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Jean de Thoisy

Monseigneur Jean de Thoisy, né vers 1350, mort le à Lille, est un évêque bourguignon du XVe siècle. Il est l'un des conseillers du roi de France, Charles VI ainsi que du duc de Bourgogne Jean sans Peur, puis de son fils, Philippe le Bon dont il a été auparavant le précepteur. Il est chancelier du duché de Bourgogne à partir de 1420.

Jean de Thoisy
Biographie
Naissance
Décès
Lille
Évêque de l'Église catholique
Ordination Ă©piscopale
Ă©vĂŞque de Tournai
–
Ă©vĂŞque d'Auxerre
–

.html (en) Notice sur www.catholic-hierarchy.org

Sa devise est : video meliora proboque, deteriora nec sequar.

Contexte historique

La vie et la carrière de Jean de Thoisy, issu de la noblesse bourguignonne, se situent dans le contexte historique de la guerre de Cent Ans opposant de 1337 à 1453 le royaume d'Angleterre et le royaume de France. La dynastie des Plantagenêts revendique le trône de France et s'oppose à la dynastie directe des Valois. Cette guerre sera cruellement doublée d'une guerre civile, la guerre civile entre Armagnacs et Bourguignons qui s'achèvera par le Traité d'Arras (1435).

Le duché de Bourgogne est l'apanage de la branche cadette de Valois : les ducs de Bourgogne rendent un hommage lige au roi de France. Ils revendiquent, non seulement leur indépendance, mais également leur participation au gouvernement de la France en tant que cadets, héritiers et cousins de la dynastie royale de Valois. Cette revendication va prendre toute son ampleur lorsque le duc de Bourgogne participe au conseil de Charles VI à Paris et y fait nommer une majorité relative de conseillers bourguignons, dont fait partie Jean de Thoisy.

Le roi de France, atteint de folie par intermittences, est incapable de gouverner. Le frère cadet du roi, le duc Louis Ier d'Orléans et son cousin Jean sans Peur s'affrontent au conseil royal pour assumer le pouvoir . En 1407, Jean sans Peur fait assassiner le duc d'Orléans et revendique haut et fort cet assassinat en demandant au célèbre théologien Jean Petit de justifier son geste. La guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons est déclenchée.

Jean sans Peur sera, à son tour, assassiné 12 ans plus tard, en 1419 à Montereau, lors d'une entrevue de paix avec le dauphin, futur Charles VII. Son fils Philippe le Bon, pour venger la mort de son père, va s'aventurer dans une lutte sans merci contre le dauphin, que les chroniqueurs désignent sous le sobriquet de « petit roi de Bourges » : Il va s'allier avec le roi Charles VI et avec le roi d'Angleterre Henri V pour éliminer le dauphin de la succession du royaume de France et lui substituer le roi d'Angleterre, en concoctant - avec l'aide du chancelier de Bourgogne, monseigneur Jean de Thoisy - le traité de Troyes qui sera conclu le .

La biographie de Jean de Thoisy se situe donc dans cette époque troublée où les principaux responsables bourguignons sont impliqués dans les intrigues et les luttes familiales entre les branches françaises, anglaises et bourguignonnes descendantes directes ou indirectes de la dynastie de Valois.

Biographie

Philippe le Bon

Jean de Thoisy est issu de l'ancienne famille de noblesse bourguignonne des Thoisy-Cipierre, aujourd'hui Thoisy-la-Berchère, près de Saulieu.

Jean de Thoisy est ordonné prêtre et licencié en droit. Il a d'abord été doyen de Laon en 1399, proviseur de Sorbonne, chanoine de Notre-Dame de Paris, archidiacre d'Arras, conseiller du roi Charles VI et du duc de Bourgogne, Jean sans Peur.

  • 1407 - Au printemps de 1407, le duc Jean sans Peur envoie Jean de Thoisy Ă  Paris, pour nĂ©gocier une TrĂŞve gĂ©nĂ©rale sur mer conjointement entre le duchĂ© de Bourgogne et les royaumes de France et d'Angleterre, afin de parfaire le 4e traitĂ© de Calais du . Mais une longue crise de dĂ©mence du roi Charles VI l'empĂŞcha de traiter cette affaire.

