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Heraion (Paestum)

L'Heraion alla foce del Sele ou tempio di Hera Argiva est un sanctuaire antique dédié à la déesse grecque Héra, situé, à l'origine, à l'embouchure de la rivière Sele, à environ 9 kilomètres de la cité de Paestum, la municipalité actuelle de Capaccio Paestum, en Italie.

Heraion Ă  l'embouchure de la Sele
Les vestiges du sanctuaire d'Hera Argiva Ă  l'embouchure de la Sele
Les vestiges du sanctuaire d'Hera Argiva Ă  l'embouchure de la Sele
Localisation
Pays Italie
Ville Paestum
CoordonnĂ©es gĂ©ographiques 40° 25′ 12″ N, 15° 00′ 20″ E
Histoire
Caractéristiques

GĂ©olocalisation sur la carte : Campanie
(Voir situation sur carte : Campanie)
Heraion Ă  l'embouchure de la Sele
GĂ©olocalisation sur la carte : Italie
(Voir situation sur carte : Italie)
Heraion Ă  l'embouchure de la Sele
Grèce antique

Sources historiques

L’existence du sanctuaire est corroborée par des sources historiques qui, pendant longtemps, sont restées sans correspondance dans la réalité. Strabon place le sanctuaire de Hera Argiva à la frontière nord de la Lucanie, sur la rive gauche de la rivière Sele, à 50 stades de la ville de Paestum, et en attribue la fondation à Jason pendant l’expédition des Argonautes. Le même sanctuaire est placé par Pline l'Ancien sur la rive opposée de la rivière. Une telle imprécision, habituelle dans l’œuvre de l’écrivain latin, a pour effet d’obscurcir les données historiques en rendant problématique la découverte des restes[1].

Histoire

Le sanctuaire a été fondé au début du VIe siècle av. J.-C. par les Grecs en provenance de Sybaris, dédié à la déesse Héra Argiva protectrice de la navigation et de la fertilité. Au départ, un culte en plein air devait se dérouler dans une zone sacrée dotée d'un autel et d'un accès délimité par des portiques destinés à l'accueil des pèlerins. À la fin du VIe siècle est construit un grand temple, probablement octostyle (avec huit colonnes en façade) périptère. Sont à la même époque construits, devant le temple, à une certaine distance, deux autels monumentaux.

Après l’arrivée des Lucaniens, à la fin du Ve siècle av. J.-C., le sanctuaire connaît sa plus grande expansion avec la construction de nouveaux bâtiments avec réutilisation des matériaux issus des édifices anciens : un nouveau portique et, à proximité, un bâtiment pour les assemblées. À une certaine distance est bâti un édifice carré, dans lequel on a retrouvé de nombreux poids de métiers à tisser et où on suppose que les filles à marier devaient tisser le péplos pour la statue du culte, offerte à la déesse lors de la procession annuelle. On y a trouvé une statue en marbre d’Héra, assise sur un trône, tenant une grenade.

En 273 av. J.-C., la région est conquise par les Romains, qui y fondent la colonie de Paestum. Le bâtiment pour le tissage est détruit et une enceinte construite autour de la zone sacrée. Le sanctuaire survit jusqu’au IIe siècle après Jésus Christ. Après la formation de marécages dans la zone, l’emplacement du bâtiment est perdu. Le culte d’Héra demeure au début du christianisme grâce à la figure de la Madonna del Granato, présentée comme la représentation d’Héra avec la grenade.

Le sanctuaire est révélé par les fouilles archéologiques d'Umberto Zanotti Bianco et Paola Zancani Montuoro, entre 1934 et 1940[2].

Cycle sculptural des métopes

Dans les fouilles ont été retrouvées environ soixante-dix métopes avec des représentations gravées en grès local.

Environ une quarantaine correspondent à un cycle plus ancien (deuxième moitié du VIe siècle) et devaient décorer des bâtiments qui aujourd'hui ne sont plus reconnaissables. Les métopes de ce cycle représentent (en puzzles reconstitués) des épisodes du mythe des douze Travaux d'Hercule et du Cycle troyen, mais aussi de Jason et d'Oreste. Elles sont gravées en baissant le fond à l'extérieur de la ligne de contour des illustrations : de cette manière, la partie en relief reste très plate, sans doute coloré.

Le cycle le plus récent, d’environ trente métopes, représentant en bas-relief de jeunes danseuses, est déposé au musée archéologique national de Paestum, créé en 1952 autour de ces découvertes. Leur disposition muséale reprend la structure probable du temple à qui elles sont initialement attribuées. Toutefois, les scientifiques sont en désaccord sur l’interprétation des cycles narratifs et les emplacements.

Pour Roland Martin, les 38 métopes du cycle plus ancien (deuxième moitié du VIe siècle) devaient décorer un Thesauros (chapelle votive), avec un plan rectangulaire et une façade dorique avec deux colonnes dans les antis. Le chapiteau des colonnes doriques, souligné à la base de l’échinus avec deux filets détachés, était en contraste avec les chapiteaux ioniens des portes ; ces derniers, presque des éléments appliqués aux bouts du mur, présentent un corps principal qui s’évase pour supporter un épais abaque décoré avec des palmiers et des fleurs de lotus, tandis que la base est soulignée par un petit méandre. La décoration dorique, dépourvue de fonctions architecturales, était placée devant les éléments en bois qui soutenaient le toit. Les triglyphes, en encorbellement, comme dans le Temple C de Selinunte, sont larges, presque autant que les métopes. Les entailles visibles à l’arrière des métopes indiquent que ces dernières ont été insérées entre les triglyphes après la mise en œuvre des poutrages en bois[3].

Notes et références

  1. « Strabo, Geography, Book 6, chapter 1, section 1 », sur www.perseus.tufts.edu (consulté le )
  2. (it) Paola Zancani Montuoro, Friedrich Krauss et Umberto Zanotti-Bianco, Heraion alla foce del Sele 1, 1,, Libr. dello Stato, (OCLC 715128161, lire en ligne), p. 75
  3. (it) Jean Charbonneaux, Roland Martin et François Villard, La Grecia arcaica: 620-480 a.C., Rizzoli, (OCLC 875799057, lire en ligne), pp. 189-190

Annexes

Le musée narratif du sanctuaire d'Hera Argiva à l'embouchure de la Sele

Articles connexes

Bibliographie

  • Jean Charbonneaux, Roland Martin; François Villard, La Grecia arcaica : (620-480 a.C.), Milan, Rizzoli, 1978.
  • Zancani, Zanotti Bianco, Heraion alla Foce del Sele 1ÂŞ parte - 2 volumi= 1 di testo + 68 tavole fuori testo, Roma, Istituto Poligrafico dello Stato, 1951.
  • Lamboley J.-L., Les Grecs d’Occident : la pĂ©riode archaĂŻque, Paris, SEDES, 1995.
  • Greco E., La Grande-Grèce : histoire et archĂ©ologie, Paris, Hachette, 1996.
  • Mertens D., « La ville et ses monuments », dans Les dossiers de l’archĂ©ologie, La Grande‑Grèce, prĂ©sence grecque en Italie du Sud de l’époque archaĂŻque Ă  l’arrivĂ©e des Romains, n. 235, juin-, p. 54–66.

Liens externes

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