AccueilđŸ‡«đŸ‡·Chercher

Vajra

Le vajra, mot sanskrit (à€”à€œà„à€°), signifiant « diamant » et « foudre », est un symbole important et un instrument rituel dans l’hindouisme et surtout dans la tradition bouddhique vajrayāna (« voie du diamant ») auquel il a donnĂ© son nom, ainsi que dans le bön.

Vajra tibétain à neuf branches

Il est appelĂ© vajira en pāli ; 金戚 / 金扛, jÄ«ngāng en chinois ; Kongƍ (金扛) en japonais ; dorje [do-djĂ©] en tibĂ©tain (alors translittĂ©rĂ© en chinois par ć‰æ‰Ž, jĂ­zā), et yungdrung dans le courant bön. Il reprĂ©sente l’indestructibilitĂ© et l'immutabilitĂ©[1] qui viennent Ă  bout de tous les obstacles. Le nom Dorje est aussi un prĂ©nom masculin au Tibet et au Bhoutan, il devient Dorj en Mongolie.

Dans l’hindouisme

Indra tenant en main un vajra circulaire ; Wat Arun, Bangkok

Le vajra est l'attribut du dieu Indra[2] ; il s’agissait Ă  l’origine de la foudre. Une lĂ©gende relate la naissance de l’instrument vajra, arme des armes : les dieux avaient confiĂ© leur arsenal au premier ascĂšte, Dadhichi. Celui-ci, aprĂšs l’avoir fidĂšlement gardĂ© pendant une longue pĂ©riode, dĂ©sira retourner Ă  sa pratique. Usant de ses pouvoirs de yogi, il fit dissoudre les armes dans de l’eau qu’il but. C’est peu aprĂšs que l’Asura Vritra vint dĂ©fier Indra. Celui-ci vint alors reprendre ses armes, mais elles avaient Ă©tĂ© absorbĂ©es par l'ascĂšte et l'immoler Ă©tait la seule solution pour les rĂ©cupĂ©rer. À regret mais encouragĂ© par Dadhichi lui-mĂȘme, Indra s’exĂ©cuta et fabriqua le vajra avec sa colonne vertĂ©brale. Les circonstances extraordinaires de sa fabrication permirent au dieu d’obtenir la victoire, car il se trouvait que Vritra avait obtenu de Shiva la promesse qu’il ne pourrait ĂȘtre tuĂ© que par une arme exceptionnelle, faite d'une matiĂšre diffĂ©rente de celle des armes habituelles. Outre le fait que sa puissance est sans Ă©gale, le vajra ne peut ĂȘtre mal utilisĂ© et revient toujours Ă  son propriĂ©taire. Le vajra d’Indra peut se prĂ©senter sous diffĂ©rentes formes, un cercle percĂ© d’un trou ou une sorte de croix par exemple. Dans le Rig-Veda, il s’agit d’une massue hĂ©rissĂ©e de multiples pointes. Selon une lĂ©gende bouddhique, c’est Shakyamuni qui a transformĂ© l’arme en outil pacifique en rapprochant l’extrĂ©mitĂ© des pointes.

L’association rituelle du vajra et de la cloche (ghanta) trouve son origine dans la lĂ©gende de la dĂ©esse Durga, qui aurait reçu Ă  sa naissance le vajra des mains d’Indra et la cloche de la trompe de son Ă©lĂ©phant Airavata.

Dans le bouddhisme

Bouddha faisant la mudrĂą du vajra, signe de connaissance ; Gandhara
Vajra, ghanta (cloche) et mālā (chapelet), trois instruments rituels

Le vajra, arme sans pareille, reprĂ©sente l’upāya, moyen efficace qui dĂ©truit l’ignorance. Le symbole formĂ© de deux vajras croisĂ©s se nomme viƛvavajra (vajra de l’univers), en tibĂ©tain dorje gyatram ou « double vajra. » Son nom sanscrit est liĂ© Ă  un mythe cosmogonique qui prĂ©tend qu’il fut le premier objet de l’univers Ă  prendre forme Ă  partir du vent. Il est le symbole de l’action efficace par excellence, et l’attribut du bouddha transcendant Amoghasiddhi, chef de la famille du karma (action). Le signe du viƛvavajra est imprimĂ© sur le socle des statues pour marquer leur achĂšvement.

Dans les rituels, le vajra (tib : « dorje Â») est souvent employĂ© avec la cloche ghanta (IAST ghaáč‡áč­Ä, tib : « drilbou Â»). Ils symbolisent alors respectivement le masculin et le fĂ©minin, l’action efficace (upāya, les moyens habiles pour atteindre la sagesse) — ou la compassion — et la grande sagesse (prajñā).

Le prĂ©fixe vajra ou dorje (tib. : rdo rje — [do djĂ©] —, seigneur des pierres: diamant) peut ĂȘtre ajoutĂ© devant de nombreux termes, manifestant leur association avec le rituel tantrique ou leur aspect transcendant. De nombreuses dĂ©itĂ©s portent un nom prĂ©fixĂ© par Vajra et sont reprĂ©sentĂ©es avec un vajra en main :

  • Vajrasattva le tient dans sa main droite Ă  la hauteur du cƓur ; dans sa main gauche, il tient la cloche retournĂ©e sur ses genoux.
  • Vajrapani, sa forme courroucĂ©e, brandit un vajra dans sa main droite.
  • Le dharmakaya Vajradhara tient un vajra dans la main droite et une cloche dans sa main gauche, les mains Ă©tant entrecroisĂ©es au niveau du cƓur, la main droite au-dessus de la main gauche.
  • Akshobhya, adibouddha de la famille du vajra, le tient dans la main gauche, alors que la main droite forme la mudrĂą nommĂ©e bhumisparsha, « prenant la terre Ă  tĂ©moin Â».
  • Padmasambhava tient aussi un vajra. Dans son mantra, son titre de Vajra Guru se lit BĂ©zar Guru. Cette utilisation unique de bĂ©zar pour vajra a Ă©tĂ© expliquĂ©e par une erreur de prononciation, mais certains ont proposĂ© qu’il s’agisse d’un terme persan signifiant « antidote ».
  • Kobo-DaĂŻshi le saint fondateur du bouddhisme shingon au Japon est souvent reprĂ©sentĂ© le tenant inclinĂ© de la main droite au niveau du cƓur, la main gauche tient elle un chapelet. Le terme vajra se prononce « bazara Â» dans les mantras japonais : mantra de vajrasattva « on bazara satoba un Â».

