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Jean-Louis Baudry

Jean-Louis Baudry, né le à Paris 14e et mort le à Paris 15e[1], est un écrivain et essayiste français. Il a participé à la rédaction de la revue Tel quel.

Jean-Louis Baudry
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Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Jean-Louis Maurice Marie Baudry
Nationalité
Activité

Biographie

Jeunesse et formation

Jean-Louis Baudry est le dernier enfant d’une fratrie de quatre. Mais ses deux frères aĂ®nĂ©s meurent très tĂ´t : le premier Ă  sept mois de la coqueluche et le second Ă  la naissance. Ses parents divorcent quand il a deux ans, il vit donc alternativement chez son père et sa mère avec sa sĹ“ur aĂ®nĂ©e.

Il fait ses Ă©tudes au lycĂ©e Henri IV[2]. Grâce aux relations de son père, il fait la connaissance de Jean-RenĂ© Huguenin et de Jean-Edern Hallier[2]. Ces deux rencontres adolescentes le font Ă©voluer parmi les Ă©crivains de la revue Ecrire[3].  

Parallèlement, il commence à écrire à 17 ans. Il décide néanmoins de poursuivre ses études et de trouver un métier qui lui laisserait le temps d’écrire. Il faite des études de médecine pour devenir chirurgien-dentiste, comme son père[2].

Après son service militaire et ses études à la faculté de médecine, Jean-Louis Baudry se rapproche des fondateurs de la revue Tel quel[3].

DĂ©buts en tant qu'Ă©crivain

En 1960, Jean-Louis Baudry soumet le texte de son premier roman à François-Régis Bastide pour publication, écrivain et éditeur au Seuil. En vingt-quatre heures, le manuscrit est accepté et le contrat établit. Le pressentiment est publié aux éditions du Seuil en 1962. Cet exercice d’écriture proustien est très bien reçu par la critique[3].

C’est dans la même année qu’il rejoint le comité de Tel Quel[2].

Les années Tel quel

Jean-Edern Hallier introduit Jean-Louis Baudry aux créateurs de la revue. Avant son entrée au sein du comité de la revue, Jean-Louis Baudry y publie quelques textes, notamment l’étude du thème du miroir dans l’œuvre de son ami Jean-Edern Hallier[3]. Son intégration à la fin de l’année 1962 officialise sa proximité et sa collaboration à la revue.

Selon Philippe Forest, le roman Les Images, publiĂ© dans la nouvelle collection Tel quel Â« est tournĂ© moins vers le passĂ© du « nouveau roman Â» que vers l’avenir de Tel quel Â»[3].

Soutien de Alain Robbe-Grillet, les jeunes Ă©crivains se voient comme la seconde gĂ©nĂ©ration du Nouveau Roman. Tel quel se prĂ©sente alors comme la revue d’une littĂ©rature de recherche et elle amène le nouveau roman vers une seconde Ă©tape : les Ă©crivains dĂ©veloppent Ă  la fois la notion de « rĂ©alisme objectif Â» et de « rĂ©alisme subjectif Â». Les romans de Jean-Louis Baudry se placent du cĂ´tĂ© du rĂ©alisme subjectif. Il s’agit de « peindre un rĂ©el qu’une conscience, prolifĂ©rante, investit de toutes parts, anime, charge d’un sens qui n’est pas celui de la classique psychologie mais expĂ©rience des limites mĂŞmes de l’être. Â»[3]

En ce sens, Les images change totalement de registre par rapport Ă  Le pressentiment. Jean-Louis Baudry le dĂ©crit lui-mĂŞme comme une « chanson de geste de la conscience Â»[2]. Alors que sa première Ĺ“uvre est construite de manière très classique, la deuxième se place de fait dans une recherche littĂ©raire qu’il continue dans la suite de ses Ă©crits.

En 1967, dans le trente et unième numĂ©ro de la revue Tel quel, paraĂ®t l’essai de Jean-Louis Baudry « Ecriture, fiction, idĂ©ologie Â». Selon Philippe Forest, son influence romanesque Ă  ce moment-lĂ , Ă©quivaut Ă  celle de Philippe Sollers[3]. Jean-Louis Baudry dĂ©finit dans cet essai les principes de l’écriture textuelle et il y analyse es enjeux. Le roman Personnes, qui paraĂ®t la mĂŞme annĂ©e, est lieu de l’écriture textuelle oĂą les personnages Ă©clatent et s’effacent.

Une question de l’écriture qu’il pose encore dans sa prochaine publication en 1971. Dans le roman La « CrĂ©ation Â», le lecteur assiste au cours de sa lecture Ă  la crĂ©ation mĂŞme du texte. Le livre est construit sous la forme d’une parole qui se cherche, en restant toujours imparfaite.

Durant les années au sein de la revue, Jean-Louis Baudry interroge l’écriture elle-même. Dans des entretiens postérieurs à sa sortie du comité de la revue, il estime s’être trouvé en tant qu’écrivain seulement une fois sorti du groupe.

Le renouveau

La rupture avec les membres de Tel quel conclut des dernières années houleuses. Après plusieurs différends au sein de la revue, notamment entre Philippe Sollers et Jean-Edern Hallier.

