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Illus

Illus (? - 488) est un général byzantin au rÎle politique important sous les rÚgnes de Zénon et de Basiliscus et qui soutient l'usurpateur Léontios en 484.

Illus
Titre Magister Officiorum
magister militum
Autres titres consul
Grade militaire commandant des armĂ©es orientales de l’empire
Biographie
DĂ©cĂšs
Papurius en Isaurie

Biographie

Origines

Illus est originaire d'Isaurie tout comme ZĂ©non mais son lieu de naissance est inconnu. Il a deux frĂšres, Appallius Illus Trocundus militaire romain comme lui et Aspalios[1].

Pendant le rĂšgne de LĂ©on Ier (457—474), il a tenu diffĂ©rents postes militaires et est devenu proche du chef Tarasicodissa avant qu'il ne devienne empereur sous le nom de ZĂ©non. Jean Malalas fait d'Illus un oncle de ZĂ©non. Cependant les premiĂšres traces Ă©crites au sujet de ce gĂ©nĂ©ral datent de sa rĂ©volte contre ZĂ©non.

Il a combattu auprÚs de Tarasicodissa avant que celui-ci ne devienne Zénon, mais on ne connait pas les campagnes auxquelles il a participé.

Usurpation de Basiliscus

Alors que VĂ©rine, la veuve de LĂ©on Ier et belle-mĂšre de ZĂ©non, co-empereur avec son fils LĂ©on II, n'est pas satisfaite de son rĂŽle Ă  la cour de Constantinople, selon Jean d'Antioche, elle a pour amant Patricius, un ancien prĂ©fet du prĂ©toire. À la mort de LĂ©on II, en , elle fait une demande Ă  ZĂ©non (peut-ĂȘtre celle de pouvoir Ă©pouser Patricius) mais ZĂ©non refuse pour Ă©viter un autre prĂ©tendant au trĂŽne impĂ©rial. Cependant, les origines « barbares » de l’empereur lui amĂšnent l’antipathie du peuple de Constantinople et le parti germanique au sein de l’armĂ©e menĂ©e par ThĂ©odoric Strabon n’aime pas les officiers isauriens employĂ©s depuis LĂ©on Ier pour rĂ©duire la dĂ©pendance impĂ©riale vis-Ă -vis des Ostrogoths.

VĂ©rine se retourne alors contre ZĂ©non et soutient l’usurpation menĂ©e par son frĂšre, Basiliscus (475), avec le soutien des gĂ©nĂ©raux ThĂ©odoric Strabon et Illus, qui oblige ZĂ©non Ă  quitter Constantinople. Illus et son frĂšre Trocundus le poursuivent jusqu'en Isaurie Ă  la tĂȘte d'une armĂ©e. Les deux frĂšres sont vainqueurs face Ă  l'empereur en en le bloquant sur une colline baptisĂ©e "Constantinople" par les habitants. Illus prend en otage le frĂšre de ZĂ©non, Longinus.

Jean d'Antioche explique que Vérine espérait que Patricius soit mis sur le trÎne et qu'elle pourrait retrouver son statut d'impératrice. Cependant Patricius obtient seulement le titre de Magister Officiorum avant que Basiliscus ne le fasse tuer, tout comme les troupes d'Isauriens restées dans la capitale aprÚs la fuite de Zénon[2]. Illus et Trocondus, Isauriens d'origine, sont mécontents des actions de Basiliscus contre leurs troupes. L'impopularité de l'usurpateur grandit à mesure qu'il augmente les impÎts et défend les thÚses monophysites contre les thÚses chalcédoniennes majoritaires à Constantinople.

Alors, lorsque le SĂ©nat de Constantinople tente de faire changer les deux frĂšres de camp pour qu'ils soutiennent ZĂ©non, ils acceptent. Ils reçoivent des lettres d’un des importants ministres de la cour, les pressant de ramener ZĂ©non, car la citĂ© prĂ©fĂšre Ă  prĂ©sent un empereur isaurien restaurĂ© plutĂŽt qu’un monophysite, dont l’impopularitĂ© augmente avec la rapacitĂ© fiscale de ses ministres[2]. Celui-ci leur offre des cadeaux, leur fait des promesses et ils marchent ensemble sur Constantinople.