Les divinitĂ©s d’aspect fĂ©roce tiennent quelquefois en main un vajra ouvert dont les branches ne sont pas repliĂ©es, ressemblant plus Ă  une arme.

Dans le Bouddhisme tantrique, il reprĂ©sente le germe de l'esprit au cƓur de l'univers.

« Terme sanscrit (en tibĂ©tain : dordje) pour dĂ©signer un instrument rituel du Bouddhisme tantrique, composĂ© d'un grain central (bindu) germe de l'esprit, axe et cƓur de l'univers, et de fleurs de lotus symĂ©triques, dont jaillissent deux groupes de cinq flammes exprimant la disposition des cinq Dhyani-Bouddhas, destinĂ©s Ă  se rejoindre comme les flammes dans la nature transcendante de l'Adi-Bouddha primordial, dont l'esprit est la VacuitĂ© adamantine, Ă©blouissante et illimitĂ© »[3].

Symbolique de la forme

La forme du vajra rituel peut varier lĂ©gĂšrement. Ainsi, l’ornementation peut ĂȘtre simplifiĂ©e ; en particulier, le nombre des anneaux peut ĂȘtre rĂ©duit et les makaras stylisĂ©s ou absents. Le vajra habituel comporte cinq branches Ă  chaque extrĂ©mitĂ©, mais il existe des modĂšles Ă  neuf, trois, voire une branche unique.

Le vajra est un objet symĂ©trique composĂ© de deux tĂȘtes pyramidales reprĂ©sentant le mont Meru, reliĂ©es au centre. Ces deux parties indissociables sont le samsara (Saáčƒsāra) et le nirvāna, et le globe central signifie la vacuitĂ© (ƛƫnyatā) oĂč leur opposition s’annule.
Illustration d’un texte nyingma ; la lĂ©gende compare le vajra au «mystĂšre de l’esprit, conscience de tous les bouddhas»
Au dĂ©part de chaque tĂȘte se trouvent trois anneaux reprĂ©sentant les trois caractĂ©ristiques de la nature de bouddha (tathāgatagarbha, vacuitĂ©, absence de particularitĂ© et spontanĂ©itĂ©), qui forment la base d’un lotus Ă  huit pĂ©tales. Les seize pĂ©tales des deux lotus symĂ©triques reprĂ©sentent les seize modalitĂ©s de la vacuitĂ©. S’il y a deux couches de pĂ©tales, on peut considĂ©rer que les huit pĂ©tales supĂ©rieurs reprĂ©sentent les huit grands bodhisattvas et les huit pĂ©tales infĂ©rieurs leurs parĂšdres.
A la lisiĂšre des lotus, on trouve trois anneaux perlĂ©s qui reprĂ©sentent les six perfections (gĂ©nĂ©rositĂ©, discipline, patience, effort, mĂ©ditation, sagesse). Le cercle qui obture les lotus Ă  l’intĂ©rieur est considĂ©rĂ© comme un cercle lunaire reprĂ©sentant le bodhicitta, esprit de bodhisattva.
Enfin viennent les quatre branches repliĂ©es qui rejoignent Ă  leur sommet la cinquiĂšme branche centrale. Elles reprĂ©sentent les cinq skandhas, celui de la conscience Ă©tant au centre. Si le vajra est tenu verticalement, les branches supĂ©rieures sont les bouddhas de mĂ©ditation et les branches infĂ©rieures leurs parĂšdres. On peut aussi considĂ©rer que les branches supĂ©rieures comme les cinq sagesses qui les transforment en aspects positifs et que les branches infĂ©rieures sont les cinq poisons (sentiments nĂ©gatifs). Ensemble, les dix branches du vajra ordinaire peuvent reprĂ©senter les dix directions ou les dix Ă©tapes vers l’état du bouddha. Le courant nyingmapa considĂ©rant neuf Ă©tapes, la branche centrale peut ĂȘtre comptĂ©e comme une seule branche continue et non comme deux.
Les branches extérieures peuvent sortir de la bouches de makaras, créatures aquatiques fantastiques, qui peuvent prendre différentes significations : les quatre éléments purs, les quatre activités, etc.

Les autres accessoires rituels peuvent avoir une poignée en forme de demi-vajra.

Notes et références

  1. (en) The Princeton dictionary of buddhism par Robert E. Buswell Jr et Donald S. Lopez Jr aux Ă©ditions Princeton University Press, (ISBN 0691157863), page 952
  2. Dictionnary of Hinduism par W.J. Johnson publié par Oxford University Press, page 339, (ISBN 9780198610250)
  3. Jean Chevalier-Alain Gheerbrant, Dictionnaire des symboles : mythes, rĂȘves, coutumes, gestes, formes, figures, Robert Laffont / Jupiter, , 1060 p. (ISBN 2-221-50319-8), page 991

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • (en) Robert Beer, The Encyclopedia of Tibetan Symbols and Motifs, Random House, 1999 (ISBN 1-57062-416X)

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplĂ©mentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimĂ©dias.