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Homme de Tian'anmen

L’Homme de Tian’anmen, Tank man (l’« Homme au char ») ou encore The Unknown Protester (« Le Manifestant inconnu ») est le surnom de l'homme restĂ© anonyme, mais mondialement cĂ©lĂšbre, qui fut filmĂ© et photographiĂ© alors qu'il s'efforçait de bloquer symboliquement la progression d'une colonne d'au moins dix-sept chars Type 59 de l'ArmĂ©e populaire de libĂ©ration lors des manifestations de la place Tian'anmen, en 1989, en RĂ©publique populaire de Chine.

Homme de Tian'anmen
Évocation de l'homme de Tian'anmen sur une fresque murale à Cologne (2015).
Biographie
Naissance
Nom dans la langue maternelle
杩態äșș
Nationalité
Activité

L'image de la scÚne est prise par deux reporters-cadreurs et cinq reporters-photographes perchés sur un balcon de l'hÎtel Beijing. Le cliché iconique est celui de Jeff Widener de l'Associated Press, qui a fait la une de nombreux journaux et magazines à l'époque.

Le monde entier fut frappé par la scÚne de ce char tentant vainement de contourner l'inconnu. L'image de l'incident est couramment utilisée pour symboliser le courage et la force de la non-violence face à la répression armée.

DĂ©roulement

L'incident se dĂ©roule Ă  PĂ©kin, le [1], Ă  proximitĂ© de la place Tian'anmen, qui se trouve au sud de la CitĂ© interdite. Au deuxiĂšme jour des violentes rĂ©pressions entreprises par le gouvernement chinois Ă  l'encontre des manifestations, l'homme se tenait Ă  800 mĂštres Ă  l'est de la porte Tian'anmen, au carrefour entre l'avenue Dongchang'anjie (äžœé•żćź‰èĄ—), empruntĂ©e par les chars, qui arrivent de l'ouest, l'avenue Zhengyilu (æ­Łäč‰è·Ż) au sud, et l'avenue Nanheyandajie (捗æČłæČżć€§èĄ—) au nord (39° 54â€Č 23,5″ N, 116° 23â€Č 59,8″ E). Les photos et films de la confrontation ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©s par des journalistes Ă©trangers depuis l'hĂŽtel PĂ©kin (挗äșŹé„­ćș—, Beijing Fandian) situĂ© sur Dongchang'anjie.

L'homme, portant un sac de couleur claire dans chaque main, est seul debout au milieu de la route quand les chars s'approchent. Les chars s'arrĂȘtent devant lui et il semble leur faire signe de repartir. En rĂ©ponse, le char de tĂȘte essaie Ă  plusieurs reprises de contourner l'homme mais celui-ci se place Ă  nouveau sur sa route. Puis l'individu grimpe sur le dessus du char de tĂȘte et a une brĂšve conversation avec un membre d'Ă©quipage. Les versions de ce qui a Ă©tĂ© dit au conducteur varient : « Pourquoi ĂȘtes-vous lĂ  ? Ma ville est en chaos Ă  cause de vous », « Faites demi-tour et arrĂȘtez de tuer mon peuple » et « Partez ». Les vidĂ©os prises par les journalistes occidentaux montrent que le jeune homme fut ensuite approchĂ© par un cycliste qui discute un court instant avec lui. Puis un homme, les bras levĂ©s, fait signe au chef de char qui le voit, le char Ă©tant alors immobilisĂ© ; enfin, trois autres hommes se mettent autour du jeune manifestant, le font se dĂ©placer sur le cĂŽtĂ© de l'avenue oĂč il se trouvait, hors du champ de vision des photographes ou journalistes qui ont filmĂ© cette scĂšne de rĂ©sistance passive.

Selon certaines journalistes, les quatre personnes intervenues étaient en fait des policiers en civil, présents dans ce secteur et devant faciliter le passage des chars, ce qui fut le cas, la progression des blindés s'effectuant ensuite sans aucune résistance.

L'homme

On ne connaĂźt pas de façon certaine l'identitĂ© de l'homme[2]. Peu de temps aprĂšs l'incident, le tabloid britannique the Sunday Express l'identifia comme Ă©tant Wang Weilin (王維林), un Ă©tudiant de 19 ans. Toutefois, la vĂ©racitĂ© de cette information n’est pas confirmĂ©e[3].

Il existe plusieurs histoires non concordantes relatives à ce qu'il est advenu de l'homme aprÚs la manifestation. Bruce Herschensohn, ancien assistant adjoint du président Richard Nixon, rapporta que l'homme fut exécuté 14 jours plus tard[4] ; d'autres sources avancent qu'il a été passé par les armes devant un peloton d'exécution quelques mois aprÚs les protestations de la place Tian'anmen. Dans Red China Blues: My Long March from Mao to Now, Jan Wong écrit qu'il est toujours vivant et se cache quelque part en Chine[3].

Le rĂ©cit d'un tĂ©moin oculaire des Ă©vĂ©nements, publiĂ© en par Charlie Cole, photographe pour le magazine Newsweek Ă  l'Ă©poque, indique que l'homme fut arrĂȘtĂ© immĂ©diatement aprĂšs l'incident[5] par le Bureau de sĂ©curitĂ© publique chinois.

