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Hans Sachs (collectionneur)

Hans Josef Sachs, né le à Breslau (Empire allemand) et mort le à New York, est un dentiste, directeur de publication et collectionneur d'affiches américain d'origine allemande.

Hans Sachs
Biographie
Naissance
Décès
(Ă  92 ans)
New York
Nationalités
Formation
Harvard Medical School
Harvard School of Dental Medicine (en)
Activités
Autres informations
Membre de
Verein der Plakatfreunde (d) ()
Lieu de détention

Il possĂ©dait avant 1938 l'une des plus importantes collections privĂ©es d'affiches artistiques au monde, soit près de 12 500, laquelle, spoliĂ©e par le rĂ©gime nazi, fut en partie restituĂ©e Ă  partir de 2012 Ă  ses hĂ©ritiers.

Biographie

Hans Josef Sachs commence Ă  collectionner des affiches Ă  l'âge de 16 ans, grâce Ă  son père. En 1904, il devient docteur en chimie, mĂ©decine et mathĂ©matiques, avant de se spĂ©cialiser dans la chirurgie-dentaire, publiant des Ă©tudes sur la parodontite. Il eut comme patient Albert Einstein. En dĂ©cembre 1905, il cofonde Ă  Berlin la Verein der Plakatfreunde (« SociĂ©tĂ© des amis de l'affiche ») ; nommĂ© directeur artistique, Lucian Bernhard en conçoit le logo. En 1910, Sachs lance un pĂ©riodique trimestriel, Das Plakat, consacrĂ© Ă  l'art de l'affiche et de la publicitĂ©, dans lequel il signe des articles sous divers pseudonymes (B. Kiesewetter, Karl Karrenbach ou Fritz Hasemann)[1] - [2]. Cette publication, devenue bimestrielle en 1913, va durer jusqu'en 1921, atteignant un tirage, fixĂ© au dĂ©part Ă  200 exemplaires, Ă  près de 10 000 exemplaires en 1920 ; autour de cette publication, un vaste rĂ©seau rĂ©gional et international s'est dĂ©veloppĂ©. En avril 1922, après la dissolution de la Verein der Plakatfreunde, il tente d'intĂ©resser la gouvernement de la rĂ©publique de Weimar Ă  un projet de musĂ©e consacrĂ© Ă  l'affiche dans le quartier de Berlin-Nikolassee. L'architecte Oskar Kaufmann (en) est chargĂ© de la conception du lieu. Après bien des difficultĂ©s, dont un incendie, le local est reconstruit en 1926[2] - [3] - [4].

Issu d'une famille juive totalement intégrée à la société allemande, ancien militaire durant la Première Guerre mondiale, Hans Sachs est inquiété une première fois par le régime nazi en 1935, et doit cesser d'exercer son métier. En 1937, son domicile est perquisitionné par la Gestapo. Le 9 novembre 1938, lors de la Nuit de Cristal, il est arrêté et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen durant vingt jours. Fin décembre, il parvient à quitter l'Allemagne avec sa famille pour les États-Unis via Londres avec sa seconde épouse Felicia et leur fils Peter, âgé d'un an. Entre 1939 et 1941 — déjà âgé de soixante ans — il repasse ses études de troisième cycle et les examens nécessaires à la Harvard Dental School (Boston), et obtient son diplôme dentaire en 1941 ; il peut alors exercer à New York. En 1962, il met fin à son activité professionnelle[4].

Une collection perdue

Peu avant de quitter l'Allemagne, Sachs confiait sa collection d'affiches Ă  un ami banquier, Richard Lenz, n'emportant avec lui qu'une trentaine d'affiches[2]. Cependant, le ministère de la Propagande nazie confisqua la collection au banquier[5]. Convaincu que sa collection est Ă  jamais perdue, Sachs rĂ©clame après guerre au gouvernement allemand une rĂ©paration, laquelle est fixĂ©e en mars 1961 Ă  225 000 deutschemarks. En 1966, Sachs est informĂ© qu'une partie de sa collection se trouve entreposĂ©e Ă  Berlin-Est dans les sous-sols du Museum fĂĽr Deutsche Geschichte der DDR (musĂ©e de l'Histoire allemande de la RDA, aujourd'hui disparu). En dĂ©pit de nombreuses dĂ©marches, Sachs ne devait jamais revoir sa collection avant sa mort, en 1974[6].

