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Guerres entre la dynastie Jin et les Seize Royaumes

Les guerres entre la dynastie Jin et les Seize Royaumes sont une sĂ©rie de conflits qui dĂ©butent en 304 par la rĂ©volte des tribus non Han connues en Chine sous le nom de « Cinq Barbares » (Wu Hu) et s’achĂšvent en 420 lors du renversement de la dynastie des Jin Orientaux par le fondateur de la dynastie des Song du Sud. Cet Ă©vĂ©nement marque la fin de la pĂ©riode des Seize royaumes et le dĂ©but de celle des dynasties du Nord et du Sud.

Guerres entre la dynastie Jin et les Seize Royaumes
Informations générales
Date 304 - 420
Casus belli révolte des Wu Hu en 304
Issue Disparition des Jin Orientaux au profit des Song du sud. Disparition des Seize Royaumes au profit des Wei du Nord. Début de la période des dynasties du Nord et du Sud
Belligérants
Dynastie des Jin occidentaux jusqu'en 317, puis dynastie des Jin orientaux aprĂšs cette dateSeize Royaumes
Forces en présence
entre 50 000 et 200 000 suivant les bataillesVariable suivant les batailles. Plusieurs centaines de milliers Ă  la bataille de la riviĂšre Fei

Profitant du chaos gĂ©nĂ©rĂ© par la guerre des huit princes, les tribus des Wu Hu s'Ă©rigent en royaumes et prennent le contrĂŽle de la plus grande partie des plaines du nord de la Chine[1], qui sont Ă  l'Ă©poque le cƓur Ă©conomique et politique du pays. ChassĂ©s du nord, les Jin se replient sur les territoires situĂ©s au sud de la riviĂšre Huai. C'est la fin de la dynastie des Jin Occidentaux et le dĂ©but de la dynastie des Jin Orientaux.

AprÚs une période de consolidation de la dynastie dans le sud, le général Huan Wen lance une série d'expéditions entre 354 et 369 pour tenter de reprendre le contrÎle du nord. Il échoue à cause de problÚmes d'intendance et du manque de soutien de la cour, qui craint que Wen renverse la dynastie en cas de succÚs de ses expéditions.

Ces Ă©checs laissent le champ libre aux Qin antĂ©rieurs, qui rĂ©unifient la Chine du nord Ă  leur profit, avant de lancer en 383 une grande expĂ©dition vers le sud pour conquĂ©rir les territoires des Jin Orientaux. Alors qu'ils semblent sur le point d'ĂȘtre balayĂ©s par un ennemi supĂ©rieur en nombre, les Jin rĂ©ussissent Ă  vaincre les Qin lors de la bataille de la riviĂšre Fei.

AprĂšs cette victoire, les Jin font remonter leur frontiĂšre vers le nord en annexant les territoires des Qin. Cette marche en avant est stoppĂ©e par une guerre civile, qui dĂ©bute lors de la rĂ©bellion du gĂ©nĂ©ral Huan Xuan. Cette guerre s’arrĂȘte lorsque le gĂ©nĂ©ral Liu Yu tue Xuan en 406 et met fin Ă  l’éphĂ©mĂšre dynastie fondĂ©e par ce dernier en rĂ©installant l'empereur Jin Andi sur le trĂŽne. Liu Yu lance alors Ă  son tour une sĂ©rie d'expĂ©ditions contre les royaumes du nord entre 409 et 416. Victorieux, il annexe toutes les terres situĂ©es au sud du fleuve Jaune avant de renverser le dernier empereur des Jin orientaux en 420 et fonder la dynastie des Song du Sud.

Situation avant le début des conflits

Territoire de la dynastie Jin, vers 280.

Dans les derniÚres années de la dynastie des Han orientaux,de nombreuses tribus nomades non Han ont migré vers le sud pour finir par s'installer dans les terres situées autour du fleuve Jaune. Ces migration ont lieu pour plusieurs raisons, la premiÚre étant que les succÚs militaires et diplomatiques chinois de la période incitent les nomades à se déplacer au plus prÚs de la Chine, pour profiter des retombées de la puissance chinoise en termes de commerce et de protection. La seconde est que les royaumes impliqués dans les guerres de la période des Trois Royaumes, incitent ces tribus à s'installer dans les zones dévastées par les combats, afin de les repeupler et ainsi avoir sous la main une force de travail ou des combattants, suivant la situation.

