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HD Mac

HD-MAC ou HD MAC est une norme de transmission analogique de télévision à Haute définition adoptée sur décision de la Commission européenne en 1986.

Il fait partie de la famille des normes MAC (Multiplex of Analog Components). Le projet Eureka 95 constitue une première tentative de la CEE en vue de dĂ©ployer la tĂ©lĂ©vision Ă  Haute dĂ©finition (TVHD) en Europe. MĂ©lange complexe de signaux vidĂ©o analogiques, multiplexĂ©s avec un signal numĂ©rique vĂ©hiculant le son et des donnĂ©es d'assistance au dĂ©codage (DATV). Il exploite 25 images par seconde au format 16/9, chacune procurant 1 250 lignes, dont 1 152 rĂ©ellement visibles Ă  l'Ă©cran. Le balayage est entrelacĂ©, gĂ©nĂ©rant une frĂ©quence de trame de 50 Hz, comme pour le format 625 lignes analogique conventionnel. Le signal est gĂ©nĂ©rĂ© au moyen d'un encodeur D2-MAC amĂ©liorĂ©.

Convention de notation

La notation de l'UER définit la norme :

  • largeur x hauteur [type de balayage : i ou p] / nombre de trame ou d'images complètes par seconde

Le format 1280x720p/50 diffuse Ă  chaque seconde 50 images de 1280 pixels de large sur 720 de haut, en balayage progressif. Les lignes sont transmises dans l'ordre chronologique : 1, 2, 3, 4...

Le format des Ă©missions europĂ©ennes en dĂ©finition standard est 720x576i/25, soit 25 images par seconde de 720 pixels de large sur 576 de hauteur, en balayage entrelacĂ© : les lignes impaires 1, 3, 5... sont regroupĂ©es dans la trame impaire transmise en premier, puis celle-ci est suivie de la trame paire avec les lignes 2, 4, 6... Il y a donc deux trames pour chaque image, soit une frĂ©quence de trame de 25 x 2 = 50 Hz.

Un récepteur HD-MAC produit un signal au format 1152i/25 (lignes visibles) soit le double de la résolution de la définition standard et contenant théoriquement quatre fois plus d'informations. Les traitements numériques de l'encodeur exploitent une image en 1440x1152i/25.

HD-MAC peut être décodé mais en SDTV par des récepteurs D2-MAC. Dans ce mode, la résolution affichable se réduit à la définition standard de 576 lignes (pouvant accuser certains artefacts). Pour extraire la pleine résolution du signal, un décodeur HD-MAC spécifique est requis.

Tribulations de la norme

En , les travaux sur la norme HD-MAC sont officiellement lancĂ©s. Il s'agit de contrer la proposition japonaise, soutenue par les AmĂ©ricains et qui doit alors conduire Ă  faire du système conçu par la NHK, la norme mondiale. Cette initiative vise Ă  prĂ©server la compĂ©titivitĂ© de l'industrie europĂ©enne mais Ă©galement Ă  produire une norme compatible avec la frĂ©quence de trame de 50 Hz, utilisĂ©e par la majoritĂ© des pays du monde et l'Europe plus particulièrement. Le 60 Hz de la proposition japonaise engendre des inquiĂ©tudes aux AmĂ©ricains eux-mĂŞmes, car leur infrastructure en dĂ©finition standard, basĂ©e sur le NTSC M, repose sur une frĂ©quence rĂ©elle de 59,94 Hz ou 29,97 Hz. Cette diffĂ©rence apparemment mineure est susceptible de provoquer des difficultĂ©s non nĂ©gligeables.

Au mois de , les Japonais réalisent la première retransmission des jeux olympiques de Séoul, en haute définition, au moyen de leur procédé Hi-Vision ; la NHK produisant des programmes à ce format depuis 1982. Simultanément, durant ce même mois de septembre, l’Europe présente pour la première fois une alternative crédible, sous la forme d’une chaîne complète de transmission HD-MAC, à l'IBC 88 à Brighton (en). Cette présentation comprend les premiers prototypes de caméras à balayage progressif (Thomson/LER)[1].

