Accueil🇫🇷Chercher

Grotte des Petites-Dalles

La grotte des Petites-Dalles (ou Petites-Dales)[Note 2] est située à Saint-Martin-aux-Buneaux près de Fécamp en Seine-Maritime dans la région Normandie, en pays de Caux.

Grotte des Petites-Dalles
Localisation
Coordonnées
49° 48′ 58″ N, 0° 31′ 54″ E
Pays
Région française|Région
DĂ©partement
Localité voisine
Caractéristiques
Altitude de l'entrée
35 m[1]
Longueur connue
853 m[Note 1]
PĂ©riode de formation
800 000 ans[2]
Température
Localisation sur la carte de la Seine-Maritime
voir sur la carte de la Seine-Maritime
Localisation sur la carte de Normandie
voir sur la carte de Normandie
Localisation sur la carte de France
voir sur la carte de France

Connue depuis longtemps mais explorĂ©e par les spĂ©lĂ©ologues Ă  partir de 1966[1] - [4], son dĂ©veloppement total atteint 853 mètres fin 2021[Note 1], ce qui en fait la plus longue grotte de la Seine-Maritime. Elle fait l'objet d'un chantier durable de dĂ©colmatage[2].

Historique

Premières incursions

La grotte des Petites-Dalles est connue de longue date par les habitants du secteur qui ont apposé des inscriptions sur les parois de la zone d'entrée. Des visiteurs plus lointains, notamment des Anglais attirés par la station balnéaire des Petites-Dalles, ont également laissé des traces. Puis un clochard y élit domicile avant la Seconde Guerre mondiale. Durant cette même guerre, des adolescents laissent sur la paroi un témoignage de leur incursion jusqu'à l'extrémité alors connue de la galerie principale. Enfin, en 1966, le Spéléo-club de Rouen, dont un membre réside alors dans la commune voisine de Saint-Pierre-en-Port, explore la cavité et y mesure un développement de 62 mètres ; il diagnostique alors une « continuation impossible »[4].

Explorations spéléologiques

Dès la publication de cette cavitĂ© dans la revue fĂ©dĂ©rale Spelunca en 1967, le groupe spĂ©lĂ©o de la Maison des jeunes et de la culture (GS-MJC) du Havre frĂ©quente durablement la grotte des Petites-Dalles dont le schĂ©ma est encore simple Ă  cette Ă©poque : le collecteur se dĂ©veloppe sur une soixantaine de mètres en dĂ©crivant un arc de cercle. Ă€ mi-distance entre l'entrĂ©e et le fond connu alors, se dessine en rive gauche un affluent d'une dizaine de mètres, sortant d'un comblement terreux. Une première topographie, publiĂ©e en 1968, affiche un dĂ©veloppement de 72 mètres[4].

Pendant les annĂ©es 1970, la cavitĂ© considĂ©rĂ©e comme irrĂ©mĂ©diablement obstruĂ©e, sert de base logistique pour les prospections et explorations le long du littoral voisin. Cependant, de 1974 Ă  1977, de difficiles dĂ©sobstructions poussent le dĂ©veloppement jusqu'Ă  près de 80 mètres en suivant le chenal de voĂ»te de la galerie Principale[4].

En 1979, le groupe spéléo (GS) du Havre[Note 3] entreprend la désobstruction de l'affluent du siphon en rive gauche (cf. supra). En 1982, la voûte du siphon est atteinte mais les moyens utilisés ne permettent pas de poursuivre. Ce n'est qu'en 1985 qu'un autre groupe, le spéléo club du Roule, reprend cette désobstruction – avec des moyens toujours modestes – jusqu'en 1989[4].

À partir de 1989, sous l'impulsion de Jean-Pierre Viard et de son club le groupe spéléologique de l'A.C. Renault-Cléon, les travaux de désobstruction se structurent et se mécanisent progressivement[4].

