Jean de Kervasdoué
Jean de Kervasdoué, né le à Lannion, est un économiste de la santé français, ancien titulaire de la chaire d'économie et de gestion des services de santé du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM)[1]. Il est membre de l'Académie des technologies. Il a été directeur général des hôpitaux[2].
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Jean de Kerguiziau de Kervasdoué |
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Biographie
Famille
Jean de Kervasdoué est un descendant de la famille de Kerguiziau de Kervasdoué.
Jeunesse et Ă©tudes
Ingénieur agronome de l'Institut national agronomique Paris-Grignon, il est titulaire d'un MBA et d'un doctorat en socio-économie de l'université Cornell aux États-Unis.
Parcours professionnel
Jean de Kervasdoué est directeur des hôpitaux au ministère de la Santé[3], de 1981 à 1986[4].
Il met en œuvre une réforme du mode de financement des hôpitaux publics. Auparavant, le budget des établissements hospitaliers était calculé sur la base d'un prix de journée, et chaque journée passée par un malade dans un hôpital était facturée selon un tarif national à l'Assurance maladie. Il supprime ce mode de financement et impose le budget global. À partir de 1983, à chaque établissement est attribué un budget annuel, augmenté chaque année selon un indice de revalorisation.
Parallèlement à cette réforme du financement, il introduit à l'hôpital le programme de médicalisation des systèmes d'information, ou PMSI. Il s'agit d'un cadre de recueil et d'analyse précis des actes réalisés par les hôpitaux. Ce système, introduit en 1983, n'est généralisé qu'à partir de 1995. C'est à partir de la mise en œuvre du PMSI que la tarification à l'activité est développée.
Après avoir quitté la fonction publique, à la fin des années 1980, il fonde la société SANESCO, cabinet de conseil spécialisé dans le domaine de la santé[4]. Il quitte cette société au milieu des années 1990 et devient professeur au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM).
Il est membre du comité des experts de la Fondation d'entreprise Alcen pour la connaissance des énergies et du comité de parrainage de l'Association française pour l'information scientifique (AFIS).
Prises de position
Sur le système de santé français
Jean de Kervasdoué est très critique du système de santé français, dénonçant le peu d'attention accordée au malade et la trop grande intervention de l'État[5]. Il plaide par exemple pour une plus grande autonomie des hôpitaux et dénonce les acteurs des hôpitaux, qui, selon lui, « confondent service du public et service public, voire défense du statut public »[6]. Il dénonce la centralisation excessive du système de santé et veut l'autonomie complète des établissements hospitaliers[7]. Il pointe du doigt la situation des médecins généralistes en France[8].
Il affirme l'inefficacité de l'homéopathie, proclame l'innocuité du Wi-Fi et soutient que les antennes-relais sont sans effets sur la santé humaine.
Sur l'environnement
Dans son livre Les Prêcheurs de l'apocalypse. Pour en finir avec les délires écologiques et sanitaires (2007), Jean de Kervasdoué appelle de ses vœux un débat scientifique et non politique concernant les questions d'environnement, dénonçant ceux qu'il appelle les « prophètes de l'apocalypse » et qui jouent selon lui sur les peurs environnementales de la société pour imposer leurs vues sans qu'elles soient justifiées scientifiquement[2]. Il est très critique envers les médias et la désinformation qu'ils véhiculent[9] et dénonce les « supercheries » et « mensonges » de certains acteurs de l’écologie[10].
Selon Quentin Hardy et Pierre de Jouvancourt, il met sur le même plan les connaissance sur l'origine humaine du changement climatique et les dénis de climato-sceptiques, au prétexte que nous n'aurions pas de planète alternative pour mener des expériences afin de décider[11].
Il considère que le réchauffement climatique touchera en premier les habitants des pays pauvres[12]. Il considère que les seules possibilités réelles de développement durable passent par l'énergie nucléaire ; en particulier, il écrit que cette énergie serait pour l’espèce humaine des milliers de fois moins mortelle, moins polluante, et moins dangereuse que le charbon[13].
Sur le principe de précaution
Il « s'acharne contre le principe de précaution » selon Le Figaro[14] et s'oppose à l’inscription de ce principe dans la Constitution de 1958, écrivant que « la faille la plus profonde de ce principe de précaution, son péché originel est un péché d'orgueil. Il laisse croire que l'on pourrait se prémunir de tout car l'on pourrait toujours déceler la cause d'une catastrophe potentielle[15]. »
Dans son ouvrage La peur est au-dessus de nos moyens. Pour en finir avec le principe de précaution (2011), il dresse un réquisitoire contre le principe de précaution dans le domaine environnemental et de la santé[16].
