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Jean Portante

Jean Portante est un écrivain francophone, poète et traducteur luxembourgeois d'origine italienne, né le à Differdange, ville minière du Grand-Duché[1].

Jean Portante
Jean Portante en 2016.
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Distinctions

Biographie

Jean Portante naît peu après l'arrivée de ses parents italiens au Luxembourg. Son enfance, relatée dans son roman Mrs Haroy ou la mémoire de la baleine, est marquée par cette double appartenance, ou plutôt par une double non-appartenance, puisque comme chaque voyageur, il a très tôt le sentiment d'être citoyen de nulle terre. À l’instar de la baleine, ce mammifère ayant décidé d’émigrer vers les eaux des océans, il sait qu’il n’appartient ni à la terre quittée ni à celle rejointe. Toute son œuvre, riche d’une trentaine de titres, est imprégnée de ce leitmotiv thématique. En outre, ses œuvres, écrites en français, participent, par cette langue même, du déracinement. Le français est, pour Jean Portante, une langue à l’extérieur de son binôme Italie-Luxembourg, une langue apprise, apprivoisée, mais qui reste sans cesse à conquérir. L'écrivain déclare à son sujet que c’est une « étrange langue » (c’est d'ailleurs le titre d’un de ses recueils de poésie, couronné en France par le prix Mallarmé), dans la mesure où elle reflète la petite tour de Babel de la maison familiale de son enfance où l’on parlait à la fois italien et luxembourgeois, mais parfois aussi le français. Dans l’entrelacs linguistique du Luxembourg, où les enfants sont alphabétisés en allemand, cela ne peut déboucher, dans l’écriture, que sur cette « étrange langue », ou « langue baleine », pour reprendre une expression de l'auteur : c’est-à-dire une langue qui a l’aspect du français (comme la baleine ressemble à un poisson), mais dans laquelle respirent (comme le poumon de la baleine) la langue italienne et les autres idiomes du territoire. L’écriture de Jean Portante devient ainsi un incessant voyage d’une langue à l’autre, ce qui permet, dans sa poésie surtout, de « néologiser », donc d’« étrangéiser » la langue française. Jean Portante parle aussi d’« effaçonner » (un autre titre d’un de ses recueils). Il s’agirait alors, tout en façonnant l’écriture, de l’effacer, afin que surgisse la langue véritable. L’œuvre poétique de Jean Portante est un lent « effaçonnement », alors que, dans ses romans, il mêle histoire, autobiographie et fiction, pour dénouer les pièges de la mémoire, de l’identité, de l’enracinement, des migrations, thèmes centraux de ses livres.

Jean Portante est venu à l'écriture à l’âge de 33 ans. Avant, il étudie en France, à Nancy, et est tour à tour agitateur dans la foulée de mai 68 et professeur de français. En 1983, alors qu’il écrit son premier recueil de poèmes, Feu et Boue, il s’installe à Paris. De longs séjours en Amérique latine le familiarise avec la langue espagnole et, parallèlement à son travail d’écriture, il développe depuis plus de vingt ans une activité de traducteur (notamment de Juan Gelman), mais aussi de Gonzalo Rojas et de dizaines de voix poétiques de langue espagnole, allemande, anglaise ou luxembourgeoise. Ses propres livres sont largement traduits, et parmi les traducteurs récents de ses poèmes en anglais, on retrouve les poètes Pierre Joris et Zoë Skoulding.

Actuellement, il dirige au Luxembourg la collection Graphiti (poésie) des éditions PHI et collabore à l’hebdomadaire Le Jeudi. En France, il est membre de l'Académie Mallarmé et du jury du prix Guillaume-Apollinaire. En 2003, il reçoit le Grand Prix d’automne de la Société des gens de lettres, pour l’ensemble de son œuvre, ainsi que le prix Mallarmé. Auparavant, son roman Mrs Haroy ou la mémoire de la baleine, adapté au cinéma en 2010, lui vaut, au Luxembourg, le prix Servais du meilleur livre de l’année, tous genres confondus.

Au Luxembourg, il fonde en 2009 la revue littéraire Transkrit, consacrée à la traduction de la littérature contemporaine. En France, il est à l’origine, avec Jacques Darras et Jean-Yves Reuzeau, de la revue Inuits dans la jungle, dont le premier numéro paraît en .

Distinctions

  • 1986 : Prix Rutebeuf de la poĂ©sie pour Horizon, vertige et Italie intercalaire
  • 1993 : Prix Tony-Bourg pour Ouvert fermĂ© (ex aequo avec Jean Sorrente)
  • 1994 : Prix Servais pour Mrs Haroy ou La mĂ©moire de la baleine
  • 2003 : Prix de poĂ©sie Louis-Montalte de la SociĂ©tĂ© des gens de lettres, 2003 (pour l'ensemble de son Ĺ“uvre)
  • 2003 : Prix MallarmĂ© pour L'Étrange Langue
  • 2011 : Prix Batty-Weber pour l'ensemble de son Ĺ“uvre
  • 2016 : Prix Servais pour L'Architecture des Temps Instables.

Ĺ’uvres

Romans et poésie

Liste non exhaustive
  • Feu et Boue, Paris, Ă©ditions Caractères, 1983
  • L'Instant des nĹ“uds (Poèmes), Paris, Ă©ditions Saint-Germain-des-PrĂ©s, 1984
  • MĂ©andres, Paris, Ă©ditions du Guichet, 1985
  • Horizon, vertige & Italie intercalaire, Paris, Ă©ditions Arcam, 1986
    Prix Rutebeuf de la poésie 1986
  • Projets pour un naufrage prĂ©mĂ©ditĂ©, rĂ©cit, Echternach, Ă©ditions Phi, 1987
  • Un deux cha cha cha, roman, Echternach, Ă©ditions Phi, 1990
  • Ex-odes (Poèmes cubains 1987-1990), Echternach, Ă©ditions, Phi, 1991
  • Mrs Haroy ou la MĂ©moire de la baleine : chronique d'une immigration, roman autobiographique, Echternach, Ă©ditions Phi, 1993
    Réédité en 1999. Traduit en allemand, italien et roumain
  • Ouvert fermĂ©, poèmes, Echternach, Ă©ditions Phi, 1994
    Prix Tony-Bourg 1993
  • Le Mariage de Pythagore, Luxembourg, Teatro vivace, 1995
  • Effaçonner, poèmes, Echternach, Ă©ditions Phi, 1996
  • Destin destination: une tragĂ©die, Echternach, Ă©ditions Phi, 1998
  • Point : poèmes, Echternach, Ă©ditions Phi, 1999
  • Point d'appui, avec des bois gravĂ©s de Scanreigh, Eymoutiers, CafĂ© des attributions, 1999
  • Anthologie luxembourgeoise, poĂ©sie, Echternach, Ă©ditions Phi / Trois-Rivières, Écrits des Forges, 1999
  • Allen Ginsberg. L'autre AmĂ©rique, prĂ©face de Anne Waldmann, Bordeaux, Le Castor astral, 1999
  • La Pluie comme un Ĺ“il, Moudon, Ă©ditions Empreintes, 2001
  • Autour de la table, Paris, Le Taillis PrĂ©, 2002
  • L'Étrange Langue, poèmes, Châtelineau, Le Taillis PrĂ©, 2002
  • Mourir partout sauf Ă  Differdange, roman, Esch-sur-Alzette, Ă©ditions Phi, 2003
    Traduit en roumain
  • L'Arbre de la disparition, poèmes, avec des dessins de Marek Szczesny et une prĂ©face de Lionel Ray, Esch-sur-Alzette, Ă©ditions Phi / Trois-Rivières, Écrits des Forges, 2004
  • La Cendre des mots : l'origine est passĂ©e par lĂ . Poèmes 1989-2005, Trois-Rivières, Écrits des Forges / Bordeaux, Le Castor Astral, 2005
  • Le Travail du poumon, Bordeaux, Le Castor Astral, 2007
  • Ailleurs - Épisode I : Charleville-MĂ©zières 2008 : une annĂ©e en poĂ©sie, poĂ©sie (collectif), Charleville-MĂ©zières, Ă©ditions du MusĂ©e Rimbaud, 2009
  • La RĂ©invention de l'oubli, Bordeaux, Le Castor Astral, 2010
  • HexamĂ©ron. Dernier Jour suivi de OrphĂ©e au pays des mortels, Differdange, Ă©ditions Phi, 2011
  • Après le tremblement, Bordeaux, Le Castor Astral, 2013
  • L'Architecture des temps instables, Differdange, Ă©ditions Phi, 2015
  • La Tristesse cosmique, Havelange , Ă©ditions Phi, 2017
  • Jadis je disait, Havelange, Ă©ditions Phi, 2021

Traductions

  • Jerome Rothenberg, Un nirvana cruel : Poèmes 1980-2000, traduit depuis l'anglais, Ă©ditions PHI, 2002
  • Victor RodrĂ­guez Núñez, Une Ă©trange odeur du monde, traduit de l'espagnol, Ă©ditions l'Oreille du loup, 2011
  • Juan Gelman, L'Amant mondial : Poèmes 1962-1965, traduit de l'espagnol, Ă©ditions Caractères, 2012
  • Tzveta Sofronieva, La Solitude de l'abeille, traduit de l'allemand, Ă©ditions l'Oreille du loup, 2013
  • Jerome Rothenberg, Pologne, 1931, traduit depuis l'anglais, Ă©ditions Caractères, 2013
  • Jovan Zivlak, Le Roi des oies : anthologie poĂ©tique, traduit du serbe, Ă©ditions l'Oreille du loup, 2014
  • Ulrike Draesner, Reste d'hirondelle, traduit de l'allemand, Le Castor Astral, 2014
  • Jorge Boccanera, Le Flou des animaux, traduit de l'espagnol, Ă©ditions Caractères, 2015
  • Elisa Biagini, Depuis une fissure, traduit de l'italien, Ă©ditions Cadastre8zĂ©ro, 2017
  • Juan Arabia , L´OcĂ©an Avare (traduit par Jean Portante), Al Manar Editions, Neuilly (France), 2018[2]

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

  • Bertrand Westphal, OrphĂ©e ou l'art d'avancer Ă  reculons : temps et histoire dans les romans de Jean Portante, Versants : revue suisse des littĂ©ratures romanes no 29, 1996
  • Manfred Schmeling, Monika Schmitz-Emans, Multilinguale Literatur im 20. Jahrhundert, Verlag Königshausen & Neumann, 2002, p. 158 sqq

Liens externes

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