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Halle Freyssinet

La halle Freyssinet est un bâtiment ferroviaire construit dans les années 1920 qui a abrité jusqu'en 2006 les messageries de la gare d'Austerlitz. Son entrée est située au 5 parvis Alan-Turing, via la rue Eugène-Freyssinet située au niveau du 55 boulevard Vincent-Auriol, dans le 13e arrondissement de Paris.

Halle Freyssinet
Halles des Messageries
Intérieur - La nef centrale et les deux nefs latérales.
Présentation
Destination initiale
Destination actuelle
Incubateur de start-ups du numérique, restaurant
Style
Architecture moderne
Architecte
Jean-Michel Wilmotte (rénovation)
Ingénieur
Eugène Freyssinet
Matériau
colonne en béton armé, toit en béton précontraint (en)
Construction
Hauteur
23 m
Longueur
310 m
Occupant
Propriétaire
SNCF
Patrimonialité
Coordonnées
48° 50′ 04″ N, 2° 22′ 14″ E
Localisation sur la carte du 13e arrondissement de Paris
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Localisation sur la carte de Paris
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Elle a subi d'importants travaux de transformation, en vue d'accueillir en [1] des entreprises du secteur du numérique dans un espace de travail partagé, sous le nom de Station F[2]. Un restaurant y est aussi implanté.

Il existe une halle du même type construite en 1928 par le même architecte près de la gare d'Amiens. Longtemps appelée Halle Sernam pendant son exploitation par la SNCF, elle a pris le nom de Halle Freyssinet depuis son rachat par Amiens Métropole. En cours de réhabilitation (2022-2024), elle est destinée à être affectée à des activités évènementielles culturelles ou privées, à des pratiques sportives et à des espaces commerciaux dédiés à l'hôtellerie et à la restauration. La Halle Freyssinet est intégrée au sein du nouveau quartier Gare la Vallée (2022-2028) en cours d'aménagement à l'emplacement d'anciennes friches industrielles et commerciales.

Situation et accès

Ce site est desservi par la ligne ligne 6 à la station Chevaleret et la ligne ligne 14 à la station Bibliothèque François-Mitterrand.

Historique

Description

La halle, côté entrée.

La halle de messagerie de fret a été construite entre 1927 et 1929, le long des voies ferrées connectées à la gare d’Austerlitz. Elle tient son nom d’Eugène Freyssinet, l’ingénieur qui l’a conçue.

La halle comprend trois nefs et des auvents de part et d'autre. La partie centrale de la nef nord qui longe les voies ferrées a été surélevée pour pouvoir y installer des bureaux. Cinq voies ferrées étaient installées dans la halle.

  • Longueur : 310 m ;
  • Largeur maximale : 72 m (elle diminue cĂ´tĂ© sud-est).

DĂ©finition du programme

Face à l'augmentation du trafic de fret, la Compagnie du Paris-Orléans envisage dès 1913 la construction d'une nouvelle halle. La Première Guerre mondiale ayant arrêté tout projet, les réflexions reprennent en 1920.

La direction de la Compagnie confie, entre 1924 et 1927, l'Ă©tude du programme de cette nouvelle messagerie Ă  deux services internes, le bureau d'Ă©tudes et le service de l'exploitation :

  • le bureau d'Ă©tudes conçoit des quais protĂ©gĂ©s par des auvents pour couvrir les opĂ©rations de transbordement entre les trains et les camions ;
  • le service d'exploitation prĂ©voit une halle Ă  trois nefs suffisamment haute pour permettre la rĂ©alisation d'un Ă©tage supplĂ©mentaire pour faire face Ă  une hausse Ă©ventuelle du trafic et sur une partie de la nef nord une surĂ©lĂ©vation est prĂ©vue pour un second Ă©tage pour le stockage des petits colis. Dans la nef centrale qui doit recevoir trois voies de chemin de fer, l'ingĂ©nieur Victor Sabouret qui dĂ©fend ce projet, a prĂ©vu la possibilitĂ© de monter un pont roulant pour permettre une distribution mĂ©canisĂ©e des colis. Des auvents extĂ©rieurs protĂ©geaient les trains qui arrivaient sur les voies situĂ©es de part et d'autre de la halle.

