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Guerre colombo-péruvienne de 1932-1933

La guerre colombo-péruvienne de 1932-1933 est un conflit armé entre la République de Colombie et la République du Pérou, qui dure entre le et le .

Guerre Colombie-PĂ©rou (1932-1933)
Description de cette image, également commentée ci-aprÚs
ArmĂ©e colombienne Ă  la manƓuvre.
Informations générales
Date -
Lieu Colombie
Issue Statu quo ante.
Confirmation des termes du traitĂ© SalomĂłn–Lozano
Forces en présence
1 0001 000
Mercenaires allemands
Pertes
150 à 250 tués140 à 200 tués

Contexte

Les frontiĂšres entre la Colombie et le PĂ©rou, telles que dĂ©finies par le traitĂ© SalomĂłn–Lozano du , qui fut ratifiĂ© le par les deux pays, fixent la rĂ©gion du "TrapĂšze de Leticia" comme territoire colombien[1].

NĂ©anmoins, dans la nuit du au , un groupe armĂ© pĂ©ruvien envahit la zone. Le PĂ©rou, s’il affirme qu’aucun de ses officiers ou soldats ne participent Ă  cet assaut, l’interprĂšte comme un acte patriotique, d’irrĂ©dentisme, c’est-Ă -dire Ă©manant de la population qui revendique le rattachement du trapĂšze Ă  l’État pĂ©ruvien[1].

Le , le président péruvien Luis Miguel Sånchez déploie deux régiments de l'armée péruvienne à Leticia et Tarapacå, deux villes péruviennes dans l'Amazonas (Colombie), aujourd'hui en Colombie.

Ces actions furent largement ignorées par le gouvernement colombien.

Le patriotisme colombien

Ce n'est que le 17 septembre que le gouvernement colombien prend acte des actions péruviennes. Les forces armées péruviennes postées sur les rives du río Putumayo stoppent de nombreux bateaux de commerce naviguant vers Leticia. Il en résulte une explosion de patriotisme colombien. Laureano Gómez, chef de la minorité du Sénat proclame : « Paix, paix, paix à l'intérieur de la Colombie; Guerre, guerre, guerre sur la frontiÚre contre nos abjects ennemis. »

Le 19 septembre, le quotidien colombien El Tiempo annonce qu'il a reçu plus de 10 000 lettres appelant Ă  la guerre et au contrĂŽle de Leticia. Le mĂȘme jour des milliers d'Ă©tudiants colombiens dĂ©filent dans les rues de Bogota en chantant : « SĂĄnchez Cerro mourra et la Colombie vaincra ! ». VĂĄsquez Cobo (es) est nommĂ© gĂ©nĂ©ral de la marine colombienne amazonienne et 10 millions de dollars sont approuvĂ©s par le SĂ©nat pour financer son action. Plus de 400 kilos d'or sont donnĂ©s par les villes colombiennes comme symbole de gratitude envers l'ingĂ©nieur Huilan, CĂ©sar GarcĂ­a Álvarez (en).

La guerre

Le président péruvien Sånchez pensait que la Colombie n'avait aucune chance de se défendre : manquant de route et d'une marine propre, la région amazonienne n'accueillait aucune présence militaire : ce n'est qu'en que le général Alfredo Våsquez Cobo (es) atteint l'Amazone avec une flotte de vieux bateaux acquise en Europe.

En 90 jours, la Colombie organise une rĂ©ponse militaire respectable Ă  l'invasion pĂ©ruvienne. Herbert Boy (en) et les autres aviateurs allemands de SCADTA (qui deviendra plus tard Avianca) adaptent leurs avions commerciaux pour la guerre et forment une armĂ©e de l'air colombienne temporaire.

La premiÚre attaque de la Marine colombienne cible Tarapacå. La cité est choisie car Leticia est à la frontiÚre du Brésil et les forces colombiennes ne veulent pas étendre le conflit en permettant aux Péruviens de fuir au Brésil.

La prise de Tarapacå est une bataille sanglante. La veille, le , les forces aériennes péruviennes ont tenté de bombarder la flotte colombienne mais la plupart des bombes ont manqué leur cible[2]. Le reste des forces péruviennes quitte la zone tandis que la flotte colombienne arrive le lendemain.

Le premier combat aérien d'Amérique du Sud se déroula durant cette guerre entre les forces aériennes colombiennes et péruviennes[3].

Le mĂȘme jour, le prĂ©sident colombien Enrique Olaya rompt les relations avec le gouvernement pĂ©ruvien en raison de l'attaque aĂ©rienne. Ne voulant pas entraĂźner le BrĂ©sil dans la guerre, il renonce Ă  ordonner une attaque sur Leticia.

