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Tantra de Guhyasamāja

Le Tantra de Guhyasamāja, Samāja Tantra ou Tathāgata Guhyaka (sanskrit) « Somme des Secrets »[1] (tib.:gSang ba 'dus pa'i rgyud ou Sangwa Dupa) est un tantra important du bouddhisme tibĂ©tain connu de ses quatre traditions. Il est considĂ©rĂ© comme l’un des « rois des tantras » et le premier des tantras-pĂšres, ou vajra-sattvaáž„a qui signifie un maĂźtre de Vajrayana. Il est, en principe, le premier enseignĂ© car la maĂźtrise de son yoga constitue la base pour la pratique des autres yogas[2].

Le Citipati comme représenté dans un tableau dans le monastÚre Gelugpa, au Népal.

Le Tantra de Guhyasamāja était le rassemblement secret basé sur la pensée que les rapports sexuels avec de nombreuses femmes contribueraient à l'éveil du bouddhisme. Les épouses légitimes du vajra-sattvaងa, appelées dakinis, se limitaient uniquement aux vierges.

Également des statues et des images ont Ă©tĂ© faites pour embellir le tantra, mais parce qu'il n'a pas eu l'intĂ©gritĂ© des prĂ©ceptes fondamentaux bouddhistes, il n'est plus fait dans le bouddhisme tibĂ©tain. Au contraire, les symboles d'avertissement et les festivals, tels que Citipati (en), sont largement pĂ©nĂ©trants[3].

Origine

C’est l’un des premiers textes sanscrits traduits en tibĂ©tain du (VIIIe siĂšcle) ; il fut traduit en chinois, au Xe siĂšcle. Il aurait Ă©tĂ© rĂ©digĂ© entre le IVe siĂšcle[4] et le VIIe siĂšcle. On y trouve la premiĂšre dĂ©finition connue du terme tantra comme un continuum entre la cause, la voie et le fruit, le fruit Ă©tant obtenu par la purification de la cause par la voie[5]. Selon une tradition, ce tantra fut enseignĂ© pour la premiĂšre fois par le Bouddha sous la forme de Vajradhara au roi Indrabhuti (ou roi Dza) d’Oddiyana[6]. Le spĂ©cialiste indien Benoytosh Bhattacharya (1897-1964) a proposĂ© qu’Asanga en soit l’auteur ; pour ceux qui adhĂšrent Ă  cette opinion, il l’aurait reçu selon la tradition mystique de Maitreya comme tous ses enseignements[7].

Comme la plupart des textes, il en existe diffĂ©rentes traditions et transmissions. La plus importante est la transmission Arya dont se rĂ©clament la plupart des pratiquants tibĂ©tains. Elle se base sur les commentaires attribuĂ©s Ă  Nāgārjuna, Aryadeva et CandrakĂźrti. La transmission Jñānapada, minoritaire, remonte Ă  Buddhashrijnana (fin du VIIIe siĂšcle). Gö Lotsawa serait aussi Ă  l’origine d’une transmission[4]. Naropa, Marpa, Drokmi Lotsawa, Nang Kaupa, entre autres, auraient contribuĂ© Ă  son intĂ©gration dans les enseignements du bouddhisme tibĂ©tain, les Sakyapa recevant les deux traditions Arya et Jnanapada. Tsongkhapa, fondateur des Gelugpa, a rĂ©alisĂ© un important travail de synthĂšse et de clarification sur le tantra et ses commentaires, dont le texte principal est Les cinq stades du Guhyasamaja (gSang-'dus rim-lnga gsal-sgron).

Iconographie

Thangka de Guhyasamāja en union avec sa parÚdre Sparshavajri, XVIIe siÚcle, Rubin Museum of Art, New York

