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Henry Bonnias

Henry ou Henri Bonnias, né le 8 vendémiaire an IX ()[2] et décédé le à Paris[3], est un homme politique de gauche proche d'Auguste Blanqui, et un homme de lettres français. Il fut un éphémère[4] préfet du Gard[5], pendant quelques jours, durant la Deuxième République et le mois de , révoqué pour raisons politiques.

Henry Bonnias
Biographie
Naissance
Décès
Nationalité
Activités
Autres informations
Archives conservées par
Archives nationales (F/1bI/156/34)[1]

Opposant politique durant la monarchie de Juillet

Henri Bonnias fonde la Charbonnerie à Marseille[6], mouvement qui se déchire entre Philippe Buonarroti et Giuseppe Mazzini. Deux lignes idéologiques s'affrontent, entre le jacobinisme et le babouvisme de Buonarroti, et celle de Mazzini qui interprète les enjeux de l'époque à travers une grille nationaliste. Mazzini l'emporte, et Buonarroti et ses proches, dont Bonnias, gagnent Paris[7].

Durant la révolution de 1830, Henri Bonnias est un des premiers signataires d'une pétition d'étudiants du Quartier latin, au sein de laquelle vient de constituer une nouvelle organisation, la société des amis du peuple[8]. Cette pétition, datée du et portée par quelques milliers de jeunes hommes, marchant vers l’Hôtel de Ville, proclame notamment : « La nation s’est affranchie de ses ennemis pour jouir de ses droits. Après ses généreux sacrifices et les preuves de raison qu’elle a données dans son éclatante victoire, elle ne peut reconnaître comme pouvoir constituant ni une chambre élective nommée durant l’existence et sous l’influence de la royauté qu’elle a renversée, ni une chambre aristocratique dont l’institution est en opposition directe avec les sentiments et les principes qui lui ont mis les armes à la main [...] elle appelle de ses vœux l’élection libre et populaire d’autres mandataires qui représentent réellement les besoins du peuple. Les assemblées primaires seules peuvent amener ce résultat. S’il en était autrement, la nation frapperait de nullité tout ce qui tendrait à la gêner dans l’exercice de ses droits conquis et scellés de son sang ». On parvient à les apaiser et à canaliser cette marche sans recourir à la force[8]. Henri Bonnias devient membre du bureau de la Société des amis du peuple[6].

En , toujours, les Belges se soulèvent contre les Hollandais, pour acquérir leur indépendance. Les Amis du Peuple organisent un bataillon pour aller combattre au côté des Belges. Ce bataillon est doté d'un drapeau noir marquée d'une devise : « Vaincre ou mourir ». Henri Bonnias est le chef civil de cette troupe[6] - [9]. Les effectifs passent d'une centaine d'hommes au départ à environ 600 sur place, en Belgique. Plusieurs sont tués. À l'indépendance de la Belgique, Charles Teste est envoyé à Bruxelles pour rapatrier le bataillon de la société des Amis du Peuple[6].

Après la publication d'une pièce de théâtre consacrée à Robespierre, mêlant vie publique et vie privée dans le goût de l'époque[10], Henri Bonnias fait partie des accusés du procès de cette Société des amis du peuple, en décembre 1831, aux côtés, entre autres, de François-Vincent Raspail, d'Auguste Blanqui, d'Ulysse Trélat et d'Antony Thouret. Le procès fait l'objet de nombreux comptes rendus dans la presse quotidienne nationale, citant en particulier les interventions de Blanqui et de Bonnias[11] - [12]. Le jugement le condamne à une amende de 500 francs et à une peine de prison de quinze mois[13]. « Traînée devant les tribunaux, la Société des Amis du Peuple fut condamnée à l’amende et à la prison dans la personne de MM. Raspail, Bonnias, Gervais, Thouret et Blanqui, mais après des scènes d’audience où avaient éclaté le dédain des accusés pour les juges et leur ferme résolution de ne jamais fléchir » écrit le journaliste, historien et homme politique Louis Blanc de ce procès[14]. « MM. Raspail, Trélat, Blanqui et Bonnias espéraient peut-être meilleure fortune de leur éloquence. En menaçant le président de le tutoyer, ils comptaient peut-être le convertir à la république. Malgré l’acquittement du jury et la rédaction illégale de l’arrêt qui les condamne, autant pour les doctrines qu’ils ont professées que pour les insultes adressées au tribunal, on ne peut que les plaindre, mais non pas les absoudre » commente de son côté la Revue des deux Mondes[15]. Cette utilisation du procès comme une tribune a-t-elle été favorable aux idées républicaines ? Ce qui est sûr, c'est que l'attitude des accusés et la mise en exergue des sociétés républicaines, ont fait le succès de nombreux ouvrages de l'époque, y compris du préfet de police, Henri Gisquet[16], ou, plus surprenant encore, d'un de ces indicateurs de police, Lucien de La Hodde, infiltré depuis des années dans les rangs de ces sociétés[17].

Les années suivantes, Henri Bonnias semble se contenter de faire fonction de secrétaire de Marc-René de Voyer d'Argenson, durant six ans[6]. Il continue également à fréquenter Philippe Buonarroti, compagnon de lutte à Marseille, Paris et en Belgique[18].

Parmi les forces de gauche durant la Deuxième République

Henri Bonnias réapparaît au premier rang dès la révolution française de 1848, au sein du club de la société républicaine centrale, appelé encore Club Blanqui. Aux côtés de son compagnon de lutte, Auguste Blanqui, il se montre comme ce dernier exigeant et critique vis-à-vis du Gouvernement provisoire[19].