Dans une tribune d', il déclare, à propos de la crise de la Covid, qu'il lui « semble que l’épidémie est la parfaite démonstration de la totale inutilité du principe de précaution[17]. »
Sur les OGM et les pesticides
En 2014, il déclare dans une interview dans le journal en ligne Contrepoints que « les OGM sont un bienfait pour l’humanité » et se prononce pour leur développement, et ajoute que « l'utilisation actuelle des pesticides n’est pas dangereuse pour la santé[18]. »
Publications
- La Santé intouchable. Enquête sur une crise et ses remèdes, JC Lattès, 1996
- La Crise des professions de santé, Dunot, 2003
- L'HĂ´pital vu du lit, Seuil, 2004, 167 p.
- Les prêcheurs de l'apocalypse. Pour en finir avec les délires écologiques et sanitaires, Plon, 2007, 250 p.
- Très cher santé. La santé à tout prix, Perrin, 2009
- La peur est au-dessus de nos moyens. Pour en finir avec le principe de précaution, Plon, 2011
- Pour en finir avec les histoires d'eau. L'imposture hydrologique, Plon, 2012
- Ils ont perdu la raison, Robert Laffont, 2014
- Ils croient que la nature est bonne, Robert Laffont, 2016, 180 p.
En collaboration
- Notre État. Le livre-vérité de la fonction publique (participation), Robert Laffont, 2000
- avec Didier Bazzocchi, La Santé rationnée. Un mal qui se soigne, Economica, 2018
- avec Henri Voron, Les Ă©colos nous mentent !, Albin Michel, 2021, 203 p.
Notes et références
- CV sur le site du CNAM.
- « Kervasdoué règle ses comptes avec les prophètes de l'apocalypse », Le Figaro, .
- Ce poste correspond aujourd'hui à celui de directeur général de l'offre de soins, l'une des principales directions du ministère de la Santé.
- Eric Favereau, « Un paysage hospitalier figé dans ses inégalités». Jean de Kervasdoué, ancien directeur des hôpitaux, déplore la seule logique budgétaire de Matignon, liberation.fr, 17 octobre 1995.
- « Entretien avec Jean de Kervasdoué », Société Civile, no 41, Ifrap, 2004.
- « Non au consensus mou », L'Express, 27 février 2003.
- Alain Madelin, Quand les autruches relèveront la tête, chap. 5 [lire en ligne].
- Jean de Kervasdoué : « Les généralistes vont entrer en résistance », lejdd.fr, 15 mars 2015.
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« Chaque jour, je suis surpris par la masse considérable d'informations touchant la santé et son aspect inquiétant, inutile, inadapté, ridicule au point d’être drôle si cette désinformation n’était pas aussi dangereuse… Les idées fausses deviennent des lieux communs et les idées folles des conseils thérapeutiques avisés. »
— Dans Les Prêcheurs de l'apocalypse, p. 11
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« Les errances de l’écologie politique m'indignent parce que, le plus souvent, elles sont contredites par des faits. »
— Dans Les Prêcheurs de l'apocalypse, p. 18
- Quentin Hardy et Pierre de Jouvancourt, « Y a-t-il un « danger écologique » ? », Socio. La nouvelle revue des sciences sociales, no 12,‎ , p. 159–185 (ISSN 2266-3134, DOI 10.4000/socio.4701, lire en ligne)
- Les PrĂŞcheurs de l'apocalypse, p. 196 et 220.
- Les PrĂŞcheurs de l'apocalypse, p. 116, 223.
- « Kervasdoué règle ses comptes avec les prophètes de l'apocalypse », Le Figaro,‎ (ISSN 0182-5852, lire en ligne, consulté le ).
- Les PrĂŞcheurs de l'apocalypse, p. 127.
- Michel Grignon, « Note de lecture critique », Revue française des affaires sociales, no 4,‎ , p. 181–187 (ISSN 0035-2985, lire en ligne, consulté le ) :
« Le principe (tel qu’énoncé par de Kervasdoué) dit que, s’il existe de “bonnes raisons” de redouter un danger sur la santé ou sur l’environnement en raison d’une activité humaine, il est raisonnable d’interrompre cette activité en attendant d’avoir accumulé suffisamment de preuves empiriques sur la réalité et l’ampleur du danger. Jean de Kervasdoué s’oppose à ce principe […]. Le réquisitoire est véritablement développé dans les deux derniers chapitres du livre (respectivement chapitre 9 “Précautionneuse” et chapitre 10 “Raisonnable”), qui suivent une série de huit chapitres démontrant l’absence de mérite scientifique de la plupart des revendications écologistes ou de santé publique. »
- Gilles Noussenbaum, « Jean de Kervasdoué : l’épidémie est la parfaite démonstration de la totale inutilité du principe de précaution », decision-sante.com, 27 avril 2020.
- Pierre-Louis Gourdoux, « J. de Kervasdoué : “les OGM sont un bienfait pour l’humanité” », Contrepoints,‎ (lire en ligne, consulté le ).