Jean-Louis Baudry quitte le comité en 1975. La tension y étant importante, cette période correspond à un renouveau, à une liberté retrouvée. Malgré tout, Jean-Louis Baudry se retrouve sans éditeur. Entre son dernier roman publié au sein des éditions du Seuil grâce à sa participation à Tel Quel, il est de nouveau publié en 1991 avec le roman Personnages dans un rideau[3] dans la collection Fiction & Cie dirigée par Denis Roche.

Ce roman renoue avec le personnage et introduit par son mode de narration une rĂ©flexion sur la crĂ©ation romanesque. Un renouveau qui se confirme dans les deux publications suivantes : ClĂ©mence et l’hypothèse de la beautĂ© en 1996 et A celle qui n’a pas de nom en 2000. Dans ce dernier, les personnages HĂ©lène et Serge Ă©voquent leur souvenir. Un moyen pour Jean-Louis Baudry de renouer avec un souvenir d’enfance : pendant la Seconde Guerre mondiale, il assiste alors qu’il allait suivre un cours de latin, Ă  l’arrestation de son professeur qui Ă©tait juif, par la Gestapo. Un Ă©vĂ©nement qui a pour lui une importance considĂ©rable dans sa perception et son rapport au monde.

Jean-RĂ©mi Barland qualifie le roman de « texte gigogne scrupuleusement Ă©crit, oĂą on se penche beaucoup sur le pouvoir ensorceleur de la littĂ©rature Â»[4].

L’écriture, entre mémoire et réparation

Dans son entretien avec Mathieu BĂ©nĂ©zet, Jean-Louis Baudry Ă©voque sa vision de l’écriture. A la question pourquoi Ă©crire, il rĂ©pond que l’écriture Ă  une fonction de rĂ©paration : « lorsqu'on Ă©crit, si difficile parfois que cela soit, on reçoit une grâce immĂ©ritĂ©e. Chaque fois que nous prenons la plume, il nous est accordĂ© le don d'une pensĂ©e que nous ne savions pas avoir, l'exercice d'une langue que nous ne savions pas possĂ©der. Â» [5]

Une fonction qui va de pair avec celle de la mĂ©moire. Le dernier roman paru de Jean-Louis Baudry est un travail d’écriture menĂ© sur plus de dix ans. Les corps vulnĂ©rables retrace la vie de la femme aimĂ©e Ă  travers les souvenirs de l’auteur, ses carnets et notes qu’il relit. De nouveau dans une vision proustienne de l’écriture, Jean-Louis Baudry fait le deuil de cette personne au travers de l’écriture d’un roman de plus de mille pages : « j'Ă©cris pour rappeler une personne qui est morte, pour en prolonger en moi la survie, et en mĂŞme temps que j'Ă©cris, il se trouve que les fragments de mĂ©moire qui me sont de la sorte accordĂ©s m'apportent de la joie. Vous voyez l'extraordinaire complexitĂ© et la contradiction qu'il peut y avoir lĂ . J'Ă©prouve la joie très singulière de la sorte de rĂ©surrection causĂ©e par l'acte d'Ă©crire et en mĂŞme temps la douleur de me voir privĂ© de ce que je suis heureux de retrouver. Â»[5]

Ĺ’uvre

Romans

  • Le pressentiment, Le Seuil, 1962
  • Les images, Le Seuil, 1963
  • Personnes, Le Seuil, 1967
  • La « CrĂ©ation Â», Le Seuil, 1970
  • Personnages dans un rideau, Le Seuil, 1991
  • ClĂ©mence et l’hypothèse de la beautĂ©, Le Seuil, 1996
  • A celle qui n’a pas de nom, Le Seuil, 2000
  • Les corps vulnĂ©rables, L’Atelier contemporain, 2017 (publication posthume)

Essais

  • L’Effet cinĂ©ma, Ă©dition Albatros, 1976
  • Proust, Freud et l’autre, Les Éditions de Minuit, 1984
  • La main d’un ange dans la fente du sarcophage, Comp'Act, 1999
  • L’âge de la lecture, Gallimard, 2000
  • Nos plus belles idĂ©es, Presses universitaires de Vincennes, 2004
  • Le texte de Rimbaud, Édition CĂ©cile Defaut, 2010
  • L’enfant aux cerises, L’Atelier contemporain, 2016

Livres d'artistes

  • Épreuves, Edition de la Balance, 1966
  • Liriope, Edition GĂ©nĂ©ration plus, 1975
  • Les AffinitĂ©s du corps, Le Limitrope, 1983

Entretiens

  • « Pour une littĂ©rature matĂ©rialiste Â» (entretien avec Jean Ristat), Les Lettres françaises,  ; repris dans Qui sont nos contemporains, Gallimard, 1975, pp. 233-247.
  • « Jean-Louis Baudry, Le roman d’un Ă©crivain Â», (entretien avec Mathieu BĂ©nĂ©zet), La Lettre Horlieu, n°13, 1999, pp. 54-69.

Articles

Références

  1. Relevé des fichiers de l'Insee
  2. « Mort de Jean-Luis Baudry, écrivain », Le monde,‎ (lire en ligne)
  3. Philippe Forest, Histoire de Tel Quel (1960-1982), Seuil, , 640 p. (ISBN 978-2-02-017346-9)
  4. Jean-Rémi Barland, « Un passé brûlant », L'express,‎ (lire en ligne)
  5. « Jean-Louis Baudry, Le roman d’un Ă©crivain Â», (entretien avec Mathieu BĂ©nĂ©zet), La Lettre Horlieu, n°13, 1999, pp. 54-69.

Liens externes

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