Ă€ l'occasion des Jeux olympiques d'hiver de 1992 et des Jeux olympiques d'Ă©tĂ© de 1992, des dĂ©monstrations publiques de diffusion en HD-MAC sont organisĂ©es. Soixante rĂ©cepteurs HD-MAC pour les jeux d'Albertville et 700 pour les jeux de Barcelone sont installĂ©s dans les « Eurosites » afin de dĂ©montrer les possibilitĂ©s de la norme[2]. Un vidĂ©oprojecteur tritube HD 1152 lignes est exploitĂ© pour afficher une image de plusieurs mètres de large. On trouve Ă©galement quelques tĂ©lĂ©viseurs cathodiques HD 16/9 Thomson Space system. Le projet exploite aussi des rĂ©troprojecteurs. De plus, quelque 80 000 possesseurs de rĂ©cepteurs D2-MAC dont des abonnĂ©s Canal+ disposant d'un dĂ©codeur Decsat sont en mesure de suivre la retransmission, en dĂ©finition standard. On estime que 350 000 personnes en Europe suivent cette dĂ©monstration de TVHD europĂ©enne. Ce projet est financĂ© par la CEE. Le signal, après conversion en PAL, est exploitĂ© par des diffuseurs allemands tels que SWR, BR et 3Sat.

Le spectre disponible en UHF étant limité, HD-MAC n'est exploitable de facto que par les opérateurs du câble et de satellites moins restreints en bande passante. Toutefois, la norme n'obtient aucun véritable succès parmi les opérateurs. La haute définition analogique ne remplace pas les émissions conventionnelles aux formats 625 lignes, rendant les récepteurs HD-MAC peu attractifs pour le grand public.

La norme MAC est imposée à tous les opérateurs satellite de forte puissance à partir de 1986. Cependant, le lancement de satellites de moyenne puissance par SES S.A et l'exploitation quasi systématique du PAL leur permet de contourner le HD-MAC, réduisant ainsi sensiblement leurs coûts de diffusion. HD-MAC (la variante haute définition du MAC) demeure malgré tout un format exploité pour certaines liaisons intercontinentales par satellite.

La norme HD-MAC est abandonné en 1993 par l'Union européenne et l'UER visant à lui préférer la norme DVB (Digital Video Broadcasting), capable de transmettre aussi bien la définition standard que la haute définition.

Un article au sujet de l'IFA 1993 (en) donne une vision de l'état du projet au moment où il vit ses derniers mois. À noter la mention d'"une compilation spéciale de la BBC encodée en HD-MAC et reproduite à partir d'un magnétoscope D1".

DĂ©tails techniques

Transmission

Les Ă©missions analogiques PAL/SÉCAM en dĂ©finition standard occupent 6-, 7- (VHF), ou MHz (UHF). Le 819 lignes français (système E) disposait de canaux de 14 MHz en VHF. Dans le cas du HD-MAC, le canal de transmission doit garantir une bande passante d'au moins 11,14 MHz en bande de base[3]. La norme Ă©voque la possibilitĂ© de faire passer le signal dans des canaux Ă  MHz, mais dans ce cas, les donnĂ©es d'assistance ne peuvent plus ĂŞtre dĂ©codĂ©es correctement et on ne peut en tirer qu'une image en dĂ©finition standard, au moyen d'un rĂ©cepteur D2-MAC. Pour conserver toutes ses qualitĂ©s au signal, il faut donc tabler sur un espacement standard des canaux de 12 MHz sur un rĂ©seau câblĂ©. Pour la transmission par satellite, du fait de l'Ă©largissement du spectre provoquĂ© par la modulation de frĂ©quence, la capacitĂ© d'un transpondeur complet devait ĂŞtre utilisĂ©e, soit 27 Ă  36 MHz de largeur de bande[4]. Ă€ noter que la situation est similaire en dĂ©finition standard : un transpondeur ne peut hĂ©berger qu'une seule chaĂ®ne analogique. Le passage en HD ne constitue donc pas un handicap particulier dans ce contexte.

La réduction de bande passante

Signal MAC simulé. La largeur représente une ligne (sur les 625) de 64 µs. De gauche à droite : le signal numérique son et data, ensuite les signaux analogiques compressés chrominance et noir et blanc. On remarque l’occupation moindre du signal couleur, celui-ci étant deux fois plus compressé que le signal noir et blanc.

