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Jean-Louis Lacuria

Jean-Louis Lacuria, né à Lyon le et est mort à Oullins le , est un artiste-peintre français.

Jean-Louis Lacuria
Portrait de Jean-Louis Lacuria, 1833, dessiné par son ami Paul Flandrin
Naissance
Décès
(Ă  60 ans)
Oullins
Nationalité
Activités
Autres activités
Professeur
Maître
Ingres, Pierre Revoil, Victor Orsel, Vincent PĂ©rin
Élève
Thérèse Chatt, Joseph Alfred Bellet du Poisat, Clair Tisseur, Mlle Ferez
Influencé par

Élève et grand admirateur d'Ingres, il exerça jusqu'à sa mort le métier de professeur d'art à Oullins (Rhône-Alpes).

Biographie

Enfance et premières formations

Jean-Louis Lacuria naît à Lyon (Rhônes-Alpes) en 1808. Sa famille, très pieuse et d’un milieu modeste, vit grâce aux revenus du père, qui est bijoutier. Son frère Paul François Gaspard Lacuria est prêtre et écrivain mystique.

Il suit des Ă©tudes classiques Ă  la manĂ©canterie de Saint-Jean, dans sa ville natale. Il entre ensuite en 1823 Ă  l'École nationale supĂ©rieure des beaux-arts de Lyon oĂą il est notamment l'Ă©lève du peintre Pierre RĂ©voil. Durant sa formation, il fait la connaissance de Paul et Hippolyte Flandrin, avec qui il partage son goĂ»t pour la musique sacrĂ©e, la religion, et l’admiration vouĂ©e au peintre maĂ®tre Ingres[1]. Ils sont aussi tous trois influencĂ©s par les doctrines esthĂ©tiques de Lamennais[1], un ami du frère de Jean-Louis. Chez Lamennais, ils retrouvent des Ă©lĂ©ments de la doctrine ingresque. Lacuria voue une admiration qu'il qualifie lui-mĂŞme de « presque religieuse Â»[1] au peintre français nĂ©o-classique Ingres. Il justifie cette admiration en disant que se dĂ©gageait de lui un extraordinaire rayonnement, appelant la comparaison religieuse[1]. C’est pourquoi Ă  la fin de sa formation aux Beaux-Arts de Lyon, Jean-Louis Lacuria rejoint en 1830 Paul et Hippolyte Flandrin dans l'atelier dirigĂ© par Ingres Ă  Paris. Leur admiration vouĂ©e au maĂ®tre peintre est grandissante. Cependant, Lacuria, très déçu du tableau d’Ingres, Le Martyre de saint Symphorien, n’hĂ©site pas Ă  le critiquer et Ă  Ă©mettre des doutes sur son enseignement. Dans la correspondance qu’il entretient avec Hippolyte Flandrin, parti Ă  Rome, il Ă©crit « Les principes qu'il nous enseigne, il ne s'en sert pas lui-mĂŞme Â»[2]. Plus gĂ©nĂ©ralement, il Ă©crit aussi : « L'enseignement de M. Ingres, tout sublime qu'il est, n'est pas complet, et le cĂ´tĂ© qu'il manque dĂ©truit l'Ă©quilibre pour la plupart des Ă©lèves. Â»[1].

Son style

Jean-Louis Lacuria est un homme pieux qui vénère son maître Ingres. En effet, il le compare à « Moïse, dont la foi puissante et la parole inspirée nous a arrachés à la tyrannie des mauvaises écumes »[2]. Ces deux dimensions sont essentielles pour comprendre son style. Ses œuvres sont au premier abord d’une austérité froide, sans fioritures[3]. Ses portraits, c’est-à-dire la majeure partie de son œuvre, sont découpés sur un fond uni et sombre afin de mettre en valeur le visage et son expression. Andrée Cormier disait « malgré leur apparente austérité, en surmontant cette première impression on trouve de précieuses et solides qualités : un dessin sévère, une grande finesse de touche ainsi qu’une étude très consciencieuse de la nature »[4].

Il essaie d’instiller dans ses Ĺ“uvres des pensĂ©es esthĂ©tiques mais Ă©galement religieuses. La notion de vĂ©ritĂ© dans l'art est pour lui primordiale ; il s'inspire des thĂ©ories platoniciennes et notamment de la citation suivante : « Le Beau n'est beau que parce qu'il est vrai. »[3]. C'est Ă©galement un peintre très spiritualiste presque mystique de par son Ă©ducation et sa croyance religieuse. Pour lui « le beau esthĂ©tique est insĂ©parable du beau moral, et mĂŞme son Ă©quivalent visible, voire mĂŞme ma prĂ©sence de Dieu sur la terre »[5].

De l’œuvre plastique de Lacuria subsiste peu de choses. Ses œuvres sont rarement signées et lorsqu’elles le sont, il y a une absence d'initiales. De ce fait, on ignore parfois s'il faut attribuer les peintures à Jean-Louis ou à son frère Louis-Clément, qui aurait aussi été élève auprès d'Ingres mais qui fut également peintre et professeur au collège de Feyzin (Rhône-Alpes).

