Indice de position sociale
L'indice de position sociale des élèves (IPS) est un outil de mesure quantitatif de la situation sociale des élèves face aux apprentissages dans les établissements scolaires français. Plus l'indice est élevé, plus l'élève évolue dans un contexte familial favorable aux apprentissages. Cet indice est construit à partir des professions et catégories socioprofessionnelles (PCS) des représentants légaux des élèves.
L'indice a été créé en 2016 par la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) du Ministère de l'Éducation Nationale.
Il est utilisé pour décrire les populations scolaires (milieu social plus ou moins favorable et mixité sociale) dans les écoles, collèges et lycées mais aussi pour classer les établissements scolaires et leur attribuer des moyens en conséquence.
L'IPS des écoles et collèges est rendu public en 2022, à la suite d'une décision du tribunal administratif.
Principe
L'indice de position sociale (IPS) des élèves est un indice sans dimension compris entre 38 et 179[1].
Plus cet indice est élevé, plus le contexte familial de l'élève est favorable à sa réussite scolaire[1].
L'indice est déterminé à partir des professions et catégories socioprofessionnelles des parents utilisées dans le système d'information du Ministère de l'Education Nationale et qui compte 32 catégories différentes[2].
Une grille établie par le Ministère permet d'obtenir la valeur de l'indice de position sociale pour chaque couple de professions (père et mère). Cette grille contient 32 x 32=1024 possibilités.
Professions et catégories socioprofessionnelles du Ministère de l'Education Nationale |
---|
Agriculteurs exploitants |
Artisans |
Commerçants et assimilés |
Chefs d'entreprise de dix salariés et plus |
Professions libérales et assimilés |
Cadres de la fonction publique |
Professeurs, professions scientifiques |
Professions de l'information, des arts et des spectacles |
Cadres administratifs et commerciaux d'entreprises |
Ingénieurs et cadres techniques d'entreprises |
Professeurs des écoles, instituteurs et assimilés |
Professions intermédiaires de la santé et du travail social |
Clergé, religieux |
Professions intermédiaires de la fonction publique |
Professions intermédiaires en entreprise |
Techniciens |
Contremaîtres, agents de maîtrise |
Employés civils et agents de service de la fonction publique |
Policiers et militaires |
Employés administratifs d'entreprises |
Employés de commerce |
Personnels des services directs aux particuliers |
Ouvriers qualifiés |
Ouvriers non qualifiés |
Ouvriers agricoles |
Anciens agriculteurs exploitants |
Anciens artisans, commerçants, chefs d'entreprise |
Anciens cadres et professions intermédiaires |
Anciens employés et ouvriers |
Chômeurs n'ayant jamais travaillé |
Personnes diverses sans activité professionnelle |
Non renseignée (inconnue ou sans objet) |
Valeurs de l'indice
Donner toutes les valeurs de l'indice consisterait à donner 1024 valeurs car le Ministère de l'Education Nationale a établi 1024 possibilités de couples de profession mère/père.
Profession
Mère |
Profession
Père |
Indice de position sociale (IPS) |
---|---|---|
Employée de commerce | Policier | 104 |
Policière | Employé de commerce | 110 |
Ouvrière qualifiée | Technicien | 89 |
Technicienne | Ouvrier qualifié | 110 |
Ouvrière non qualifiée | Ouvrier non qualifié | 60 |
Technicienne | Technicien | 135 |
Professeur des écoles | Ingénieur | 179 |
Ingénieure | Professeur des écoles | 164 |
Cadre d'entreprises | Cadre d'entreprises | 156 |
Cadre d'entreprises | Ouvrier non qualifié | 145 |
Ouvrière non qualifiée | Cadre d'entreprises | 148 |
Agricultrice | Artisan | 99 |
Artisane | Agriculteur | 104 |
Agricultrice | Agriculteur | 101 |
ChĂ´meuse | ChĂ´meur | 54 |
Non renseignée | Non renseignée | 66 |
Chômeuse | Non renseignée | 38 |
... | ... | ... |
L'indice de position sociale moyen en France est de 103[4].
Un collège sur deux a un indice de position sociale moyen supérieur à 102. L'IPS est inférieur à 81 dans les 10 % des collèges les plus défavorisés et supérieur à 124 dans les 10 % des collèges les plus favorisés[5].
Construction de l'indice
À partir de données issues d'une enquête de 2008 sur un échantillon de 29'544 élèves de sixième[2], la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance du Ministère de l'Education Nationale a identifié des variables familiales[6] ayant un effet sur la réussite scolaire des élèves dont :
- le diplôme des parents (mère et père)
- les conditions matérielles (revenus, nombre de pièces du logement, partage de chambre, ordinateur au domicile, accès à Internet)
- le capital culturel (nombre de livres à la maison, présence d'une télévision dans la chambre, le temps passé devant la télévision)
- l'ambition et l'implication des parents (aspirations, conversations sur la scolarité, l'avenir scolaire)
- les pratiques culturelles (sport, concert, théâtre, cinéma, musée, activités extra-scolaires)
L'indice a ensuite été construit en associant une valeur numérique à chaque variable ainsi qu'un poids plus ou moins élevé selon son effet sur la réussite scolaire. Cette méthode de construction est dite par analyse des correspondances multiples.