Chantier de désobstruction mécanisée

Depuis 1989, la grotte des Petites-Dalles fait alors l'objet d'une dĂ©sobstruction de longue haleine[5]. Des spĂ©lĂ©ologues normands s'y retrouvent chaque semaine pour vider la grotte de ses remplissages sĂ©dimentaires, essentiellement des lĹ“ss introduits durant le PlĂ©istocène. Le dĂ©veloppement croĂ®t alors plus rapidement et rĂ©gulièrement : 94 mètres en 1990, 162 mètres en 1992, plus de 200 mètres en 1995, 237 mètres en 1998, 493 mètres en 2002 (la grotte des Petites-Dalles devient alors la plus longue de la Seine-Maritime), 544 mètres en 2004, 568 mètres en 2005, 582 mètres en 2006, 613 mètres en 2008[2] - [4].

Résultats récents et perspectives

Le volume cumulé de sédiments extrait depuis l'origine avoisinait les trois mille mètres cubes en 2016 ; le développement atteignait 785 mètres à cette même date[6] - [7].

Plusieurs fronts de décolmatage sont poursuivis pour dégager de nouveaux tronçons de la « galerie Principale » et de ses affluents. Dès fin 2019, le développement total atteignait 805 mètres[8] - [Note 4]. À fin 2021, ce développement était de 853 mètres[Note 1] ; la grotte est désormais au huitième rang des plus longues cavités du Bassin parisien ; elle conforte sa première place parmi les plus longues cavités de la Seine-Maritime.

La désobstruction d'une ou de plusieurs bétoires permettrait de réaliser une traversée hydrogéologique inédite dans un karst de la craie[4]. Cette perspective se précise avec la découverte de la galerie de la Canicule, affluente de la galerie du Siphon, dont l'amont se dirige vers la valleuse des Petites-Dalles[8] - [Note 4].

Description

GĂ©ologie et morphologie

La cavitĂ©, âgĂ©e au maximum de 800 000 ans (datation du remplissage sĂ©dimentaire par palĂ©omagnĂ©tisme) et amputĂ©e de son aval par une vallĂ©e beaucoup plus rĂ©cente, est constituĂ©e d'une galerie principale dĂ©passant les 10 mètres de hauteur sur laquelle viennent se greffer plusieurs branches affluentes[9] (cf. infra).

C’est une grotte de bas plateau avec des circulations si lentes qu’elles autorisent les dépôts des sédiments les plus fins, induisant une dissolution de la craie du bas vers le haut (paragénétisme). Elle fait l'objet d'études scientifiques notamment en karstologie, sédimentologie et climatologie.

Outre son dĂ©pĂ´t ferro-manganique dont l'origine pourrait ĂŞtre une cryoconite glaciaire[C 1], la cavitĂ© permet aussi d'observer la fracturation due Ă  la tectonique ainsi qu'un dĂ©pĂ´t de bentonite d'origine volcanique, dĂ©limitant le Coniacien infĂ©rieur du Coniacien moyen[C 2]. Ce dĂ©pĂ´t est appelĂ© par les gĂ©ologues « marne Shoreham 2 Â»[C 2] ; ce dĂ©pĂ´t se retrouve en diffĂ©rents sites du pays de Caux et notamment Ă  proximitĂ© de la grotte, dans la falaise maritime entre les Petites-Dalles et les Grandes-Dalles[C 3]. Cela permet de situer le niveau de l'emprise de la cavitĂ© dans l'ensemble du massif crayeux[C 1].

Topographie

La grotte se compose d’une galerie principale subhorizontale à laquelle viennent se raccorder quatre branches affluentes principales[9].

En remontant depuis l'entrée de la grotte vers l'amont, on rencontre[C 1] :

  • la galerie du Siphon et son sous-affluent, la galerie de la Canicule ;
  • la galerie du Soutirage ;
  • la galerie Catherine ;
  • le raccordement Ă  une succession de deux racines d’altĂ©ration, ou bĂ©toires (bĂ©tu en cauchois).