De ces nombreux peuples nomades non Han, la tradition a retenu les cinq plus importants, sous le nom de « Cinq Barbares » (Wu Hu). Ces Wu Hu sont :

  • Les Xiongnu, peuple originaire des steppes de Mongolie, divisĂ© entre les Xiongnu du Nord, vivant en dehors de l'espace chinois et les Xiongnu du Sud, installĂ©s au Shanxi et dans les provinces voisines du Gansu et du Shaanxi[2].
  • Les Xianbei, peuple turco-mongol vivant dans les rĂ©gions du Nord-Est, divisĂ©s en plusieurs groupes Ă  l'Ă©poque. Les deux plus importants sont les Murong, en Mandchourie et au nord du Hebei[3], et les Tuoba (Tabgatch) qui Ă©voluent sur les marges nord de la Chine, entre le Hebei et le Gansu[4].
  • Les Di qu'on trouve dans le Shaanxi, le Gansu et le Sichuan[6].

À la fin du IVe siĂšcle, on se retrouve donc dans une situation oĂč Luoyang, la capitale des Jin, est presque entiĂšrement entourĂ©e de tribus nomades sĂ©dentarisĂ©es de fraĂźche date. C'est Ă  cette Ă©poque que l'accession au trĂŽne de Jin Huidi, un handicapĂ© mental incapable de diriger l'empire seul, crĂ©e une course au pouvoir entre les diffĂ©rents princes du clan Sima. TrĂšs vite, la situation dĂ©gĂ©nĂšre en guerre civile, la guerre des huit princes. Durant ce conflit, les peuples nomades sont utilisĂ©s comme mercenaires par les diffĂ©rents belligĂ©rants.

La révolte des Wu Hu

Les débuts de la révolte

La guerre des huit princes ravage les plaines du nord de la Chine pendant plus de dix ans. Ces plaines Ă©tant le cƓur Ă©conomique de la Chine, l'empire Jin ressort trĂšs affaibli Ă©conomiquement et militairement du conflit.

Tirant profit de cette faiblesse, les diffĂ©rents peuples non Han se soulĂšvent, prennent le contrĂŽle des territoires oĂč ils se trouvent et s'Ă©rigent en royaumes. Ainsi, en 304 Li Xiong, le dirigeant du peuple Di prend la ville de Chengdu et fonde le royaume du Cheng Han. Mais de toutes les rĂ©voltes, la plus dangereuse est celle de Liu Yan, un des chefs du peuple Xiongnu. En effet, toujours en 304, ce dernier fonde le royaume du Han Zhao dans les plaines du nord, au cƓur mĂȘme de l'empire des Jin[7].

La défaite des Jin et le désastre de Yongjia

Face Ă  cette sĂ©rie de rĂ©voltes, la dynastie Jin est incapable de riposter efficacement. Luoyang, une des deux capitales de l'empire est sous la menace directe de Liu Cong, le fils de Liu Yuan et nouveau chef des rebelles. Cong attaque deux fois Luoyang en 309 et en 310, mais Ă  chaque fois il n'arrive pas Ă  prendre la ville. Face Ă  cette menace, Sima Yue, le chancelier des Jin et vainqueur de la guerre des huit princes, prĂ©fĂšre partir de Luoyang en 310, Ă  la tĂȘte de 40 000 soldats et s'enfuir Ă  Xiangcheng au Henan, pour se mettre Ă  l’abri[7].

AprĂšs la mort de Sima Yue, le gros des troupes de la dynastie Jin se retrouve sous les ordres du gĂ©nĂ©ral Wang Yan. Wang dĂ©cide de sortir du Henan et de marcher sur la province du Shantung pour y combattre Shi Le, un gĂ©nĂ©ral du peuple Jie aux ordres de Liu Cong. Cette tentative s’achĂšve par une dĂ©faite sanglante qui coĂ»te la vie Ă  plus de 100 000 soldats des Jin, dont Wang Yan lui-mĂȘme[8].

Cette dĂ©faite dĂ©truit la derniĂšre armĂ©e des Jin apte Ă  contrer les rĂ©bellions, ce qui laisse la capitale Ă  la merci des rebelles. La chute de la ville survient en 311, lorsque les troupes des peuples nomades entrent dans Luoyang et se lancent dans un massacre Ă  grande Ă©chelle qui fait 30 000 victimes. L'empereur Jin Huaidi est capturĂ©, le prince hĂ©ritier et tous les membres du clan Sima prĂ©sents en ville sont tuĂ©s, les palais sont brĂ»lĂ©s et les mausolĂ©es de la dynastie Jin sont profanĂ©s. En Chine, ces Ă©vĂ©nements sont connus sous le nom de dĂ©sastre de Yongjia, en rĂ©fĂ©rence au nom de l’ùre qui correspond au rĂšgne de l'empereur Jin Huaidi, l’ùre Yongjia[8].

