HĂ´tel de ville de Vichy
L'Hôtel de ville de Vichy (Allier) a été construit entre 1913 et 1925 dans le style « Mairie de Paris » et a été inauguré en 1928. Il est inscrit au titre des Monuments historiques[1].
Historique
À la fin du XIXe, se pose la question du déménagement de l'hôtel de ville : il est devenu trop petit et, situé dans le quartier thermal, il est éloigné du centre de la population vichyssoise[2]. Ce bâtiment avait été construit sous l'impulsion et avec le financement de Napoléon III, qui venait en cure dans la station thermale et dont les séjours ont considérablement modifié l'aspect de la ville. Le bâtiment est finalement détruit en 1910 et le terrain vendu pour l'édification de l'hôtel Ruhl (renommé ensuite hôtel Radio, aujourd'hui une résidence privée, l'actuel Palais des Parcs). Les 506 000 F[3] de la vente doivent financer la construction du nouvel hôtel de ville. La mairie est alors hébergée provisoirement au Café du Grand Chalet (bâtiment aujourd'hui disparu)[4], au 66 rue de Paris (à l'actuel emplacement de la place Louis-Lasteyras). La construction d'une nouvelle mairie est lancée en 1913 en lieu et place de la Bourse du travail[4], mais les travaux sont interrompus par la Première Guerre mondiale[5]. Ils reprennent en 1921, sous le mandat de Louis Lasteyras et sont achevés en 1925. Ce nouvel hôtel de ville est du style « Mairie de Paris »[4] comme plusieurs mairies construites en France à cette période. Il est l'œuvre des architectes vichyssois Antoine Chanet (1873-1964) et de son gendre Jean Liogier (1894-1969)[4] - [Note 1]. Si les services municipaux s'y installent dès , il ne sera officiellement inauguré que le [4] en présence d'Albert Sarraut, ministre de l'Intérieur[6] - [Note 2].
Le commissariat de police de la ville occupait une partie du rez-de-chaussée de l'hôtel de ville. C'est là que le commissaire et résistant Marc Juge est arrêté par Hugo Geissler, le chef de la police allemande le [Note 3]. Le commissariat déménage dans les années 1960 à son emplacement actuel, un hôtel particulier de la rue Victoria.
L'hôtel de ville de Vichy est inscrit aux Monuments historiques depuis le avec une protection de ses façades et toitures, de la salle des pas perdus, du grand vestibule avec son escalier d'honneur et ses vitraux �/span> œuvres de Francis Chigot[1] - [Note 4] �/span>, de la galerie du premier étage, de la salle des fêtes, de la salle des mariages et de la salle du Conseil avec ses boiseries[1].
Description
Le bâtiment est du style « Mairie de Paris »[4] sur trois étages dont un sous combles. Il est surmonté d'un petit belvédère culminant à 47 mètres de hauteur et orné de gargouilles représentant des saumons[7].
L'accès se fait par un grand escalier en façade couvrant la majeure partie du rez-de-chaussée et donnant accès au grand hall d'accueil du 1er.
Œuvres exposées
L'hôtel de ville abrite plusieurs tableaux et œuvres d'art dont une grande partie vient de dons ou de legs de l'État ou de particuliers (dont la donation Lambert dans les années 1920)[8] - [Note 5]:
On peut ainsi citer (liste non exhaustive, sauf mention contraire, il s'agit de tableaux) :
- Hall du premier Ă©tage
- Lied, d'Eugène Lomont[9]
- une nature morte d'Antoine Vollon[9]
- Paysage bourbonnais de Louis Neillot[9]
- Jour de la visite de l'hĂ´pital de Jean Geoffroy[9]
-Les Tireurs Ă l'arc de Pelez (XIXe)
- Communion à Saint-Sulpice de Paul-Constant Soyer (1823-1903), donné par l'État en 1871
- tableau d'Adolphe Lalyre (1848-1933)
- Escalier
- Buste en bronze sur colonne en marbre de Louis Lasteyras, ancien maire de la ville, œuvre du sculpteur Charles Henri Plas, qui a également réalisé le Monument aux morts de la ville (dans la cave des Archives municipales se trouve un autre buste en bronze de Louis Lasteyras).
- La Pièce d'eau des Suisses d'Antoine-Félix Boisselier
- Les Tireurs d'arc de Pelez
- Communion à Saint-Sulpice de Paul-Constant Soyer, donné par l'État en 1871
- tableau d'Adolphe Lalyre
- ...
- Paysage du Pays basque de LĂ©on Bonnat[9]
- La Fille du passeur d'Émile Adan[9]
- Le Devoir, statue en plâtre de René de Saint-Marceaux offerte par sa veuve, Marguerite de Saint-Marceaux, pour l'inauguration de la mairie en 1928[Note 6].
- Salle des mariages
- Le Premier accroc de Norbert GĹ“neutte[9]
- Bronze de Napoléon III par Jean-Auguste Barre (1852), dont une reproduction se trouve dans le parc homonyme de la ville[9]
- Grand salon d'honneur
- ...
Hôtels de ville précédents
- De 1790 à 1801 : Maison des Trois Piliers[10] (aujourd'hui détruite)[11], 7 rue d'Allier, dans le Vieux Vichy, ancien auditoire de justice, elle fut la toute première mairie de la ville[11]. Elle tenait son nom des trois piliers qui soutenaient son premier étage[11].
- De 1801 à 1822 : Maison du Bailliage, aussi appelé Castel franc (1801-1822), orthographié alors Chastel franc[10]. La ville en était alors locataire.
