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Jardin de toiture

Un jardin sur toit ou jardin de toiture (ou « roof garden » pour les Anglo-Saxons) est n'importe quel type de jardin (jardin d'agrément, jardin potager, jardin écologique, éventuellement conçu de manière à être un élément ou gué d'un réseau de corridors biologiques) construit sur le toit d'un immeuble (habité ou non).

Le jardin sur terrasse du Rockefeller Center Ă  Manhattan.
Les jardins sur terrasse sont également appréciés par l'hôtellerie (ici au Casa Grande hôtel à Santiago de Cuba).
L'un des jardins sur toiture de Vancouver (Canada).

Outre une vocation aménitaire (récréative et décorative), la construction d'un jardin de toiture, en complément ou non d'un mur végétalisé peut avoir de multiples intérêts pour la gestion de l'eau, la biodiversité[1], la production de nourriture, la valorisation de compost (si utilisation de toilettes sèches), la climatisation de l'immeuble, la qualité de l'air, etc.

Histoire du concept

L'utilisation d'un toit-terrasse pour y planter un jardin semble avoir existé dès l'Antiquité, en particulier au Moyen-Orient avec les jardins suspendus de Babylone. Un exemple médiéval est celui de la ville médiévale égyptienne de Fustat, qui disposait déjà d'un certain nombre de bâtiments élevés surmontés de jardins que Nasir Khusraw a décrits au début du XIe siècle dans au moins 14 histoires, évoquant notamment des roues à eau (permettant l'irrigation de ces jardins)[2].

Intérêt environnemental

Les jardins suspendus, murs végétalisés et jardins sur toit sont de plus en plus fréquents dans les villes, encouragés dans le contexte de l'écologie urbaine.

  • La vĂ©gĂ©tation est source d'oxygène, son Ă©vapotranspiration limite la dĂ©shydratation de l'air, la rosĂ©e fixe les poussières et pollens en suspension (Ă©ventuellement allergènes), la strate vĂ©gĂ©talisĂ©e et son sol ont un effet de tampon thermique limitant les chocs thermiques pour le bâtiment, et limitant la tempĂ©rature globale de l'immeuble, permettant des Ă©conomies d'Ă©nergie pour la climatisation, en particulier dans les pièces situĂ©es directement sous la terrasse ou la toiture.
  • Si elle ne manque pas d'eau ou rĂ©siste Ă  la dĂ©shydratation (plantes crassulantes), la vĂ©gĂ©tation limite significativement l'Ă©chauffement global de l'air urbain. Or la principale cause de l'accumulation de chaleur dans les villes est l'insolation des Ă©lĂ©ments bâtis, notamment quand ils ont une surface noire ou foncĂ©e (pierre, bĂ©ton ou macadam des routes et trottoirs ou des terrasses). Les matĂ©riaux qui constituent la ville absorbent la chaleur solaire et la restituent ultĂ©rieurement (y compris la nuit) par rayonnement, privant parfois la ville du phĂ©nomène de rosĂ©e.
    Là où les surfaces sont végétalisées, grâce à l'évapotranspiration des plantes, l'élévation de température est généralement limitée à 4-5 °C au-dessus de l'élément construit ou est négative (l'air y est plus frais que l'air ambiant)[3]. Une étude conduite par l'Université de Cardiff[4] a conclu que, selon le contexte biogéographique et selon la nature et biomasse des toitures végétalisées contribue en zone urbaine à un rafraîchissement de l'air urbain de 3,6 à 11,3 °C, et c'est dans les zones le plus chaudes que la végétation rafraîchit le plus l'air ambiant. Alors que les modèles météorologiques annoncent des canicules plus fortes, plus longues et plus fréquentes, la végétalisation des villes devient un des éléments de la lutte contre les effets du dérèglement climatique, d'autant qu'elle constitue aussi un excellent tampon pour les aléas pluvieux exacerbés que les modèles annoncent également.
  • Habitats de substitution pour la biodiversitĂ©.
  • Compensation au manque d'espaces verts urbains de proximitĂ©, qui font souvent gravement dĂ©faut dans les conurbations modernes ou dans les villes denses anciennes (Athènes par exemple). C'est probablement le principal moteur de la crĂ©ation des jardins en terrasse.
  • Ce jardin peut contribuer Ă  rendre les habitants plus autonomes pour certains de leurs besoins (gestion restauratoire de l'eau, utilisation de compost, production alimentaire (Ă©ventuellement hydroponique), espace vert.