L'opĂ©ration Ă©tait effectuĂ©e en partant d'une source vidĂ©o analogique (mĂŞme lorsqu'elle provenait d'un magnĂ©toscope numĂ©rique, elle Ă©tait reconvertie en analogique par ce dernier avant d'ĂŞtre injectĂ©e dans l'encodeur[5]). La frĂ©quence de trame attendue Ă©tait de 50 Hz. Le signal pouvait ĂŞtre sous forme entrelacĂ©e, Ă  25 images par seconde (notĂ© 1250/50/2 dans la spĂ©cification), ou en balayage progressif, avec 50 images complètes par seconde (1250/50/1). C'est la version entrelacĂ©e qui Ă©tait utilisĂ©e en pratique. Dans tous les cas, le nombre de lignes visibles Ă©tait de 1152, soit le double de ce qui se faisait en dĂ©finition standard. Le nombre de lignes total pour chaque image, en incluant celles qui ne pouvaient ĂŞtre affichĂ©es, se montait Ă  1250. Ceci correspondait Ă  une durĂ©e de ligne de 32 µs. Selon la recommandation ITU pour les paramètres standards de la haute dĂ©finition[6], la partie active de la ligne Ă©tait de 26.67 µs (ces chiffres sont Ă©galement citĂ©s dans la documentation de la camĂ©ra LDK 9000 [7]).

Dans un contexte moderne oĂą les pixels carrĂ©s sont privilĂ©giĂ©s, cela aurait dĂ» amener Ă  une rĂ©solution de 2048x1152. Ce n'Ă©tait cependant pas considĂ©rĂ© comme une nĂ©cessitĂ© Ă  l'Ă©poque, et la spĂ©cification se contente d'indiquer une frĂ©quence d’échantillonnage de 72 MHz, pour un signal d'entrĂ©e entrelacĂ© (et 144 MHz en progressif) On aboutit ainsi Ă  72 x 26.67 = 1920 pixels horizontaux. On se ramenait ensuite Ă  1440 par une conversion effectuĂ©e dans le domaine Ă©chantillonnĂ©. Ceci correspond Ă  une opĂ©ration de surĂ©chantillonnage permettant de prĂ©server toute la bande passante thĂ©orique de la rĂ©solution finale, en dĂ©pit des imperfections des filtres passe bas analogiques nĂ©cessaires dans toute chaĂ®ne Ă©chantillonnĂ©e. En rĂ©alitĂ©, le signal d'entrĂ©e provenait souvent de sources pour lesquelles, pour des raisons Ă©conomiques, une frĂ©quence de 54 MHz avait Ă©tĂ© utilisĂ©e au cours des traitements prĂ©cĂ©dents, et la rĂ©solution Ă©tait donc en pratique infĂ©rieure (un Ă©chantillonnage Ă  54 MHz permet de traiter un signal ayant des composantes jusqu'Ă  27 MHz, ce qui permettrait de sĂ©parer 1440 points sur une ligne de 26.67 µs, mais le filtre analogique chargĂ© de couper Ă  27 MHz ne pouvait avoir une pente infinie, et commençait donc Ă  attĂ©nuer le signal bien avant cette valeur).

Quel que soit son contenu réél en informations, le signal d'entrée était ramené à une grille de 1440x1152 échantillons, entrelacée à 25 images par seconde[8], comme point de départ pour effectuer les opérations de réduction.

Pour accroître la résolution horizontale, dans la norme D2-MAC, il suffit d'augmenter la bande passante. C'était facile à réaliser dans la mesure où, contrairement au PAL, le son n'est pas transmis sur une sous-porteuse séparée, mais multiplexé avec l'image. Malheureusement, il était plus complexe d'augmenter la définition verticale, car la fréquence de ligne devait être maintenue à 15,625 Hz pour rester compatible avec le D2-MAC. Ceci laissait trois possibilités:

  • 50 images par seconde avec 288 lignes pour les scènes en mouvement rapide (mode 20 ms)
  • 25 images par seconde avec 576 lignes pour les scènes en mouvement modĂ©rĂ© (mode 40 ms)
  • 12,5 images per seconde avec la totalitĂ© des 1 152 lignes pour les mouvements lents (mode 80 ms)

Le choix à l'encodage se faisait non pas pour l'image entière, mais individuellement, sur chacun des petits blocs de 16x16 pixels qui la composaient. On insérait ensuite dans le flux numérique DATV intégré au multiplex MAC les informations permettant de contrôler la méthode de reconstruction que le décodeur devrait utiliser.

