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Groupe métaplectique

En mathĂ©matiques, le groupe mĂ©taplectique Mp2n est un revĂȘtement Ă  deux feuillets du groupe symplectique Sp2n. Il peut ĂȘtre dĂ©fini sur les nombres rĂ©els ou sur les nombres nombres p-adiques. De maniĂšre plus gĂ©nĂ©rale, on peut considĂ©rer la construction sur un corps local ou un corps fini arbitraire, voire sur l'Anneau des adĂšles.

Le groupe mĂ©taplectique possĂšde une reprĂ©sentation linĂ©aire de dimension infinie particuliĂšrement importante, la reprĂ©sentation de Weil[1]. Elle a Ă©tĂ© utilisĂ©e par AndrĂ© Weil pour donner une interprĂ©tation en thĂ©orie des reprĂ©sentations de la fonctions thĂȘta. Elle joue un rĂŽle important dans la thĂ©orie des formes modulaires de poids semi-entier et de la correspondance thĂȘta.

DĂ©finition

Le groupe de Lie symplectique Sp2n(ℝ), ayant â„€ pour groupe fondamental, admet un unique revĂȘtement Ă  deux feuillets connexe, notĂ© Mp2n(ℝ) et appelĂ© groupe mĂ©taplectique.

Le groupe mĂ©taplectique Mp2(ℝ) n'est pas un groupe de matrices : il n'admet aucune reprĂ©sentation fidĂšle de dimension finie. Par consĂ©quent, le problĂšme de sa rĂ©alisation explicite est non trivial. Il possĂšde toutefois des reprĂ©sentations irrĂ©ductibles fidĂšles de dimension infinie, telles que la reprĂ©sentation de Weil dĂ©crite ci-dessous.

On peut dĂ©montrer que pour tout corps local F diffĂ©rent de ℂ, le groupe symplectique Sp2n(F) admet une extension centrale parfaite unique de noyau le groupe cyclique d'ordre 2 â„€/2â„€, appelĂ© groupe mĂ©taplectique sur F. C'est l'Ă©quivalent algĂ©brique de la notion topologique de revĂȘtement Ă  deux feuillets lorsque F = ℝ. L'approche par la notion d'extension centrale est utile mĂȘme dans le cas du groupe mĂ©taplectique rĂ©el car elle permet de dĂ©crire l'action du groupe via un cocycle particulier.

Construction explicite pour n = 1

Pour n = 1, le groupe symplectique coĂŻncide avec le groupe spĂ©cial linĂ©aire SL2(ℝ). Le groupe agit de façon biholomorphe par homographies sur le demi-plan de PoincarĂ© :

oĂč

est une matrice 2x2 de dĂ©terminant 1 et z appartient au demi-plan de PoincarĂ©. Cette action permet de construire explicitement le revĂȘtement mĂ©taplectique de SL2(ℝ).

Les Ă©lĂ©ments du groupe mĂ©taplectique Mp2(ℝ) sont les couples (g, Δ), oĂč et Δ est une fonction holomorphe sur le demi-plan de PoincarĂ© vĂ©rifiant . Le produit est dĂ©fini par :

   oĂč

Le fait que ce produit est bien défini résulte de l'identité cocyclique . L'application

est une surjection de Mp2(R) sur SL2(R) qui n'admet pas de section continue. On obtient par consĂ©quent un revĂȘtement Ă  deux feuillets non trivial de ce dernier groupe.

Construction de la représentation de Weil

Donnons tout d'abord une justification abstraite de l'existence de la représentation de Weil. Le groupe de Heisenberg possÚde une représentation unitaire irréductible sur un espace de Hilbert :

oĂč le centre agit comme une constante non nulle. D'aprĂšs le thĂ©orĂšme de Stone–von Neumann, cette reprĂ©sentation est essentiellement unique. En effet, si est une autre reprĂ©sentation de ce type, il existe un automorphisme

tel que .

et l'automorphisme conjuguant les deux reprĂ©sentations est projectivement unique, c'est-Ă -dire unique Ă  une constante multiplicative de module 1 prĂšs. Donc tout automorphisme du groupe de Heisenberg, induisant l'identitĂ© sur le centre, agit sur cette reprĂ©sentation . Pour ĂȘtre prĂ©cis, l'action n'est dĂ©finie qu'Ă  la multiplication par une constante non nulle prĂšs.