C'est finalement cette dernière solution qui a été choisie par la direction de la Compagnie qui y voyait une possibilité d'améliorer la productivité des opérations de transbordement mais en remettant à plus tard la réalisation des planchers intermédiaires et du pont roulant. Le concours d'appel d'offres des entreprises est lancé au début de 1927. Il est remporté par l'entreprise Limousin dont le directeur technique est Eugène Freyssinet.

L'œuvre d'Eugène Freyssinet

Eugène Freyssinet a choisi une structure d'une extrĂŞme lĂ©gèretĂ© en adoptant des voĂ»tes cylindriques minces de cm d'Ă©paisseur pour les trois nefs Ă©clairĂ©es par des lanterneaux et supportĂ©es par des poteaux placĂ©s tous les 10,25 m dans le sens longitudinal. Les portĂ©es des voiles sont les suivantes :

  • nef sud (cĂ´tĂ© arrivĂ©e) : 16,20 m ;
  • nef centrale : 25 m ;
  • nef nord (cĂ´tĂ© dĂ©part) : 18 m.

Les auvents cĂ´tĂ© sud ont une portĂ©e de 8,30 m et une Ă©paisseur de cm. Ceux du cĂ´tĂ© nord sont plus courts (4,50 m). La structure se dĂ©compose en travĂ©es marquĂ©es par les hautes piles pyramidales. Les poussĂ©es des voĂ»tes sont reprises par des tirants placĂ©s au droit des poteaux. Ils sont horizontaux pour ceux des nefs et inclinĂ©s pour la reprise des efforts des auvents. L'extrĂ©mitĂ© du cĂ´tĂ© ouest se termine par un bâtiment administratif de deux Ă©tages, voĂ»tĂ©, disposĂ© perpendiculairement Ă  la halle[3].

La finesse et la qualité des voûtes des trois nefs donnent une grande élégance à ce bâtiment industriel reprenant un principe constructif pouvant se rapprocher de celui des églises-halles. Les auvents en voûtes cylindriques animent les longues façades nord et sud. La qualité des travaux de l'entreprise Limousin et l'utilisation de la vibration, mise au point par Freyssinet, pour la mise en place du béton, et diminuer sa porosité, ont permis de maintenir ce bâtiment dans un état de conservation remarquable.

On peut leur appliquer ce que Siegfried Giedion écrivait sur les voûtes du hangar d'Orly construites par Eugène Freyssinet :

« On peut facilement établir une filiation entre les arcs, d'une gracilité confinant à la fragilité, du chœur de Beauvais…[4] »

La halle a été mise en service le .

Réception du bâtiment

Dès sa réalisation, le bâtiment a été le sujet d'articles dans la presse spécialisée montrant sa grande qualité technique et architecturale dans sa réponse au programme de la Compagnie.

En , la municipalité de Nantes se rapproche de l'entreprise Limousin pour l'étude d'un marché couvert utilisant les mêmes techniques. Ce marché est réalisé en 1936.

En 1930, c'est le génie militaire qui s'y intéresse pour des applications dans ses propres constructions.

Le projet est présenté par la Compagnie Paris-Orléans dans le Bulletin de l'association internationale du Congrès des chemins de fer en 1929 et mentionne la technique des tirants prétendus utilisés pour les auvents.

L'ouvrage est mentionné comme ouvrage de référence dans le Cours de béton armé de l'École des travaux publics publié en 1943.

Modification de l'affectation

Les auvents de la halle du côté des voies ferrées de Paris-Austerlitz (côté nord).

La halle Freyssinet a été exploitée par le Sernam[5] jusqu’en 2006 puis laissée à l’abandon, d’où un certain nombre de dégradations, tels que graffitis, vitres cassées, etc. La SNCF n'ayant plus l'utilité de cette halle souhaitait s'en séparer. Prise dans le projet de Paris Rive Gauche, l'aménageur de la ZAC, la SEMAPA a d'abord eu la tentation de la démolir totalement ou partiellement pour utiliser le terrain ainsi libéré.