À NicĂ©e, en Bithynie, Illus et son frĂšre rencontrent l'armĂ©e d'Armatus, neveu de Basiliscus, qui lui aussi change de camp lorsque ZĂ©non lui promet de lui donner le titre de magister militum Ă  vie et de confĂ©rer le rang de cĂ©sar Ă  son fils. À Constantinople, ZĂ©non se rĂ©concilie avec VĂ©rine, renverse Basilicus et s’en dĂ©barrasse en le faisant probablement mourir de faim dans la forteresse de Papirius ainsi que sa famille en 477[3].

Rivalité avec Vérine et influence de Pamprépios

En 476, PamprĂ©pios, un Égyptien qui se prĂ©tend magicien ou prophĂšte, arrive Ă  Constantinople et devient rapidement cĂ©lĂšbre grĂące Ă  sa culture et Ă  ses connaissances spirituelles. Il est prĂ©sentĂ© par l'officier Marsus au magister militum. Illus devient son protecteur, le faisant reconnaĂźtre comme professeur, lui envoyant des Ă©tudiants, lui obtenant un salaire public et le payant en plus sur ses deniers privĂ©s. PamprĂ©pios a une mauvaise rĂ©putation dans la capitale, il serait paĂŻen, userait de la divination et son pouvoir sur Illus, le puissant gĂ©nĂ©ral, crĂ©e des jalousies Ă  la cour. Illus lui obtient mĂȘme le titre de patrice[4]. ZĂ©non ne supporte pas le protĂ©gĂ© d'Illus qu'il fait bannir de la capitale lors d'un voyage du gĂ©nĂ©ral.

L'influence d'Illus sur l'empereur supplante celles de ses autres conseillers. Il est maĂźtre des offices et patrice. Cela crĂ©e une inimitiĂ© entre lui et l'ancienne impĂ©ratrice VĂ©rine qui cherche Ă  se dĂ©barrasser du gĂ©nĂ©ral Ă  plusieurs reprises car, selon Daniel le Stylite, elle le considĂšre comme responsable de la mort de Patricius. Illus Ă©chappe Ă  plusieurs attentats dont l'un est fomentĂ© par Épinicus, un favori de VĂ©rine, qui avoue l'implication de l'ancienne impĂ©ratrice.

À la suite de cet attentat et de l'expulsion de PamprĂ©pios, Illus quitte la cour avec son protĂ©gĂ© pour l'Isaurie et refuse d'y revenir tant que VĂ©rine y est prĂ©sente. ZĂ©non la bannit de Constantinople oĂč elle ne reviendra plus, elle est envoyĂ©e en exil en Isaurie sous la surveillance de son ennemi jurĂ©, Illus.

La chronologie de ces évÚnements n'est pas claire et pourrait avoir eu lieu aprÚs la révolte de Marcien. Elle montre l'influence grandissante d'Illus sur l'empereur.

Révolte porphyrogénÚte de Marcien

Illus est fait consul en 478.

En 479, Marcien, fils d'AnthĂ©mius, l’empereur de l'ouest et sa femme LĂ©ontia, sƓur de l'impĂ©ratrice Ariane, fomentent une rĂ©volte basĂ©e sur le droit de succession de LĂ©ontia, au dĂ©triment de sa sƓur Ariane car elle est porphyrogĂ©nĂšte c'est-Ă -dire nĂ©e alors que son pĂšre Ă©tait empereur. Jean d'Antioche considĂšre que VĂ©rina est Ă  l'origine de cette rĂ©volte, mais son affirmation est incertaine.

Marcien dĂ©bute la rĂ©volte Ă  Constantinople oĂč il dĂ©fait les troupes de ZĂ©non avec l'aide de la foule et finit par l'assiĂ©ger dans son palais. Illus hĂ©site Ă  prendre parti mais PamprĂ©pios le convainc de prendre parti pour ZĂ©non. Illus corrompt les troupes de Marcien, il rĂ©ussit Ă  faire entrer dans la citĂ© des troupes isauriennes stationnĂ©es en ChalcĂ©doine et Marcien ainsi que ses frĂšres Procope et Romulus sont pris. Les frĂšres s'Ă©chappent mais Marcien est envoyĂ© soit Ă  Tarse en Cilicie pour devenir prĂȘtre dans une Ă©glise, soit Ă  Papirius en Isaurie dont la forteresse est une prison.

