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Jean-Claude André

Jean-Claude André né le 28 août 1946 à Paris, est un météo-climatologue français.

Parcours

Ancien élève de l’École Polytechnique (promotion1965). Chercheur au sein de l’Établissement d’Études et de Recherches Météorologiques (EERM/Paris, 1970-82), au National Center for Atmospheric Research (Boulder/USA, 1971-72), et à Oregon State University (Corvallis/USA, 1980-81). Doctorat d’État ès Sciences physiques en 1976.

Il devient en 1982 le premier directeur du Centre National de Recherches Météorologiques (CNRM, Toulouse), poste occupé jusqu’en fin 1994. De 1995 à 2010, Directeur du Centre Européen de Recherche et de Formation Avancée en Calcul Scientifique (CERFACS, Toulouse). Depuis cette date Ingénieur Général des Eaux et Forêts en retraite.

Il a été Maître de conférences de mécanique à l’École Polytechnique (temps partiel, 1976-90), et Professeur de physique à l’École Nationale Supérieure de l'Aéronautique et de l'Espace (vacataire, 1988-92). Élu à l'Académie des sciences, correspondant de la section Sciences de l'univers, en 1990, il est aussi membre fondateur de l’Académie des technologies (2000).

Ĺ’uvre scientifique

Les travaux scientifiques de Jean-Claude André concernent quatre sujets principaux.

Au cours de la première moitié des années 70, il a tout d’abord travaillé sur l’irréversibilité de la turbulence homogène et isotrope et a proposé la première formulation théorique de la forme du coefficient d’amortissement turbulent, par une méthode originale, qui sera indépendamment reprise et formalisée sous le nom de "théorie de renormalisation". Il a appliqué cette prise en compte de l’irréversibilité dans la formulation de méthodes dites "quasi-normale avec amortissement turbulent" (EDQNM, pour Eddy-Damped Quasi-Normal Model) avec l’école de Nice (U. Frisch et collaborateurs). Il a ensuite utilisé l’approximation EDQNM pour simuler avec réalisme la turbulence homogène et isotrope à 2 puis 3 dimensions[1] - [2] et, dans ce dernier cas, a montré le rôle de l’hélicité, travail novateur repris dix ans plus tard aux USA pour expliquer la dynamique de systèmes atmosphériques convectifs.

Il a ensuite, au cours de la seconde moitiĂ© des annĂ©es 1970 et de la première moitiĂ© des annĂ©es 1980, dĂ©veloppĂ©, sur la base d’idĂ©es dĂ©duites qualitativement de ses travaux antĂ©rieurs en thĂ©orie de la turbulence, une mĂ©thode de fermeture "en un point" au troisième ordre des Ă©quations de la turbulence, appelĂ©e approximation "clipping". Grâce Ă  cette approximation, il a rĂ©alisĂ© avec son Ă©quipe de recherche de l’EERM quelques « premières Â» : première simulation avec une mĂ©thode de fermeture en un point de la convection pĂ©nĂ©trante ; puis applications ultĂ©rieures Ă  de nombreuses situations de couche limite atmosphĂ©rique[3] - [4], avec extension au cas nuageux. Ces rĂ©sultats ont Ă©tĂ© abondamment citĂ©s dans la littĂ©rature internationale. Ces simulations au troisième ordre ont aussi Ă©tĂ© utilisĂ©es comme "laboratoire numĂ©rique pour dĂ©velopper et calibrer des mĂ©thodes plus simples, dites "paramĂ©trisations", par exemple dans le cas de l’entraĂ®nement sommital de couche limite ou du dĂ©veloppement de la couche limite nocturne[5]. Profitant de son sĂ©jour Ă  Oregon State University il a appliquĂ© la mĂ©thode "clipping" Ă  la simulation de l’ocĂ©an superficiel[6], permettant d’une part la simulation du cycle diurne de la tempĂ©rature de surface ocĂ©anique, et d’autre part de dĂ©velopper et calibrer des mĂ©thodes plus simples (au second ordre), Ă  l’origine de la prise en compte de la turbulence dans de nombreux modèles ocĂ©aniques actuels[7].

