Jacques Zimmermann
Jacques Zimmermann, né le à Hoboken en Belgique, est un peintre belge, membre de l'Académie royale de Belgique[1] depuis , lauréat du prix Gaston Bertrand 2014[2] et membre du mouvement Phases depuis 1957. Professeur de dessin à l'Institut Saint-Luc de Bruxelles, il a par ailleurs exercé des activités de marionnettiste (Théùtre des Galopins, Téléchat (1re saison)), de décorateur de théùtre (Théùtre national de Belgique, Théùtre royal du Parc) et de caricaturiste (Pourquoi pas ?).
Naissance | Hoboken, Anvers |
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Nationalité |
Belge |
Activité |
Peintre, dessinateur et assembleur, professeur de dessin; marionnettiste |
Mouvement |
Phases |
Influencé par |
Hans Hartung, William Turner, Max Ernst |
Distinction |
Prix Gaston Bertrand 2014 |
à l'écart des courants dominants des arts visuels contemporains, Jacques Zimmermann se singularise par son enracinement dans l'histoire de la peinture (Joachim Patinier, la nature morte hollandaise, William Turner, etc.) tout en affirmant sa proximité avec des mouvements contemporains tels l'abstraction lyrique (Hans Hartung, Karl-Otto Götz) et le surréalisme (Max Ernst, Yves Tanguy).
Biographie
Né le à Hoboken (Anvers, Belgique), Jacques Zimmermann doit affronter en 1941 la mort brutale de son pÚre, le docteur Jules Zimmermann, en 1941, et la rupture avec son enfance[3] (son plus proche ami était le futur écrivain Jef Geeraerts[4]). Il s'installe un an plus tard avec sa mÚre à Bruxelles. C'est là qu'il découvre les paysagistes flamands et hollandais. Il entame des études de dessinateur à l'Institut Saint-Luc[2].
AprĂšs la guerre, il commence Ă exposer Ă la librairie-galerie Saint-Laurent de Philippe-Edouard Toussaint, oĂč se retrouvent de nombreux jeunes artistes novateurs (LĂ©opold Plomteux, Jo Delahaut, Jean Milo, Camiel Van Breedaem, Jacques Lacomblez, Marie Carlier, etc.), jusqu'Ă ce qu'il rĂ©ponde Ă la petite annonce de deux anciens membres du « ThĂ©Ăątre Flottant » de Marcel CornĂ©lis[5], Monique Heckmann et Pierre Saffre[6], cherchant un collaborateur pour leur tournĂ©e de marionnettes au Congo belge.
Ce long sĂ©jour d'un an au Congo va marquer lâĆuvre de Jacques Zimmermann, moins par la rencontre de l'art africain que par la nature exubĂ©rante qu'il dĂ©couvre au grĂ© de la tournĂ©e, et qui restera une source rĂ©currente d'inspiration[7].
AprÚs son retour, il est nommé professeur de composition en dessin à l'Institut secondaire de Saint-Luc, tandis qu'il découvre grùce à Jacques Lacomblez le mouvement Phases d'Edouard Jaguer, qu'il rejoint dÚs 1957[2].
Durant les années 1960 et 1970, il mÚne une triple carriÚre de peintre, professeur de dessin et marionnettiste (au sein du « théùtre des Galopins », théùtre pour enfants itinérant, jouant dans les écoles de Bruxelles et Wallonie, et dont il est l'un des fondateurs[8]). Le poids de cette triple activité est l'une des raisons de l'interruption presque totale de sa carriÚre de peintre entre 1974 et 1979.
Dans les années 1980, l'activité de marionnettiste s'allÚge et se déplace vers la télévision. Jacques Zimmermann est ainsi le manipulateur de Groucha, la marionnette vedette de l'émission Téléchat[9] d'Henri Xhonneux et Roland Topor.
Durant ces années, il expose essentiellement à l'International Art Gallery de Lasnes. En 1990, il participe à l'exposition « Phases-Belgique », à Mons, aux cÎtés des anciens collaborateurs de la revue Edda.