Sa vie en tant que peintre

Jeune fille. Etude de tête (1837) par Lacuria, huile sur papier marouflé sur toile, 55 x 48 cm, musée des beaux-arts de Lyon

Il restera quatre ans dans l’atelier d’Ingres Ă  Paris avant de rejoindre, en 1843, le peintre Victor Orsel qui l'engage comme praticien dans ses travaux de dĂ©coration de l'Ă©glise de Notre-Dame-de-Lorette Ă  Paris. Il travaille Ă  ce projet avec les peintres Victor Orsel et Vincent PĂ©rin, avant qu'il ne quitte Paris, en 1837. En partant, il dit d'Orsel et de PĂ©rin : « Ils ne m'inspirent aucune sympathie… nous sommes aux antipodes. Â»[6], mĂŞme s’il reconnaĂ®tra plus tard les progrès qu'il fit au contact d'eux. Dans une lettre Ă  Hippolyte Flandrin il dit : « Tout en le [M. PĂ©rin] quittant avec plaisir, je lui conserverai toute ma vie une grande reconnaissance, car jamais M. Ingres ne m’aurait suffit, Ă  moi butor qui ne comprend rien Â»[7]. De plus, les deux artistes peintres ont pu l'initier Ă  leur nouveau procĂ©dĂ© de peinture Ă  la cire, dans lequel Lacuria constate que malgrĂ© les dĂ©buts d'ouvrages difficiles, les finitions sont plus faciles qu'en travaillant avec de l'huile[8].

Il retourne alors à Lyon, en 1837, où il possède un atelier dans le quartier de Saint-Jean. Il travaille sur quelques rares commandes constituées de cartons de vitraux et de portraits. En effet, malgré son attirance première pour la peinture et le décor religieux, sa production tend à s'orienter vers le portrait et l'étude du visage[9], car il dispose d'une clientèle au sein de la bourgeoisie catholique de Lyon grâce à son frère, l'abbé Lacuria. La réalisation de portraits reste tout de même une satisfaction pour lui, car il y trouve un accomplissement de sa recherche de la perfection formelle, et de la fidélité au réel et à la nature, comme son maitre Ingres[7]. Les traits essentiels de sa peinture sont son goût pour le détail et le dessin abouti. Surtout dans les portraits, tout est représenté avec une extrême finesse et avec beaucoup de précision. Il met également en valeur les techniques de clair-obscur et de volume qu’il a acquises lors de son séjour à Paris.

Le professeur

La vie de la famille Lacuria est profondément marquée lorsque sont dévoilées en 1836 les dettes importantes du père. Pour rembourser les créanciers, les enfants Lacuria doivent tous trouver un métier. L'abbé Lacuria enseigne, Louis-Clément trouve une place de précepteur au collège de Feyzin et Jean-Louis quitte Paris en 1837 pour devenir enseignant à l'école de dessin d'Oullins. Il y sera professeur jusqu'à sa mort, soit pendant 32 ans.

Jean-Louis, au début, n'appréciait pas le métier de professeur. Il considérait que cela consistait à donner « un peu de paroles à des bourgeois qui n'y connaissent rien ». Pourtant, il y rencontrera un succès pédagogique. Il est décrit comme un professeur altruiste, délicat et franc, qui s'investit auprès de ses élèves[6].

Vie et mort

Il se marie le à Thérèse Chatt, peintre et professeur de peinture. Elle est également membre du parti du Tiers-Ordre Dominicain sous le nom de Catherine de Saint-Esprit. Ils se rencontrent quelques années auparavant, lorsque Lacuria recueille les élèves d'Auguste Flandrin, chez qui sa femme a étudié. Le couple ne parvient jamais avoir d'enfant : ils ont à plusieurs reprises des enfants morts en couche. Le rôle de Thérèse Chatt dans la peinture de Lacuria est très important puisqu’elle le pousse toujours à persévérer, à continuer de peindre.

Jean-Louis Lacuria meurt en 1868, dans la ville d'Oullins.

Il reste un peintre peu connu et reconnu, parfois critiquĂ© pour l'austĂ©ritĂ© et la sĂ©cheresse de ses tableaux, malgrĂ© un certain talent reconnu par ses confrères. La sociĂ©tĂ© des amis du musĂ©e d'Ingres le dĂ©crit comme une « attachante personnalitĂ©, ce philosophe avec l'âme d'un saint qui traversa sans bruit l'existence ou elle a laissĂ© peu de trace »[7]. Ă€ sa mort, le peintre Louis Janmot lui rend honneur en Ă©crivant Ă  Brac de la Perrière : « J'ai Ă©tĂ© excessivement peinĂ© de la perte de l'excellent Lacuria. […] Le pauvre Lacuria, si curieux des choses d’en haut, si peu intelligent de celles d’ici bas, est content Ă  prĂ©sent, car c’était bien un vrai saint, et l’originalitĂ© qui ne fait jamais dĂ©faut Ă  cette rare spĂ©cialitĂ© ne lui a pas manquĂ© non plus, ni l’audace des hypothèses, ni la simplification sommaire de ce qui lui semblait trop compliquĂ©, ni l’intelligence libre des choses Ă©levĂ©es, ni surtout une excessive modestie et un sacrifice de soi-mĂŞme. »[6].