Le , Monseigneur Jean Canard, évêque d'Arras, ancien chanoine de Notre-Dame de Paris et membre du conseil du roi Charles VI, le désigne comme exécuteur testamentaire. Il est mentionné sur le testament du prélat comme archidiacre d'Ostrevant en l'église d'Arras.

  • 1409 - En 1409, Ă  la suite de la mort de Michel de Creney, Jean de Thoisy est Ă©lu Ă©vĂŞque d'Auxerre [1]. Son Ă©lection est confirmĂ©e par le pape le .

Le suivant, il se présente en personne à Auxerre, accompagné de son frère Godefroy de Thoisy doyen d’Autun. Il ne fixe pas sa résidence à Auxerre. Il y laisse, pour vicaire général et official, Pierre Charbet, et se retire dans l'hôtel des évêques d'Auxerre à Paris. Il donna un canonicat à Auxerre à son parent, Henri de Thoisy.

Le , Jean de Thoisy résigne son évêché. Il est remplacé par Philippe des Essarts et devient évêque de Tournai, peut-être par permutation avec ce dernier. Il lui faudra attendre trois ans pour se rendre dans son nouvel évêché.

  • 1411 - Jean de Thoisy, dĂ©lĂ©guĂ© par le duc de Bourgogne, est membre du conseil du roi, Charles VI. Il fait partie des conseillers royaux dĂ©lĂ©guĂ©s en Auvergne vers le duc de Berry. Ce dernier, oncle du roi, joue le rĂ´le d'arbitre dans la querelle entre Jean sans Peur et Charles d'OrlĂ©ans : ce dernier entend, en effet, venger le mort de son père, le duc Louis Ier d'OrlĂ©ans assassinĂ© en 1407. Mais Charles d'OrlĂ©ans refuse tout compromis tant que le roi n'aurait pas chassĂ© de son conseil et de sa cour un groupe de personnages, tous jurĂ©s ou pensionnaires et alliĂ©s du duc de Bourgogne, parmi lesquels Monseigneur de Thoisy est citĂ© en tĂŞte de liste[2].
  • 1413 - Jean de Thoisy participe, parmi dix autres membres, gens d'Église et de l'UniversitĂ©, nobles, reprĂ©sentants des villes et officiers royaux, Ă  la Commission de RĂ©forme, Ă©manation des Ă©tats gĂ©nĂ©raux, destinĂ©e Ă  l'amĂ©lioration de l'administration du royaume de France. Un texte de deux cent cinquante-huit articles rĂ©partis en onze titres en rĂ©sulta et fut promulguĂ© par un lit de Justice prĂ©sidĂ© par le roi dans deux sĂ©ances, les 26 et [3].

À la suite de la révolte des Cabochiens, alliés aux Bourguignons à Paris, les princes de la Maison de Valois vont réagir. Au mois de juillet 1413, les princes Charles d'Orléans, Philippe d'Orléans, Louis d'Anjou, Jean Ier de Bourbon et Jean d'Alençon, en contact avec le dauphin Louis de Guyenne, rassemblent des troupes afin de libérer Paris de l'occupation des forces favorables au duc de Bourgogne. Ce dernier envoie Mgr de Thoisy à la tête d'une ambassade pour négocier avec les représentants des princes une trêve qui sera conclue à Pontoise le . La paix de Pontoise permet notamment la libération des otages des Cabochiens [4].

  • 1414 - La justification du tyrannicide par Jean Petit. Le , se rĂ©unit une assemblĂ©e au cloĂ®tre de la collĂ©giale Saint-Pierre de Lille, en prĂ©sence de Jean de Thoisy, Ă©vĂŞque de Tournai et de nombreux ecclĂ©siastiques et thĂ©ologiens. Cette assemblĂ©e a pour mission d'appuyer le texte du plaidoyer de Jean Petit destinĂ©e Ă  justifier l'assassinat en 1407 du duc Louis Ier d'OrlĂ©ans par Jean sans Peur. Mais la thèse de Jean Petit, intitulĂ©e La Justification, fait l'objet d'une condamnation par le tribunal inquisitorial de Paris en et Jean sans Peur dĂ©cide d'en appeler en cour de Rome.
  • 1415 - La paix d'Arras. Mgr de Thoisy est chargĂ© par Jean sans Peur d'une mission difficile: NĂ©gocier avec la cour de France les questions restĂ©es en suspens qui rĂ©sultaient de la paix d'Arras du . Les articles qui en dĂ©coulaient devaient entraĂ®ner une trĂŞve dans la guerre civile entre les Armagnacs et les Bourguignons. Mais la condition sine qua non de cette trĂŞve reposait sur le bannissement des partisans du duc de Bourgogne qui s'Ă©taient compromis Ă  Paris dans le coup de force de Caboche de 1413 et sur la confiscation de leurs biens ! Ă€ Senlis la dĂ©lĂ©gation bourguignonne essuie un refus formel de la part du roi Charles VI d'abroger les clauses de bannissement. Jean de Thoisy adresse au roi une lettre de protestation et obtient des lettres royales d'abolition publiĂ©es le . Seules 45 personnes sur 500 Ă©taient exclues de cette abolition.
1429
  • Territoires contrĂ´lĂ©s par Henri V
  • Territoires contrĂ´lĂ©s par le duc de Bourgogne
  • Territoires contrĂ´lĂ©s par le dauphin Charles
  • Principales batailles
  • Raid anglais de 1415
  • ItinĂ©raire de Jeanne d'Arc vers Reims en 1429

