et de Peyrat. Mariée en premières noces à Bernard-Ez IV (v. 1260-24 décembre 1280), seigneur d'Albret ; puis en secondes noces à Pierre de Joinville ou de Genneville (v. 1255-1292).
- Marie de la Marche (1265-ap.1312). Elle épousa en premières noces, un seigneur anglais, Jean de Vescy (1244-1289) ; puis elle devint comtesse de Sancerre par son mariage avec Étienne II (ap.1259-1303/06), seigneur de Charenton. Sans postérité de ses deux unions.
- Isabelle de Lusignan (v. 1267-9 mars 1323), moniale Ă l'abbaye royale de Fontevraud[10].
- Guy Ier de Lusignan (v. 1269-novembre 1308), seigneur d'Archiac, surnommé parfois Guyard. À la mort de son frère, Hugues XIII le Brun (♰ 1303), il devient seigneur de Lusignan, comte de la Marche, d'Angoulême, seigneur de Fougères et de Porhoët (1303-1308) et prend le nom de Lusignan dans les actes. Il décédé de maladie et fut inhumé dans l'église des Jacobins de Poitiers. Sans union ni postérité.
Notes et références
- Virginie Enée, « L’Histoire. Ces femmes d’influence qui ont laissé leur empreinte à Fougères », Ouest France,‎ (lire en ligne)
- « Fenêtre sur la forteresse médiévale de Fougères », sur Franceinfo, (consulté le )
- Amédée Bertin et Léon Maupille, Notice historique et statistique sur la baronie, la ville et l'arrondissement de Fougères, Rennes, (lire en ligne)
- Guillaume Guiart (éd. Natalis de Wailly et Léopold Delisle), La branche des royaus lingnages, t. XXII : Recueil des historiens des Gaules et de la France, Scriptores, Paris, (lire en ligne), p. 2061270, 26 août (vers), Carthage.
- Cartulaire des comtes de la Marche et d'Angoulême (éd. Georges Thomas), Angoulême, , partie LIV, p. 114-1191273, 3 avril : Pierre Ebrard et son fils Roger confirment en faveur de Jeanne de Fougères, comtesse de la Marche et d'Angoulême et dame de Fougères, et gardienne de ses enfants la vente qu'ils avaient fait à son mari, Hugues [XII], comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères de tous les droits qu'ils avaient reçu de leur épouse et mère défunte, Aelis, dans la vicomté d'Aubusson pour une rente de 100 livres assise en la châtellenie de Guéret.
- Livre des fiefs de Guillaume de Blaye, évêque d'Angoulême, (éd. Abbé Jean Nanglard), Angoulême, (lire en ligne), p. 54-551273, juillet, Vars : Jeanne de Fougères, comtesse d'Angoulême, veuve d'Hugues [XII] de Lusignan, fait hommage lige, au nom de son fils, Hugues [XIII], à l'évêque d'Angoulême, Pierre [III] Raymond, pour le fief vicomtal de la Rochefoucauld.
- Layettes du trésor des chartes, de l'année 1261 à l'année 1270 (éd. Élie Berger), t. IV, Paris, Plon, (lire en ligne), partie 5519, p. 341-3441269, mai 20, Touvre : Jeanne de Fougères, épouse d'Hugues [XII] de Lusignan, comtesse de la Marche et d'Angoulême fait son testament. Elle établit son fils Hugues [XIII], héritier universel pour tout ce qui ne sera pas mentionné dans le testament. Elle attribue à ses filles, Yolande, Jeanne, Marie et Isabelle une rente de 500 livres à assigner sur son héritage. Comme elle est enceinte, elle assigne à l'enfant, s'il naît et qu'il vit, si c'est une fille, 500 livres, si c'est un garçon, qu'il reçoive un héritage selon la coutume de Bretagne. De même, si elle a d'autres enfants mâles, elle demande que son fils aîné les pourvoie selon la coutume et si elle enfante d'autres filles, qu'elles reçoivent une rente de 300 livres. Si son fils n'avait pas de descendants, elle demande que son héritage aillent à ses frères et si aucun d'entre-eux n'avait de fils, il devrait revenir à sa fille aînée puis à ses cadettes. Elle demande également de vérifier que les parts attribuées à ses filles n'excèdent pas le tiers de son héritage ou, si c'est le cas, de les réduire, auquel cas sa fille aînée aurait 500 livres de rente et le reste serait réparti équitablement entre ses autres filles. Elle choisit l'abbaye de Savigny comme lieu de sépulture. Elle demande que soient payées toutes ses dettes à tous les créanciers qui pourront les prouver. Elle laisse différentes sommes à trente-sept membres de sa maison et fait trente-neuf legs aux établissements religieux, parmi lesquels elle demande de nourrir les Franciscains d'Angoulême pendant une semaine à partir du jour de sa mort et fonde un anniversaire dans la cathédrale d'Angoulême. Elle laisse 200 livres pour la Terre sainte et 20 livres pour payer trois hommes qui feront le pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle pour ses enfants. Elle lègue à son fils Hugues les anneaux de Fougères et de Porhoët, son cercle d'or à Yolande, ses deux couronnes à Jeanne et à Isabelle et sa ceinture à Marie. Elle établit comme exécuteurs testamentaires les archevêques de Tours et de Bordeaux, les évêques de Rennes et d'Angoulême, son mari, Hugues [XII], Raoul Teysson, Guillaume [IV] Paynel, seigneur de Hambye et de Bréhal, et Hélie de Mustelien.
