Accueil🇫🇷Chercher

Jean-François Melon

Jean-François Melon de Pradou (1675 à Tulle ~ à Paris) est un économiste français considéré comme étant un précurseur du mouvement physiocratique.

Jean-François Melon
Biographie
Naissance
Décès
Activité
Essai politique sur le commerce, 1736.

Biographie

Melon fut successivement le secrétaire particulier de John Law et celui du Régent dont il critique le système par conviction mercantiliste. Il fait l'apologie du luxe, ce qui lui vaut l'approbation de Voltaire.

Issu d'une famille de robe, il se destine au barreau et s'établit à Bordeaux en qualité d'avocat. S'étant lié avec des savants et des hommes de lettres, il change d'orientation et ne s'occupe plus que de littérature et de questions économiques. Il fonde en 1715 une petite académie dont l'une de ses connaissances, le duc de La Force se déclare protecteur, et dont il est le secrétaire perpétuel. Mais deux ou trois ans après, ce même duc de La Force, qui fait partie du Conseil des finances institué après la mort de Louis XIV tente de le convaincre de rejoindre Paris. Lorsque ce conseil cesse d'exister, Melon passe dans les bureaux du Contrôleur Général d'Argenson, qui le nomme plus tard inspecteur général des fermes à Bordeaux ; mais il quitte ce poste pour venir travailler à Paris sous les ordres de l'abbé Dubois, ministre des affaires étrangères, puis il résigne ses fonctions nouvelles, et devient le secrétaire de Law, jusqu'à la faillite du système en 1720. Alors Melon passe en la même qualité au service du régent, et y demeure jusqu'à la mort de ce dernier, époque à laquelle il revient à la vie privée. Il ne paraît pas que Melon ait rien écrit jusque-là : son premier ouvrage est une histoire allégorique de la régence, qui offre peu d'intérêt.

L’Essai politique sur le commerce (1734)

Théories économiques

Cinq ans après, en 1734, il publie son Essai Politique sur le Commerce, qui obtient un véritable succès et consacre sa réputation. Jean-François Melon réaffirme le bien-fondé de l'application de la théorie Mercantile, de la préférence nationale, du recours aux tarifs douaniers compensateurs, protecteurs et rémunérateurs, et les bienfaits d'une législation économique pour éviter les abus et protéger les consommateurs, clients et employés. Il n'est aucunement le premier théoricien mercantile comme certains historiens ignorants ont pu l'affirmer. Plusieurs rois de France exprimèrent dans leurs édits au XVIe siècle des principes mercantilistes, et l'un des premiers auteurs en la matière a été Montchrestien, dans son Traité de l’économie politique, de 1615. Montchrestien mettait en lumière l’importance pour un pays de disposer d'une production industrielle, exposait comment le gouvernement devait tout mettre en œuvre pour la développer et se prononçait pour un système douanier protecteur qui défendrait les intérêts français. Jean-François Melon n'a pas été un économiste pour lequel la conception marxiste de « classe » avait un sens.

Jean-François Melon s'est aussi intéressé dans cet ouvrage de 1734 à la dette publique. Lorsque l'endettement se réalise auprès de prêteurs Français, Jean-François Melon considère que le pays se prête à lui-même, ce qui provoque un transfert non pas d'une génération à l'autre, mais d'un groupe social à l'autre : les contribuables subissent en effet le poids de la dette, alors que les rentiers, qui détiennent cette dette, en bénéficient.

Il précise également sa conception de l'économie politique dans cet ouvrage : il s'agit d'augmenter la puissance de la France face à ses rivaux étrangers, et de ce fait, d'améliorer le bien-être et la prospérité du peuple français.

DĂ©fense de l'esclavagisme

Melon a écrit un chapitre sur l'esclavage, dans lequel il se demande si le remplacement de la domesticité par l'esclavage ne serait pas une mesure à prendre dans l'intérêt du travail, des bonnes mœurs et de l'État.