C'est Jean de Thoisy, évêque de Tournai, qui est chargé de prévenir Philippe, comte de Charolais,(futur duc Philippe-le-Bon), fils aîné du duc Jean-sans-Peur, de l'assassinat de son père sur le pont de Montereau le : « Monseigneur vostre père, le noble duc, que maudite en soit l'heure que constraint suis de le dire ! est mort tué et murtry piteusement à Montereau, présent royale progénie monseigneur le daulphin »[5].

Jean de Thoisy est fait chancelier par lettres patentes du du nouveau duc de Bourgogne, Philippe le Bon, dont il fut autrefois le précepteur au palais ducal de Dijon. Il remplace Jean de Saulx. Il sera à son tour remplacé par Nicolas Rolin en 1422 et devra assurer l'intermittence de son poste pendant les missions extérieures de son remplaçant.

Ratification du traité de Troyes conclu entre Henri V et Charles VI. Acte rédigé en latin, daté du , à la cathédrale Saint-Pierre de Troyes. Archives nationales AE/III/254
  • 1420- Le traitĂ© de Troyes: En , le tout nouveau chancelier de Bourgogne, Jean de Thoisy, joue un rĂ´le essentiel dans la prĂ©paration et la nĂ©gociation du traitĂ© de Troyes oĂą il dĂ©montre toutes ses qualitĂ©s de juriste. Le duc Philippe le Bon, bien dĂ©cidĂ© Ă  venger la mort de son père, Jean sans Peur, obtient par la voie diplomatique l'Ă©limination pure et simple du dauphin Charles, de la succession du trĂ´ne de France. Le roi Charles VI est atteint de folie, Ă  tel point qu'il dĂ©shĂ©rite son fils au profit du roi d'Angleterre, Henri V et de ses hĂ©ritiers ad vitam aeternam. Par l'effet de l'abrogation de la loi salique, le roi d'Angleterre, en Ă©pousant Catherine de Valois, sĹ“ur du dauphin, devient l'hĂ©ritier lĂ©gitimĂ© du trĂ´ne de France, avec la complicitĂ© du duc de Bourgogne. Le dauphin Charles refuse le traitĂ© et se proclame roi de France Ă  la mort de son père, en 1422, sous le nom de Charles VII. Il devra recouvrer son royaume, les armes Ă  la main, et il sera consacrĂ© Ă  Reims en 1429, en prĂ©sence de Jeanne d'Arc[6].

Le , dimanche de la Trinité, en l'église de Saint-Jean de Troyes, est célébré le mariage d'Henry V et de Catherine de Valois, en présence de monseigneur de Thoisy et de nombreux seigneurs de haut rang.

Le a lieu la translation de la dépouille de Jean sans Peur de Montereau à Dijon. Il est inhumé dans la chartreuse de Champmol[7]. Un chevaucheur avait été envoyé par Philippe le Bon pour hâtivement porter lettre close à la duchesse Marguerite, sa mère et à Jean de Thoisy, son chancelier, afin qu'ils vinssent au devant du corps de feu mon dit seigneur le duc que l'on menait par delà[8]. Monseigneur de Thoisy rejoint le convoi funèbre à Cravant. Le , à Dijon, devant une nombreuse assistance, trois hautes messes furent chantées, selon l'usage : la première était une messe de Notre-Dame que célébra Jean de Thoisy, évêque de Tournai, la deuxième, du Saint-Esprit célébrée par Hugues des Orges évêque de Chalon, la troisième de requiem, par Thibaud de Rougemont, archevêque de Besançon[9].

