Dans la théorie des probabilités, les inégalités de concentration fournissent des bornes sur la probabilité qu'une variable aléatoire dévie d'une certaine valeur (généralement l'espérance de cette variable aléatoire). Par exemple, la loi des grands nombres établit qu'une moyenne de variables aléatoires i.i.d. est, sous réserve de vérifier certaines conditions, proche de leur espérance commune. Certains résultats récents vont plus loin, en montrant que ce comportement est également vérifié par d'autres fonctions de variables aléatoires indépendantes[1].
Inégalités basiques
Inégalité de Markov
Cette inégalité indique la probabilité qu'une variable aléatoire à valeurs positives dépasse une certaine valeur, autrement dit elle permet de majorer la queue d'une loi de probabilité. En particulier, la probabilité qu'elle dépasse des valeurs de plus en plus grandes est de plus en plus faible. Si
est une variable aléatoire réelle qu'on suppose presque sûrement positive alors
![{\displaystyle \forall \lambda >0,\quad \mathbb {P} (X\geq \lambda )\leq {\frac {1}{\lambda }}\mathbb {E} [X].}](https://img.franco.wiki/i/10babbd62dc869528653980a477491a63567cede.svg)
Ce résultat possède un corollaire qui généralise ce résultat à toute fonction
croissante et positive :
![{\displaystyle \forall \lambda \in \mathbb {R} ,\mathbb {P} (X\geq \lambda )\leq {\frac {1}{\Phi (\lambda )}}\mathbb {E} [\Phi (X)].}](https://img.franco.wiki/i/70067a6c2ce7f51382d7b4a3dafffb2c758c7336.svg)
Inégalité de Bienaymé-Tchebychev
Cette inégalité indique comment une variable dévie de sa moyenne. En particulier, la probabilité qu'une variable aléatoire dévie d'une valeur de plus en plus grande de sa moyenne est de plus en plus faible. On la démontre grâce à l'inégalité de Markov. Soit
une variable aléatoire admettant un moment d'ordre deux alors
![{\displaystyle \forall \lambda >0,\quad \mathbb {P} \left(|X-\mathbb {E} [X]|\geq \lambda \right)\leq {\frac {\mathrm {Var} (X)}{\lambda ^{2}}}.}](https://img.franco.wiki/i/a9166eb40c6f12af875fdb5a6bae52a589a97cc5.svg)
On peut généraliser cela à une variable aléatoire admettant un moment d'ordre
:
![{\displaystyle \forall \lambda >0,\quad \mathbb {P} \left(|X-\mathbb {E} [X]|\geq \lambda \right)\leq {\frac {\mathbb {E} [|X-\mathbb {E} [X]|^{p}]}{\lambda ^{p}}}.}](https://img.franco.wiki/i/facdc594d1722eee5e72fa87944676a22f72cf8b.svg)
Inégalité de Chernoff
Cette inégalité permet de majorer la queue d'une loi de probabilité au même titre que l'inégalité de Markov. Elle ressemble à cette dernière mais donne une borne exponentielle.
Soit
une variable aléatoire dont la fonction génératrice
est finie. Alors

où
est la transformée de Cramér définie par 
Inégalité de Bennett
Cette inégalité majore la fonction génératrice des cumulants d'une somme de variables aléatoires indépendantes majorées centrées et majore en conséquence d'après l'inégalité de Chernoff la probabilité que cette somme dévie avec une quantité donnée. Soient
des variables i.i.d. de variance finie et tels que
presque-sûrement pour tout
et
. On pose
et
. Pour tout
,

où
pour
. En appliquant l'inégalité de Chernoff on obtient en particulier que pour tout
,

où
pour
.
Inégalités de la variance
Inégalité d'Efron-Stein
Cette inégalité borne la variance d'une fonction générale d'une variable aléatoire[1]. Soient
des variables indépendantes (pas nécessairement identiquement distribuées) et tels que
pour tout
. En posant
et
alors
![{\displaystyle \mathrm {Var} (f(X))\leq {\frac {1}{2}}\sum _{i=1}^{n}\mathbb {E} [(f(X)-f(X^{(i)}))^{2}].}](https://img.franco.wiki/i/22af1b3ea9e66829d2f7cd40a8e17c0b34c4a735.svg)
Inégalités du processus empirique
Inégalité DKW
Cette inégalité borne la probabilité que la fonction de répartition empirique diffère uniformément de la fonction de répartition de la variable aléatoire étudiée.
Soient
des variables i.i.d. de fonction de répartition
. On note
la fonction de répartition empirique basée sur l'échantillon
, c'est-à-dire

Alors l'inégalité d'un côté est donnée par :

Cette inégalité a pour conséquence l'inégalité des deux côtés suivante (qui n'a pas de conditions sur
) :

Inégalité de Borell
Cette inégalité donne une borne exponentielle pour la concentration d'un processus stochastique gaussien[2]. Soit
un processus gaussien stochastique séparable indexé par un espace semi-métrique
. On note
le supremum
et on suppose que le processus est centré, i.e.
pour tout
. On note
le supremum de la variance du processus et
la médiane de la variable
. Pour tout
,
Inégalité de Bousquet
L'inégalité de Bousquet donne la concentration du processus empirique indexé par des classes de fonctions bornées[3]. Soient
des variables aléatoires réelles i.i.d. indexés par
. On suppose que les variables sont centrées et majorées par 1, i.e.
et
pour tout
et
. On note
. Alors pour tout
,

où
pour
,
avec
. En optimisant la fonction
, on obtient en particulier
Inégalité de Talagrand
Cette inégalité donne également une borne exponentielle pour la concentration du processus empirique indexé par des classes de fonctions[4]. Soient
des variables i.i.d. à valeurs dans un espace
, une fonction
une fonction mesurable, et le processus empirique
. Si
est une classe de fonctions mesurables définies sur
à valeurs réelles vérifiant certaines conditions d'entropie métrique alors pour tout
,
où
et
.