Le , aprĂšs un discours au Senatal Dome de Lima (en), le prĂ©sident pĂ©ruvien SĂĄnchez est abattu par un jeune cuisinier. 15 jours plus tard son successeur, Oscar R. Benavides, rencontre le chef du parti libĂ©ral colombien, Alfonso LĂłpez Pumarejo, pour conclure un accord. Ils dĂ©cident alors de retourner Ă  la situation territoriale antĂ©rieure au conflit en attendant le rĂšglement du contentieux par des nĂ©gociations, notamment grĂące Ă  l'intervention de la SociĂ©tĂ© des Nations.

RĂ©solution du conflit

Les nĂ©gociations prennent place Ă  Rio de Janeiro, au BrĂ©sil, Ă  partir de mai 1933 sous l’égide de la SociĂ©tĂ© des Nations qui envoie Ă©galement sur place une commission le mois suivant, chargĂ©e de l’administration de la zone litigieuse de Leticia en attendant l’aboutissement des nĂ©gociations[1].

Sur proposition d’un accord par la SociĂ©tĂ© des Nations acceptĂ© par les deux pays, est signĂ© le le protocole de Rio de Janeiro qui rĂ©affirme les frontiĂšres dĂ©finies en 1922 entre les deux pays. Cet accord permet d’un cĂŽtĂ© Ă  la Colombie de rĂ©cupĂ©rer le territoire du trapĂšze de Leticia et de l’autre cĂŽtĂ© l’engage Ă  conclure des accords spĂ©ciaux concernant le commerce et la libre circulation fluviale avec le PĂ©rou, permettant ainsi de satisfaire les deux parties. Enfin, le , la Commission remet officiellement le trapĂšze de Leticia Ă  la Colombie mettant fin au conflit[1].

Le traitĂ© SalomĂłn–Lozano est rĂ©affirmĂ© par ce traitĂ© de paix.

Remarques

La commission, chargĂ©e d’administrer la province de Leticia en attendant l’aboutissement des nĂ©gociations, prĂ©sente comme caractĂ©ristique nouvelle la constitution d’une force de police propre pour permettre l’administration provisoire de la province. Cette force bien qu’uniquement composĂ©e de soldats colombiens arborant le drapeau de la Colombie, se distingue par des sigles et attributs spĂ©cifiques comme des brassards lui permettant ainsi de se dĂ©marquer de l’armĂ©e rĂ©guliĂšre de Colombie[4].

Avant de porter cette affaire devant la SociĂ©tĂ© des Nation le , le PĂ©rou avait tout d’abord tentĂ© de saisir le , la Commission permanente de Conciliation internationale situĂ©e Ă  Washington mais sans succĂšs . Un parallĂšle peut alors ĂȘtre fait avec la crise du Chaco qui, au contraire, avant d’avoir Ă©tĂ© dĂ©finitivement rĂ©glĂ©e par les États-Unis d’AmĂ©rique, avait Ă©tĂ© portĂ©e par la SociĂ©tĂ© des Nations[5].

Notes et références

Références

(en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Leticia Incident » (voir la liste des auteurs).
  1. Sections d’information et de coopĂ©ration intellectuelle du SecrĂ©tariat de la SociĂ©tĂ© des Nations, La SociĂ©tĂ© des Nations : ses fins, ses moyens, son Ɠuvre, SecrĂ©tariat de la SociĂ©tĂ© des Nations, 1935, p. 114
  2. von Rauch 1984, p. 6
  3. (es) Historia del Fuerza AĂ©rea del PerĂș, sur www.fap.mil.pe
  4. Ali L. KARAOMANOGLU, Les actions militaires coercitives et non coercitives des Nations Unies, Droz, 1970, p. 28
  5. Sections d’information et de coopĂ©ration intellectuelle du SecrĂ©tariat de la SociĂ©tĂ© des Nations, La SociĂ©tĂ© des Nations : ses fins, ses moyens, son Ɠuvre, SecrĂ©tariat de la SociĂ©tĂ© des Nations, 1935, p. 115

Bibliographie

  • (en) Herbert von Rauch, A South American Air War...The Letcia Conflict, Bromley, Kent, Pilot Press, coll. « Air Enthusiast » (no 26), dĂ©cembre 1984-mars 1985 (ISSN 0143-5450)
  • Sections d’information et de coopĂ©ration intellectuelle du SecrĂ©tariat de la SociĂ©tĂ© des Nations, La SociĂ©tĂ© des Nations : ses fins, ses moyens, son Ɠuvre, SecrĂ©tariat de la SociĂ©tĂ© des Nations, 1935
  • Ali L. KARAOMANOGLU, Les actions militaires coercitives et non coercitives des Nations Unies, Droz, 1970

Annexes

Articles connexes

Liens externes

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