Homosexualité dans le football professionnel

Anna Maria Martínez Sagi, poétesse et athlète des années 1930, dirigeante du FC Barcelone en 1934.

En Espagne, durant la Seconde République, l'athlète féministe Anna Maria Martínez Sagi, compagne de l'écrivaine Elisabeth Mulder[6], est l'une des dirigeantes du FC Barcelone[7]. D'autre part, le joueur de l'Atlético Madrid, le jeune Rafael Rodríguez Rapún, est le compagnon de Federico García Lorca, aficionado de l'équipe madrilène[8]. À la suite de l'assassinat du poète en 1936 par les franquistes, il s'engage dans la guerre d'Espagne où il meurt en 1937[9]. Après la Seconde Guerre mondiale, et durant l'après-guerre, l'homosexualité dans le football devient un sujet porté au silence. Il faut attendre l'année 1990, quand le footballeur anglais Justin Fashanu est le premier à faire son coming-out[10], pour que le thème revienne dans les médias.

En 1992 est créée l'International Gay and Lesbian Football Association, institution qui réunit des équipes de foot avec des joueurs homosexuels et des joueuses lesbiennes du monde entier. Cette association vise à lutter contre l'homophobie dans le monde du football[11].

Un drapeau arc-en-ciel brandi pendant un match de football professionnel.

En France, en 2006, Olivier Rouyer est l'un des précurseurs du coming out lors d'un entretien au journal L'Équipe[12].

Aux États-Unis, la footballeuse Megan Rapinoe milite pour les droits et la place des sportives et des sportifs LGBT[13].

En Allemagne, en 2021, le refus de l'UEFA d'illuminer le stade de Munich aux couleurs LGBT lors de l'Euro à la suite des lois hongroises crée un scandale européen[14]. Un grand mouvement de solidarité entre sportifs allemands encourage les joueurs homosexuels[15].

En 2022, Jake Daniels est le second joueur britannique, après Justin Fashanu, à parler de son homosexualité[16]. Son annonce, faite la veille de la Journée mondiale contre l'homophobie, est saluée par plusieurs personnalités[17] dont l'entraîneur de Liverpool Jürgen Klopp qui déclare : « Nous vivons en 2022. Que nous devions en parler autant est fou, mais on avance »[18].

En Espagne, le joueur du Rayo Vallecano de Madrid Cedrick Mugisha, tient le rôle d'un jeune homosexuel dans la série Smiley, romance gay de Noël diffusée sur Netflix en décembre 2022, avec le soutien de son club qui en fait la promotion sur son site officiel[19].

En 2023, le tchèque Jakub Jankto devient le premier international ouvertement gay[20].

En France, cela contraste avec le refus du joueur du PSG Idrissa Gana Gueye, de participer à un match de la Ligue 1, pour lequel les joueurs devaient porter un maillot aux couleurs arc-en-ciel dans le cadre de la lutte contre l'homophobie et de la polémique que ce refus entraine[21].

Dans la plupart des pays d'Europe, des chants et manifestations homophobes et lesbophobes se produisent lors de certains matches par le public[22], mais sont désormais dénoncés par le monde politique et les médias[2]. Ainsi, la ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, s'indigne de banderoles à caractère homophobe par quelques supporters du MHSC de Montpellier[23] lors d'un match contre Nantes le 15 janvier 2023. La ville de Montpellier et le président du MHSC, Laurent Nicollin, lui-même engagé avec ses joueurs dans la lutte contre les discriminations et l'homophobie[24], dénoncent ces actes[25]. La justice française s'empare de l'affaire[26].

De son côté, la FIFA, organisme qui règle ce sport au niveau mondial, a élaboré un « guide de bonnes pratiques » où les conduites homophobes sont interdites[27]. De nombreuses initiatives contemporaines, associatives et médiatiques[28], visent à lutter contre l'homophobie dans le football[29]. Néanmoins, la décision d'organiser la Coupe du monde 2022 au Qatar, pays dans lequel l'homosexualité est toujours criminalisée, a fait polémique dans quelques pays[30] et a suscité les interrogations de certains joueurs, comme l'Australien Josh Cavallo[31]. La ministre française des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, arbore, durant la compétition, un vêtement aux couleurs du drapeau arc-en-ciel[32].

Malgré tout, la France reste timide sur le sujet, contrairement à ses voisins européens[33]. Ainsi, en mai 2023, plusieurs joueurs professionnels français refusent de porter le maillot aux couleurs de l'arc-en-ciel dans le cadre de la lutte contre l'homophobie[34]. Le ministre Olivier Véran qualifie l'action de ces joueurs d'"anachronique"[35].

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