Ĺ’uvres

Publications Ă©crites

Lacuria a publiĂ© une sĂ©rie d'articles dans la revue L'Institut Catholique qu'il intitule « De l'Art Â». Dans ces articles, il rĂ©affirme sa fidĂ©litĂ© Ă  Ingres en le comparant Ă  « MoĂŻse, dont la foi puissante et la parole inspirĂ©e nous a arrachĂ© Ă  la tyrannie des mauvaises Ă©coles Â» (2e article, page 59). Il y donne Ă©galement sa dĂ©finition de l'art qu'il perçoit comme « L'expression du Beau par la forme. Â»

En 1844, il publie un livre intitulĂ© Harmonie de l'ĂŞtre. Dans celui-ci, il explique que « Le Beau EsthĂ©tique est insĂ©parable du Beau Moral et est mĂŞme son Ă©quivalent visible, voire la prĂ©sence de Dieu sur terre Â», montrant ainsi le rapport important pour lui entre l'art et la spiritualitĂ©.

Il publie en 1857 un opuscule intitulé Les Trois âges dans lequel il décrit la croissance des enfants. Au milieu de banalités, on y découvre une conception profonde de la sainteté.

Liste de ses Ĺ“uvres

  • Jeune fille. Étude de tĂŞte (1837), huile sur papier marouflĂ© sur toile, 55x48, musĂ©e des beaux-arts de Lyon
  • Portrait de Mme *** (exposĂ© Ă  Lyon de 1846 Ă  1847)
  • Le Bon Samaritain (exposĂ© Ă  Lyon en 1850)
  • La LibertĂ© (exposĂ© Ă  Lyon en 1851)
  • Autoportrait (1852), huile sur papier collĂ© sur toile, 30x22, musĂ©e Gadagne, Lyon
  • Christ en Croix (1852)
  • Ste Famille (exposĂ© Ă  Lyon de 1853 Ă  1854)
  • Visite de Saint-Jean Ă  l'Enfant JĂ©sus (exposĂ© Ă  Lyon de 1854 Ă  1855)
  • Vue du Mont d'Or, soleil couchĂ© (exposĂ© Ă  Lyon de 1854 Ă  1855)
  • Portrait de M. D*** (exposĂ© Ă  Lyon de 1853 Ă  1854)
  • Portrait de Louis Fontbonne (1859), collection privĂ©e
  • Josesph dans les prisons de l'Egypte, explique les songes de l'Ă©chanson et du panetier
  • Portrait de M.A
  • Saint-Just se dĂ©pouillant des insignes de l'Ă©piscopat, huile sur toile, dĂ©coration pour l'Ă©glise Saint-Just de Lyon
  • PortĂ©e d'homme, date inconnue, huile sur toile collĂ©e sur carton, 27x33

Bibliographie

  • Dossier de Jean-Louis Lacuria du Fond de la bibliothèque de l'École des Beaux arts de Lyon
  • Lorenz Eitner, La peinture du XIXe siècle en Europe, Paris : Hazan, 2007
  • Elisabeth Hardouin Fugier et Étienne Grafe, La peinture Lyonnaise au XIXe siècle, Paris : Les Ă©ditions de l'amateur, 1995
  • Uwe Fleckner, Jean-Auguste-Dominique Ingres, les maitres de la peinture europĂ©enne, Potsdam : Ullman Publishing, 2007
  • Jean-François Ratonnat, La vie d'autrefois Ă  Lyon et dans le RhĂ´ne, (184p.), Bordeaux : Éditions Sud-Ouest, 2001

Notes et références

  1. Élisabeth Hardouin Fugier, Bulletins des musées et monuments lyonnais, no 3, 1994.
  2. George Vigne, Marie-Hélène Lavallée et Laurence De L'Estoile, Les Élèves d'Ingres, Notice d'exposition de musée, 2000.
  3. Gérald Schurr, Les Petits Maîtres de la peinture, 1820-1920, Paris : Les éditions de l'amateur, 1989.
  4. Andrée Cormier, Le Courrier de Lyon, Exp. de Lyon, 31 janvier 1847.
  5. Hardouin Fugier et Étienne Grafe, La peinture lyonnaise au XIXe siècle, Paris : Edition de l'amateur, 1995.
  6. Élisabeth Hardouin Fugier, Bulletin des musées et monuments lyonnais, numéro 3, 1984.
  7. Bulletin du musée d'Ingres, numéro 40, Edition : La société des amis du musée d'Ingres à Montauban, décembre 1976.
  8. Ibidem.
  9. Musée des beaux-arts, Portraitistes Lyonnais 1800-1914, Juin-Septembre 1986.

Voir aussi

Articles connexes

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