Jean de Thoisy obtient du pape Martin V en 1420, plain domaine sur la chapelle de Saint-Vincent, bâtie dans son palais épiscopal de Tournai. Il fait don à sa cathédrale d'une statue en argent de la Sainte-Vierge.

  • 1421-1423 - Les habitants de Tournai se soulèvent contre les autoritĂ©s fidèles au duc de Bourgogne et s'emparent du pouvoir.

En effet, Tournai est parmi les villes qui se refusent à reconnaître la validité du traité de Troyes, qui écarte le dauphin Charles du trône. La ville est divisée en deux partis. D'un côté, les patriciens qui veulent préserver leurs intérêts commerciaux et ne pas heurter le duc de Bourgogne, allié du roi d'Angleterre et dont les territoires encerclent Tournai de toutes parts. De l'autre, les métiers, qui entendent rester fidèles au dauphin Charles, héritier légitime de la maison de Valois. Cette dernière position l'emporte et les Tournaisiens persistent dans cette attitude en 1422. Lorsque, à l'occasion du renouvellement du traité de bon voisinage qui le lie à la ville, le duc de Bourgogne propose à Tournai une clause de neutralité à laquelle les patriciens sont favorables, les tensions à l'intérieur de la ville sont à leur comble. Le , les métiers font une révolution démocratique qui modifie les institutions de la ville.

Monseigneur Jean de Thoisy vieillissant, resté fidèle au duc de Bourgogne, se retire à Lille

Notes et références

  1. Une première élection a d'abord lieu qui désigne Jean de Noury. Or ce dernier pour une raison non connue ne devient pas évêque. c'est donc Jean de Thoisy au cours d'une seconde élection qui est choisi
  2. Bertrand Schnerb, Jean sans Peur, le prince meurtrier, p. 529
  3. Bertand Schnerb, Jean sans peur, p. 568, ibid
  4. Bertrand Schnerb, Jean sans Peur, p. 570, ibid
  5. Georges Minois, Charles VII, un roi shakespearien, Perrin, 2005, p. 127
  6. Mais ce que Jean de Thoisy n'avait sans doute pas prévu, c'est que les rois d'Angleterre garderont officiellement le titre de roi de France pendant près de quatre siècles, avant de l'abandonner en 1802, à la suite de la paix d'Amiens. Le seul élément qui subsiste de cette tentative de fusion entre l'Angleterre d'Henri V et la France de Charles VI est le maintien de la devise française inscrite au bas des armes royales du Royaume-uni : Dieu et mon droit.
  7. cette nécropole des ducs de Bourgogne sera vandalisée au cours de la Révolution française
  8. Anguerrand de Monstrellet, Chronique, III, p. 403-404.
  9. Bertrand Schnerb, Jean sans Peur, p. 695, ibid.

Bibliographie

  • Bertrand Schnerb: L'État Bourguignon (1363-1477), Perrin, 1999 - Jean sans Peur, le prince meurtrier, Biographie Payot, 2005.
  • Pierre Champion et Paul de Thoisy: Bourgogne-France-Angleterre au traitĂ© de Troyes, Paris, 1943.
  • Édouard de Moreau: Histoire de l'Église en Belgique, Bruxelles, 1947 (3 Vol.). - L'Église aux Pays-Bas sous les ducs de Bourgogne et Charles-Quint (1378-1559), Bruxelles, 1949.
  • G. Buyse: Thoisy (Jean de), National Biographissch boeck, I, coll., 1964, col.931-933.

Article connexe

Source

  • Pierre Champion et Paul de Thoisy. Bourgogne, France-Angleterre au traitĂ© de Troyes. Jean de Thoisy, Ă©vĂŞque de Tournai, chancelier de Bourgogne, membre du Conseil du Roi, 1350-1433. Paris, Éditions Balzac, 1943.
  • La France pontificale
  • Auxerre historique
  • Visite virtuelle de Tournai
  • Philippe le Bon sa politique son action
  • Histoire ecclĂ©siastique d'Auxerre, Jean Leboeuf
  • Diocèse de France de Belgique de Savoie
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