L’encodeur pouvait travailler en mode opératoire « Caméra », dans lequel les trois modes de codage étaient exploités, mais également en mode opératoire « film », qui ne recourait pas au mode de codage 20 ms.

Le mode 20 ms offre une définition temporelle améliorée, mais le mode 80 ms est le seul à offrir une haute définition spatiale, au sens où on l'entend habituellement. Il tire parti de sa cadence réduite de 12,5 i/s pour répartir le contenu de l'image HD sur 2 images SD, soient 4 trames de 20 ms = 80 ms, ce qui justifie son appellation.

Mais cela est insuffisant, car une image HD contient l'équivalent de 4 images SD. Cela aurait pu être "résolu" en doublant la bande passante du D2-MAC, ce qui aurait accru la résolution horizontale dans les mêmes proportions. Au lieu de cela, on a conservé la même bande passante, et éliminé un pixel sur deux de chaque ligne horizontale. Ce sous-échantillonnage est réalisé "en quinconce" : si sur chaque ligne les pixels sont numérotés indépendamment de 1 à 1440, sur la première ligne on conserve les pixels 1,3,5... Sur la ligne suivante, on prend les pixels 2,4,6... Puis à la ligne suivante à nouveau 1,3,5.. De cette manière, on conserve de l'information sur toutes les colonnes de l'image HD. À la réception, chaque pixel manquant est entouré de 4 pixels transmis (sauf sur les bords de l'image) et peut être remplacé par une interpolation à partir de ceux-ci. La resolution horizontale de 720 ainsi obtenue était, de plus, tronquée à 697, nombre maximal d'échantillons pouvant loger sur une ligne du multiplex vidéo D2-HDMAC[9].

Le cumul de ces opérations aboutissait à une réduction d'un facteur 4:1 qui permettait au signal haute définition de passer au travers d'un canal D2-MAC standard. Les échantillons sélectionnés au cours du processus de réduction étaient assemblés pour constituer un signal D2-MAC valide, et finalement reconvertis en analogique pour la transmission. Les paramètres de modulation étaient choisis de manière à préserver l'indépendance des échantillons[10].

Pour décoder complètement l'image, la partie analogique du signal MAC devait être numérisée, puis relue plusieurs fois à partir d'une mémoire. Le décodeur était alors en mesure de reconstruire à partir de ces informations, et du guidage procuré par le flux DATV, une image au format 1394x1152i/25, juste avant le convertisseur numérique/analogique en sortie.

On obtenait ainsi en bout de chaine un signal vidĂ©o analogique en haute dĂ©finition de 1250 lignes (1152 lignes visibles), entrelacĂ©, Ă  25 images par seconde (frĂ©quence de trame de 50 Hz).

Le balayage progressif

On se rĂ©fère gĂ©nĂ©ralement aux systèmes europĂ©ens comme Ă  des normes 50 Hz (frĂ©quence de trame). Il faut cependant rĂ©aliser qu'aucun Ă©lĂ©ment de l’image n’est rafraichi Ă  cette frĂ©quence. Un point fait forcĂ©ment partie d’une trame paire ou impaire, et une seule trame d’un type donnĂ© est transmise Ă  chaque image. Le rafraichissement se fait donc Ă  la cadence d’image, soit seulement 25 fois par seconde. Les deux trames sont capturĂ©es Ă  20 ms d'intervalle, l'une après l'autre, ce qui procure une analyse Ă  50 Hz des mouvements rapides, mais engendre divers dĂ©fauts du fait que les deux moitiĂ©s de l'image ne correspondent pas exactement puisqu'elles ne reprĂ©sentent pas le mĂŞme instant.

Le projet Eu95 prĂ©voyait une Ă©volution vers le balayage progressif et ce format d'entrĂ©e est pris en compte comme source possible dans la spĂ©cification D2-HDMAC. Dans ce cas, une image complète est capturĂ©e toutes les 20 ms, ce qui prĂ©serve la qualitĂ© de mouvement dĂ©jĂ  possible en tĂ©lĂ©vision classique, et y ajoute des images dĂ©pourvues d'artefacts, reprĂ©sentant un seul instant dans le temps, comme cela se pratique pour le cinĂ©ma. La cadence du cinĂ©ma Ă  24 images par seconde est cependant assez faible, et il est nĂ©cessaire de conserver un certain flou dans le mouvement pour que l'Ĺ“il le perçoive comme suffisamment fluide. On fait plus que doubler cette cadence en passant Ă  50 Hz, ce qui permet de rĂ©duire le flou, et donc de produire des images plus piquĂ©es.