La dĂ©itĂ© Guhyasamaja est en gĂ©nĂ©ral assimilĂ©e Ă  Akshobhyavajra, forme d’Akshobhya qui est la dĂ©itĂ© principale des tantras-pĂšres, et a donc souvent comme lui le corps bleu sombre, parfois noir. NĂ©anmoins, dans la tradition Jnanapada, il s’agit de Manjuvajra, forme de Manjushri dont il a la couleur jaune. La dĂ©itĂ© a trois visages - celui de droite est blanc et celui de gauche rouge - et six bras. Les trois visages peuvent reprĂ©senter les trois principaux canaux du corps subtil, les trois stades de purification de l’esprit ou le corps illusoire, la lumiĂšre, et leur union[4]. Akshobhyavajra tient dans ses mains principales la cloche (ghanta) et le vajra, et dans les autres mains les symboles des quatre autres bouddhas : roue (chakra) de Vairocana et lotus (padma) d’Amitabha Ă  droite, Ă©pĂ©e (khadga) d’Amoghasiddhi et triple joyau (triratna) de Ratnasambhava Ă  gauche. Manjuvajra tient dans ses deux mains principales, comme Manjushri, une Ă©pĂ©e et un livre, et dans deux de ses autres mains un arc et une flĂšche qui reprĂ©sentent l’upaya. Akshobhyavajra et Manjuvajra sont considĂ©rĂ©s comme Ă©manant de Vajradhara. Ils sont le plus souvent reprĂ©sentĂ©s en yab-yum avec leur parĂšdre qui a les mĂȘmes attributs graphiques, mais souvent le corps plus pĂąle ; dans le cas d’Akshobhyavajra elle se nomme Sparshavajri, nom de la dĂ©esse du sens associĂ© Ă  Akshobhya (le toucher) ou Adhiprajna, « sagesse de mĂ©ditation ». Le mandala complet d’Akshobhyavajra comprend 32 dĂ©itĂ©s et celui de Manjuvajra 19[4].

Notes et références

  1. nom complet : Sarvatathāgata kāyavakcitta rahasya atirahasya guhyasamāja nama mahāguhya tantrarāja, Tantra-roi du secret et grand secret des corps, parole et esprit de tous les tathāgatas
  2. Guhyasamaja tantra sur nalanda-university.com
  3. Tibetan Skeleton Dance: Cemetery Protectors of Truth, posted on October 25, 2014. WilderUtopia.
  4. Catherine A Cummings Guhyasamaja Tantra in John C. Huntington, Dina Bangdel, Robert A. F. Thurman The Circle of Bliss – Buddhist Meditational Art, Serindia Publications, Inc., 2003 p. 432-448 (ISBN 1932476016) (ISBN 9781932476019) Google books
  5. Traduction en anglais de E. Henning dans Introduction to the Six Yogas, 2005 [1] : « Tantra is called continuity, and this tantra is classified into three aspects: ground, together with its nature, and inalienableness. Nature is the basic cause, ground is called the method, and inalienableness is the result. The meaning of tantra is contained in these three » ; texte tibétain : rgyud ni rgyun chags zhes bya ste // rgyud de rnam pa gsum du 'gyur // gzhi dang de yi rang bzhin dang // mi 'phrogs pa yis rab phye ba // rang bzhin rnam pa rgyu yin te // gzhi ni thabs zhes bya ba'o // de bzhin mi 'phrogs 'bras bu ste // gsum gyis rgyud kyi don bsdus pa'o //
  6. Lobsang Norbu Tsonawa Indian Buddhist Pundits From The Jewel Garland of Buddhist History, Library Of Tibetan Works and Archives, Dharamsala, introduction (ISBN 8185102422)
  7. Min Bahadur shakya Digitalization of Sanskrit Buddhist Texts in Nepal p. 6

Annexes

Bibliographie

  • Aryadeva (le troisiĂšme Aryadeva), Āryadeva's Lamp that Integrates the Practices (CaryāmelāpakapradÄ«pa, IX° s. ?): The Gradual Path of Vajrayāna Buddhism according to the Esoteric Community Noble Tradition. Christian K. Wedemeyer Ă©diteur et traducteur. New York: American Institute of Buddhist Studies/Columbia University Press, 2007, XXX-826 p.
  • Tsong Khapa Losang Drakpa (1357-1419), Brilliant Illumination of the Lamp of the Five Stages (Rim lnga rab tu gasal ba'i sgron me), intro. et trad. Robert A. F. Thurman, Columbia University Center for Buddhist Studies, 2010. [2]
  • Francesca Fremantle, A Critical Study of the Guhyasamāja tantra, University of London, 1971 [3]

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes