Jean HĂ©ritier
Jean Héritier, né au Vésinet le et mort à Versailles le [2], est un journaliste, écrivain, historien, militant royaliste et antisémite puis collaborationniste français.
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(Ă 77 ans) Versailles |
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Éléments biographiques
Royalisme et antisémitisme
Jean Héritier, le fils d'un dreyfusard, porte dès sa jeunesse des convictions sociales démocrates[3]. C'est la lecture de l'ouvrage d'Édouard Drumont La Fin d'un monde qui l'engage sur la voie de l'antisémitisme[4] : il pense dès 1913 que « la synthèse du national et du social » ne peut s'envisager que par « la solution préalable du problème juif et du problème maçonnique »[3].
Il enseigne la philosophie et le grec au collège de Nogent-le-Rotrou[5], rédige plusieurs ouvrages sur le XVIe siècle français et collabore à La Revue du siècle et aux Cahiers d'Occident[6].
Devenu royaliste, il fréquente l'Action française de Charles Maurras ; il est un des collaborateurs du quotidien du mouvement et de L'Étudiant français[7]. Mais en 1934, estimant que Maurras parle beaucoup mais ne fait rien[3], et dénonçant l'« anti-germanisme intégral » de ce dernier[8], il rompt avec éclat et se tourne vers Hitler qui « [a] agi contre les Juifs », ce en quoi il voit une forme de fidélité à Drumont[3] - [9]. Il collabore encore au Courrier royal du « comte de Paris » (1934) ainsi qu'à L'Insurgé de Jean-Pierre Maxence et Thierry Maulnier (1937)[7].
Collaboration
Durant la Seconde Guerre mondiale, il rejoint le Rassemblement national populaire (RNP) de Marcel Déat et plaide pour la collaboration avec une Allemagne qu'il définit comme « européenne et catholique dans son essence », tout en recherchant la réforme sociale, ce qui le fait classer à gauche chez les collaborateurs[10].
Il travaille pour l'antisémite Institut d'études des questions juives et ethnoraciales de George Montandon où il enseigne la littérature en compagnie d'Armand Bernardini qui y enseigne l'onomastique[11]. Il rédige de nombreux articles pour la presse collaborationniste, notamment dans Au Pilori[3], La Gerbe, L'Appel, Révolution nationale ou encore Je suis partout[12]. Il publie également dans L'Ethnie française une série d'articles sur « Les Juifs et l'ancienne France »[10].
Lors de l'avancée des Alliés en 1944, il se réfugie en août chez Déat quand les militants du RNP s'apprêtent à partir pour l'Est de la France puis l'Allemagne[10]. Présent parmi les exilés de Sigmaringen, Héritier s'y présente comme « chargé de la mission de restaurer les lys de France »[13] et convertit peu à peu l'ancien socialiste Déat à la monarchie[14].
Comme la plupart des exilés de Sigmaringen en fuite au moment de la Libération, il est condamné à mort par contumace mais sera rejugé après sa réapparition en France[5]. Il est arrêté en 1946 et interrogé le pour sa participation rédactionnelle à La Gerbe et à L'Appel ainsi que « pour sa participation à la direction d'un réseau de la Gestapo qui dénonça une dizaine de patriotes aux Allemands[15]. » La documentation ne fait pas état du verdict prononcé mais d'une manière générale, les condamnations des universitaires consistent en des peines d'emprisonnement d'une relative clémence[5] - [16].
Après la Libération, il est repris dans la liste — à usage interne — des « écrivains indésirables » du Comité national des écrivains[17].
Publications
- Trois erreurs politiques. Louis XVI, Robespierre, Napoléon ; suivies de Louis XVIII, Paris, Librairie de France, 1932
- Histoire de la Troisième République (2 vol.), Paris, Librairie de France, 1932-1933 (directeur)
- Marie Stuart et le meurtre de Darnley, Paris, F. Alcan, 1934 — prix Thérouanne de l’Académie française en 1935
- Catherine de MĂ©dicis, Paris, Fayard, 1940
- Michel de l'Hospital, Paris, Flammarion, 1943
Notes et références
- « https://archives28.fr/archives-et-inventaires-en-ligne/inventaires-en-ligne/archives-privees-toutes-periodes/51-j--fonds-jean-heritier »
- Notice de la BnF
- Simon Epstein, Les Dreyfusards sous l'Occupation, Ă©d. Albin Michel, 2001, p. 145.
- Voir à ce sujet J. Héritier, « Quand me fut révélé Drumont », in Au Pilori, 4 mai 1944, cité par S. Epstein, op. cit., p. 145.
- Claude Singer, L'Université libérée, l'université épurée (1943-1947), éd. Les Belles Lettres, 1997, p. 194.
- Pierre-Marie Dioudonnat, Les 700 rédacteurs de « Je suis partout » : 1930-1944, éd. Sedopols, 1993, p. 49.
- Michel Leymarie et Jacques Prévotat, L'Action française : culture, société politique, éd. Presses univ. du Septentrion, 2008, p. 36.
- Philippe Mège, Charles Maurras et le germanisme, éd. L'Aencre, 2003, p. 122.
- Max Weinreich, Hitler et les professeurs, Les Belles Lettres, 2013 (ISBN 2251444696).
- Simon Epstein, op. cit., p. 146.
- Henri Thyssens, Robert Denoël, éditeur, Chronologie : 24 mars 1943, n.d., site internet en ligne.
- Deux articles à Je suis partout : « La leçon de Frédéric le grand », 12 mai 1944 ; « D'un préjugé à l'imposture », 21 juillet 1944 ; cités par P.-M. Dioudonnat, op. cit., 2003, p. 49.
- Henry Rousso, PĂ©tain et la fin de la collaboration : Sigmaringen, 1944-1945, Ă©d. Complexe, 1984, p. 58.
- André Brissaud, Pétain à Sigmaringen (1944-1945), éd. 1966, p. 201.
- André Halimi, La Délation sous l'occupation, éd. L'Harmattan, 2003, p. 267
- Roland Gaucher et Philippe Randa, Rescapés de l'épuration. Vol. I : Le journal de guerre de Marcel Déat, éd. Dualpha, 2002, p. 123.
- Pierre Assouline, L'Épuration des intellectuels, éd. Complexe, coll. « La mémoire du siècle », 1985, p. 161.
Liens externes
- Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généraliste :