En pratique, le 50P ne fut guère utilisé. Certains test ont même eu recours à des films enregistrés à 50 images par seconde, et convertis ensuite en vidéo au moyen d'un télécinéma[11].

Une caméra progressive fut réalisé par Thomson, en collaboration avec le LER, cependant elle utilisait l'échantillonnage en quinconce, et ne constituait donc pas une caméra en pleine haute définition au sens moderne[12].

Des camĂ©ras CCD furent dĂ©veloppĂ©es dans le cadre du projet, par exemple la LDK9000 (en) : 50 dB de rapport signal bruit Ă  30 MHz, 1 000 lux Ă  F/4.

Cette exigence aurait impliqué de repousser les limites technologiques de l’époque, et ajouté au manque de sensibilité notoire de certaines caméras Eu 95 (particulièrement à tube), qui fut une des difficultés rencontrées lors du tournage du film « L’affaire Seznec » en 1250i.

Les images théoriquement produites par une telle caméra progressive (1920x1152p/50) auraient représenté un débit de pixels presque deux fois plus élevé que celui du système Hi-Vision (1920x1035i/30), mais le format HD-MAC ne pouvait en retransmettre qu’une fraction (le système MUSE (en) japonais, également basé sur des techniques de sous-échantillonnage, imposait des restrictions de même nature).

S'il avait survĂ©cu, le système Eu95 aurait offert une meilleure compatibilitĂ© que son concurrent avec les techniques cinĂ©matographiques, d'une part par l'utilisation du balayage progressif, et d'autre part par la facilitĂ© et la qualitĂ© avec laquelle les normes de la famille 50 Hz peuvent ĂŞtre ramenĂ©s Ă  la cadence du film Ă  24 images par seconde (opĂ©ration inverse du « PAL speed-up Â», Ă  savoir un simple ralentissement dans la proportion de 25/24). Il ne semble pas que des camĂ©ras 25P aient Ă©tĂ© envisagĂ©es, mais on aurait pu obtenir l'Ă©quivalent en prenant une image sur 2 d'un flux 50P. Si ce dernier a Ă©tĂ© capturĂ© avec un obturateur complètement ouvert (ou pas d'obturateur du tout), il produira le mĂŞme flou de mouvement que du 25P enregistrĂ© avec un obturateur Ă  moitiĂ© ouvert (180°), ce qui est un rĂ©glage communĂ©ment utilisĂ© au cinĂ©ma.

Dans la pratique, le Hi-Vision semble avoir eu plus de succès dans ce domaine, avec à son actif des films tels que Giulia e Giulia et Prospero's books.

L'enregistrement

Pour le grand public

Si la norme avait été déployée, la grande majorité des enregistrements aurait été constituée par ceux réalisés à domicile par les téléspectateurs. Comme ceux-ci n'auraient eu accès à la haute définition que par le biais du signal HD-MAC, c'est ce dernier qu'il aurait fallu enregistrer (tout comme on utilisait des magnétoscopes SECAM ou PAL en définition standard). Compte tenu des performances limitées imposées par les contraintes de coût du matériel grand public, il aurait de toute façon représenté un choix naturel, du fait de sa bande passante limitée (par rapport à un signal non compressé).

Un prototype de magnĂ©toscope grand public avait Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© en 1988. Il avait une durĂ©e d'enregistrement de 80 min et utilisait une bande « mĂ©tal Â» de 1,25 cm. La bande passante Ă©tait de 10,125 MHz et le rapport S/B de 42 dB[13].

Un prototype de lecteur de vidĂ©odisque HD-MAC avait Ă©galement Ă©tĂ© dĂ©veloppĂ©[14]. La version prĂ©sentĂ©e en 1988 enregistrait 20 min par face d'un disque de 30 cm. La bande passante Ă©tait de 12 MHz avec un rapport S/B de 32 dB[15]. Quelques heures de programme ont Ă©tĂ© diffusĂ©es Ă  partir de ce support Ă  Expo 92[16].