Plusieurs associations de défense du patrimoine (notamment Paris historique, la SPPEF devenue depuis Sites & Monuments et SOS Paris) et professionnelles (Cimbeton et Les amis de Freyssinet), ont réussi à convaincre (y compris dans leurs revues telle que Paris historique et Sites et monuments) les responsables au sein de l'État du caractère innovant de cette construction et de l'intérêt de la préserver pour les générations futures.

Par ailleurs, l'intérêt de la halle avait été rappelé à plusieurs reprises par les associations SPPEF (représentée par Philippe Moris et Vincent Lidsky) et SOS Paris (par Odile Stassinet), dans le cadre de la concertation que la SEMAPA avait dû mettre en place à la demande des commissaires-enquêteurs sur le projet d'aménagement Paris Rive Gauche, à partir de 1997. La présidence en avait été confiée au préfet G. Carrère ("garant"). Comme souvent lorsque l'avenir d'un bâtiment est incertain et menacé, l'état d'abandon de la halle ne plaidait pas vraiment en faveur de la conservation de l'édifice (apparence grise, saleté, absence d'entretien...).

Puis l'établissement public pour le palais de Justice de Paris qui était à la recherche d'un site s'intéresse à la halle pour y loger le nouveau tribunal de grande instance. Pour cela il lance un concours international d'architecture en . Il reçoit 275 projets de 34 pays en [6] dont les meilleurs ont été présentés à la Cité de l'architecture et du patrimoine au Palais de Chaillot. Cette possibilité de réutilisation n'ayant pu aboutir, l'intérêt exprimé par la communauté architecturale internationale a amené l'aménageur à reconsidérer l'avenir de la halle.

En 2011, elle est exploitée par un groupe d’évènementiel Bernard Jaulin qui a obtenu un bail de 5 ans auprès de la SNCF, propriétaire des locaux[7]et qui décide d'aider à la sauver en médiatisant la halle au travers d'évènements importants qui donnent une visibilité à cette belle endormie. Celui-ci y effectue des travaux important de rénovation afin de conserver le bâtiment pour accueillir le public et sauvegarder le corps du batiment qui commence à être abîmé (infiltration d'eau..). De nombreux défilés de la Fashion week pour des marques majeurs y sont organisés ainsi que ne nombreux évènements ou spectacles.

Le chantier de la ZAC Paris Rive Gauche lui a fait perdre définitivement sa vocation ferroviaire.

Bâtiment bas à côté des voies ferrées de la ligne partant de la gare Paris-Austerlitz, il se trouve face à des projets d'ouvrages construits au-dessus d'une dalle de couverture des voies ferrées.

L'avenir du bâtiment se joue en 2011, car la SNCF a déposé un permis de démolir limité au , mais le préfet a décidé de prolonger ce permis à démolir[8]. Si le principe de sa protection au titre des monuments historiques a été préconisé par la commission régionale des monuments historiques[9] en 2011, l'étendue de la protection à la totalité de l'édifice n'est pas encore entérinée par la préfecture de région. La Ville de Paris soutient un programme d'aménagement de l'îlot impliquant une démolition partielle de la halle[10], à ses deux extrémités[11].

Le , sous la pression de nombreuses associations et du travail de Bernard Jaulin, la halle Freyssinet a été inscrite au titre des monuments historiques dans son intégralité, à l'exclusion des bâtiments de bureaux situés au nord-ouest[12] - [13] - [14] - [15]. En , Bertrand Delanoë, maire de Paris, fait une demande de désinscription pour ce bâtiment[16].

Station F

Station F est un incubateur d'entreprises du secteur numĂ©rique, inaugurĂ© le , rĂ©parti sur un campus de 34 000 mètres carrĂ©s et situĂ© dans la Halle Freyssinet, Ă  Paris. Cet incubateur est crĂ©Ă© par Xavier Niel et dirigĂ© par Roxanne Varza. Il s'agit du plus grand incubateur d'entreprises au monde[17].