En 2004, son fils, Peter Sachs, installĂ© en Floride, contacte le nouveau MusĂ©e historique allemand (Berlin) : il propose de restituer l'indemnitĂ© (rĂ©Ă©valuĂ©e Ă  environ 600 000 euros versĂ©e en 1961), en Ă©change des affiches entreposĂ©es dans les rĂ©serves du musĂ©e. L'inventaire fait Ă©tat alors de seulement environ 4 300 affiches, Ă©valuĂ©es Ă  4,5 millions d'euros. La juge Jutta Limbach, qui prĂ©side la nouvelle Commission consultative dans le cadre de la restitution des biens culturels confisquĂ©s Ă  la suite des persĂ©cutions nazies, en particulier des biens juifs (Beratende Kommission im Zusammenhang mit der RĂĽckgabe NS-verfolgungsbedingt entzogenen Kulturguts, insbesondere aus jĂĽdischem Besitz) formĂ©e en 2003, est alors saisie. Ce n'est que le 16 mars 2012, que la Cour fĂ©dĂ©rale allemande finit par statuer que la famille Sachs demeure toujours la propriĂ©taire lĂ©gale de l'ensemble de la collection, malgrĂ© les indemnitĂ©s qui avaient Ă©tĂ© versĂ©es entre-temps[6]. Le MusĂ©e historique allemand annonce en mars 2012 qu'il nĂ©gocie avec Peter Sachs sur les modalitĂ©s de restitution de cette partie de la collection, qui finit par ĂŞtre restituĂ©e en octobre suivant. Peter Sachs dĂ©cide alors de vendre aux enchères les quelque 4 344 pièces restantes en trois vacations. En janvier 2013, une première partie de la collection — 1 200 affiches — est mise aux enchères Ă  New York et rapporte environ 2,5 millions de dollars[7]. Le MusĂ©e historique allemand acquiert de son cĂ´tĂ© 31 pièces aux enchères pour 50 000 euros. 100 autres affiches ont Ă©tĂ© vendues aux enchères chez Christie's Ă  Londres en 2016[8] - [9] - [10].

Notes et références

  1. (de) Christian Koch, Werbung für den Großen Krieg: Bildpropaganda für deutsche Kriegsanleihen im Ersten Weltkrieg, Hambourg, Bachelor + Master Publishing, 2015, p. 18 — sur Google Livres.
  2. (en) « The Dr. Hans Sachs Poster Collection. Part I », Catalogue de vente de la maison Guernsey's (New York), janvier 2013, pp. 7-29.
  3. (en) Steven Heller, « Graphic Design Magazines: 'Das Plakat' », in: Graphic Design Magazines, 25 (4), printemps 1999 — lire sur Typotheque.com.
  4. (de) René Grohnert, « Hans Sachs. Der Plakatfreund. Ein außergewöhnliches Leben 1881-1974 », Berlin, Deutschen Historischen Museum, juin 2009 — archives en ligne.
  5. (de) [PDF] Michael Kremin, Abschlussbericht Provenienzforschung Sachs. Chronologische Zusammenfassung der Ereignisse, Berlin, Deutschen Historischen Museum, juin 2009 [archives].
  6. (en) [PDF] Suzanne Glass, « Will posters confiscated by Nazis fromEinstein’s dentist be returned? », fr. The Times, 28 janvier 2010 — lire sur Commartrecovery.org.
  7. [AFP], « Une collection d'affiches, saisie par les nazis, sera mise aux enchères », Libération, 17 janvier 2013.
  8. (en) Catherine Hickley, « Nazi-Looted Posters Must Return to Sachs Heir, Court Rules », in: Bloomberg.com, 16 mars 2012.
  9. (en) Eve M. Kahn, « Posters Lost to Nazis Are Recovered, and Up for Sale », in: The New York Times, 12 octobre 2013.
  10. (en) [communiqué] Early 20th Century « Posters from the Dr Hans Sachs Collection to be Offered at Christie's this June », New York, Christie's, 16 mais 2016.

Liens externes

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