Équipements professionnels

On a vu qu'au bout du compte, le procédé HD-MAC transmet la haute définition au moyen d'un canal en définition normale, grâce à ses techniques de réduction de bande passante. Il serait donc possible en théorie de l'enregistrer par l'intermédiaire d'un magnétoscope SD, à condition que celui-ci dispose d'un peu de place supplémentaire pour le canal numérique DATV qui permet de reconstruire la HD (moins de 1 Mb/s). En supposant un codage numérique 8 bits en format couleur 4:2:0, donc à 12 bits par pixel, la vidéo en définition standard occupe 720 × 576 × 12 × 25, soit moins de 125 Mb/s, à comparer aux 270 Mb/s de débit natif disponibles sur une machine au format D-1.

Mais il n'y a pas vraiment de raison pour que les équipements que l'on trouve en studio soient limités par le HD-MAC, qui n'est qu'une norme de transmission destiné à acheminer la haute définition jusqu'au spectateur. Des ressources techniques et financières plus importantes y sont disponibles, et permettent de stocker la HD avec une meilleure qualité, aussi bien en vue du montage que pour la conservation des archives.

Et donc en pratique, d'autres méthodes furent employées.

Au début d'Eureka95, le BTS BCH 1000, une machine analogique massive utilisant des bobines et une bande de un pouce, représentait le seul moyen d'enregistrer le signal haute définition (voir photo).

Il Ă©tait prĂ©vu de dĂ©velopper dans le cadre du projet un appareil dit enregistreur "Gigabit", capable de stocker un signal non compressĂ© Ă©chantillonnĂ© Ă  72 MHz. On estimait qu'il ne serait pas disponible avant un an, c'est pourquoi, en attendant, deux systèmes d'enregistrement alternatifs furent conçus, tous deux utilisant comme point de dĂ©part la norme d'enregistrement en composantes numĂ©riques non compressĂ©es D1.

Le Double D1 ou Dual-D1, développé par Thomson, se basait sur deux magnétoscopes D1, synchronisés par une relation maître/esclave. Les trames impaires pouvaient être enregistrés sur l'un d'entre eux, et les trames impaires sur l'autre. Seule la moitié de la résolution horizontale était conservée, par l'intermédiaire d'un échantillonnage en quinconce. Ceci permettait d'obtenir toute la bande passante en diagonale, mais seulement la moitié dans le sens horizontal ou vertical, en fonction des caractéristiques spatio-temporelle particulières de l'image à traiter.

premier car HD français en demonstration en Autriche en 1989 (technologie double D1)
enregistrement en double D1 HD au festival d'Avignon 1989 ( Zingaro)

Le Quadriga[17] fut dĂ©veloppĂ© Ă  la BBC en 1988, sur une base de 4 MagnĂ©toscopes D1 synchronisĂ©s Ă©chantillonnant Ă  54 MHz. Le signal Ă©tait distribuĂ© de telle manière que des blocs de quatre pixels Ă©taient envoyĂ©s vers chaque enregistreur Ă  tour de rĂ´le. De cette manière, en visualisant une seule des bandes, on obtenait une image, certes dĂ©formĂ©e, mais reprĂ©sentative de l'ensemble, ce qui permettait de prendre les dĂ©cisions au montage Ă  partir d'un seul enregistrement. Il Ă©tait ensuite possible de reporter le montage successivement sur les trois autres bandes au moyen d'une seule et mĂŞme machine, sous le contrĂ´le d'un système de montage programmĂ©.

Les premiers enregistreurs D1 ne proposaient qu'une interface parallèle pour la vidéo, avec des câbles courts et très encombrants, mais cela ne posait guère de problèmes, car les signaux numériques étaient circonscrits au rack de 5 tiroirs demi-hauteur qui constituaient le QUadriga (4 D1 et l'interface de contrôle et d'entrelacement), et initialement tous les signaux externes étaient en composantes analogiques. L'introduction du SDI (l'interface numérique Série à 270 Mbit/s) a permis de simplifier le câblage par la suite lorsque la BBC a construit un second Quadriga.

Philips construisit également un Quadriga, mais avec une approche légèrement différente : l'image était divisée en quatre quartiers, chacun d'entre eux partant ensuite vers l'un des quatre enregistreurs. Mis à part un délai de traitement un peu allongé, il fonctionnait de manière similaire à celui de la BBC, et les deux versions furent rendues compatibles, avec possibilité de commuter entre les modes "quartiers" et "entrelacé".