Notes et références

  1. "L'ouverture de Station F est retardée de quelques mois", lefigaro.fr, 24 mars 2017
  2. (en) Chris O'Brien, « Paris’ Station F to open in April 2017 with 1,000 startups, VCs, Facebook, and giant expectations », sur VentureBeat, (consulté le ).
  3. Nota : Une particularité de ces tirants, c'est qu'il ne sont pas fissurés alors qu'ils sont soumis à de la traction. Bien qu'aucun document ne permette de l'affirmer, il est probable qu'ils ont été préfabriqués avec des aciers prétendus, ce serait alors la première application du principe de la précontrainte par pré-tension appliquée au béton
  4. Siegried Giedion, Construire en France. Construire en béton
  5. Photos de la halle exploitée par le Sernam.
  6. EPPJP - Concours d'idées international pour l'implantation du nouveau palais de Justice de Paris à Tolbiac, palmarès du jury rendu le 27 novembre 2006.
  7. « "Un espace de grande liberté" ! » sur ada13.com.
  8. "La Halle Freyssinet devient un monument historique", Paris dépêches
  9. "BĂ©tons : Quel avenir pour la Halle Freyssinet ?", portail-beton.fr
  10. [PDF] "La Maîtrise d'Usage : rapport d'étape du 4 juillet 2007", maitrisedusage.eu
  11. "L'État veut classer la halle Freyssinet", Le Parisien, 6 juillet 2010
  12. "La halle Freyssinet enfin à l'abri", Libération
  13. "La halle Freyssinet protégée... mais de quoi ?", Libération, mars 2012
  14. Arrêté n°2012054-0004 du Préfet de la région d'Ile-de-France
  15. « Halle des messageries de la Gare d'Austerlitz », notice no PA75130005, base Mérimée, ministère français de la Culture
  16. Didier Rykner, « Bertrand Delanoë réclame la désinscription de la Halle Freyssinet », La Tribune de l'Art, (consulté le )
  17. « Avec Station F, Xavier Niel s’impose comme figure incontournable du monde des start-up », lesechos.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )

Voir aussi

Bibliographie

  • Blondel, Note au sujet des travaux d'agrandissement de la gare Paris-Austerlitz, dans la Revue gĂ©nĂ©rale des chemins de fer, 1929, no 3
  • Charles Dantin, Les nouvelles halles du service des messageries de la gare d'Austerlitz, p. 29-33, dans la reve Le GĂ©nie civil, (ASIN B00185NSH8) (lire en ligne)
  • Nicolas Nogue, Les messageries d'Austerlitz, dans la revue AMC-Le Moniteur architecture, no 75,
  • Bernard Marrey, Franck Hammoutène, Le bĂ©ton Ă  Paris, p. 74, Éditions du Pavillon de l'Arsenal, Picard Ă©diteur, Paris, 1999 (ISBN 2-907513-63-X) (ISBN 2-7084-0559-4)
  • Marie Françoise Laborde, Architecture industrielle Paris & alentours, p. 54, Parigramme, Paris, 2003 (ISBN 2-84096-315-9)
  • Claudine Cartier, Emmanuel de Roux, Patrimoine ferroviaire, p. 154-157, Éditions Scala, Paris, 2007 (ISBN 978-2-86656-394-3)
  • Claire Roullet-Sureau, La halle Freyssinet, le patrimoine industriel Ă  l’épreuve du projet urbain, dans la revue L'ArchĂ©ologie industrielle en France, 2007, no 50
  • Nicolas Nogue, La Halle des messageries de la gare d'Austerlitz, 1927-1929 : Eugène Freyssinet, Paris, 2007
  • Concours d’idĂ©es international pour l’implantation du nouveau Palais de Justice de Paris Ă  Tolbiac, halle Freyssinet, dans la revue Le Moniteur architecture AMC, , 58 pages, supplĂ©ment au no 167
  • Nicolas Nogue, Eugène Freyssinet. La halle des Messageries de la gare d'Austerlitz, 1927-1929, Jean Michel Place (collection architecture/archives), Paris, 2007 (ISBN 978-2-858939-21-3)
  • Paul Chemetov, Que faire des halles Freyssinet ?, p. 21, dans le journal Le Monde du
  • Delphine DĂ©sveaux, De Freyssinet Ă  Niel, l'excellence de l'innovation, p. 10-13, dans Construction moderne, , no 149 (lire en ligne)

Articles connexes

Liens externes

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