Illus est vraiment le protecteur incontournable de ZĂ©non sur le trĂŽne. En 481, ThĂ©odoric Strabon, ancien alliĂ© de Marcien, ayant perdu tous ses titres Ă  la suite de leur rĂ©volte, tente de traverser le Bosphore pour s'emparer de Constantinople. Illus le repousse in extremis et Strabon se retire en GrĂšce oĂč il meurt aprĂšs une chute de cheval[5].

Attentat d'Ariane

Trocondus son frÚre devient consul en 482 et Illus devient patricius et magister officiorum. Il s'acquitte parfaitement de ses offices en temps de paix comme en temps de guerre et s'intéresse aux sciences et à la littérature. Mais son pouvoir dérange toujours ses ennemis, l'ombre d'Aspar, faisant et défaisant les empereurs, plane sur ses actions.

En 480, toujours confinĂ©e en Isaurie, VĂ©rine entretient une correspondance avec sa fille l'impĂ©ratrice Ariane et lui demande d'ĂȘtre libĂ©rĂ©e. ZĂ©non et Illus refusent. Selon JordanĂšs, Illus influence ZĂ©non dans la suspicion vis-Ă -vis de l'impĂ©ratrice Ariane qui aurait Ă©chappĂ© Ă  un attentat fomentĂ© par son mari. Illus songe aussi Ă  changer d'empereur sur le trĂŽne et Ariane fomente alors un attentat contre lui Ă  l'hippodrome. Il en rĂ©chappe avec une oreille en moins. Son assaillant sera exĂ©cutĂ©. Illus est nommĂ© maĂźtre de la milice d'orient et suivi de PamprĂ©pios, il se retire Ă  NicĂ©e oĂč il se fait soigner, suivi par un grand nombre de ses partisans.

Conjuration de LĂ©ontius

Pendant son voyage Ă  l'est, Illus reçoit le commandement gĂ©nĂ©ral des armĂ©es. Marsus, qui lui a prĂ©sentĂ© PamprĂ©pios, et le patricien LĂ©ontius, tous deux officiers, le premier isaurien le second syrien, l’accompagnent ou se joignent Ă  lui lors de ce voyage, tout comme Trocondus. Il prĂ©pare le renversement de ZĂ©non en s'appuyant sur les catholiques et le paganisme de PamprĂ©pios contre l'empereur et les idĂ©es monophysites. Quand ZĂ©non proclame l'hĂ©notique, un Ă©dit de tendance monophysite et qu'un schisme a lieu au sein de l’Église en 484, la rĂ©volte devient ouverte[6].

Vers 483-484, le groupe de conjurĂ©s, alliĂ©s avec VĂ©rine sous surveillance d'Illus depuis son exil de Constantinople, organise une rĂ©volte contre ZĂ©non. Illus ne souhaite pas porter le pourpre lui-mĂȘme, il libĂšre Marcien prisonnier Ă  Papurius et le dĂ©clare empereur mais il le dĂ©pose rapidement et dĂ©clare LĂ©ontius empereur, vainc l'armĂ©e de ZĂ©non prĂšs d'Antioche, s'allie les troupes isauriennes impĂ©riales et prend possession de la forteresse de Papurius oĂč il libĂšre VĂ©rine. VĂ©rine, de rang impĂ©rial malgrĂ© son exil, peut couronner un Auguste. Illus la libĂšre et les deux conjurĂ©s, chalcĂ©donistes, proclament empereur LĂ©ontios, Ă  Tarse.

Illus est le vĂ©ritable responsable de cette conjuration, qui correspond aux menaces qu'il a faites Ă  l'impĂ©ratrice Ariane de changer l'homme sur le trĂŽne impĂ©rial. Il est difficile de comprendre que VĂ©rine s’allie Ă  son pire ennemi devenu commandant des armĂ©es orientales de l’empire. Cette rĂ©volte a pour but de renverser ZĂ©non et mettre sur le trĂŽne un usurpateur, LĂ©ontios. Peut-ĂȘtre contrainte, VĂ©rine envoie des lettres de soutien aux rebelles et demande Ă  certaines villes de soutenir la rĂ©volte. Cependant, elle n'est peut-ĂȘtre qu'une marionnette aux mains de son geĂŽlier et son changement de camp reste incongru au regard de la haine longtemps entretenue qu'elle a montrĂ©e les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes envers Illus. D'ailleurs, le couronnement terminĂ©, Illus la renvoie dans la forteresse-prison de Papurius. Elle meurt peu aprĂšs, Ă  la fin de l'annĂ©e 484.

