Jean d'Orléans (1399-1467)
Jean d'Orléans ou Jean d'Angoulême, né entre le et le [1] et mort le à Cognac, est comte d'Angoulême et de Périgord.
Jean d'Orléans | |
Sceau de Jean d'Orléans, comte d'Angoulême (croquis). | |
Fonctions | |
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Comte d'AngoulĂŞme | |
– (59 ans, 5 mois et 7 jours) |
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Prédécesseur | Louis Ier |
Successeur | Charles II |
Comte de PĂ©rigord | |
– | |
Prédécesseur | Louis Ier |
Successeur | Jean Ier |
Biographie | |
Dynastie | Maison capétienne de Valois |
Date de naissance | |
Date de décès | |
Lieu de décès | Cognac |
Sépulture | Cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême |
Père | Louis Ier d'Orléans |
Mère | Valentine Visconti |
Conjoint | Marguerite de Rohan |
Enfants | Louis Charles Jeanne |
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Biographie
Famille
Jean d'Orléans est le fils de Louis, duc d'Orléans, de Valois, comte de Blois, et de nombreux autres lieux, et de Valentine Visconti, héritière présomptive du duché de Milan. Il est également le frère du célèbre poète Charles Ier d'Orléans, le demi-frère de Jean de Dunois (dit le bâtard d'Orléans avant l'obtention de son titre comtal), l'oncle du roi Louis XII et le grand-père du roi François Ier.
Un otage exilé 33 ans en Angleterre
Jean d'Orléans, âgé de 13 ans, est livré en otage aux Anglais en 1412[2]. En effet, dans le cadre des affrontements entre Armagnacs et Bourguignons, l'alliance anglaise est déterminante et les deux camps n'hésitent pas à la solliciter. C'est ce que font les partisans de Charles d'Orléans au printemps, avant de signer au mois d'août une trêve qui stipule que les deux partis renoncent à toute convention avec les Anglais. Cependant, les troupes anglaises refusent de retourner chez elles sans une confortable compensation de l'ordre de 150 000 puis bientôt 210 000 écus, somme que les Armagnacs s'engagent à leur verser par le traité de Buzançais le . Mais incapables de rassembler cette somme immédiatement, ils en garantissent le versement ultérieur en accordant aux Anglais six otages dans l'entourage de Charles d'Orléans, dont son jeune frère Jean[3].
Ce dernier ne sera finalement libéré qu'en 1444. Après la bataille d'Azincourt en 1415, son frère aîné capturé le rejoint pour partager non seulement la détention mais aussi l'intérêt pour la littérature. En effet, Jean vit ses 33 années en Angleterre au milieu des livres dont il apprécie la lecture et fait des commentaires. Il n'hésite pas à faire appel à des copistes pour enrichir sa bibliothèque personnelle. On sait ainsi qu'il fait faire par un scribe anglais une copie, aujourd'hui conservée à la Bibliothèque Nationale de France, des Contes de Canterbury de Geoffrey Chaucer, qu'il emmène avec lui lors de sa libération puisque l'ouvrage fait partie de l'inventaire de ses biens exécuté après décès. C'est du reste le premier manuscrit de cet ouvrage à avoir traversé la Manche, ce qui montre bien à quel point les échanges d'otages ont pu contribuer aux circulations culturelles en Europe[2].
De retour d'Angleterre
Après sa libération, Jean combat sous les ordres de son demi-frère Dunois en Guyenne en 1451 et contribue à en chasser les Anglais.
Entretemps, le , il Ă©pouse Marguerite de Rohan, fille d'Alain IX, vicomte de Rohan, et de Marguerite de Bretagne, dame de Guillac. De cette union naissent trois enfants :
- Louis (1455-1458)
- Charles d'Orléans (1459-1496), comte d'Angoulême, père du roi François Ier
- Jeanne (1462-1520), mariée à Charles-François de Coëtivy, comte de Taillebourg, fils d'Olivier de Coëtivy et de Marie de Valois.
Il a également un fils, Jean de Valois, bâtard d'Angoulême, qu'il légitime en 1458.
Jean d'Orléans, le « bon comte Jean d'Angoulême », repose dans la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême avec son épouse et son fils Charles d'Orléans. Sa dépouille, ainsi que celle de son fils, retrouvées dans la cathédrale d'Angoulême en 2011[4], sont réinhumées le lors d'une cérémonie présidée par Mgr Claude Dagens en cette même cathédrale[5].
Son crâne est mutilé par les Huguenots.