Inconvénients

  • Les normes de constructions sont de 500 kg/m² de surface. Ce poids peut vite ĂŞtre dĂ©passĂ© en considĂ©rant une terre et une vĂ©gĂ©tation imbibĂ©es d'eau avec le poids d'un ĂŞtre humain associĂ© Ă  l'accĂ©lĂ©ration de la pesanteur (un homme qui court ou qui saute, par exemple). Il est nĂ©cessaire de bien connaĂ®tre la structure du bâtiment avant de construire, car la crĂ©ation d'un jardin de toiture peut nĂ©cessiter la mise en place d'un quadrillage supplĂ©mentaire, ce qui peut s'avĂ©rer coĂ»teux mais indispensable pour Ă©viter les fissures, infiltrations d'eau, voire les trous de toiture.
  • Si les terrasses extensivement vĂ©gĂ©talisĂ©es (avec des rouleaux de sedums et autres plantes rĂ©sistantes Ă  la sĂ©cheresse par exemple) ne prĂ©sentent pas d'inconvĂ©nient par rapport Ă  une terrasse classique (au contraire), la construction d'un jardin contenant par exemple des arbres adultes et de nombreux buissons ou des pièces d'eau nĂ©cessite une Ă©tanchĂ©itĂ© parfaite et durable, et l'importation sur la terrasse d'une couche importante de terre, qui - mĂŞme quand elle est enrichie de billes d'argile ou d'ardoise expansĂ©es, impose une structure renforcĂ©e du bâtiment. De mĂŞme pour un jardin d'eau contenant un volume important d'eau. La terrasse correspond alors Ă  un « surcoĂ»t » initial, qui dans les grandes citĂ©s est souvent nĂ©anmoins bien moindre que celui d'un jardin de mĂŞme taille au sol.
  • De nombreux bâtiments anciens ou "historiques" ne peuvent que coĂ»teusement ĂŞtre renforcĂ©s pour accueillir des jardins de poids important.
  • Les immeubles anciens ou parfois rĂ©cents Ă  toiture plates ont souvent Ă©tĂ© couverts de superstructures telles que antennes ou antennes-relais, cages d'ascenseur, gaines de ventilation, cheminĂ©es multiples, bouches d'aĂ©ration, galeries techniques, enseignes lumineuses, etc. peu compatibles avec la prĂ©sence d'un jardin sauvage).
  • Dans certains pays, localement (en pĂ©rimètre protĂ©gĂ© pour des raisons historiques ou esthĂ©tiques), les autoritĂ©s responsables de l'urbanisme et de la planification ou des autorisations de construction sont rĂ©ticentes Ă  la construction de ces jardins.
  • Pour les jardins "lourds", les assurances sont parfois rĂ©ticentes ou très exigeantes en termes de garanties de sĂ©curitĂ©.

Pour les terrasses extensivement végétalisées, elles les encouragent au contraire parfois, comme en Allemagne, parce que protégeant les bâtiments des chocs thermiques et des fuites (statistiquement une terrasse extensivement végétalisée fuit moins qu'une terrasse couverte de bitume ou de cailloux), à condition que la végétation soit posée sur une bonne étanchéité respectant les bonnes pratiques du métier, notamment dans ce cas en incluant un film « anti-racine ».

  • En cas de canicule, ces jardins deviennent plus vulnĂ©rables au stress hydrique que la plupart de ceux qui poussent directement sur le sol. Ce stress expose les plantes les plus fragiles Ă  certaines maladies ou invasions d'insectes opportunistes.
  • L'exposition directe aux tempĂŞtes invite Ă  Ă©viter les grands arbres et arbres fragiles.

Techniques

  • Semis en rouleau prĂ©vĂ©gĂ©talisĂ©.
  • Semis sur matĂ©riau lĂ©ger Ă©ventuellement pulsĂ© sur les toitures Ă  partir d'un camion au sol.
  • Plantes apportĂ©es ou semĂ©es dans des contenants disposant d'une rĂ©serve d'eau et d'un système automatique d'arrosage (bacs prĂ©-plantĂ©s).
  • Plates-bandes constituĂ©es sur une structure Ă©tanche disposĂ©es sur la terrasse.
  • Flore aquatique en pots, largement utilisĂ©s dans les jardins construits Ă  grande hauteur pour ne pas abĂ®mer les couches d'Ă©tanchĂ©itĂ© des terrasses et limiter le stress hydrique des plantes.
  • Des murs vĂ©gĂ©talisĂ©s ou un jardinage vertical (produisant jusqu'Ă  10 fois plus de biomasse par mètre carrĂ© qu'un jardin au sol classique, mais nĂ©cessitant un dispositif d'irrigation/drainage plus complexe) sont parfois utilisĂ©s pour gagner de la surface utilisable, en particulier quand la surface de terrasse disponible est faible.
  • Des pergolas ou des serres (constituant par exemple un jardin d'hiver) peuvent complĂ©ter le jardin.

Un exemple de jardin sur toiture, Ă  grande hauteur, est celui du Chicago City Hall.

Notes et références

  1. Roof gardens as wildlife corridors
  2. Doris Behrens-Abouseif, Islamic Architecture in Cairo : An Introduction, Brill Publishers, , 174 p. (ISBN 90-04-09626-4, lire en ligne), p. 6
  3. Ong, B. (2003). Green ratio de terrain: une mesure écologique pour l'architecture et l'urbanisme. Landscape and Urban Planning, 63 (4). Récupérée 2009/06/19 de la base de données ScienceDirect.
  4. Cooling percentages by green roofs (taux de rafraîchissement urbain permis par les toitures végétalisées

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

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