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Islam en Ukraine

Dans le paysage religieux ukrainien, les musulmans ukrainiens représentent environ 0,9 % de la population ukrainienne, en 2010, et sont en majorité des Tatars de Crimée vivant dans la péninsule de Crimée[1].

La mosquée du sultan Soliman de Marioupol.

Une étude du Centre Razumkov montre qu'en 2019, hors Crimée, les musulmans ukrainiens représentent environ 0,1% de la population[2].

Histoire

La majorité des Ukrainiens sont chrétiens (principalement orthodoxes), tandis qu'une faible partie est musulmane, vivant principalement dans les régions méridionales du territoire, en particulier en Crimée. Au XVe siècle, les Tatars établissent dans le pays le khanat de Crimée. Cet État était composé de turcophones qui s'étaient établis en Europe de l'Est au VIIe siècle, et d'une population indigène européenne.

Cependant, les khanats ont rapidement perdu leur souveraineté pour passer sous domination ottomane. Le pays était gouverné par des gouverneurs locaux tributaires de l'empire qui s'étaient engagé à maintenir l'Ukraine sous contrôle ottomane en échange d'une assez large autonomie. L'influence de la Russie, qui était auparavant négligeable, n'a cessé d'augmenter jusqu'à la fin des guerres russo-turques qui lui ont permis d'annexer une partie du territoire ukrainien.

La majoritĂ© des Tatars de CrimĂ©e Ă©taient sunnites, de jurisprudence majoritairement hanafite, avec une minoritĂ© shafi'ite, et de thĂ©ologie ash'arite. La plus haute autoritĂ© religieuse Ă©tait le mufti. Les communautĂ©s Ă©taient reprĂ©sentĂ©es en Ukraine par des imams locaux. Les khanats crimĂ©ens ont bâti une capitale, BakhtchyssaraĂŻ. Au XVIIIe siècle, quand la ville a Ă©tĂ© conquise par les troupes russes, la ville comprenait dix-huit mosquĂ©es et plusieurs madrasas. Cependant, avec la persĂ©cution dont les Tatars ont Ă©tĂ© victimes de la part de l'Empire russe, près de 160 000 d'entre eux ont Ă©tĂ© forcĂ©s de quitter la CrimĂ©e. Parmi ceux restĂ©s en Ukraine, certains avaient un mode de vie conservateur et traditionaliste et d'autres un comportement plus libĂ©ral.

Au XXe siècle

Durant la rĂ©volution russe, les musulmans constituaient un tiers de la population de CrimĂ©e. Presque toutes les grandes villes de CrimĂ©e avaient une population musulmane significative. Après 1928, les persĂ©cutions reprennent, le gouvernement soviĂ©tique lance un vaste programme de russification et de soviĂ©tisation. Entre 1928 et 1939, de 35 000 Ă  40 000 Tatars ont Ă©tĂ© emprisonnĂ©s ou dĂ©portĂ©s. L'Ă©tude et l'enseignement du tatar ont complètement Ă©tĂ© interdits, ainsi que les journaux paraissant dans cette langue, tandis que la classe intellectuelle Ă©tait exterminĂ©e.

En 1944, Ă  la suite de la reprise de l'Ukraine par l'ArmĂ©e rouge, Staline Ă©met le dĂ©cret no 5859 ordonnant l'expulsion de tous les Tatars de CrimĂ©e. Ceux-ci ont donc Ă©tĂ© soumis Ă  la dĂ©portation en masse, accusĂ©s par Staline d'avoir collaborĂ© avec l'Allemagne nazie. Presque 200 000 d'entre eux ont Ă©tĂ© expulsĂ©s vers l'Asie centrale, Ă  bord de wagons Ă  bestiaux, principalement en OuzbĂ©kistan, mais Ă©galement au Kazakhstan et dans quelques rĂ©gions russes comme la SibĂ©rie. La principale scène de dĂ©portation s'est produite le . On estime que près de 45 % des dĂ©portĂ©s sont morts de faim et de maladie dans les camps de concentration de Sverdlovsk entre 1944 et 1945. Leurs terres ont ensuite Ă©tĂ© rĂ©quisitionnĂ©es par les soviĂ©tiques qui y ont installĂ© des Russes. Le , le gouvernement soviĂ©tique a innocentĂ© les Tatars, reconnaissant que les accusations Ă©mises s'Ă©taient rĂ©vĂ©lĂ©es "sans fondement". Cependant, aucune action n'a Ă©tĂ© entreprise par le gouvernement pour leur permettre de retourner sur leur terre natale. Ceci a menĂ© Ă  un changement dĂ©mographique important en Ukraine. En 1987, des Tatars ont manifestĂ© Ă  Moscou pour pouvoir regagner leur terre, mais ils ont dĂ» attendre l'effondrement de l'Union soviĂ©tique pour pouvoir le faire. Le rapatriement des Tatars crimĂ©ens vers leur terre d'origine a dĂ©butĂ© en 1989.

Aujourd’hui

La mosquée de Hansaray, à Bakhtchyssaraï en Crimée, centre de l'islam en Ukraine pendant plus de 300 ans.

Depuis l'indĂ©pendance de l'Ukraine vis-Ă -vis de l'URSS, près de 300 000 Tatars sont revenus en CrimĂ©e. Les musulmans ukrainiens sont divisĂ©s en plusieurs groupes ethniques, nĂ©anmoins la plupart sont Tatars. Il y a Ă©galement des rĂ©fugiĂ©s tchĂ©tchènes mais leur nombre n'est pas significatif.

Les musulmans ont créé trois institutions pour gérer les affaires de leur communauté :

  • la direction spirituelle des musulmans d'Ukraine ;
  • le centre spirituel de la communautĂ© musulmane ;
  • la direction spirituelle des musulmans de CrimĂ©e.

Statistiques

Les musulmans en Ukraine comprennent 391 communautés, 372 religieux, 151 mosquées dont 6 construites récemment.

Selon les dernières estimations, il y a 0.8 million de musulmans en Ukraine, environ 1,7 % de la population nationale et 12 % de la population de Crimée. Au moins 30 de leurs communautés ou organismes ukrainiens exercent leur fonction sans enregistrement officiel contrairement à 360 autres. Leurs langues principales sont le tatar, le persan et des langues ou dialectes caucasiens comme le tchétchène. Mais tous parlent russe et beaucoup ukrainien.

Notes et références

  1. (en) « 2012 Report on International Religious Freedom », sur state.gov (consulté le )
  2. (uk) « Religiya 2019 », sur razumkov.org (consulté le )

Voir aussi

Liens externes

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