- De 1822 à 1835 : bâtiment au 1, source de l'Hôpital[10].
- De 1835 à 1865 : bâtiment à l'actuel emplacement de l'hôtel de Grignan[10], place de Sévigné dans le Vieux Vichy[Note 7].
- De 1865 à 1910 : nouvel hôtel de ville construit sous l'impulsion de Napoléon III, place du Fatitot (actuel square du Général-Leclerc où se trouve le monument aux morts). Il allait servir de mairie pendant 45 ans, jusqu'en 1910. Il est détruit cette année-là pour permettre, à son emplacement, l'érection en 1912 de l'hôtel Ruhl, devenu hôtel Radio après la Première Guerre mondiale ; il sera transformé en résidence privée après la Seconde Guerre mondiale et nommé le Palais des Parcs.
- De 1910 à 1925 : Grand café du Chalet, un bâtiment en forme de chalet qui abritait auparavant un café-concert, « L'Eldorado »[3] et situé au 66, rue de Paris. Il servit de mairie provisoire jusqu'à l'installation dans la mairie actuelle[4] dont la construction prit beaucoup de retard du fait de la guerre. Ce bâtiment est choisi, parmi trois autres emplacements, pour sa localisation centrale et sa proximité de la gare[3]. La municipalité acquitte alors un loyer annuel de 5 000 F[3]. Le bâtiment fut détruit en 1971 et son emplacement constitue aujourd'hui une grande partie de la place Louis-Lasteyras[4].
Notes et références
Notes
- Antoine Chanet est également l'architecte de nombreux autres bâtiments de Vichy : hôtel Ruhl-Radio (aujourd'hui Palais des Parcs), l'hôtel de l'Amirauté, le Petit Casino (aujourd'hui centre culturel Valery Larbaud), l'église Saint-Blaise et la synagogue.
- Le même jour que l'inauguration de la mairie, le 23 septembre 1928, se tient dans la ville le congrès national des sapeurs-pompiers français, d'où la présence du ministre de l'Intérieur Albert Sarraut.
- Marc Juge est fusillé par les Allemands à Clermont-Ferrand. Une plaque rappelant son arrestation est apposée sur un mur extérieur de la mairie après guerre, plaque réinstallée depuis à l'intérieur du nouveau commissariat.
- À Vichy, on retrouve également les œuvres de cet artiste verrier à l'hôtel des Ambassadeurs
- Eugène Lambert, collectionneur et expert en tableaux, fit une première donation à la ville : Une nature morte de Gilbert, un fragment du panorama La Bataille de Champigny par Alphonse de Neuville et Detaille (le panorama initialement d'un seul tenant et exposé à la Rotonde nationale à Paris, avait ensuite été découpé en 65 fragments pour être revendu), un tableau de Gustave Moreau. En novembre 1928, Eugène Lambert complète sa donation avec Le Fort carré d'Antibes de Julien Gagliardini et Sous bois de Diaz.
- Le président de la compagnie fermière depuis 1919 était Georges Baugnies de Paul de Saint-Marceaux, le fils de Marguerite de Saint-Marceaux et de son premier mari, le peintre Eugène Baugnies et que son second mari, le sculpteur René de Saint-Marceaux, avait adopté. Il était également par sa grand-mère maternelle, affilié avec la famille Callou. Cette même année 1928, la veuve du sculpteur autorisera qu'un bronze soit fait à partir de ce plâtre pour le monument du Souvenir français qui fut inauguré dans le carré militaire du cimetière de Vichy pour le 10e anniversaire de l'armistice, le 11 novembre 1928. La statue originale en pierre exécutée par René de Saint-Marceaux en 1895 l'avait été pour le monument funéraire du député républicain de la Seine et ancien président du conseil Pierre Tirard (1827-1893) et se trouve toujours sur sa tombe au cimetière du Père-Lachaise à Paris.
- Le journal La Semaine de Vichy du 12 février 1938 relate que quand la mairie s'est installée dans le nouveau bâtiment construit sous Napoléon III, la propriétaire d'alors du Pavillon Sévigné situé à proximité, qui s'était mariée dans cette mairie, en fit l'acquisition, le fit démonter pierre par pierre et reconstruire dans un terrain qu'elle possédait. Il n'est pas clair si l'actuel hôtel de Grignan s'est construit ou agrandi sur l'emplacement rendu disponible.
Références
- « Hôtel de Ville de Vichy », sur Base Mérimée (consulté le )
- Ignotus, « Chronique Vichy », La Semaine de Cusset et Vichy,�/span> .
- « La vente de l'Hôtel de Ville », L'Avenir de Vichy,�/span> .
- "Patrimoine Vichy" sur le site d'Alain Carteret.
- « Hôtel de Ville de Vichy », L'Habitation moderne, no 121,�/span> , p. 11 à 27
- « Inauguration de l'hôtel de ville », La Semaine de Cusset et Vichy,�/span>
- « L'image du jour : Sur le toit de la ville, les saumons règnent », La Montagne,�/span> .
- Nicole Périchon, Éphémérides vichyssoises : 365 jours de l'histoire de Vichy, Champétières, éditions des monts d'Auvergne, , 275 p., « 19 novembre 1928 : La donation Lambert », p. 244.
- « Vichy : l'hôtel de ville, cet "inconnu" », La Montagne,�/span> .
- « L'histoire des sept mairies de Vichy », La Montagne,�/span> .
- Maison des 3 piliers, panneau d'information de l'office du Tourisme sur place.