À partir de la seconde moitié des années 1980, il s’est tourné progressivement vers les questions climatiques. Il a ainsi proposé une méthode originale utilisant la modélisation atmosphérique à moyenne échelle comme outil intégrateur pour estimer les flux (de chaleur, de vapeur d’eau) à l’interface sol-végétation-atmosphère à l’échelle de la maille d’un modèle climatique. En appui à ce travail de modélisation numérique, il a conçu, organisé et réalisé, dans le Sud-Ouest de la France, une campagne expérimentale internationale de grande envergure (F, GB, USA…), basée sur ce concept : HAPEX-MOBLHY 86[8] première d’une longue série de grandes campagnes météo-hydrologiques encore en cours dans le cadre du programme international GEWEX. Il a aussi, à la même époque, conçu et dirigé sur le terrain la campagne de mesures IAGO (Interactions Océan-Glace-Atmosphère) en Terre Adélie[9], destinée à qualifier l’influence des forts vents (vents catabatiques) qui affectent le pourtour du continent Antarctique : transfert méridien de chaleur, dislocation de la glace de mer, …

Enfin, depuis le milieu des années 1990, il s’est impliqué en soutien de ses équipes au développement de l’assimilation de données (en particulier océaniques) pour l’initialisation des modèles de prévision climatique à l’échelle saisonnière, tout comme à l’analyse d’événements climatiques extrêmes[10] en particulier la vague de chaleur de l’été 2003[11] De façon plus générale il encadre et anime de nombreuses activités dans le domaine du calcul scientifique[12] - [13] - [14] : méthodes de simulation avancée dans différents domaines (climat[15], aérodynamique, combustion), méthodes génériques de couplage de codes, logiciels pour l’assimilation de données, … Il est enfin très impliqué dans la réflexion et la prospective au niveau de nombreux contrats européens traitant de simulation numérique.

Autres responsabilités institutionnelles

- Membre des Conseils scientifiques de la Défense (1994-1997), d’Électricité de France (1996-2002), de la Direction de l’Énergie Nucléaire du CEA (2002-2018), du Centre Informatique National de l’Enseignement Supérieur, CINES (2003-2006), de la Fondation de Recherches pour l’Aéronautique et l’Espace (2005-2011), du Comité Stratégique du Calcul Intensif (2009-2013), de Réseau de Transport d’Électricité, RTE (2011-2015) ;

- Président des Conseils scientifiques de l’Institut Géographique National (1998-2001), du Programme "Gestion et Impacts du Changement Climatique" (1998-2005), du Centre National de Recherche Technologique "Aéronautique et Espace" (2002-2007), de l’ORAP "Organisation Associative sur le Parallélisme" (2005-2009), du Programme "Calcul intensif" de l’Agence Nationale pour la Recherche (2005-2007), de la Fondation d’Entreprise EADS (2007-2010) ;

- Membre du Comité consultatif de déontologie et d’éthique de l’Institut de Recherche pour le Développement (2005-2013) ;

- Président du Conseil d'administration du GIP (Groupement d'Intérêt Public) "MEDIAS-France" (1994-2006);

- Président de la Société météorologique de France (1995-1997);

- Secrétaire Exécutif du programme inter-organismes MERCATOR pour le développement de l’océanographie opérationnelle (1997-2001);

- Vice-président du Centre National de Recherche Technologique "Aéronautique et Espace" (2002-2007) ;

- Membre du Comité de Pilotage du RTRA (Réseau Thématique de Recherche Avancée) STAE "Sciences et Technologies pour l’Aéronautique et l’Espace" (2007-2017).