Des positions conservatrices

Dans sa fable des 3 Ă®les (chapitre 1), Melon dĂ©fend aussi la conquĂŞte de deux Ă®les par la troisième, qui augmenterait sa production et sa population. Dans le second chapitre il soutient que la tranquillitĂ© s'obtient donc par la puissance. Dans le 3e chapitre il s'en prend aux mendiants dont le vol est le mĂ©tier, selon lui, et trouve que la loi est bien trop tolĂ©rante Ă  leur endroit. Il dĂ©fend la politique coloniale de l'Angleterre. Il estime Ă©galement que le commerce avec les colonies dĂ©dommagent la nation anglaise pour la perte de ses habitants. "DĂ©fricher de nouvelles terres, c'est conquĂ©rir de nouveaux pays sans faire de malheureux" (chapitre 4 sur les colonies). « Les colonies sont nĂ©cessaires Ă  la nation, et les esclaves sont nĂ©cessaires aux colonies Â» (Chapitre 5 sur l'esclavage). Comme les esclaves sont nombreux, les punitions doivent ĂŞtre sĂ©vères, pour Ă©viter la rĂ©volte. Le Code noir est prĂ©sentĂ© comme ayant Ă©tĂ© conçu en faveur des « nègres Â», et Melon entreprend aussi de dĂ©montrer dans ce chapitre la supĂ©rioritĂ© de l’esclavage sur la domesticitĂ©, au regard de l’intĂ©rĂŞt des maĂ®tres. Melon dĂ©fend l’existence de compagnies « exclusives Â» c’est-Ă -dire en situation de monopole, dans deux cas : pour encourager les entrepreneurs (ainsi « nos colonies amĂ©ricaines Â») ou quand la concurrence est trop forte (ainsi la traite des nègres) (chap6). « Selon le progrès des arts, les hommes ont d’abord travaillĂ© la terre Ă  bras, et ensuite avec des instruments, dont ils ont tirĂ© d’abord de lĂ©gers secours que l’expĂ©rience ont rendu successivement plus grands. Ce progrès d’industrie n’a pas de bornes ; il est Ă  prĂ©sumer qu’il augmentera toujours, et que toujours il se prĂ©sentera des besoins nouveaux, sur lesquels une industrie nouvelle pourra s’exercer Â». Melon est favorable Ă  l’impĂ´t sur la consommation, car facile Ă  lever et valant Ă©galement pour tous (Chap. 8 De l’industrie).

Le luxe est pour Melon une affaire relative, car chacun le voit chez celui qui est immĂ©diatement au-dessus de lui : le paysan chez le bourgeois de son village, celui-ci chez le bourgeois de la ville ; constatons aussi que ce qui Ă©tait luxe pour nos pères est devenu « commun Â». Le luxe en effet est surtout l’oeuvre des colonies : sucre, soie, tabac, cafĂ© ; « le luxe est en quelque sorte destructeur de la paresse et de l’oisivetĂ© Â», tant du cĂ´tĂ© de celui qui les a et veut les conserver que de celui qui ne les a pas et veut les avoir ; de lĂ  l’importance d’ « une bonne police [qui] les fait jouir chacun tranquillement du fruit de son labeur Â» ; par ailleurs « le terme luxe est un vain nom, qu’il faut bannir de toutes les opĂ©rations de police et de commerce, parce qu’il ne porte que des idĂ©es vagues, confuses, fausses, dont l’abus peut arrĂŞter l’industrie mĂŞme dans sa source Â» ; « l’austère LacĂ©dĂ©mone n’a Ă©tĂ© ni plus conquĂ©rante, ni mieux gouvernĂ©e, ni n’a produit de plus grands hommes que la voluptueuse Athènes Â» (Chap9 sur le luxe).

Ĺ’uvres

  • Mahmoud le GasnĂ©vide, 1729
  • Essai politique sur le commerce, 1734

Bibliographie

Liens externes

  • JesĂşs Astigarraga, « La dĂ©rangeante dĂ©couverte de l'autre : traductions et adaptations espagnoles de l'Essai politique sur le commerce (1734) de Jean-François Melon », Revue d’histoire moderne & contemporaine, vol. 1, no 57,‎ , p. 91 Ă  118 (lire en ligne, consultĂ© le )

(article sur la diffusion des idées de Melon en Espagne)

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.