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Gymnothorax polyuranodon

Murène d'eau douce

Gymnothorax polyuranodon, communément appelée Murène d'eau douce[1], est une espèce de poissons de la famille des Muraenidae originaire du bassin Indo-Pacifique[2], y compris la côte nord de l'Australie, la Papouasie-Nouvelle-Guinée, la Nouvelle-Calédonie, le Sri Lanka, les Philippines, l'Indonésie et diverses îles du Pacifique occidental.

Description

L'espèce Gymnothorax polyuranodon a été décrite par Pieter Bleeker qui l'observe en 1853[2] - [3]. L'espèce peut mesurer jusqu'à 1,5 mètre mais atteint en réalité rarement plus d'un mètre[4]. Son corps est trapu et presque cylindrique, de couleur jaune à brun clair, couvert de marbrures et de taches noires de taille irrégulière. Sa tête est recouverte de longues bandes noires. Le dessous de sa tête, quant à lui, est de couleur jaune ou blanc. Ses dents pointues, coniques et inclinées vers l'arrière sont très petites par rapport à la taille de sa tête. Sa mâchoire supérieure compte de deux à trois rangées de dents, et sa mâchoire inférieure en compte d'une à trois[4].

Alimentation

Comme toutes les murènes, Gymnothorax polyuranodon est carnivore. Son régime alimentaire se compose presque exclusivement de poissons[4], et occasionnellement de crevettes, de bivalves et de vers. Elle préfère manger des aliments vivants.

Habitat

Gymnothorax polyuranodon est une espèce vivant en eau peu profonde. Elle vit souvent dans des eaux dont la profondeur n'excède pas trois mètres. On la trouve dans les eaux côtières marines peu profondes, les estuaires, les embouchures de rivières et parfois légèrement en amont des rivières[5].

Pendant des années, il a été admis que la murène dite « d'eau douce » était en fait une espèce marine qui, contrairement à la plupart des autres murènes, est capable de tolérer les eaux ayant des niveaux de salinité plus faibles et peut même vivre en eau douce, mais seulement pendant de courtes périodes[3] - [5]. Cependant, de plus en plus d'études suggèrent que Gymnothorax polyuranodon est une espèce catadrome de murènes, c'est-à-dire que l'animal passe une grande partie de sa vie en eau douce mais migre vers l'eau salée pour frayer. Les jeunes murènes naissent dans les eaux marines, puis migrent vers les eaux douces pour y vivre la majeure partie de leur vie. Lorsque le moment est venu de se reproduire, les murènes adultes migrent à nouveau vers l'océan pour trouver un partenaire et frayer. Les juvéniles sont fréquemment observés dans les eaux saumâtres, notamment dans les forêts de mangroves, dans lesquelles ils se cachent pour se protéger des poissons de plus grande taille. Les adultes sont couramment observés en eau douce, mais il est possible qu'ils n'y soient que des résidents à court terme[6] - [7] - [8].

Dans le nord-est de l'Australie, des spécimens de Gymnothorax polyuranodon ont été observés dans leur habitat naturel sur une période de trois ans. La majorité d'entre eux, soit près des trois quarts des spécimens observés, préféraient les bassins tranquilles ou les eaux à débit très lent comportant de nombreux blocs rocheux pour se dissimuler[9].

Comportement

Ces poissons mènent une vie discrète en journée et s'activent surtout à la période crépusculaire. C'est également une espèce territoriale et solitaire. Si les juvéniles tolèrent la proximité d'autres individus, ce n'est pas le cas des spécimens adultes.

Comme beaucoup de murènes, Gymnothorax polyuranodon a une mauvaise vue mais un excellent odorat et peut se montrer agressive[10]. La salive de l'espèce est légèrement toxique. Bien qu'elle ne soit pas mortelle, une morsure peut néanmoins être très douloureuse, et la blessure peut entraîner une infection[10].

Étude en captivité

Gymnothorax polyuranodon est un poisson qui, jusqu'à récemment, a été assez peu étudié. Cependant, ces dernières années, cette espèce a suscité un intérêt croissant, tant du point de vue de la recherche scientifique que de l'aquariophilie. Elle a fait l'objet de plusieurs articles scientifiques et devient de plus en plus visible sur le marché en ligne des espèces de poissons tropicaux, bien qu'elle soit encore présente en très petit nombre par rapport aux autres espèces d'anguilles.

Le maintien de cette espèce en captivité par les aquariophiles dans des conditions environnementales variées a permis d'obtenir davantage d'informations sur l'espèce, notamment sur son cycle de vie et sur sa capacité à vivre à long terme en eau douce. Une étude publiée en 2014 dans le journal Environmental Biology of Fishes a conclu, sur la base de quatre spécimens collectés, que « toutes les anguilles examinées avaient probablement résidé dans des habitats d'eau douce ou estuariens tout au long de leur vie après s'être métamorphosées du stade de leptocéphale au stade d'anguille juvénile »[11]. L'étude poursuit ainsi :