Sa carriĂšre de peintre prend peu Ă peu le dessus, alors que s'achĂšve sa carriĂšre de marionnettiste, puis, en 1994, d'enseignant. Depuis, il continue son Ćuvre dans son atelier de Beersel, au sud de Bruxelles. En 1996, une rĂ©trospective de son Ćuvre est organisĂ©e Ă la maison communale de Schaerbeek[10].
En 2014, il est le rĂ©cipiendaire du Prix Gaston Bertrand, rĂ©compensant « un peintre belge de 45 ans au moins, ayant sa dĂ©marche propre et ses moyens inventĂ©s par lui, pour rendre visible son monde intĂ©rieur. » Ă cette occasion a lieu une grande rĂ©trospective au Centre dâart du Rouge-CloĂźtre[11].
Ćuvre
PĂ©riode vĂ©gĂ©tale (1952â1960)
Si, avant le dĂ©part pour le Congo, Jacques Zimmermann explore plusieurs styles de peinture, encore souvent figuratifs, c'est Ă partir du retour qu'il affirme son originalitĂ©. Les Ćuvres de cette Ă©poque marquent l'influence de peintres « gestuels » comme Hans Hartung ou Karl Otto Götz, mais une gestuelle croisĂ©e des vĂ©gĂ©tations tropicales, une gestuelle foisonnante et frĂ©missante. Ainsi s'enracine un Ă©lĂ©ment fondamental et rĂ©current de son Ćuvre, ces herbes fines qui strient la toile, lui confĂ©rant dynamisme et profondeur. Les tonalitĂ©s dominantes de cette pĂ©riode sont le jaune, le vert[10].
- La Femme Ă la tortue, 1952
- Au-delĂ du ravin, 1959
- Par oĂč fuir, 1960
PĂ©riode minĂ©rale (1960â1964)
Au vĂ©gĂ©tal s'ajoute dĂ©sormais, dans une abstraction plus dense que lyrique, une abstraction matĂ©rielle, une tonalitĂ© minĂ©rale qui colore lâĆuvre de gris et de brun, et lui offre les accidents et les profondeurs du relief.
- Vers la savane, 1959
- Sans titre, 1960
PĂ©riode dramatique (1964â1970)
RĂ©unissant le dynamisme des annĂ©es 1950 Ă la densitĂ© de la pĂ©riode « minĂ©rale », cette pĂ©riode se caractĂ©rise par une dramatisation, entre vertige et tourbillon. Elle voit naĂźtre quelques Ćuvres maĂźtresses, comme Le Puits et la Pendule ou AprĂšs le silence[10].
- Le Puits et le Pendule, années 1960
- Lettre Ă un passager, 1962
- AprĂšs le silence,1965
PĂ©riode fantastique (1970â1974)
Un changement radical se produit lors de cette pĂ©riode, changement de style et de technique. L'abstraction cĂšde le pas Ă une figuration onirique oĂč dominent des ĂȘtres ambigus, Ă peine dĂ©grossis de leur terreau abstrait, mi-insectes, mi-personnages thĂ©Ăątraux. Ă cĂŽtĂ© dâĆuvres peintes naissent des Ćuvres au feutre Ă essence, grands dessins noir et blanc oĂč Jacques Zimmermann intĂšgre l'influence des dessins d'Albrecht DĂŒrer.
Parmi les Ćuvres peintes de cette pĂ©riode s'impose « Torotoumbo, hommage Ă Miguel Angel Asturias » (130x195 cm), oĂč s'affrontent des mages insectiformes et squelettiques, rouge ou blanc, Ă l'orĂ©e d'une citĂ©-jungle se convulsant sous un ciel tempĂ©tueux. Par la prĂ©sence des Ă©lĂ©ments vĂ©gĂ©taux et minĂ©raux, le dynamisme des traits et la dramatisation de la scĂšne, cette peinture apparaĂźt comme une somme provisoire de lâĆuvre de Jacques Zimmermann[2].
C'est à cette époque qu'il réalise pour le Théùtre National le décor de « Dans les griffes du dragon » de Frédéric Latin.