Enfin, à partir de toutes les valeurs calculées avec les données de l'enquête de 2008, il a été possible de déterminer et standardiser un indice de position sociale (IPS) moyen par élève qui ne dépendait plus que de la profession des parents[2].
Pour obtenir l'indice de position sociale d'un établissement scolaire français, il faut calculer la moyenne des IPS de tous les élèves de l'établissement.
Utilisation
Usage interne
L'indice de position sociale (IPS) des élèves est utilisé pour étudier et décrire les populations scolaires dans les écoles, collèges et lycées[7].
La valeur de cet indice pour un établissement permet de savoir si les élèves sont en moyenne issus d'un milieu social plus ou moins favorable aux apprentissages[5].
La dispersion (ou écart-type) de l'indice de position sociale (IPS) au sein des établissements permet d'évaluer la mixité sociale des élèves accueillis.
Dans le département du Nord, l'IPS a été utilisé pour attribuer les moyens aux collèges pour la rentrée 2020[4] - [8].
Le ministère a publié en une note d’information[9] préfigurant l’utilisation de l’IPS croisée avec d’autres indicateurs pour affiner la répartition des moyens.
Transparence
L'indice de position sociale n'était pas public jusqu'en 2022, afin d'éviter, selon le Ministère de l'Éducation nationale, « qu’il ne serve d’outil au contournement de la carte scolaire ». En 2022, le tribunal administratif enjoint le Ministère à transmettre l'IPS de chaque collège et de chaque classe de CM2 à Alexandre Léchenet, journaliste à La Gazette des communes. Le journaliste avait saisi la commission d’accès aux documents administratifs mais s'était heurté à trois refus successifs de communication des données[10].
En octobre 2022 la DEPP du Ministère publie sur data.education.gouv.fr les indices de position sociale de l'année scolaire 2021-2022, en deux jeux de données distinctes, les écoles d'un côté[11] et les collèges de l'autre[12]. Ces jeux de données ne comportent en revanche pas la dispersion (ou écart-type) de l'indice de position sociale (IPS) au sein de chaque établissement[13].
Disparité entre public et privé
Le quotidien Le Monde indique que les indices de position sociale des collèges confirment une « fracture sociale », le privé concentrant les élèves les plus favorisés, notamment à Paris et dans les grandes villes[14]. Pour La Gazette des Communes, « les écoles et collèges privés sous contrat concentrent bel et bien les familles les plus aisées, et contribuent à la ségrégation scolaire »[15] : selon Libération, les écoles et collèges privés sous contrat sélectionnent surtout des enfants venant de milieu social aisé[16]. Ouest-France relève que sur les dix collèges les plus favorisés de Bretagne, neuf sont privés[17].
Références
- Rectorat de Nantes - SEPP, L’indice de position sociale des élèves du second degré, (lire en ligne), p. 4.
- Thierry Rocher - MENESR-DEPP, Construction d'un indice de position sociale des élèves, , 24 p. (lire en ligne).
- Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance - Ministère de l'Education Nationale, Construction d'un indice de position sociale des élèves - Table des indices croisés, (lire en ligne), p. 3.
- « CTSD59 : Rentrée 2020 dans les collèges et SEGPA du Nord », sur Site du SNES de Lille, (consulté le ).
- DIRECTION DE L’ÉVALUATION,DE LA PROSPECTIVE ET DE LA PERFORMANCE, Six types de collèges différenciés par la population accueillie et la situation géographique, , 4 p. (lire en ligne).
- « L’IPS : nouvel indicateur de classement des collèges », sur SNES Créteil, (consulté le ).
- Bureau SNES-FSU Guadeloupe, « Indice de Position Sociale de l'ensemble des élèves (Rentrée 2019) », sur SNES-FSU Guadeloupe, (consulté le ).
- « - Collèges du Nord : un indicateur social rebat les cartes de l’allocation des moyens », sur La Voix du Nord, (consulté le ).
- « Six types de collèges différenciés par la population accueillie et la situation géographique », sur education.gouv.fr, (consulté le ).
- Violaine Morin, « L’éducation nationale condamnée à révéler l’indice de position sociale des collèges et des CM2 », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- « Indices de position sociale dans les écoles de France métropolitaine et DROM », sur data.education.gouv.fr (consulté le ).
- « Indices de position sociale dans les collèges de France métropolitaine et DROM », sur data.education.gouv.fr (consulté le ).
- Colombe Saillard, « Que nous apprend la publication de l’Indice de Position sociale (IPS) des collèges français sur la concentration des élèves d’origine favorisée dans le secteur privé ? », sur Variances.eu, (consulté le ).
- Romain Imbach et Violaine Morin, « Entre école publique et école privée, les chiffres de la fracture sociale », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consulté le ).
- Jérémy Fichaux et Michèle Foin, « Ségrégation scolaire : ce que révèle l’indice de position sociale (IPS) », sur La Gazette des Communes, (consulté le ).
- Julien Guillot et Savinien de Rivet, « La très inégale répartition sociale des élèves dans l’enseignement privé et le public », sur Libération (consulté le ).
- Tanguy Homery, « Quel est le niveau social des écoles et collèges de Bretagne ? », Ouest-France,‎ (lire en ligne).
Voir aussi
Lien externe
- Indices de position sociale dans les collèges de France métropolitaine et DROM, sur data.education.gouv.fr.