Vers 1993 Philips, dans le cadre d'une joint-venture avec Bosch (BTS (en)), rĂ©alisa un enregistreur "BRR" (Bit Rate Reduction), pour permettre d'enregistrer tout le signal HD sur un seul magnĂ©toscope D1 (ou D5). En passant la bande sur un magnĂ©toscope D1 conventionnel, une version Ă  faible rĂ©solution de l'image apparaissait au centre de l'Ă©cran, entourĂ©e par ce qui semblait ĂŞtre du bruit, mais Ă©tait en fait des donnĂ©es codĂ©es et compressĂ©es, par des techniques similaires Ă  celles du format MPEG. Le taux de compression Ă©tait de 5:1, et la frĂ©quence d'Ă©chantillonnage de 72 MHz. Certains Ă©quipements BRR comportaient des interfaces Quadriga, afin de faciliter les conversions d'un format Ă  l'autre, avec toujours la possibilitĂ© de sĂ©lectionner le format Philips ou BBC. Ă€ cette Ă©poque, les signaux des Quadriga Ă©taient transmis au moyen de quatre câbles SDI.

Finalement, avec l'aide de Toshiba, aux alentours de l'an 2000, l'enregistreur Gigabit, désormais connu sous le nom de D6 "Vaudou", fut réalisé, quelques années après que les travaux sur le système à 1250 lignes aient cessé pour passer au "Common Image Format", le système haute définition en vigueur de nos jours.

Les archives vidéo numériques Eureka 95 ont donc finalement une qualité supérieure à ce que les spectateurs pouvaient voir en sortie de décodeur HD-MAC.

Transfert sur film

Dans le contexte du tournage du film L'Affaire Seznec, la sociĂ©tĂ© Thomson avait assurĂ© pouvoir reporter la HD sur film 35 mm. Mais toutes les tentatives aboutirent Ă  des Ă©checs. Les prises de vue utilisaient le système Dual-D1. Cependant le transfert semble avoir abouti pour un autre film, tournĂ© en 1994 : "Du fond du cĹ“ur: Germaine et Benjamin". Il est dit qu'il a Ă©tĂ© tournĂ© en haute dĂ©finition numĂ©rique[18], en 1250 lignes[19]. Si tel est bien le cas, on pourrait le considĂ©rer comme le premier film de ce type, enregistrĂ© dans un format compatible avec celui du cinĂ©ma (50 Hz), 7 ans avant Vidocq et 8 ans avant Starwars: Episode II.

L'héritage d'Eureka95

Le projet a permis à l'Europe d'acquérir une expérience sur des éléments clefs tels que l'enregistrement HD, les traitements vidéo numériques (incluant la compensation de mouvement), les caméras CCD HD, ainsi que les facteurs importants gouvernant l'introduction et l'acceptation d'un nouveau format parmi les professionnels du secteur. Ces atouts ont été mis à profit avec succès par le projet Digital Video Broadcasting qui, contrairement au HD-MAC, connaît un succès mondial. En dépit des affirmations de certains de ses détracteurs, qui prétendaient qu'il ne pouvait traiter la haute définition, il a eu tôt fait d'être déployé précisément dans ce but par l'Australie.

Comme mentionné plus haut, les magnétoscopes et les caméras furent mis à profit pour des tournages en cinéma électronique.

Les États-Unis ont acquis quelques caméras du projet pour les étudier dans le cadre de leurs propres travaux sur la haute définition.

En France, une société du nom de VTHR (Video Transmission Haute Resolution) a pour quelque temps fait usage du matériel Eu95 pour retransmettre des évènements culturels à destination de petits villages (par la suite, ils sont passés à une transmission SD en MPEG2 à 15 Mbit/s suivie d'une interpolation en HD).

En 1993, Texas Instruments a réalisé un DMD prototype de résolution 2048x1152[20]. Les documents n'expliquent pas pourquoi cette résolution spécifique a été choisie de préférence à la norme japonaise de 1035 lignes actives, ou à un simple doublement de la norme 525 lignes américaine vers 960 lignes, mais de cette façon, il pouvait couvrir toutes les normes susceptibles de se retrouver sur le marché, et cela incluait le format européen qui se trouvait être le plus élevé.