AprÚs la perte de la capitale, les Jin ne tiennent plus que trois provinces dans le nord : Youzhou, Liangzhou et Bingzhou. Ces provinces sont isolées des derniÚres forces armées des Jin, qui se sont réfugiées au sud de la riviÚre Huai. Elles finissent par tomber aux mains des révoltés peu de temps aprÚs, réduisant l'empire Jin aux provinces du Sud.

Le repli sur le sud et la fondation des Jin Orientaux

La chute des Jin Occidentaux ouvre une période de troubles dans le nord de la Chine, car chaque peuple non Han fonde son royaume, tout en essayant d'annexer le royaume voisin. Ces royaumes naissent et meurent trÚs vite, créant une instabilité politique chronique dans la région.

Le chaos et la dĂ©vastation du Nord conduisent Ă©galement Ă  une migration massive de Chinois Han dans les rĂ©gions au sud de la riviĂšre Huai, oĂč la situation est relativement stable. Cet exode est connu historiquement en Chine comme Ă©tant la migration vers le sud de la noblesse de Jin (chinois : èĄŁć† ć—æžĄ, littĂ©ralement « Les vĂȘtements et les coiffures se dĂ©placent vers le sud »). Beaucoup de ceux qui fuient vers le Sud sont des membres des grandes familles, qui ont les moyens de s’échapper.

Parmi ces grandes familles du Nord on trouve le clan Xie et le clan Wang, dont les membres les plus importants sont Xie An et Wang Dao. Wang Dao, en particulier, soutient Sima Rui lorsqu'il se proclame empereur en 317 et refonde la dynastie Jin à Jiankang. C'est le début de la dynastie des Jin Orientaux, dont Dao est le premier chancelier. La survie de ces nouveaux Jin dépend à la fois des nobles du Sud, établis de longue date dans la région et des nobles du Nord en exil. C'est donc une dynastie relativement faible, dominée par les nobles régionaux qui servent de gouverneurs.

Néanmoins, malgré ces faiblesses, les Jin réussissent à redresser la situation au bout de quelques années et tentent de reconquérir le nord durant les années 350.

La contre-attaque des Jin : les expéditions de Huan Wen

Durant la décennie 350, le général Huan Wen prend le contrÎle de l'armée des Jin orientaux. Déterminé à reconquérir l'intégralité du territoire chinois et aussi à assurer sa propre gloire, Wen lance plusieurs expéditions contre les Yan antérieurs et les Qin antérieurs.

PremiÚre expédition : la guerre contre les Qin antérieurs

La premiĂšre expĂ©dition a lieu en 354. L'armĂ©e des Jin remonte la riviĂšre Huai pour attaquer l’armĂ©e des Qin antĂ©rieurs. Les forces Jin remportent une victoire dĂ©cisive Ă  Lantian et battent une armĂ©e Qin de plus 50 000 soldats, puis marchent sur Chang'an, une des anciennes capitales des Jin. L’armĂ©e de Huan Wen est applaudie par les civils chinois, qui offrent de la nourriture et des provisions aux soldats. Toutefois, ces cadeaux ne suffisent pas Ă  compenser le manque de nourriture dĂ» Ă  une logistique dĂ©faillante. L’armĂ©e des Jin finit par devoir se replier, en Ă©tant constamment harcelĂ©e par les troupes des Qin. Plus de 10 000 soldats des Jin meurent durant cette retraite[9].

Seconde expédition : la guerre contre les Yan antérieurs

En 356, Huan Wen lance une seconde expédition, qui réussit à reprendre Luoyang des mains des Yan antérieurs. Mais une logistique défaillante et le manque de soutien de la part de la cour des Jin l'oblige à se replier à nouveau[9].

