Ilse Stöbe

Ilse Stöbe grandit dans une maison ouvrière de Berlin située Mainzer Strasse 1 à Berlin-Lichtenberg[3]. Elle est la seule fille du charpentier Max Stöbe et de son épouse Frieda, née Schumann. Elle a un demi-frère, de huit ans plus âgé, issu du premier mariage de sa mère, Kurt Müller. Il y a peu d'informations sur leur jeunesse ; beaucoup d'entre elles proviennent d'interrogatoires ultérieurs de son demi-frère, accusé de traîtrise par les nationaux-socialistes[4].

Stöbe fréquente une école professionnelle pour apprendre le métier de sténodactylographe avant d'être employée dans la maison d'édition de Rudolf Mosse, puis comme secrétaire du journaliste et écrivain Theodor Wolff au Berliner Tageblatt[5]. Il lui dédiera son roman Die Schwimmerin ("La nageuse"), écrit en 1937 aux États-Unis. Elle rencontre Rudolf Herrnstadt, qui deviendra son fiancé[6].

En 1929, Stöbe rejoint le Parti communiste allemand. À partir de 1931, elle travaille avec Herrnstadt pour constituer un groupe de renseignements de l'Am Apparat (section militaire) de l'Internationale communiste. Ce groupe regroupe, en plus d'Ilse Stöbe et lui, Gerhard Kegel (de) et son épouse Charlotte Vogt, l'éditeur Helmut Kindler (de) et l'avocat Lothar Bolz. Avec Herrnstadt en 1934, elle déménage à Varsovie, où elle travaille comme correspondante locale de la Neue Zürcher Zeitung jusqu'en septembre 1939 et écrit également pour d'autres journaux suisses[5]. Stöbe est alors membre du Parti national-socialiste des travailleurs allemands (parti nazi) et, à la mi-1934, est nommée attachée culturelle du bureau des affaires étrangères du parti nazi en Pologne.

Selon Helmut Kindler, elle est restée en contact avec lui en tant qu'ami d'enfance[7]. Lors des Jeux olympiques d'été de 1936 à Berlin, Stöbe rencontre l'éditeur suisse Rudolf Huber, qui lui laisse une part importante de sa fortune dans son testament à sa mort en 1940[8].

Peu de temps avant l'invasion allemande de la Pologne, elle revient à Berlin et travaille au département de l'information du Ministère des Affaires étrangères du Reich. Là, elle rencontre le journaliste Carl Helfrich, avec qui elle vit jusqu'à son arrestation en 1942. Selon son testament, il est le locataire de son appartement à Ahornallee 48 à Charlottenburg, Berlin[9].

Gerhard Kegel, qui est aussi un employé du ministère des Affaires étrangères à Berlin de 1935 à 1943, dit avoir soutenu Stöbe dans ses activités de renseignement clandestin après son retour de Pologne[10]. Elle aurait poursuivi cette activité jusqu'à son arrestation en 1942[11].

Elle est arrêtée le 12 septembre 1942 par la Gestapo, prétendument pour espionnage pour l'Union soviétique et pour appartenance au réseau d'espionnage soviétique appelé l'Orchestre rouge (Die Rote Kapelle). Un rapport de la Gestapo de novembre 1942 indique qu'un message radio de l'Union soviétique informait qu'un combattant de la résistance parachuté viendrait à son adresse. Après sept semaines de torture, elle est contrainte d'avouer ses liens avec les services secrets soviétiques et avec des personnes telles que Rudolf von Scheliha[12]. Tous deux sont condamnés à mort pour trahison le 14 décembre 1942 par le Reichskriegsgericht, et exécutés le 23 décembre 1942 à la prison de Plötzensee à Berlin, elle à la guillotine[5] et lui en étant suspendu à un crochet de boucher. L'agent soviétique, Heinrich Koenen (en), qui a atterri en Allemagne en parachute, est arrêté chez elle par un responsable de la Gestapo.

Sa mère est également arrêtée et envoyée au camp de concentration de Ravensbrück, où elle meurt en 1943[13]. Le frère de Stöbe, Kurt Müller, échappe de peu à l'arrestation et poursuit ses activités de résistance avec le groupe Union européenne jusqu'à son assassinat en juin 1944[14].

Stöbe (nom de code "Alta") envoie à plusieurs reprises des messages d'avertissement à l'Union soviétique au sujet de l'invasion allemande imminente de l'Union soviétique bien avant l'attaque[5].

Elle est la seule femme à figurer sur une pièce de monnaie spéciale émise par le ministère d'État est-allemand (Stasi) pour commémorer d'importants espions au service des communistes pendant la guerre. L'école professionnelle Ilse Stöbe de Market Street à Berlin est nommée en son honneur[15].

Elle a reçu l'Ordre du Drapeau rouge à titre posthume en 1969[5].

En juillet 2014, l'Office des Affaires étrangères lui rend hommage pour ses actions contre les nazis[16].