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Happy slapping

Le happy slapping ou vidéolynchage[1] ou vidéoagression[2] est une pratique consistant à filmer l'agression physique d'une personne. Le terme s'applique à des gestes d'intensité variable, de la simple vexation aux violences les plus graves, y compris les violences sexuelles. Le terme anglais, qui signifie littéralement « donner joyeusement des baffes » est un jeu de mots sur l'expression « slap-happy », qui dénote une attitude joyeuse et débonnaire.

Depuis la fin de 2006, ce phénomène a pris de l'ampleur en France[3] et met en scène une personne ou un groupe de personnes fondant sur une cible ne soupçonnant pas l’imminence d’un assaut (généralement une personne seule), pendant qu’un complice filme l’attaque à l’aide de moyens vidéos divers, tels les téléphones mobiles équipés de caméras ou les smartphones. Cependant, selon le rapport thématique 2007 du défenseur des enfants, il ne s’agit pas toujours d’une agression surprise. L’agression est souvent préparée, mise en scène entre les jeunes, la victime désignée est prévenue qu’elle sera frappée[3].

Historique

Le mouvement serait apparu dans le sud de Londres, avant de se répandre à travers l’Europe et le nord des États-Unis.

Bien que le concept de filmer un délit ou un crime ne soit pas récent, la banalisation et la disponibilité en général de caméras vidéos motivent la planification des attaques, ce qui les rend facilement diffusables.

Simple provocation ou acte criminel ?

Le vidéolynchage peut se révéler plus violent encore qu’une gifle, et peut inclure des coups en rafale, voire des attaques sexuelles. Les assauts sont parfois accompagnés d’autres délits ou crimes, tels que, respectivement, le vol à la tire ou le viol. D’autres variations bien plus perverses encore du vidéolynchage ont été signalées, dont une au moins a abouti au décès de la victime :

  • en , une adolescente de 15 ans, Chelsea O’Mahoney – dont l’identitĂ© n’a d’abord pas Ă©tĂ© rĂ©vĂ©lĂ©e par les mĂ©dias pour des raisons lĂ©gales, plus tard dĂ©voilĂ©e dans un souci de responsabilisation de l’acte[4] – ainsi que ses complices Reece Sargeant, 21 ans, Darren Case, 18 ans, et le jeune David Blenman, 17 ans, ont tous Ă©tĂ© jugĂ©s coupables de l'agression violente de David Morley, près de la gare de Waterloo Ă  Londres. Barry Lee, 20 ans, ainsi qu’un autre adolescent de 17 ans, ont Ă©tĂ© innocentĂ©s de tout soupçon. « Après que l'adolescente de quinze ans eut expliquĂ© Ă  Morley, devant sa bande d’amis, qu’elle rĂ©alisait un film documentaire au sujet du happy slapping, l'homme, âgĂ© de trente-huit ans, a Ă©tĂ© battu Ă  mort. »[5] - [6] ;
  • en Irlande du Nord, des groupes de jeunes ont filmĂ© des attaques contre des Ă©quipes de pompiers ;
  • en 2005, deux jeunes ont Ă©tĂ© condamnĂ©s pour avoir immolĂ© un homme pendant une sĂ©ance de happy slapping ;
  • le , une adolescente de 17 ans a Ă©tĂ© blessĂ©e de plusieurs coups de fusil Ă  pompe et filmĂ©e dans un quartier de Leeds ;
  • le , la police britannique a arrĂŞtĂ© un garçon de 14 ans, soupçonnĂ© d’avoir violĂ© une enfant de 11 ans qui frĂ©quentait la mĂŞme Ă©cole. Les autoritĂ©s ont Ă©tĂ© alertĂ©es après que le personnel de l’école a vu des scènes du crime enregistrĂ©es sur le tĂ©lĂ©phone mobile de l’étudiant ;
  • le , en Suède, la veille de la FĂŞte nationale suĂ©doise, la presse Ă©crite suĂ©doise publie des articles sur des groupes anti-fascistes ou du front rĂ©volutionnaire ayant perpĂ©trĂ© et filmĂ© des attaques contre des nĂ©o-nazis. L’une d’entre elles, commise dans une station de mĂ©tro bondĂ©e, s’est rĂ©vĂ©lĂ©e si violente que les tĂ©moins ont cru que le skinhead nazi Ă©tait mort, mais il a survĂ©cu malgrĂ© de sĂ©vères blessures. Les activistes avaient dĂ©jĂ  filmĂ© et publiĂ© en 2003 une Ă©meute contre la police Ă  Salem, banlieue de Stockholm ;
  • en , l'agression, filmĂ©e avec un tĂ©lĂ©phone portable, d'une enseignante du lycĂ©e Lavoisier de Porcheville dans les Yvelines en France et dont les images ont circulĂ© parmi les Ă©lèves a crĂ©Ă© une vive Ă©motion. L'agresseur a Ă©tĂ© interpellĂ© et le sujet du happy slapping a fait la « une » de l'actualitĂ© et suscitĂ© des dĂ©bats en France. Le , Massire T., l'auteur de ce dĂ©lit, a Ă©tĂ© condamnĂ© Ă  un an de prison dont six mois avec sursis par le tribunal correctionnel de Versailles, pour atteinte Ă  la vie privĂ©e et non assistance Ă  personne en danger[7].

Aspect juridique

En France

En cas d'atteintes à l'intégrité corporelle de la victime, l'auteur des actes voit son comportement réprimé par la loi (articles 222-1 à 222-14-1[8]et 222-23 à 222-31[9]). Cependant, jusqu'en 2007, le statut du « caméraman » n'était pas clairement défini.

La loi française du 5 mars 2007 relative à la prévention de la délinquance[10] répond à ce vide juridique. L'article 222-33-3[11] du Code pénal précise le statut légal de toute personne enregistrant les images d'atteintes portées à l'intégrité physique de la victime :

  • le prĂ©venu est tout d'abord considĂ©rĂ© comme complice lĂ©gal de la personne se rendant coupable des atteintes Ă  l'intĂ©gritĂ© physique de la victime, et dès lors s'expose Ă  l'application des mĂŞmes peines que s'il se rendait coupable de ces actes de violence[12] ;
  • le fait de diffuser l'enregistrement de telles images est par ailleurs Ă©rigĂ© en infraction autonome, punie de cinq ans d'emprisonnement et de 75 000 euros d'amende.

Le troisième alinéa de cet article dispose qu'il n'est pas applicable « lorsque l'enregistrement ou la diffusion résulte de l'exercice normal d'une profession ayant pour objet d'informer le public ou est réalisé afin de servir de preuve en justice », excluant ainsi de toute poursuite les journalistes couvrant d'éventuels évènements violents, ainsi que la vidéosurveillance servant dans un cadre judiciaire.

Notes et références

Voir aussi


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