TroisiÚme expédition : nouvelle tentative contre les Yan antérieurs

En 369, Wen lance une nouvelle expĂ©dition contre les Yan antĂ©rieurs. Les combats tournent vite en faveur des Jin, qui avancent jusqu'Ă  Fanto, la capitale des Yan, ce qui plonge la cour de ces derniers dans la panique. De son cĂŽtĂ©, le gĂ©nĂ©ral Murong Quai, qui est Ă  la tĂȘte de l'armĂ©e des Yan, garde la tĂȘte froide. Il engage le combat contre les troupes de Huan Wen Ă  la tĂȘte d'une armĂ©e de 50 000 hommes et rĂ©ussit Ă  bloquer ses ennemis sur les bords du fleuve Jaune, pendant que la cavalerie des Xianbei dĂ©truit les lignes d'approvisionnement des Jin. Ces derniers sont Ă  nouveau obligĂ©s de se replier faute de vivres. Murong Quai en profite pour poursuivre l'armĂ©e qui se replie et engage le combat. Finalement, plus de 30 000 soldats de l'armĂ©e des Jin meurent durant cette bataille[10].

À la suite de ce nouvel Ă©chec, les Jin arrĂȘtent leurs expĂ©ditions ; ce qui laisse le champ libre aux Qin antĂ©rieurs pour rĂ©unifier le nord de la Chine et tenter en 383 d'annexer l'empire des Jin Orientaux[11].

La bataille de la riviĂšre Fei

L'empire des Qin antérieurs (en bleu) et l'empire des Jin Orientaux (en jaune), la veille de la bataille

Pendant que les Jin Orientaux épuisent leurs forces dans les expéditions de Huan Wen, les Quin antérieurs gagnent en puissance. Fu Jiān, le neveu du fondateur de ce royaume, a pris la succession de son oncle. C'est un chef plein d'ambitions qui, durant les années 370, conquiert la région du Yuan, les actuels Sichuan et Chongqing et la cité de Xiangyang. Vers 381, toute la Chine du nord est conquise et les Quin se préparent à envahir le sud.

Préparatifs et début des combats

En , Fu Jiān envoie vers le Sud une armĂ©e de 300 000 hommes dirigĂ©e par son frĂšre Fu Rong, pour prendre pied sur le territoire ennemi. Peu aprĂšs, Fu Jiān marche avec le reste de l'armĂ©e depuis Xi'an, pour atteindre Xiangcheng en septembre. L'offensive principale vise la citĂ© de Shouchun sur la riviĂšre Huai, porte d'entrĂ©e vers le cƓur du territoire Jin.

Au sud, l'empereur Jin Xiaowudi prĂ©pare la dĂ©fense de son empire. Il donne au gĂ©nĂ©ral Huan Chong la responsabilitĂ© de la dĂ©fense du Yangzi et aux gĂ©nĂ©raux Xie Shi et Xie Xuan celle de la dĂ©fense de la riviĂšre Huai. Pour mener Ă  bien cette mission, Shi et Xuan sont mis Ă  la tĂȘte d'une armĂ©e de 80 000 soldats d'Ă©lite.

En , Fu Rong s'empare de la cité de Shouyang[12]. Voulant profiter de cette victoire, Fu Jiān hùte sa marche vers le sud et envoie un émissaire nommé Zhu Xu pour convaincre Xie Shi de se rendre. Zhu Xu est un ancien officiel des Jin capturé par les Qin, qui profite de l'occasion pour trahir Fu Jiān. Grùce aux informations de Xu, Xie Xuan réussit à détruire l'avant-garde de l'armée de Fu Rong lors d'une courte bataille[12].

AprÚs cette défaite, les troupes des Qin antérieurs se détournent de Souchun et établissent leur campement sur la rive ouest de la riviÚre Fei en , pendant que les troupes des Jin s'installent sur la rive est[12].

Destruction de l'armée Qin et victoire décisive des Jin

Alors que la situation menace de s'enliser dans un face Ă  face, Xie Xuan envoie un message Ă  Fu Rong pour lui demander de retirer ses troupes plus Ă  l'ouest, afin de laisser les Jin traverser la riviĂšre et enfin commencer la bataille qui doit dĂ©cider du sort des deux empires[12]. Les gĂ©nĂ©raux de Rong s'opposent Ă  cette demande. En effet, leur armĂ©e est un vaste conglomĂ©rat de mercenaires et d'hommes levĂ©s de force au sein des peuples asservis par les Qin, qui manquent trop de motivation et d’entraĂźnement pour rĂ©aliser une telle manƓuvre. A contrario, l'armĂ©e des Jin est composĂ©e de soldats professionnels et motivĂ©s par la dĂ©fense de leurs proches et de leurs terres, qui peuvent manƓuvrer facilement pour traverser la riviĂšre. Rejetant l'avis de leurs subordonnĂ©s, Fu Jiān et Fun Rong dĂ©cident de retirer leur armĂ©e puis d'attaquer les Jin pendant qu'ils traverseront la riviĂšre[12].

