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J.-A. Martin (explorateur)

J.-A. Martin[1] (André-Paul Martin, dit), né à Paris le et mort en mer le , est un explorateur polaire français, l’un des instigateurs du retour de la France en terre Adélie en 1950.

J.-A. Martin
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Biographie
Naissance
Décès
(Ă  38 ans)
En mer, 500 km NW du Cap
Nom de naissance
André-Paul Martin
Nationalité
Française
Activité
Autres informations
Organisation

Biographie

Origines

Né dans le 14e arrondissement de Paris le dans une famille d'employés de commerce[2], André-Paul Martin fait d'abord carrière comme rédacteur au Palais de justice[3].

Dès avant la Seconde guerre mondiale, il est bien introduit dans les milieux du journalisme parisien. Passionné de montagne, il œuvre au sein de la section parisienne du Club alpin français[3]. Il fonde avec Robert Pommier et Yves Vallette — deux camarades rencontrés pendant la guerre — un groupe baptisé « G.F.A. » (pour « Groupe Froid et Altitude »[4]), avec l'intention « d'aller, dès la guerre finie, explorer les régions froides ou montagneuses du globe »[5].

Le « Spitz »

Au cours de l'Ă©tĂ© 1946, il crĂ©e l'exploit en parcourant en compagnie de ses deux coĂ©quipiers 500 km Ă  ski Ă  travers les rĂ©gions les moins connues du nord-est du Spitzberg[3]. Tractant un traĂ®neau, ils gravissent le Newtontoppen, point culminant de l'Ă®le[6], d'oĂą ils repèrent un autre sommet qui leur semble plus Ă©levĂ©[7]. Ils le baptisent « mont GĂ©nĂ©ral-Perrier » (Perriertoppen), du nom du prĂ©sident de la SociĂ©tĂ© de gĂ©ographie, qui a financĂ© leur expĂ©dition[8].

De retour à Oslo, les « Trois du Spitz » sont intrigués par un article de journal norvégien trouvé dans un caniveau : la revendication territoriale sur la Terre-Adélie décrétée par la France en 1924 y est contestée par la Norvège, sous le prétexte que la France n'y a pas repris pied depuis sa découverte par Dumont d'Urville en 1840. Cela incite Martin, Pommier et Vallette à organiser une expédition de reprise de possession[9]. Pommier, qui s'est occupé des chiens de traîneau de Paul-Émile Victor après sa traversée du Groenland en 1936[5], renoue le contact avec l'explorateur, et l'idée d'un projet d'expédition en Antarctique fait son chemin. En , la fondation des Expéditions polaires françaises (E.P.F.) par Victor et quatre associés va permettre de le réaliser.

La terre Adélie (expéditions TA 2 et TA 3)

Victor, qui prépare pour l'été 1948 une nouvelle expédition au Groenland, délègue à André-Frank Liotard, l'un des co-fondateurs des E.P.F., le soin d'organiser la seconde expédition antarctique française en terre Adélie (TA 2[10]). J.-A. Martin devient vite la cheville ouvrière de l'expédition, et trouve dans la préparation de celle-ci un magnifique champ d'action pour son dynamisme et son expérience[3].

Après un départ retardé par le mauvais état du Commandant Charcot (en), un ancien mouilleur de filets anti-sous-marins américain converti en navire polaire, l'expédition quitte Brest le . Elle compte au total 62 personnes, dont 11 doivent débarquer et hiverner. J.-A. Martin y est chargé du cinéma et de l'intendance. Mais l'état des glaces en cet été austral 1948-1949 s'avère catastrophique, et le navire, bloqué par une cinquantaine de kilomètres de banquise, ne peut atteindre la côte antarctique[11]. Ce qui est manifestement un échec sera qualifié par les E.P.F. d'« expédition préparatoire ».

J.-A. Martin embarque Ă  nouveau sur le Commandant Charcot le en tant que second de la troisième expĂ©dition antarctique française en terre AdĂ©lie (TA 3). Mais il ne verra jamais le continent antarctique : le , alors que le navire se trouve Ă  500 km au nord-ouest du Cap[12], J.-A. Martin succombe Ă  une hĂ©morragie cĂ©rĂ©brale. Son corps est dĂ©barquĂ© au Cap, oĂą il est enterrĂ© quatre jours plus tard[3] - [13].

Un film de Luc-Marie Bayle (Commandant Charcot Terre Adélie 1949) retrace le voyage du Commandant Charcot au cours de l'été austral 1949-1950 (TA 3)[14].

Postérité

Port-Martin, la première base scientifique française établie en terre Adélie en 1950, a été ainsi baptisée en son honneur. En 1999, cinquante ans après sa mort, un timbre de l'administration postale des Terres australes et antarctiques françaises a commémoré son rôle dans le retour de la France en Antarctique[15].

Distinctions

Notes et références

  1. « […] très curieusement, André-Paul Martin s'est toujours fait appeler « J.-A. Martin » » (Victor et Dugast 2015). L'origine des initiales n'a jamais été vraiment élucidée. Certains y lisent « Jean-André », d'autres « Jacques-André », alors que les prénoms figurant sur l'acte de naissance sont bel et bien « André Paul ».
  2. Archives de Paris, registre des naissances 1911 du 14e arrondissement, acte no 6891.
  3. Expéditions polaires françaises 1956, p. 91.
  4. Et non pas « Groupe Frigidaire et Ascenseur », comme certains s'amuseront à le dire (Vallette 1993, p. 16).
  5. Vallette 1993, p. 16.
  6. « Trois explorateurs français reviennent du Spitzberg », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  7. Des levĂ©s ultĂ©rieurs montreront que le Newtontoppen culmine Ă  1 713 m, tandis que le Perriertoppen n'atteint que 1 710 m.
  8. Vallette 1993, p. 32.
  9. Vallette 1993, p. 13.
  10. Traditionnellement, les Expéditions polaires françaises dénomment TA 1 l'expédition de découverte menée par Dumont d'Urville en 1840.
  11. Dubard et Bayle 1951, p. 25-26 et 98.
  12. Archives de Paris, registre des décès 1949 du 13e arrondissement, acte no 4197.
  13. « L'explorateur J.-André Martin est mort à bord du Commandant Charcot », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  14. « Commandant Charcot Terre Adélie 1949 (1ère partie) » [vidéo], sur www.youtube.com (consulté le ).
  15. « L'époque des pionniers — 1947-1953. », sur philadelie.free.fr (consulté le ).

Voir aussi

Bibliographie

  • Pierre Dubard et Luc-Marie Bayle, Le "Charcot" et la Terre AdĂ©lie, Paris, Éditions France Empire, , 299 p.
  • ExpĂ©ditions polaires françaises, Terre AdĂ©lie Groenland 1947-1955, Paris, Arthaud, , 151 p.
  • Yves Vallette, Ceux de Port-Martin. Pionniers de Terre AdĂ©lie, Chatou, Y. Vallette, , 255 p. (ISBN 2-9508-0840-9, lire en ligne)
  • DaphnĂ© Victor et StĂ©phane Dugast, Paul-Émile Victor : J'ai toujours vĂ©cu demain, Paris, Éditions Robert Laffont, , 505 p. (ISBN 978-2-221-13179-4)
  • Djamel Tahi, Georges Gadioux et Jean-Pierre Jacquin, La Grande OdyssĂ©e : une histoire des ExpĂ©ditions polaires françaises, Paris, Paulsen, , 238 p. (ISBN 978-2-3750-2076-0)

Articles connexes

Liens externes

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