- Julien Bachelier, « Une histoire en Marche : Fougères et la Normandie au Moyen Âge (début XIe – milieu du XIVe siècle) », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, vol. 88,‎ , p. 423-529 (lire en ligne)
- E Chronico Savigniacensi (Ă©d. Natalis de Wailly et LĂ©opold Delisle), t. XXIII : Recueil des historiens des Gaules et de la France, Scriptores, Paris, (lire en ligne), p. 585
- Copie, pour Roger de Gainières (d'après original perdu), Paris, BnF, ms. lat. 5480 (1), , p. 340 :
« Univ[ersis presentis litteras inspecturis], Hugo Bruni, comes Marche et Engolisme, dominus Fulgoriarum, salutem. Nos Hysabelli dilecti sorori nostre moniali abbacie de Fonte Ebraudi damus, pro provisione sua in dicta abbacia vel membris ejusdem eidem honorabiliter facienda, quaterviginti libras turonensis annui redditus infra. Datum sub sigillo nostro mense Novembris [anno Domini] M° CC° LXX° VII°. »
1277, novembre : Hugues [XIII] le Brun, comte de la Marche et d'Angoulême et seigneur de Fougères, donne à sa sœur Isabelle, moniale à l'abbaye de Fontevraud, pour son entretien, une rente de 80 livres tournois.
Sources et bibliographie
Sources diplomatiques
- Cartulaire de la seigneurie de Fougères, connu sous le nom de Cartulaire d'Alençon, éd. Jacques Aubergé, Documents pour servir à l'histoire de Bretagne, Rennes, Oberthur, 1913.
Bibliographie
- Julien Bachelier, « Une histoire en Marche : Fougères et la Normandie au Moyen Âge (début XIe-milieu du XIVe siècle) », Revue de l’Avranchin et du Pays de Granville, vol. 88, janvier 2011, p. 423-529. [lire en ligne]
- Julien Bachelier, « Le château médiéval de Fougères. Un siècle de recherches », Cent ans d'histoire et d'archéologie en pays de Fougères, Actes du Colloque du Centenaire de la Société d’Histoire et d’Archéologie du Pays de Fougères (14 septembre 2013), Société d'histoire et d'archéologie du pays de Fougères, t. LI-bis, 2014, p. 9-54. [lire en ligne]
- Frédéric Morvan, « Les seigneurs de Fougères, du milieu du XIIe siècle au milieu du XIVe siècle », Bulletin et Mémoires de la société d'histoire et d'archéologie du Pays de Fougères, t. XLI, 2003, p. 1-40. [lire en ligne] [lire en ligne]
- Clément de Vasselot de Régné, Le "Parentat" Lusignan (Xe – XIVe siècles) : structures, parenté vécue, solidarités et pouvoir d’un lignage arborescent, Thèse de doctorat en histoire médiévale, sous la direction de John Tolan et de Martin Aurell, Université de Nantes, 4 vol., 2 797 p., décembre 2018. [lire en ligne]
Articles connexes
- Baronnie de Fougères
- Château de Fougères
- Comté de Porhoët
- Raoul III de Fougères
- Isabelle de Craon
- Maison de Lusignan
- Liste des seigneurs de Lusignan
- Hugues XII de Lusignan
- Yolande de Lusignan
- Hugues XIII le Brun
- Jeanne de la Marche
- Marie de la Marche
- Guy Ier de Lusignan
- Comté de la Marche
- Comté du Poitou
- Angoumois