Jean Améry
Hans Mayer, alias Jean Améry, est un écrivain et essayiste autrichien né à Vienne le et mort à Salzbourg (suicide) le .
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(Ă 65 ans) Salzbourg |
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Hans Chaim Mayer |
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Grand prix de littérature de l'Académie bavaroise des beaux-arts () Prix de journalisme de la ​​Ville de Vienne (d) () |
Archives conservées par |
Archives littéraires allemandes de Marbach (A:Améry, Jean)[1] |
Biographie
Né à Vienne, capitale de l'Empire austro-hongrois, Hans Mayer est issu d'une double culture : son père est juif et sa mère catholique, avec des origines juives. Son père meurt lors de la Première Guerre mondiale. Il est éduqué en catholique par sa mère. Il retourne à Vienne en 1926 et commence des études qu'il ne termine pas. En 1930, il commence à travailler sous la direction de Léopold Langhammer comme bibliothécaire dans une université populaire.
À ce moment-là , Hans Mayer, élevé dans la religion catholique donc, est pétri des valeurs traditionnelles autrichiennes. Il ignore les créations avant-gardistes et de gauche pourtant abondantes dans Vienne à cette époque. Élevé en province, il aime la littérature de terroir populaire. Il parle d'ailleurs le patois tyrolien. Il commence à écrire des romans (Le Pont, et en 1935, Les Naufragés).
Il émigre au moment de l'Anschluss en 1938 en Belgique où il milite et se fait arrêter et enfermer à deux reprises. Il est emprisonné, après l'invasion allemande, dans le camp de concentration de Gurs, dans le sud de la France. Il est arrêté par la Gestapo en du fait de ses activités dans la Résistance belge. Torturé au fort de Breendonk, il est ensuite déporté à Auschwitz-Monowitz en raison de ses origines juives. Après la guerre, il gagne sa vie en écrivant des articles pour une agence de presse suisse. Mais le procès pour crime contre l'humanité des SS ayant sévi à Auschwitz, qui a lieu à Francfort entre 1963 et 1965, lui permet de rompre « l'obscur envoûtement qui le paralysait ». Il couche par écrit son témoignage et ses réflexions dans un célèbre essai paru en 1966 en Allemagne Par delà le crime et le châtiment. Cet ouvrage, qui se veut une description de « la situation de l'intellectuel dans un camp de concentration »[2], utilise l'introspection et l'observation de ses propres expériences psychiques pour faire de l'écriture un véritable processus d'exploration des effets de la barbarie sur la victime qui y est livrée[3]. L'intellectuel juif de langue allemande exilé devient une référence morale. Les essais Du vieillissement (1968) et Porter la main sur soi (1976) rencontrent un lectorat important.
Améry se montre très critique envers ceux qui pardonnent et ceux qui oublient. Si elle veut tirer la leçon de ses erreurs, la culture occidentale doit analyser celles-ci dans le cadre de la morale dont elle se prévaut. C’est alors seulement que le vécu des victimes pourrait trouver un sens.
Il se suicide en 1978 dans un hĂ´tel de Salzbourg.
Cet esprit solitaire fut très proche de la poétesse, romancière et essayiste autrichienne Ingeborg Bachmann et de Günther Anders.
Primo Levi, dans son livre Les naufragés et les rescapés, reprend pour un chapitre où il fait une référence constante à Améry, le titre d'un de ses essais, L'intellectuel à Auschwitz.
Bibliographie
Ĺ’uvres
- Par-delà le crime et le châtiment - Essai pour surmonter l'insurmontable, Arles, Actes Sud, 1995 [éd. originale 1966]
- Du vieillissement, Paris, Payot, 1991 [1968] ; rééd. Petite Bibliothèque Payot, 2009
- Lefeu ou la démolition, Arles, Actes Sud, 1996 [1974]
- Porter la main sur soi - Du suicide, Arles, Actes Sud, 1999 [1976]
- Charles Bovary, médecin de campagne, Arles, Actes Sud, 1995 [1978]
- Les Naufragés, Arles, Actes Sud, 2010 [1935]
- « L’homme enfanté par l’esprit de la violence » [1969], traduit de l'allemand par Julie-Françoise Kruidenier et Adrian Daub, dans Les Temps modernes, Gallimard, 2006/1, no 635-636 sur Cairn.info.
Biographies et Ă©tudes
- Irène Heidelberger-Leonard, Jean Améry, Arles, Actes Sud, 2007
- Sous la direction de Jürgen Doll, Jean Améry (1912-1978). De l'expérience des camps à l'écriture engagée, Paris, L'Harmattan, 2006
- Anne Henry, "Shoah et Témoignage. Lévi face à Améry et Bettelheim", Paris, L'Harmattan, 2005
- W. G. Sebald, Avec les yeux de l’oiseau de nuit : sur Jean Améry (p. 143–162) In Campo Santo : traduit de l’allemand par Patrick Charbonneau et Sibylle Muller : Titre original : Campo Santo : Actes Sud, 2009 pour la traduction française. (ISBN 978-2-7427-8080-8)
- 2009: «El sĂndrome de Al-Andalus. Relatos de expoliaciĂłn y violencia polĂtica», en J. Casquete (ed.), Comunidades de muerte, Barcelona, Anthropos, págs. 19-54; “La razĂłn desposeĂda de la vĂctima. La violencia en el PaĂs Vasco al hilo de Jean AmĂ©ry”, Bilbao, Cuadernos Escuela de Paz.
Notes et références
- « http://www.dla-marbach.de/kallias/aDISWeb/bf/index.html?ADISDB=BF&WEB=JA&ADISOI=11820 »
- Jean Améry, Par-delà le crime et le châtiment. Essai pour surmonter l'insurmontable, trad. de l'allemand par F. Wuilmart, Actes Sud, 1995, p. 7
- Daniel Oppenheim, « L'Expérience de la barbarie par l'intellectuel et l'éthique du témoignage selon Jean Améry », dans Plurielles, no 19, Paris, AJHL, 2015.
Annexes
Articles connexes
- Shoah, Liste d'essais sur la Shoah
- Liste de récits de rescapés de la Shoah, Liste de témoignages et journaux intimes écrits pendant la Shoah
- Littérature de la Shoah, Liste de romans sur la Shoah
- David Rousset, Robert Antelme, Primo Levi, Louis Martin-Chauffier
- Pierre Daix, Raymond Berr
- Cinéma et Shoah, Shoah (film) (Claude Lanzmann)