AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Isonitrile

Un isonitrile, isocyanure, Ă©galement, plus anciennement, une carbylamine, est un composĂ© organique contenant le groupe fonctionnel isocyanure C≡N-.

Formule générale des isonitriles.

Propriétés

Les isonitriles ont Ă©tĂ© dĂ©couverts en 1867 par A. Gautier et August Wilhelm von Hofmann, mais n’ont Ă©tĂ© Ă©tudiĂ©s qu’à partir de 1960. Ces composĂ©s ont Ă©tĂ© mis Ă  l’écart pour deux raisons principales: d’une part Ă  cause de leur odeur souvent dĂ©sagrĂ©able et d’autre part Ă  cause de l’ambiguĂŻtĂ© liĂ©e Ă  leur double rĂ©activitĂ©. En effet, les isonitriles, de par leur structure « carbĂ©nique », peuvent intervenir dans les rĂ©actions chimiques, soit comme Ă©lectrophiles, soit comme nuclĂ©ophiles. Ils constituent, en outre, une classe de composĂ©s uniques, puisqu’ils sont des carbĂ©noĂŻdes stables, isoĂ©lectroniques de la molĂ©cule de monoxyde de carbone. Les premiĂšres investigations entreprises sur ce type de composĂ©s visaient Ă  vĂ©rifier la prĂ©sence d’un atome de carbone bivalent comme dans les carbĂšnes. Toutes les propriĂ©tĂ©s physico-chimiques des isonitriles sont en accord avec deux formules limites de rĂ©sonance qui soulignent leur aptitude Ă  capter les protons pour former des liaisons C-H:

Leur caractĂ©risation se fait principalement par spectroscopie infrarouge avec une absorption caractĂ©ristique vers 2 130 cm−1 en sĂ©rie aromatique et Ă©thylĂ©nique et vers 2 150 cm−1 en sĂ©rie aliphatique.

Une synthÚse d'isonitriles réalisée à l'université d'Amsterdam a forcé à évacuer l'intégralité du département de chimie à cause de l'odeur .

SynthĂšse

Il existe plusieurs méthodes de préparation des isonitriles à partir de la fonction amine libre ou des formamides correspondants.

RĂ©action carbylamine

La rĂ©action carbylamine ou synthĂšse des isocyanures de Hoffmann, correspondant Ă  la rĂ©action d’une amine primaire avec le chloroforme et une base forte, Ă©tait recommandĂ©e pour la dĂ©tection des amines primaires et a Ă©tĂ© considĂ©rĂ©e pendant longtemps comme la meilleure mĂ©thode de prĂ©paration d'isonitriles. Cette mĂ©thode procĂ©dant par catalyse par transfert de phase consiste en une addition de dichlorocarbĂšne sur une amine primaire, suivie d'une bĂȘta-Ă©limination d’une molĂ©cule de HCl et d’une alpha-Ă©limination d’une seconde molĂ©cule de HCl.

α-Élimination Ă  partir de formamides

ConsidĂ©rant les produits de l’hydrolyse des isonitriles, Gautier suggĂ©ra qu’ils devaient ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des dĂ©rivĂ©s issus de la condensation de l’acide formique sur des amines primaires. Ainsi il Ă©tait possible de les prĂ©parer par Ă©limination d’eau Ă  partir de N-formamides monosubstituĂ©s. Il a Ă©tĂ© montrĂ© que de nombreux agents d’acylation (phosgĂšne, diphosgĂšne, oxytrichlorure de phosphore, triphĂ©nylphosphine/tĂ©trachlorure de carbone, chlorothionoformate de phĂ©nyle, chlorure de thionyle, etc.) Ă©liminent l’eau de N-formamides monosubstituĂ©s en prĂ©sence d’une base (triĂ©thylamine, tertiobutylate de potassium, pyridine, etc.). La rĂ©action de N-formamides monosubstituĂ©s avec les agents acylants et les bases se dĂ©roule en deux Ă©tapes successives: - la O-acylation catalysĂ©e par la base - l’alpha-Ă©limination.

Exemple d’utilisation des isonitriles: La rĂ©action de Ugi

La rĂ©action de Ugi est une variante de la rĂ©action de Passerini, qui fait intervenir 4 partenaires: un isonitrile, un acide carboxylique, un dĂ©rivĂ© carbonylĂ© (aldĂ©hyde ou cĂ©tone) et une amine (primaire ou secondaire). Cette condensation rĂ©sulte d’une a-addition sur l’isonitrile, de l’acide carboxylique et du sel d’imonium (base de Schiff issue de la condensation de l’amine sur le dĂ©rivĂ© carbonylĂ©), conduisant Ă  l’a-(acylamino) amide stabilisĂ© par rĂ©arrangement de l’acyle.

Références

  • Gautier, A. Liebigs Ann. Chem. 1867, 142, 289.
  • Hofmann, A. W. Liebigs Ann. Chem. 1867, 144, 114.
  • Stephany, R. W.; de Bie, M. J. A.; Drenth, W. Org. Magn. Res. 1974, 6, 45-47.
  • Ugi, I.; Fetzer, U.; Eholzer, U.; Knupfer, H. Offermann, K. Angew. Chem. Int. Ed. Engl . 1965, 6, 472-484.
  • Gautier, A. Liebigs Ann. Chem. 1869, 29, 155.
  • Skorna, G.; Ugi, I. Angew. Chem. Int. Ed. Engl. 1977, 4, 259-260.
  • Hoogenboom, B. E.; Oldenziel, O. H.; van Leusen, A. M. Org. Synth. 1977, 57, 102.
  • Schöllkopf, U.; Hausberg, H.; Segal, M.; Reiter, U.; Hoppe, I.; Saenger, W.; Lindner, K.; Liebigs Ann. Chem. 1981, 3, 439-458.
  • Subhas Bose, D.; Ravinder Goud, P. Tetrahedron Lett. 1999, 40, 747-748.
  • Ugi, I.; Meyr, R. Chem. Ber. 1960, 93, 239.
  • Ugi, I. Angew. Chem. Int. Ed. Engl. 1962, 1, 8.
  • Ugi, I.; Steinbruckner, C. Chem. Ber. 1961, 94, 734.
  • Gokel, G.; LĂŒdke, G.; Ugi, I., in “Isonitrile chemistry”; Ugi, I.(Ed), Academic Press, New York, 1971, 145-199.
  • Passerini, M. Gazz. Chim. Ital. 1921, 126, 181.
  • Passerini, M.; Ragni, G. Ibid. 1931, 61, 964.
Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.