La galerie principale présente une largeur de 2 à 5 m ; elle a été désobstruée par les spéléologues sur une hauteur variant de 2 à 5 m environ ; sa hauteur libre peut atteindre une dizaine de mètres à la faveur d'agrandissements naturels du conduit. Ainsi, au niveau de l’Espace des Six, la galerie s’élargit en une petite salle[C 1].

Notoriété

Visites et reconnaissance

Chaque annĂ©e, des visites de la cavitĂ©, destinĂ©es au public local, sont organisĂ©es, notamment en septembre oĂą se tient une traditionnelle « FĂŞte de la grotte Â»[6].

En 2017, la Fédération française de spéléologie a récompensé l'ensemble des travaux et personnes qui ont contribué à la mise en valeur patrimoniale et scientifique de la cavité en décernant à ce projet le prix Martel – de Joly[10].

Protection et recherche scientifique

La cavité fait l'objet d'une convention entre le Conservatoire national du milieu souterrain de la Fédération française de spéléologie et la propriétaire de la cavité[4].

Des campagnes de mesures scientifiques (paléomagnétisme, température, taux de gaz carbonique, niveau piézométrique,...) sont menées dans cette cavité, sous la direction de l'UMR 6143 du CNRS (Universités de Caen et de Rouen)[4].

Notes et références

Notes

  1. Le développement total de 853 mètres à fin 2021 est annoncé par le responsable de chantier Jean-Pierre Viard dans son compte-rendu annuel.
  2. L'écriture « Petites-Dales » se rencontre, sans être précisément justifiée (cf. « A la découverte de la grotte des Petites Dales », sur researchgate.net, (consulté le ) ) ; cependant, dans les monographies se rapportant à la cavité, le Centre normand d'études du karst (CNEK), retient la graphie « grotte des Petites-Dales » telle qu'elle était mentionnée sur les dernières cartes d'état-major.
  3. Ne pas confondre le groupe spéléo de la maison des jeunes et de la culture (GS-MJC) du Havre avec le groupe spéléo (GS) du Havre
  4. Compte-rendu d'activités 2019 rédigé par Jean-Pierre Viard le 2 janvier 2020.

Références CRIHAN

Autres références

  1. Joël Rodet, Jean-Pierre Viard, Jacques Poudras, « A la découverte de la grotte des Petites Dales », sur researchgate.net, (consulté le )
  2. « La grotte des Petites-Dalles », sur Les Petites-Dalles au Pays de Caux, (consulté le )
  3. « Saint-Martin-aux-Buneaux : la grotte des Petites-Dalles se visite », sur paris-normandie.fr, (consulté le )
  4. Joël Rodet & Jean-Pierre Viard, « La grotte des Petites Dales, un patrimoine normal ? Non ! Normand ! (Saint-Martin-aux-Buneaux, Seine-Maritime, Normandie) », sur researchgate.net, (consulté le )
  5. [vidéo] Voyage au centre de la grotte des Petites-Dalles (reportage FR3 2015) sur YouTube
  6. « Site Internet de la Grotte des Petites-Dalles »
  7. Jean-Claude Staigre, Joël Rodet, Nicolas Lecoq, Laurent Magne et Stephane Chedeville, « La grotte des Petites Dales : un chantier de désobstruction normand de dimension exceptionnelle pour des résultats exceptionnels. », spelunca memoires, Paris, Fédération française de spéléologie, no 38,‎ , p. 191-207 (ISSN 0249-0544, lire en ligne, consulté le ).
  8. Joël Rodet, « Grotte des Petites Dales : le chantier spéléologique »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), (consulté le )
  9. « Topographie de la grotte des Petites-Dalles », sur Les Petites-Dalles au Pays de Caux, (consulté le )
  10. « Centre Normand d’Etude du Karst et des Cavités du Sous-sol »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), sur cnek.org (consulté le )

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.