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Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon

Jean Baptiste Mathieu Thibault de Chanvalon, né le à Marin (Martinique) et mort le à Paris, est un botaniste français, intendant de Guyane.

Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon
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Abréviation en botanique
Thib.Chanv.

Il est le fils de Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon (1695-), conseiller au Conseil supérieur de la Martinique, et de Luce Prunes, fille de Mathieu Prunes et d'Élisabeth Dorange, descendante d'une des premières familles de colons installées à la Martinique.

La Martinique

Son père étant mort peu après sa naissance, il est envoyé chez ses grands-parents en France, y fait ses études et devient avocat en 1742. Il part à Paris pour étudier les sciences avec Réaumur et Antoine de Jussieu. Il devient membre ordinaire de l'Académie de Bordeaux le . Il quitte Paris pour la Martinique en 1751, où il reprend la direction de la maison de son père à Rivière-Pilote.

Il est membre du conseil supérieur de l'île de la Martinique et chargé d'en dresser la statistique. Il publie Voyage à la Martinique (1763), qui présente l'étonnante description des "Américains", et affiche un goût pour Locke et la création de la Pennsylvanie. Chanvalon s'illustre également comme botaniste et donne son nom à un genre d'arbustes et d'arbrisseaux, de la famille des vacciniées, comprenant plus de 40 espèces qui croissent sur les montagnes des régions tropicales des deux hémisphères et qui s'appelle la Thibaudie (thibaudia).

Un ouragan détruit sa maison dans la nuit du 12 au . À la suite de cette destruction, il décide de revenir en France et est fait prisonnier pendant ce voyage par les Anglais. Rapidement libéré et de retour à Paris, il présente en 1761 à l'Académie des sciences des notes sur son ouvrage «Voyage à la Martinique (1751-1756)».

Intendant en Guyane et le désastre de Kourou

Il s'emploie à faire publier son ouvrage sur la Martinique quand Choiseul, après la perte du Canada en 1763, décide de recentrer la politique coloniale de la France sur les Antilles et de développer la Guyane, appelée France équinoxiale, en y encourageant l'immigration d'Européens[1]. Il est nommé intendant pour la nouvelle colonie de Guyane en 1763, et le chevalier Turgot, Étienne François Turgot[2](1721-1789), frère du contrôleur-général, gouverneur général, et Antoine Brûletout de Prefontaine, commandant. Le développement se fait en laissant de côté la colonie de Cayenne et le personnel colonial, ce qui va engendrer brouille et ressentiments. De plus une animosité naît dès le début entre le chevalier Turgot et Chanvalon. Préfontaine écrit au ministre au sujet du chevalier Turgot : «Il se plaignait que je travaillais assidûment avec l’intendant, et rarement avec lui. Pouvais-je donc le suivre en Normandie où il était tous les mois quinze jours ? De plus, je l’avouerai, il était si décousu que j’augurais mal des affaires si elles venaient à dépendre entièrement de sa volonté». Le chevalier Turgot accuse Chanvalon de vouloir s'enrichir avec la traite des esclaves.

La publicitĂ© faite Ă  travers l'Europe, comme au Canada, sur ce projet attire une foule de 15 000 colons Ă  Rochefort et dans diffĂ©rents ports d'oĂą partiront les convois de colons.

PrĂ©fontaine part le premier sur le Jason de Rochefort le avec 127 hommes et arrive Ă  Cayenne le . Chanvalon arrive Ă  Kourou avec un convoi de bateaux transportant 1 465 colons qui dĂ©barquent Ă  Cayenne le , tandis que le gouverneur demeure Ă  Paris pour organiser les dĂ©parts. L'arrivĂ©e massive de colons, près de 9 000 selon certaines sources (d'autres estiment le nombre Ă  17 000), sans aucune prĂ©paration prĂ©alable, va entraĂ®ner des pertes humaines considĂ©rables. La moitiĂ© meurent, 3 000 sont rapatriĂ©s. Il n'en reste plus que 1 785 en . Il en rĂ©sulte une haine entre Chanvalon et le gouverneur gĂ©nĂ©ral, le chevalier Turgot, qui Ă©tait restĂ© Ă  Paris mais dont le roi exige qu'il se rende Ă  Cayenne pour enquĂŞter en .

Condamnation et réhabilitation

Le , le roi rappelle Chanvalon. Il est arrêté avec ses adjoints à Kourou à la fin sur ordre du gouverneur et transféré en France à l'été 1765. Le chevalier Turgot nomme de Querdisien "ordonnateur pendant la détention de l'intendant"[3].

Après le désastre de l'expédition de Kourou et la menace d'un scandale politique, alors que Louis XV vient de reprendre la main sur le Parlement (discours de la flagellation), après une enquête uniquement à charge, il est condamné en 1767 à rembourser les concessionnaires sur ses biens personnels qui sont mis sous séquestre. Il est mis au secret à la Bastille en , puis au Mont-Saint-Michel à la suite des lettres patentes du . Madame de Chanvalon est enfermée dans un couvent à Bizy, près de Vernon.

La notoriété de son frère protège le chevalier Turgot d'une condamnation. Toutefois, la lettre de cachet du l'oblige de se tenir à au moins vingt lieues de Paris et des lieux habités par le roi pendant un an.

En 1765, Choiseul reconnaît dans un mémoire s'être trompé : « J’ai fait choix de sujets pour gouverner qui m’ont jeté dans des écarts épouvantables ».