- Ăminence colĂ©optĂšre, 1973
- Torotoumbo, hommage Ă Miguel-Angel Asturias, 1974
PĂ©riode gĂ©omĂ©trique (1980â1984)
AprĂšs une interruption de son Ćuvre peint durant quelques annĂ©es, Jacques Zimmermann revient Ă la peinture par le dĂ©tour de cahier de dessins purement abstraits. La gĂ©omĂ©trie qui s'empare de son Ćuvre reste nĂ©anmoins habitĂ©e de mouvements, de profondeurs et de prĂ©sence. Peu Ă peu, les rĂ©miniscences et les exigences des Ćuvres passĂ©es (les siennes, celles des peintres anciens) vont ouvrir ce monde aux horizons et aux rencontres[2].
- La Mémoire palatine, années 1980
- Le Secret des glaces, années 1980
PĂ©riode classique (1984âaujourd'hui)
Ă partir de 1984, Jacques Zimmermann s'appuie sur tous les ressorts de ses pĂ©riodes antĂ©rieures pour crĂ©er un Ćuvre Ă la fois stable dans ses moyens d'expression et expĂ©rimental dans son exploration de techniques et styles variĂ©s. L'influence des peintres anciens se fait plus marquante, Turner particuliĂšrement, mais aussi Munch, les paysagistes hollandais, etc., sans que se perde la leçon des contemporains : Götz, Ernst, Tanguy, etc. On notera Ă cette Ă©poque des Ćuvres quasi-monochromatique. Ou encore une sĂ©rie de peintures oĂč s'impose un fond dorĂ©, influencĂ©e par l'usage qu'en fit Gustav Klimt. Toute abstraite qu'elle soit, cette derniĂšre partie de son Ćuvre peut se caractĂ©riser souvent en des termes classiques : «Marines », « portraits », « natures mortes ». Elle rend prĂ©sent dans la modernitĂ© de la gestuelle abstraite le legs des anciens, qu'elle prolonge ainsi de sa rigueur et de son lyrisme virtuose[12].
- Les Ă©tapes de lâĆuvre Lady Macbeth sauvĂ©e des eaux, 1987-1993
- Un matin d'oiseau clair, 1994
- La Clef d'autre part, 1995
- Le PĂšlerin volubile, 2006
Ćuvres dans les musĂ©es
- L'Infracassable Noyau de nuit, Royal Museums of Fine Arts of Belgium
- Les Promeneurs, Royal Museums of Fine Arts of Belgium
- Vedute I, Collection d'art de l'ULB
Autres Ćuvres
Ă cĂŽtĂ© de son Ćuvre peint, Jacques Zimmermann est aussi l'auteur de nombreuses aquarelles et dessins en noir et blanc, ainsi que d'assemblages et de dĂ©cors de thĂ©Ăątre.
- Sans titre, 3 aquarelles, 2006
- Pour « L'Autre Alceste », d'Alfred Jarry, dessin 1975
- La RiviÚre décapitée, dessin 1975
- Dessin, 1994
- Napoleone enfant visitant Bruxelles accompagné de sa maman LÊtitia, Assemblage, 2005.
Ouvrages illustrés[10]
- Revue Edda no 5 (Couverture) Bruxelles, 1964.
- Jacques Lacomblez, L'aquamanile du vent, Ăditions Edda, Bruxelles, 1962.
- L'Avanguardia Internazionale (gravure), Galerie Schwarz, Milan, 1962.
- Monique Heckmann, Seulement le vent, Lettera Amorosa, Saint-Pierre Capelle, 1962.
- Jacques Lacomblez, Le balcon sur le fleuve, Ed. L'empreinte et la nuit, Bruxelles, 1977.
- Claude Tarnaud, L'Iris tournoyant, Ed. L'empreinte et la nuit, Bruxelles, 1979.
- Gilles Dunant, L'oiseau, Ed. MĂšche, GenĂšve, 1984.
- Philippe Roberts-Jones, Toi et le tumulte, Le Cormier, Bruxelles, 1993.