Les automorphismes du groupe de Heisenberg forment le groupe symplectique. Il semblerait donc, Ă  premiĂšre vue, que l'on ait une action du groupe symplectique sur . Cependant, l'action n'est dĂ©finie qu'Ă  la multiplication par une constante non nulle prĂšs, en d'autres termes, on ne peut envoyer l'automorphisme du groupe que sur la classe . Nous n'obtenons donc qu'un homomorphisme du groupe symplectique sur le groupe unitaire projectif de ou, en d'autres termes, une reprĂ©sentation projective. La thĂ©orie gĂ©nĂ©rale des reprĂ©sentations projectives s'applique alors, donnant une action de l'extension centrale du groupe symplectique sur . On vĂ©rifie par le calcul que cette extension centrale est un revĂȘtement Ă  deux feuillets du groupe symplectique qui est prĂ©cisĂ©ment le groupe mĂ©taplectique.

Donnons maintenant une construction plus concrĂšte dans le cas le plus simple, celui de Mp2(ℝ). Dans ce cas, l'espace de Hilbert H est l'espace L2(ℝ). Le groupe de Heisenberg est engendrĂ© par les translations et la multiplication par les fonctions eixy de x, pour y rĂ©el. L'action du groupe mĂ©taplectique sur H est alors engendrĂ©e par la transformation de Fourier et la multiplication par les fonctions eix2y.

Généralisation

AndrĂ© Weil a montrĂ© que l'on peut Ă©tendre la thĂ©orie exposĂ©e ci-dessus en remplaçant ℝ par un groupe localement compact arbitraire G isomorphe Ă  son dual de Pontryagin (groupe des caractĂšres). L'espace Hilbert H est alors L2(G). L'analogue du groupe de Heisenberg est le groupe engendrĂ© par les translations par les Ă©lĂ©ments de G, et par les Ă©lĂ©ments du groupe dual (considĂ©rĂ©s comme fonctions de G vers le cercle unitĂ©). Il existe alors un analogue du groupe symplectique qui agit sur le groupe de Heisenberg, et cette action se relĂšve en une reprĂ©sentation projective sur H. L'extension centrale correspondante du groupe symplectique est appelĂ©e groupe mĂ©taplectique

Quelques exemples importants de cette construction :

  • G un espace vectoriel rĂ©el de dimension n. le groupe mĂ©taplectique obtenu est un revĂȘtement Ă  deux feuillets du groupe symplectique Sp2n(ℝ).
  • G un espace vectoriel sur un corps local F de dimension n arbitraire. On obtient un groupe mĂ©taplectique qui est un revĂȘtement Ă  deux feuillets du groupe symplectique Sp2n(F).
  • G un module sur l'anneau des adĂšles d'un corps de nombres (ou d'un corps global quelconque). Utile pour l'approche des formes automorphes dans le cadre de la thĂ©orie des reprĂ©sentations.
  • G est un groupe fini. Le groupe mĂ©taplectique correspondant est alors Ă©galement fini et le revĂȘtement au-dessus du centre est trivial. Ce cas apparaĂźt dans la thĂ©orie des fonctions thĂȘta des rĂ©seaux, oĂč G est typiquement le groupe discriminant d'un rĂ©seau unimodulaire de type II.
  • David Kazhdan a conjecturĂ© l'existence de la reprĂ©sentation de Weil linĂ©aire (et non projective) sur un corps fini, Ă  savoir qu'il existe une rĂ©alisation canonique de l'espace de Hilbert. Cette rĂ©alisation a Ă©tĂ© construite par Gurevich-Hadani en utilisant la notion d'opĂ©rateurs d'entrelacement canoniques proposĂ©e par Joseph Bernstein[2].

Voir aussi

Références

  • Roger Howe ; Eng-Chye Tan (1992), Nonabelian harmonic analysis. Applications of SL(2,R), Universitext, New York:, Springer-Verlag, (ISBN 0-387-97768-6)
  • GĂ©rard Lion ; MichĂšle Vergne (1980), The Weil representation, Maslov index and theta series, Progress in Mathematics, 6, Boston: BirkhĂ€user
  • AndrĂ© Weil (1964), "Sur certains groupes d'opĂ©rateurs unitaires", Acta Math., Project Euclid[3]
  • Shamgar Gurevich ; Ronny Hadani (2006), "The geometric Weil representation", Selecta Mathematica. New Series, arxiv.org [4]
  • Shamgar Gurevich ; Ronny Hadani (2005), Canonical quantization of symplectic vector spaces over finite fields, arxiv.org[2],

Notes

  1. A. Weil, « Sur certains groupes d'opĂ©rateurs unitaires », Acta Math., vol. 111,‎ , p. 143–211 (DOI 10.1007/BF02391012)
  2. https://arxiv.org/abs/0705.4556
  3. https://projecteuclid.org/euclid.acta/1485889380
  4. https://arxiv.org/abs/math/0610818
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