Chanvalon est finalement rĂ©habilitĂ© et le roi Louis XVI lui accorde une rĂ©paration morale et financière le en reconnaissant que le jugement de 1767 Ă©tait illĂ©gal. Il reçoit une indemnitĂ© de 100 000 livres et une pension de 10 000 livres. Madame de Chanvalon reçoit 14 000 livres et une pension annuelle de 3 000 livres. Tous les biens des Ă©poux ayant Ă©tĂ© vendus dans de mauvaises conditions, ils sont ruinĂ©s malgrĂ© ces rĂ©parations. Chanvalon se plaint dans une lettre au ministre de la Marine que sa rĂ©habilitation n'avait pas reçu la mĂŞme publicitĂ© que sa condamnation et il obtient en 1786 d'ĂŞtre nommĂ© conseiller honoraire au Conseil supĂ©rieur de la Martinique.

Descendance

De son mariage avec Thérèse de Saint-Félix, le , à Bassens (Gironde), sont nés cinq enfants dont deux sont morts jeunes :

  • Jean-Baptiste Charles Laurent Thibault de Chanvalon, nĂ© le , entre dans la Marine en 1768, l part pour les Antilles en 1769 comme Écrivain. En 1770, il est embarquĂ© sur la flĂ»te le Gros Ventre qui transporte des troupes Ă  l'Ă®le de France, il continue sur le mĂŞme navire en 1771 en accompagnant Yves Joseph de Kerguelen de TrĂ©marec dans son voyage de dĂ©couverte dans les mers australes. Il revient Ă  l'Ă®le de France en 1774. RecommandĂ© par l'intendant, il est nommĂ© Ă©crivain en 1775, sous-commissaire en 1776 et commissaire en 1776. Il est nommĂ© ordonnateur Ă  l'Ă®le Bourbon en 1785. Ă€ la demande du gouverneur, il est relevĂ© de ses fonctions Ă  l'Ă®le Bourbon en 1789, il est nommĂ© commissaire-gĂ©nĂ©ral Ă  l'Ă®le de France, mais le gouverneur se plaint de lui. Il est renvoyĂ© comme ordonnateur Ă  l'Ă®le Bourbon en 1792. Il revient Ă  l'Ă®le de France en 1798 comme ordonnateur gĂ©nĂ©ral faisant fonction d'intendant des Ă®les de France et de Bourbon en remplacement de Du Puy En 1799, il se trouve Ă  l'Ă®le Bourbon quand des habitants se rĂ©voltent et proclament leur indĂ©pendance. De nouvelles plaintes entraĂ®nent sa suspension de ses fonctions en 1805. Il passe aux Anglais le et est nommĂ© Ă  une haute fonction administrative qui est rapidement supprimĂ©e mais il reçoit une pension en 1811. L'Ă®le Bourbon Ă©tant rendue Ă  la France en 1815, cette pension n'est plus payĂ©e. En 1817, il demande au gouvernement français Ă  retrouver sa place d'ordonnateur. Le ministre lui rĂ©pond en 1818 que cette fonction n'existe plus. Contrairement Ă  ce qui a Ă©tĂ© Ă©crit il n'est pas chevalier de la LĂ©gion d'Honneur, son nom ne figure pas dans la base de donnĂ©es de la Grande Chancellerie.(Attention la base LĂ©onore n'est pas exhaustive !)
  • Mathieu Édouard Thibault de Chanvalon, nĂ© en 1753, mort Ă  Sainte-Lucie en 1778 ;
  • Charles Louis Ambroise Thibault de Chanvalon, nĂ© en 1756, choisi d'entrer dans les ordres. Il est vicaire gĂ©nĂ©ral Ă  Tarbes quand il assiste Ă  la mort de son père. Pendant la RĂ©volution, il s'est opposĂ© Ă  ce que les prĂŞtres jurent : «Je promets fidĂ©litĂ© Ă  la Constitution».

Notes et références

  1. Robert Larin, Les Canadiens en Guyane', p. 63-80, Presses de l'iniversité Paris-Sorbonne, Paris, 2006 (ISBN 2-84050-410-3) (BNF 40245616) Extraits
  2. De Avibus Historiae : Turgot, Etienne Francois (16 juin 1721-21 octobre 1789)
  3. Archives Nationales, MĂ©moire des services de Querdisien, MAR/C/7/246, page 3.

Voir aussi

Publications

  • Voyage Ă  la Martinique, contenant diverses observations sur la physique, l'histoire naturelle, l'agriculture, les mĹ“urs, et les usages de cette isle, faites en 1751 et dans les annĂ©es suivantes. )Paris, Cl. J. B. Bauche, 1763. Lu Ă  l'AcadĂ©mie royale des sciences de Paris en 1761 (lien Gallica). Il traite entre autres des observations mĂ©tĂ©orologiques qu'il y avait faites, de la topographie de l'ile et des mĹ“urs de ses habitants. Ce classique comporte des considĂ©rations sur les esclaves de la Martinique.
  • "Kourou ou l'ultime combat de la monarchie pour une AmĂ©rique française - Ă©tude d'une expĂ©dition coloniale 1763-1781", Marion F. Godfroy-Tayart de Borms, EHESS, .
  • "The Struggle for The Americas 1500-1763 - International History Seminar on Atlantic world" - HARVARD. The Kourou Expedition or The Ultimate Struggle of the Monarchy For A French America, Marion F. Godfroy-Tayart de Borms, august 2007
  • "La Guyane sous l'Ancien RĂ©gime : Le dĂ©sastre de Kourou et ses scandaleuses suites judiciaires", Jacques Michel Ed l'Harmattan 1989

Article connexe

Liens externes

Thib.Chanv. est l’abréviation botanique standard de Jean-Baptiste Thibault de Chanvalon.

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