Une statue de Jean d'Angoulême a été réalisée en 1876 par Gustave-Louis Gaudran ; elle orne le square Girard II au chevet de la cathédrale.
Ascendance
Notes et références
- Dupont-Ferrier 1895, p. 527.
- Adam J. Kosto, L'otage comme vecteur d'échange culturel du IVe siècle au XVe siècle, in Sylvie Caucanas, Rémy Cazals et Pascal Payen (dir), Les prisonniers de guerre dans l'histoire, Privat, 2003, p. 174
- Élizabeth Gonzalez, Un Prince en son hôtel : les serviteurs des ducs d'Orléans au XVe siècle, Paris, Publications de la Sorbonne, coll. « Histoire ancienne et médiévale » (no 74), , 393 p. (ISBN 2-85944-495-5, lire en ligne), p. 33.
- Stéphane Urbajtel, « Les squelettes exhumés à la cathédrale d'Angoulême sont ceux des aïeux de François Ier », Charente libre,‎ (lire en ligne, consulté le )
- Anne Lacaud, « Angoulême : les ancêtres de François 1er réinhumés dans la cathédrale », Sud Ouest,‎ (lire en ligne, consulté le )
Voir aussi
Bibliographie
Statue érigée en 1876 à la cathédrale Saint-Pierre d'Angoulême.
- Études
- (en) Lucy de Angulo, « Charles and Jean d'Orléans: an attempt to trace the contacts between them during their captivity in England », dans Franco Simone, éd., Miscellanea di studi e ricerche sul Quattrocento francese, Turin, Giappichelli, , p. 59-92.
- Gustave Dupont-Ferrier, « La date de la naissance de Jean d'Orléans, comte d'Angoulême », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 56,‎ , p. 518-527. (ISSN 1953-8138, DOI 10.3406/bec.1895.447825, lire en ligne)
- Gustave Dupont-Ferrier, « La captivité de Jean d'Orléans, comte d'Angoulême (1412-1445) », Revue historique, vol. 63,‎ , p. 42-74. (ISSN 0035-3264, lire en ligne)
- Gilbert Ouy, « Recherches sur la librairie de Charles d'Orléans et de Jean d'Angoulême pendant leur captivité en Angleterre, et étude de deux manuscrits autographes de Charles d'Orléans récemment identifiés », Comptes rendus de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, vol. 99, no 2,‎ , p. 273-288. (ISSN 1969-6663, DOI 10.3406/crai.1955.10447, lire en ligne)
- Gilbert Ouy, « À propos des manuscrits autographes de Charles d'Orléans identifiés en 1955 à la Bibliothèque nationale : Hypothèse « ingénieuse » ou certitude scientifique ? », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 118,‎ , p. 179-188. (ISSN 1953-8138, DOI 10.3406/bec.1960.449602, lire en ligne)
- (en) Gilbert Ouy, « Charles d'Orléans and his brother Jean d'Angoulême in England : what their manuscripts have to tell », dans Mary-Jo Arn, éd., Charles d'Orléans in England : 1415-1440, Cambridge, Boydell & Brewer, (ISBN 9780859915809), p. 47-60.
- Gilbert Ouy, La librairie des frères captifs : les manuscrits de Charles d'Orléans et Jean d'Angoulême, Turnhout, Brepols, , 185 p. (ISBN 978-2-503-52540-2, présentation en ligne)
- Éditions de sources
- « Passage a subgez pour poursuir la delivrance a prisonniers », dans Le formulaire d'Odart Morchesne d'après la version du ms BnF fr. 5024, Édition critique par Olivier Guyotjeannin et Serge Lusignan, Éditions en ligne de l'École nationale des chartes, no 10.
- Eusèbe Castaigne, éditeur, La vie de Jean d'Orléans, dit le Bon, comte d'Angoulême, aïeul de François Ier : par Jean du Port, sieur des Rosiers, Angoulême, , XXXII-112 p. (lire en ligne)Réédition d'une biographie publiée par Jean du Port, sieur des Rosiers, en 1588, puis de nouveau en 1602.
- Étienne Charavay, Jean d'Orléans, comte d'Angoulême : Notice, publiée avec des notes, Paris, Alphonse Lemerre, , 17 p. (lire en ligne)
- Léopold Delisle, « Deux lettres de Bertrand du Guesclin et de Jean le Bon, comte d'Angoulême, 1368 et 1444 », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 45,‎ , p. 300-304. (ISSN 1953-8138, DOI 10.3406/bec.1884.447245, lire en ligne)