« Le cycle de vie de G. polyuranodon reste encore incertain, mais il est clair que cette espèce d'anguille marine est capable de rĂ©sider en eau douce pendant de longues pĂ©riodes. Ceci est rendu Ă©vident par l'utilisation de cette espèce en tant qu'espèce d'aquarium d'eau douce, d'après l'Ă©tude de spĂ©cimens collectĂ©s dans des habitats d'eau douce et d'après les rĂ©sultats de cette Ă©tude. La plupart des spĂ©cimens collectĂ©s en eau douce en Australie n'Ă©taient pas très Ă©loignĂ©s de la ligne de marĂ©e haute (< 4 km), ou se trouvaient dans des habitats estuariens, et nos spĂ©cimens ont Ă©tĂ© collectĂ©s Ă  environ 13 km en amont de l'embouchure de la rivière. Cette espèce est probablement plus facile Ă  dĂ©tecter dans les habitats d'eau douce qui sont petits et accessibles Ă  l'Ă©chantillonnage par rapport aux habitats estuariens et marins oĂą elle pourrait Ă©galement vivre, mais le manque d'observations de G. polyuranodon dans l'environnement marin suggère qu'il pourrait s'agir principalement d'une espèce d'eau douce et estuarienne. »[12]

Une autre étude, visant à découvrir si Gymnothorax polyuranodon peut grandir et survivre dans un aquarium d'eau douce a noté :

« La question de savoir si la Muraenidae Gymnothorax polyuranodon (Bleeker, 1854) peut survivre, croĂ®tre et coexister pendant une pĂ©riode prolongĂ©e en eau douce et en captivitĂ© a Ă©tĂ© testĂ©e Ă  la suite d'observations rĂ©pĂ©tĂ©es de cette espèce dans des cours d'eau douce des Tropiques humides australiens. Les changements de la taille corporelle de quatre individus maintenus dans un aquarium d'eau douce de 1 200 litres ont rĂ©vĂ©lĂ© que la croissance annuelle allait d'un minimum de 21,0 cm de longueur totale (LT) et 2,4 fois la masse corporelle Ă  26,5 cm de LT et 3,9 fois la masse corporelle. La ration quotidienne maximale des individus (nourris de vers, de crevettes et de poissons) variait de 3,4 % Ă  3,9 % de la masse corporelle… Alors qu'il a dĂ©jĂ  Ă©tĂ© supposĂ© que Gymnothorax polyuranodon soit euryhalin (Monkes, 2006), l'Ă©tude actuelle dĂ©montre que cette espèce est capable de survivre et de croĂ®tre de manière substantielle en eau douce. Cette dĂ©couverte, combinĂ©e avec un nombre croissant d'observations exclusivement fluviales de la phase adulte de G. polyuranodon sur le terrain (Allen, 1991 ; Böhlke et McCosker, 2001 ; Marquet et al., 2003 ; Jenkins et al., 2009 ; Ebner et al., 2011, 2016), apporte un soutien significatif Ă  l'idĂ©e que G. polyuranodon pourrait ĂŞtre un habitant fluvial Ă  long terme dans sa phase adulte[13].

Systématique

Le nom valide complet (avec auteur) de ce taxon est Gymnothorax polyuranodon (Bleeker, 1854)[1].

L'espèce a été initialement classée dans le genre Muraena sous le protonyme Muraena polyuranodon Bleeker, 1854[1].

Ce taxon porte en français le nom vernaculaire ou normalisé suivant : Murène d'eau douce[1].

Gymnothorax polyuranodon a pour synonymes[1] :

  • Lycodontis polyuranodon (Bleeker, 1854)
  • Muraena blematigrina Roberts, 1993
  • Muraena polyuranodon Bleeker, 1854
  • Polyuranodon kuhli Kaup, 1856
  • Polyuranodon kuhlii Kaup, 1856
  • Uropterygius fijiensis Fowler & Bean, 1923

Liens externes

Notes et références

  1. GBIF Secretariat. GBIF Backbone Taxonomy. Checklist dataset https://doi.org/10.15468/39omei accessed via GBIF.org, consulté le 17 mars 2023
  2. « Gymnothorax polyuranodon (Bleeker, 1854) », sur Inventaire National du Patrimoine Naturel (consulté le )
  3. (en) « Gymnothorax-polyuranodon », sur www.fishbase.org (consulté le )
  4. « Gymnothorax polyuranodon », sur endemia.nc (consulté le )
  5. (en) « Freshwater moray », sur The IUCN red list of threatened species (consulté le )
  6. (en) « Is the elusive Gymnothorax polyuranodon really a freshwater moray? », sur Wiley online library, (consulté le )
  7. (en) « Freshwater habitat use by a moray eel species, Gymnothorax polyuranodon, in Fiji shown by otolith microchemistry », sur Springer Link library, (consulté le )
  8. (en) « Growth, maximum daily ration and intraspecifíc cohabitation of the moray Gymnothorax polyuranodon (Muraenidae) in a freshwater aquarium », sur Research Gate, (consulté le )
  9. (en) « Distinct habitat selection by freshwater morays in tropical rainforest streams », sur Wiley online library, (consulté le )
  10. (en) « Freshwater Moray », sur The Brackish Tank (consulté le )
  11. (en) Katsumi Tsukamoto, Mari Kuroki, Shun Watanabe et Jun Aoyama, « Freshwater habitat use by a moray eel species, Gymnothorax polyuranodon, in Fiji shown by otolith microchemistry », Environmental Biology of Fishes,‎ (lire en ligne)
  12. (en) « (PDF) Freshwater habitat use by a moray eel species, Gymnothorax polyuranodon, in Fiji shown by otolith microchemistry », sur ResearchGate (consulté le )
  13. (en) « (PDF) Growth, maximum daily ration and intraspecifíc cohabitation of the moray Gymnothorax polyuranodon (Muraenidae) in a freshwater aquarium », sur ResearchGate (consulté le )
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