À Nîmes, à la suite de la Révolution, un commissaire extraordinaire avait été nommé par le gouvernement provisoire en lieu et place du préfet. Le , à Paris, le gouvernement provisoire est remplacé par une commission exécutive, constituée de François Arago (également président de la Commission), d'Alphonse de Lamartine, de Louis-Antoine Garnier-Pagès, d'Alexandre Auguste Ledru-Rollin et de Pierre Marie de Saint-Georges. Point important : les membres les plus à gauche du gouvernement provisoire ne sont pas représentés au sein de cette commission. Dans les heures qui suivent, l'administration préfectorale se remet en place et de nouveaux préfets sont nommés, même si la terminologie change et s'ils sont appelés commissaire de la République. À Nîmes, le , à la surprise d'une partie des mouvements politiques locaux[20], Ledru-Rollin fait désigner Henri Bonnias, bien qu'il soit un des principaux orateurs du club de la société républicaine centrale[21]. Le provisoire cesse, du moins le croyait-on. Mais à Paris, les amis d'Auguste Blanqui tentent un coup de force, prenant prétexte de la nécessité, à leur sens, d'aider la Pologne face à la Russie lors de la révolution polonaise. Violant un décret qui interdit d'apporter des pétitions à la barre de l'Assemblée nationale, les délégués de clubs d'extrême-gauche, suivis d'une foule importante, se présentent le à midi, devant les portes du Palais Bourbon. En vain Lamartine essaie-t-il d'arrêter les perturbateurs, la foule brise les portes mal défendues et fait irruption dans la salle des séances. Lamartine et Ledru-Rollin rejoignent alors l'Hôtel de ville de Paris et prennent la tête de détachements de l'armée et de la Garde nationale. Le , Armand Barbès est arrêté, ainsi que Blanqui, peu de temps après, sur le pont Neuf. Les arrestations stoppent ce mouvement de nature insurrectionnel. Ces événements se répercutent à Nîmes et provoquent la révocation d'Henri Bonnias[22]. Dans la presse quotidienne française, nationale ou régionale, obnubilée par les secousses politiques parisiennes, l'annonce de la révocation d’Henri Bonnias arrive quelquefois en même temps que l'annonce de sa nomination comme préfet du Gard[20] - [23].

Il continue ensuite à participer à la vie politique, et est confronté à la montée des forces conservatrices et bonapartistes, puis à l'élection comme président de la République française de Louis-Napoléon Bonaparte. En , alors que plusieurs arrestations politiques sont opérées dans le Midi, il fait l'objet d'une perquisition relatée par la presse nationale[24].

Le coup d'État du 2 décembre 1851 change la donne, marque la fin de la Deuxième République et réduit encore ses espérances sur le succès des forces de gauche. Henri Bonnias meurt le à Paris et est enterré le : son décès est annoncé dans les quotidiens nationaux, notamment le journal La Presse[3], et le Journal des débats[25]. Le même Journal des débats reprend cette information dans son numéro daté du , où il rappelle les principaux décès survenus en 1852[26].

Ĺ’uvres

Références en bibliothèques universitaires

Principales Ĺ“uvres.

  • Le 9 Thermidor, ou la Mort de Robespierre, drame historique, ed. Moutardier, 1831
  • Procès des quinze. DĂ©fense du citoyen Henri Bonnias',Cour d'assises de la Seine , ed. A. Mie, 1832
  • Discours prononcĂ© sur la tombe de Voyer-d'Argenson, le par Henri Bonnias, son ancien secrĂ©taire, ed. Rouanet, 1842

Notes et références

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001513/d_142 » (consulté le )
  2. Lamoussière et Laharie 1998, p. 126
  3. RĂ©daction La Presse 1852, p. 2
  4. Jacques Bonnaud dans son ouvrage La Vie Ă  Bagnols sous la Seconde RĂ©publique, ed. J. Bonnaud, 1973 dit qu'il occupe son poste Ă  Nimes pendant 53 heures.
  5. Maurice Dommanget, Un drame politique en 1848 , ed. Les Deux Sirènes, 1948
  6. Caron 1980
  7. Jean-Yves Frétigné, Giuseppe Mazzini. Père de l'unité italienne, Fayard, 2006
  8. Weill 1928
  9. Kuypers 1960, p. 26
  10. Doyle 1989, p. 24
  11. RĂ©daction JPDF 1832 (11 jv)
  12. RĂ©daction JPDF 1832 (12 jv)
  13. RĂ©daction JPDF 1832 (15 jv)
  14. Blanc 1843
  15. RĂ©daction de la Revue des deux Mondes 1832
  16. Henri Joseph Gisquet, Mémoires de M. Gisquet, ancien préfet de police écrits par lui-même, ed. C. Hen, 1841.
  17. de La Hodde 1850
  18. Bouton 1849, p. 56
  19. Audebrand 1867, p. 252
  20. Rédaction La Liberté 1848, p. 4
  21. Journal de Toulouse, 28 mai 1848, n°138.
  22. Pieyre 1886
  23. RĂ©daction JDPL 1848, p. 2
  24. RĂ©daction JDPL 1850, p. 2
  25. RĂ©daction JDPL 1852, p. 2
  26. RĂ©daction JDPL 1853, p. 2

Voir aussi

Sources

Sources utilisées pour cet article, par année de parution, de 1832 à aujourd'hui.

Liens externes

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