- Jacqueline Fontyn, ĂphĂ©mĂšres, Per archi, Halo, Psalmus Tertius (Couverture disque), Aulos  MusiKado, 1992
- Guy Cabanel, Le Verbe flottant, Quadri (collection « L'échelle de verre »), Bruxelles, 2007
Principales expositions
- 1951 / 60 : Galerie Saint-Laurent, Bruxelles
- 1960 : Selected Artists Galleries, New York
- 1969 : Galerie Arcanes, Bruxelles
- 1975 : Galerie J. Buytaert, Anvers
- 1978 / 83 : Mosciecki Centrum, Bruxelles
- 1988 / 2001 : International Art Gallery, Lasne, Belgique
- 1994 : HĂŽtel de la Jurage, Bourg sur Gironde, France
- 1995 : Maison communale de Schaerbeek, Bruxelles, Belgique
- 2000 : Antilope Art Gallery, Lier, Belgique
- 2008 : Wolubilis, Woluwé-Saint-Pierre, Belgique
- 2014 : Centre d'art de Rouge-CloĂźtre, Auderghem, Belgique
Notes et références
- « Jacques Zimmermann », sur http://www.academieroyale.be (consulté le )
- « Dossier de presse » [PDF], sur globalcube.net
- (nl-BE) Jef Geeraerts, Gangrene III : Het teken van de Hond
- Jacques Hermans, « Geeraerts, bon petit diable », La Libre,â (lire en ligne)
- Jacques De Decker, « Mort du fondateur du ThĂ©Ăątre de la Ville de Bruxelles, Marcel Cornelis: Sortie d'un baladin », Le Soir,â (lire en ligne)
- « Antoine et le Cirque - Théùtre flottant »
- « Jacques Zimmermann », sur Ăditions Syllepse
- « 2 fiches trouvées pour "Théùtre des Galopins" », sur http://www.aml-cfwb.be
- « Téléchat - Saison 1 »
- Jacques Zimmermann, Itinéraires (Catalogue d'exposition), Schaerbeek, Ateliers Ledoux Editions,
- « Jacques Zimmermann - Lauréat du Prix Gaston Bertrand »
- Philippe Roberts-Jones, Signes ou Traces, Académie Royale de Belgique. Bruxelles,
Voir aussi
Bibliographie
- Xavier Canonne, Le Surréalisme en Belgique : 1924-2000, Paris, Actes Sud, , 351 p. (ISBN 978-2-7427-7209-4)
- Yves William Delzenne et Jean Houyoux, Le nouveau dictionnaire des Belges : de 1830 Ă nos jours, Cri Ă©dition, (ISBN 978-2-87106-212-7)
- Karel Geirlandt, L'Art en Belgique depuis 1945, Anvers, Fonds Mercator, (réimpr. 2001), 448 p. (ISBN 978-90-6153-508-9)
- Serge Goyens de Heusch, Art belge au XXe siĂšcle, Bruxelles, Racine, coll. « Collection de la Fondation pour lâart belge contemporain », , 534 p.
- René Passeron et Adam Biron, Dictionnaire général du surréalisme et de ses environs, Paris, PUF, , 464 p. (ISBN 978-2-13-037280-6)
- Philippe Roberts-Jones, Image donnée : Image reçue, Bruxelles, Académie royale de Belgique, , 499 p. (ISBN 978-2-8031-0073-6)
- Philippe Roberts-Jones, Signes ou traces : arts des XIXe et XXe siÚcles, Bruxelles, Académie royale de Belgique, , 461 p. (ISBN 978-2-8031-0131-3), p. 461
Articles connexes
Liens externes
- Ressources relatives aux beaux-arts :
- Delarge
- Dictionnaire des peintres belges
- (en) Bénézit
- (nl + en) RKDartists
- (en) Union List of Artist Names
- Botino, Jacques Zimmermann, pour l'exposition Ă Wolubilis, du au .
- Pierre Charp, Les Possibilités des métamorphoses, blog monographique d'Envers