Le gouvernement de la RĂ©publique populaire de Chine fit peu de commentaires sur ces circonstances et l'homme impliquĂ©. Dans une entrevue de 1990 avec la journaliste amĂ©ricaine Barbara Walters, Jiang Zemin, alors secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du Parti communiste chinois, indique qu'il n’a pas Ă©tĂ© Ă©crasĂ© par le char, mais il ne sait pas ce qu’il est devenu[6].

Ding Zilin, une des mĂšres de Tiananmen, indique qu'aucune d'entre elles n'a reconnu un de ses proches[7].

En 2019, l’activiste Yang Jianli, fait signer une pĂ©tition demandant au prĂ©sident Xi Jinping de rĂ©vĂ©ler ce qui est arrivĂ© Ă  Tank Man[8].

Analyses

Selon le caricaturiste Badiucao, Tank Man reprĂ©sente quelque chose de perdu dans l'actuelle gĂ©nĂ©ration chinoise : « l'idĂ©alisme, la passion, le sens des responsabilitĂ©s, et la confiance qu'un individu peut modifier le cours des Ă©venements ». « Tank Man est toujours d'actualitĂ© aujourd'hui et les gens devraient le voir. La sociĂ©tĂ© n'a pas beaucoup changĂ© depuis le massacre et l'oppression n'a jamais cessĂ© ». Badiucao a donnĂ© des instructions pour que les manifestants prennent une photo d'eux-mĂȘmes portant le costume classique de Tank Man : chemise blanche, pantalons noirs, et des chaussures noires, tout en tenant deux sacs blancs. L'artiste a fait des dessins pour les sacs, y compris des images de Peppa le cochon et Winnie l'ourson, les personnages censurĂ©s en Chine[9].

Pour le dissident chinois Hu Jia : « Il se peut que Tank Man ait Ă©tĂ© tuĂ©, jetĂ© en prison, qu'il ait fui Ă  l'Ă©tranger. Mais cela ne compte plus vraiment, car je pense que nous sommes tous Tank Man. À cet Ă©gard, il vit Ă©ternellement »[6].

MĂ©moire

Chanson

Dans l’album Speaking of Dreams, Joan Baez Ă©voque Tank man avec la chanson China : « Et mĂȘme la lune, en ce quatriĂšme jour de juin, Cacha son visage sans voir, Le soleil noir montant au-dessus de Tiananmen Et Wang Weilin, tu te souviens de lui, Il se tenait seul face aux tanks, Une ombre des ancĂȘtres oubliĂ©s sur la place Tiananmen
 »[10].

Censure

En 2013, la photographie est parodiée avec des gros canards jaunes qui remplacent les chars. Les autorités chinoises bloquent sur Internet les termes gros canard jaune[6] - [11].

En 2019, un spot publicitaire pour la marque Leica utilise la photo de Tank Man. La vidĂ©o a Ă©tĂ© retirĂ©e d’Internet en Chine, Leica se dĂ©solidarisant de cette publicitĂ©[12] - [13].

Oubli en Chine

Lors de la sortie de son livre The People's Republic of Amnesia; Tiananmen Revisited en 2015, la journaliste Louisa Lim a présenté la photo de Tank Man dans quatre campus de Pékin. Seulement 15 étudiants sur 100 ont déclaré qu'ils la connaissaient[14].

Notes et références

  1. « article sur l'express », sur http://www.lexpress.fr (consulté le )
  2. « Les clichĂ©s de « Tank Man », symbole de la rĂ©pression de Tiananmen », Le Monde.fr,‎ (lire en ligne, consultĂ© le )
  3. « Qu'est devenu «Tank man», l'homme sur la célÚbre photo de Tiananmen ? », sur CNEWS (consulté le )
  4. (en) « Tiananmen Square 25th anniversary: What happened to Tank Man? », sur The Independent, (consulté le )
  5. « L'homme de Tiananmen : l'acte de bravoure et la censure de Pékin », sur L'Obs, (consulté le )
  6. Le Point magazine, « "Tank Man", l'inoxydable icÎne de Tiananmen », sur Le Point, (consulté le )
  7. Christophe Deloire, L'Homme qui ne se retourne pas, Flammarion, (ISBN 978-2-08-133420-5, lire en ligne)
  8. (en-US) Javier C. HernĂĄndez, « 30 Years After Tiananmen, ‘Tank Man’ Remains an Icon and a Mystery », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consultĂ© le )
  9. (en-GB) Lily Kuo, « #Tankman2018: hero of Tiananmen protest remembered across globe », The Guardian,‎ (ISSN 0261-3077, lire en ligne, consultĂ© le )
  10. « Mais qui est Tank Man ? », sur www.telerama.fr, (consulté le )
  11. « Chine : les mots "gros canard jaune" censurés », sur Europe 1 (consulté le )
  12. Zhifan Liu, « «Tank Man», symbole de Tiananmen, embarrasse Leica en Chine », sur Libération (consulté le )
  13. (en) « Advert showing Tiananmen Square’s ‘Tank Man’ causes pain for Leica Camera », sur South China Morning Post, (consultĂ© le )
  14. « Tiananmen: la grande amnésie sur l'internet chinois », sur RFI, (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Adrien Gombeaud, L’Homme de la place Tiananmen, Éditions du Seuil, (ISBN 978 2 02 098254 2)

Liens externes

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