Ce repli tourne rapidement au chaos total. Les soldats inexpĂ©rimentĂ©s de Rong et Jiān ne comprennent pas la raison de ce repli et les ordres sont mal exĂ©cutĂ©s. AprĂšs avoir livrĂ© des informations aux Jin, Zhu Xu est retournĂ© au sein de l'armĂ©e de Rong comme agent double. Profitant de la situation, Xu fait circuler une rumeur voulant que les QIn ont perdu la bataille et que ce repli est une fuite devant les Jin. Il n'en faut pas plus pour dĂ©clencher une dĂ©bandade gĂ©nĂ©ralisĂ©e, chacun cherchant Ă  fuir un ennemi qui, au mĂȘme moment, finit juste de franchir la riviĂšre. Comprenant rapidement la situation, les soldats des Jin Orientaux se lancent Ă  la poursuite de l'armĂ©e en dĂ©route et massacrent les fuyards. Fu Rong meurt dans la cohue, tandis que Fu Jiān s'enfuit et ne s'en sort que grĂące Ă  l'intervention de Murong Chui, le seul gĂ©nĂ©ral Ă  avoir rĂ©ussi Ă  garder le contrĂŽle de ses troupes[12].

À la suite de cette dĂ©faite, les diffĂ©rents peuples soumis par les Qin antĂ©rieurs se soulĂšvent, Ă  commencer par Murong Chui lui-mĂȘme. En 385 Chang'an, la capitale des Qin antĂ©rieurs, est conquise par les Xianbei des Yan postĂ©rieurs, et Fu Jiān meurt exĂ©cutĂ© par Yao Chang, le fondateur du royaume des Qin postĂ©rieurs. Les Qin antĂ©rieurs survivent jusqu'en 394, sans jamais retrouver leur puissance et leur gloire perdue[12] - [13].

Profitant de la chute des Qin et du chaos politique qui s'ensuit, les Jin rĂ©cupĂšrent tous les territoires que les Qin leur avaient enlevĂ©s les annĂ©es prĂ©cĂ©dentes, puis profitent des guerres entre les nouveaux royaumes du nord pour repousser leur frontiĂšre en direction du fleuve Jaune. Cette dynamique est stoppĂ©e net par une sĂ©rie de rĂ©voltes paysannes, qui dĂ©gĂ©nĂšrent en guerre civile lorsque le gĂ©nĂ©ral Huan Xuan se rebelle contre l'empereur Jin Andi. Xuan rĂ©ussit mĂȘme Ă  destituer l'empereur Jin Andi et fonder sa propre dynastie. Il finit par ĂȘtre stoppĂ© par le gĂ©nĂ©ral Liu Yu, qui le tue en 406 et rĂ©installe Andi sur le trĂŽne.

Les expéditions de Liu Yu et la fin des Jin

les expéditions militaires de Liu Yu

AprÚs sa victoire sur Huan Xuan et le retour de l'empereur Jin Andi, Liu Yu est l'homme fort de la cour des Jin. Profitant de sa liberté d'action quasi-totale, il lance une série d'expéditions visant à annexer les différents royaumes non Han du nord de la Chine.

PremiÚre expédition : la chute des Yan méridionaux

Liu Yu lance sa premiĂšre expĂ©dition en 409, contre les Yan mĂ©ridionaux. Son armĂ©e attaque les Yan de Nanjing Ă  Xiapei, puis fonce vers Longchen. Retenant les leçons des Ă©checs de Huan Wen, Yu fait construire des forteresses tout le long de la route qu'il emprunte, pour empĂȘcher les Yan mĂ©ridionaux des couper ses approvisionnement. En mai de la mĂȘme annĂ©e, l'armĂ©e Jin atteint Guangdu, la capitale des Yan. Quand il arrive dans cette rĂ©gion, Liu Yu y trouve une grande profusion de cĂ©rĂ©ales. Voyant qu'il n'aurait aucun problĂšme d'approvisionnements, il dit Ă  ses hommes : « Le souverain des Yan mĂ©ridionaux est dĂ©jĂ  dans le creux de ma main Â». La suite de la campagne lui donne raison, car en Guangdu tombe et avec elle le royaume des Yan mĂ©ridionaux.