Jusque vers 2010, il Ă©tait encore possible de se procurer des moniteurs d'une rĂ©solution de 2048Ă—1152 (Samsung 2343BWX 23, Dell SP2309W). Ce n'Ă©tait probablement pas une rĂ©fĂ©rence Ă  Eu95, mais le rĂ©sultat de la mĂŞme logique de compatibilitĂ© de l'affichage HD avec la dĂ©finition standard des pays en 50 Hz, combinĂ©e avec des pixels carrĂ©s et un format 16/9.

Notes et références

  1. High Definition Television; the Creation, Development and Implementation of HDTV Technology, Philip J. Cianci
  2. http://www.ebu.ch/fr/technical/trev/trev_253-production_fr.pdf Production de programmes en TVHD, L'Ă©volution de la TVHD 1250/50, 3. Les Jeux Olympiques
  3. ETSI specification of the D2-HDMAC/Packet system (ETS 300 352), section 4.1(en)
  4. ETSI specification of the D2-HDMAC/Packet system (ETS 300 352), section 10.3(en)
  5. http://downloads.bbc.co.uk/rd/pubs/reports/1989-13.pdf Quadriga, Specifications of the digital HDTV recorder(en)
  6. http://www.itu.int/dms_pubrec/itu-r/rec/bt/R-REC-BT.709-5-200204-I!!PDF-E.pdf ITU-R BT.709-5(en)
  7. http://peerimaging.com/publications/SMPTE_LDK9000_1994.pdf LDK 9000 CCD camera(en)
  8. ETSI specification of the D2-HDMAC/Packet system (ETS 300 352), section 5.2.1(en)
  9. ETSI specification of the D2-HDMAC/Packet system (ETS 300 352), 5.3.6 Baseband format(en)
  10. ETSI specification of the D2-HDMAC/Packet system (ETS 300 352), 10.2.2 Nyquist filtering(en)
  11. http://www.bbceng.info/Eng_Inf/EngInf_34.pdf BBC engineering at IBC 88(en)
  12. http://ieeexplore.ieee.org/xpl/login.jsp?tp=&arnumber=91513&url=http%3A%2F%2Fieeexplore.ieee.org%2Fxpls%2Fabs_all.jsp%3Farnumber%3D91513 Article IEEE sur la caméra progressive Thomson/LER(en)
  13. http://www.itu.int/dms_pub/itu-r/opb/rep/R-REP-BT.2003-1994-PDF-F.pdf Harmonisation des normes de TVHD…, Section 3.3.5.1
  14. http://ieeexplore.ieee.org/Xplore/login.jsp?url=http%3A%2F%2Fieeexplore.ieee.org%2Fiel3%2F1242%2F3027%2F00091525.pdf%3Farnumber%3D91525&authDecision=-20 Article IEEE sur le lecteur de vidéodisque HD-MAC
  15. http://www.itu.int/dms_pub/itu-r/opb/rep/R-REP-BT.2003-1994-PDF-F.pdf Harmonisation des normes de TVHD..., Section 3.3.5.2
  16. http://www.ebu.ch/fr/technical/trev/trev_254-tejerina_fr.pdf Expo 92, section 6.1.1
  17. http://downloads.bbc.co.uk/rd/pubs/reports/1989-13.pdf Document BBC R&D sur le Quadriga(en)
  18. http://www.answers.com/topic/du-fond-du-coeur-germaine-et-benjamin Description reprise sur plusieurs sites (en)
  19. https://www.lesechos.fr/01/03/1994/LesEchos/16593-96-ECH_vision-1250-parie-sur-la-video-haute-definition-dans-le-cinema.htm Germaine et Benjamin réalisé au format vision 1250
  20. https://web.archive.org/web/20020106031024/http://www.dlp.com/dlp/resources/tech_over.asp Le DMD en 2048Ă—1152 de Ti (section "high resolution")(en)

Voir aussi

Articles connexes

Systèmes de transmission de la télévision:

  • Haute dĂ©finition
  • PAL, devait initialement ĂŞtre remplacĂ© par le MAC
  • SECAM, devait initialement ĂŞtre remplacĂ© par le MAC
  • A-MAC (en)
  • B-MAC (en)
  • C-MAC
  • D-MAC (en)
  • E-MAC (en)
  • S-MAC
  • D2-MAC
  • HD-MAC, première norme europĂ©enne de TVHD d'une rĂ©solution de 1440x1152 pixels.
  • DVB-S, cette norme supplante le MAC en transmission satellite
  • DVB-T, Ă©quivalent du DVB-S pour la transmission terrestre

Normes associées :

Liens externes

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