Distinctions

  • MĂ©daille d'Honneur de l'AĂ©ronautique (Bronze, 1993 ; Argent, 2000);
  • MĂ©daille W. Bjerkness de la SociĂ©tĂ© EuropĂ©enne de GĂ©ophysique (1999) ;
  • Socio d’Onore della Societa Italiana per il Progresso della Scienze (2009);
  • Membre correspondant de l'AcadĂ©mie des sciences (1990)[17]

Notes et références

  1. A. Pouquet,, M. Lesieur, J.C. André et C. Basdevant, « Evolution of high Reynolds number two-dimensional turbulence" », Journal Fluid Mechanics,‎ 1975,72, p. 305-319
  2. J.C. André, et M. Lesieur, « Influence of helicity on the evolution of isotropic turbulence at high Reynolds number », Journal Fluid Mechanics,‎ 1977, 8, p. 187-207
  3. J.C. André, G. De Moor, P. Lacarrère, G. Therry et R. du Vachat, « Modelling the 24-hour evolution of the mean and turbulent structures of the planetary boundary layer », Journal Atmospheric Sciences,‎ 1978, 35, p. 1861-1883
  4. C.E. Coulman, J.C. André, P. Lacarrerre et P.R. Gillingham, « The observations, calculation, and possible forecasting of astronomical seeing », Publications Astronomical Society Pacific,‎ 1986, 98, p. 376-387
  5. J.C. André, et L. Mahrt, « The nocturnal surface inversion and influence of clear-air radiative cooling », Journal Atmospheric Sciences,‎ 1982, 38, p. 864-878
  6. J.C. André et P. Lacarrere, « Mean and turbulent structures of the oceanic surface layer as determined from one-dimensional, third-order simulations », Journal Physical Oceanography,‎ 1985, 15, p. 121-132
  7. Ph. Gaspar, J.C. André et J.M. Lefevre, « The determination of the latent and sensible heat fluxes at the sea surface viewed as an inverse problem », Journal Geophysical Research,‎ 1990, 95 c9, p. 16169-16178
  8. J.C. André, Ph. Bougeault, J.F. Mahfouf, P. Mascart, J. Noilhan et J.P. Pinty, « Impact of forests on mesoscale meteorology », Philosophical Transactions Royal Society London,‎ 1989, b324, p. 407-422
  9. P. Pettre, et J.C. André, « Surface pressure change through Loewe's phenomena and katabatic flow jumps: Study of two cases in Adélie Land », Journal Atmospheric Sciences,‎ 1991, 48, p. 557-571
  10. J.C. André, J.F. Royer et F. Chaucin, « Les cyclones tropicaux et le changement climatique », Comptes-Rendus Geoscience,‎ 2008, 340, p. 575-583
  11. J.C. André, M. Deque, Ph. RogelL et S. Planton, « La vague de chaleur de l’été 2003 et sa prévision saisonnière », Comptes-Rendus Geoscience,‎ 2004, 336, p. 491-503
  12. J.C. André, Y. Bamberger, S. Candel, P. Caseau, A. Pecker, A. Pineau, P. PERRIER et Ch. Saguaez, « Enquête sur les frontières de la simulation numérique », Rapport de l’Académie des Technologies,‎ 2005, 15
  13. J. Dongarra P. Beckmann, T. Moore, P. Aerts, G. Aloisio, J.-C. André, and 59 other co-authors, « The International exascale software roadmap », Int. J. High Performance Computer App.,‎ 2011, 25 (1), issn, p. 1094-3420
  14. M. Asch, T. Moore, J.C. André, and 19 other co-authors, « Big data and extreme-scale computing : pathways to convergence », Tech. Rep. n° ICL-UT-17.08, Univ. Tennessee,‎
  15. J.C. André, G. Aloisio, J. Biercamp, R. Budich, S. Joussaume, B. Lawrence and S. Valcke, « High-performance computing for climate modelling », Bulletin American Meteorological Society,‎ (DOI doi:10.1175/BAMS-D-13-00098.1)
  16. « Academia europaea »
  17. « Académie des sciences »

Lien externe

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