Seconde expédition : la chute des Qin postérieurs

En 416, Liu Yu lance une attaque de grande ampleur contre les Qin postĂ©rieurs, et rĂ©ussit Ă  vaincre Shao Yao, leur gĂ©nĂ©ral en chef. AprĂšs cette victoire, Liu Yu rentre dans Luoyang, l’ancienne capitale de la dynastie Jin et est couronnĂ© duc de Song. Pour achever sa victoire, il envoie deux armĂ©es dans la rĂ©gion qui correspond Ă  l'actuelle province du Shaanxi, pour y engager le combat contre les restes de l'armĂ©e des Qin postĂ©rieurs.

Sur leur chemin, les soldats des Jin sont harcelĂ©s par la cavalerie des Wei du Nord, qui s'en prennent aux approvisionnements des troupes de Liu Yu. LassĂ© par ce harcĂšlement, Yu attaque les Wei du Nord et rĂ©ussit Ă  les vaincre en utilisant des arbalĂštes pour projeter des lances sur ses ennemis. Cette pluie de projectiles effraye les soldats des Wei et est supposĂ©e avoir provoquĂ© environ 30 000 morts dans les rangs de ces derniers. AprĂšs cette victoire, les Jin sont libres de continuer Ă  se battre contre les Qin postĂ©rieurs, qu'ils dĂ©truisent en prenant leur capitale Chang'an, qui est aussi une ancienne capitale de la dynastie Jin.

Échec contre les Xia et perte des capitales

À la suite de cette victoire, la voie semble ouverte Ă  la destruction des Xia, des Wei du Nord et des autres États non Han, afin de rĂ©unifier la Chine. Cependant, Ă  la suite de rumeurs sur la mort de l'empereur Jin Andi, Liu Yu retourne Ă  Nanjing en laissant derriĂšre lui son gĂ©nĂ©ral Wang Zhen'en pour garder les deux capitales. Les Xia profitent de l’occasion pour passer Ă  l'attaque, vaincre les trop peu nombreuses troupes de Zhen'en et annexer les deux capitales. MalgrĂ© cet Ă©chec, les Jin orientaux gardent le contrĂŽle de la plus grande partie des territoires situĂ©s au sud du fleuve Jaune, qui sont le cƓur traditionnel de la Chine.

Conséquences

Les royaumes se partageant la Chine vers 400.

MalgrĂ© la perte des capitales, le prestige de Liu Yu est Ă  son zĂ©nith. Il en profite pour renverser la dynastie Jin 420, en destituant l'empereur Gongdi et en montant sur le trĂŽne pour fonder la dynastie des Song du sud. Sous son rĂšgne et celui de son fils, la Chine connaĂźt une brĂšve pĂ©riode de prospĂ©ritĂ© connue sous le nom d’ùre Yuanjia.

Cette Ăšre s’achĂšve lorsque les Wei du Nord rĂ©ussissent Ă  unifier la Chine du nord en Ă©liminant les autres royaumes non Han, puis repoussent les Song vers le sud[14].

Ce changement dynastique marque le début de la période des dynasties du Nord et du Sud.

Notes et références

  1. Li and Zheng, pg 384
  2. Xiong 2009, p. 587
  3. Xiong 2009, p. 367
  4. Xiong 2009, p. 513
  5. Xiong 2009, p. 401
  6. Xiong 2009, p. 118
  7. Li and Zheng, pg 382
  8. Li and Zheng, pg 383
  9. Li and Zheng, pg 390
  10. Li and Zheng, pg 391-392
  11. Li and Zheng, pg 392
  12. Zizhi Tongjian.
  13. Jin Shu, vol. 114 .
  14. Li and Zheng, pg 428-432

Bibliographie

  • (en) Bo Li et Yin Zheng, 5000 years of Chinese history, Inner Mongolian People's publishing corp, (ISBN 7-204-04420-7)
  • (en) Victor Cunrui Xiong, Historical Dictionary of Medieval China, Lanham, Scarecrow Press, coll. « Historical dictionaries of ancient civilizations and historical eras », , 731 p. (ISBN 978-0-8108-6053-7 et 0-8108-6053-8, lire en ligne)
  • le livre des Song "Song Shu".
  • le livre des Jin "Jin Shu".
  • le Zizhi Tongjian.

Voir aussi

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