En 485, ZĂ©non envoie une nouvelle armĂ©e contre les conjurĂ©s, constituĂ©e essentiellement de MacĂ©doniens et de Scythes sous le commandement de Jean le Scythe, aidĂ© par ThĂ©odoric le Grand. Les rebelles perdent prĂšs d'une ville dont la localisation n'est pas claire, SĂ©leucie, et se rĂ©fugient Ă  Papurius oĂč ils sont bloquĂ©s. Trocondus tente de s'Ă©chapper mais est fait prisonnier et tuĂ©. Illus et Leontius, ignorants du destin de Trocondus et encouragĂ©s par PamprĂ©pios qui leur assure du retour prochain de Trocondus et d'une victoire finale, rĂ©sistent pendant trois ans. Lors de la quatriĂšme annĂ©e, la mort de Trocondus est dĂ©couverte et Illus fait tuer PamprĂ©pios pour calmer ses troupes en colĂšre face au conseiller d'Illus. Le siĂšge s'achĂšve aprĂšs la trahison du beau-frĂšre de Trocondus et d'Illus, envoyĂ© de Constantinople par ZĂ©non. En 488, Illus et LĂ©ontius sont dĂ©capitĂ©s et leurs tĂȘtes sont envoyĂ©es Ă  l'empereur.

Tillemont et Le Beau suggÚrent que la révolte d'Illus était une tentative de restaurer le paganisme dans l'empire. Les preuves de cette tentative sont rares ; il est certain que la communauté païenne d'Alexandrie est persécutée par Zénon car ils sont suspects de soutenir la rébellion d'Illus[7]. Un païen converti, Paralius, écrit une lettre à ses anciens coreligionnaires dans laquelle il rappelle combien ils ont prié et sacrifié pour le succÚs de la révolte d'Illus et de Pamprépios contre Zénon, et combien d'oracles soutenaient une future victoire des conjurés bien qu'à la fin, le Christianisme ait gagné[8].

La religion d'Illus n'est pas connue bien que Pamprépios soit païen mais sa révolte semble plus liée à une ambition personnelle et à sa volonté de prendre une place à la cour proche de celle d'Aspar (qui plaça Léon Ier sur le trÎne) et de faire et défaire les empereurs byzantins. Il échoue dans cet objectif.

Références

  1. « Fl. Appalius illus trocundes » (consulté le )
  2. in Bury.
  3. selon Procope de Césarée.
  4. Jean d'Antioche (fragment 211.3) note le patriciat de Pamprépios.
  5. « la chronologie universelle Kronobase »
  6. AndrĂ© Chastagnol, La fin du monde antique, Paris, Nouvelles Éditions Latines, , p. 65 (lire en ligne)
  7. Les paĂŻens sont attaquĂ©s par le patriarche d'Alexandrie. Damascus et d'autres rejettent les idĂ©es de PamprĂ©pios peut-ĂȘtre pour Ă©loigner la suspicion des ChrĂ©tiens sur leur hypothĂ©tique soutien Ă  la rĂ©volte d'Illus. (Haas, Christopher, Alexandria in Late Antiquity, Johns Hopkins University Press, 2006, (ISBN 0-8018-5377-X), p. 326).
  8. (en) A.D Lee, Pagans and Christians in Late Antiquity : A Sourcebook, Routledge, , 328 p. (ISBN 0-415-13892-2, lire en ligne), p. 134.

Sources

  • "ΠαΌπρΔΜÎčÎżÏ‚ (Pamprenios)", Suda.
  • ThĂ©ophane, Chronographie.

Bibliographie

  • Stephen Williams, Gerard Friell, The Rome that did not fall, Routledge, 1999.
  • John Bagnall Bury, History of the Later Roman Empire, Dover Books, 1923 , « XII.1 The Usurpation of Basiliscus (A.D. 475‑476) », p. 389-395.
  • Patrick Armory, People and Identity in Ostrogothic Italy, 489-554, 1997, Cambridge University Press. p. 282–283.
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