Accueil🇫🇷Chercher

Grotte de Boischatel

La grotte de Boischatel est située dans la municipalité de Boischatel, faisant partie de la municipalité régionale de comté de La Côte-de-Beaupré, au Québec, dans la région administrative de la Capitale-Nationale.

Grotte de Boischatel
Localisation
Coordonnées
46° 54′ 04″ N, 71° 09′ 37″ O
Pays
Provinces et territoires du Canada|Province
RĂ©gion
Caractéristiques
Type
calcaire
Longueur connue
2 800 m
Localisation sur la carte du Québec
voir sur la carte du Québec

La grotte est parcourue par une partie ou la totalitĂ© de la rivière FerrĂ©e, qui se jette dans la rivière Montmorency en amont de la chute Montmorency. Elle a un dĂ©veloppement connu et topographiĂ© d'environ 2,8 km et l'exploration de la grotte se poursuit toujours aujourd'hui.

Historique

Les phĂ©nomènes karstiques extĂ©rieurs de Boischatel sont connus depuis plus d’un demi-siècle. Ils ont Ă©tĂ© visitĂ©s en 1958 par le karstologue français Jean Corbel. Celui-ci pensait que le rĂ©seau souterrain ne devait pas ĂŞtre très dĂ©veloppĂ© et qu’il Ă©tait sans doute impĂ©nĂ©trable. L’Équipe Norbert Casteret de QuĂ©bec s’est intĂ©ressĂ©e aux lieux en 1960, mais ce n’est qu’en 1966, avec la fondation du club des Chauves-souris, que les premiers travaux furent effectuĂ©s (colorations, relevĂ©s de tempĂ©rature et premières tentatives de dĂ©sobstruction). Dix ans plus tard, en 1976, le premier coup de pelle Ă©tait donnĂ© dans un Ă©boulis près des pertes de la rivière Laval. Après deux ans de travaux, en , une nouvelle Ă©quipe de dĂ©sobstruction dĂ©couvrait un premier passage de m oĂą l’on percevait un courant d’air ainsi que le bruit d’une rivière. Après de nombreuses sĂ©ances de dĂ©sobstruction en janvier et , des spĂ©lĂ©ologues purent se glisser pour la première fois dans la grotte, le . Ils explorèrent 300 m de galerie ce jour-lĂ . BientĂ´t, 1 540 m de conduits furent topographiĂ©s. La grotte de Boischatel devenait ainsi la plus longue au QuĂ©bec.

En 1972, tandis que des travaux Ă©taient effectuĂ©s dans la zone des pertes, un tuyau fut installĂ© dans la doline des Roches lors de son remplissage. Ă€ l’automne 1974 et au printemps 1975, le SpĂ©lĂ©o-club de QuĂ©bec rĂ©alisait les premiers travaux de dĂ©sobstruction Ă  la base de ce tuyau, malheureusement sans rĂ©sultat. Une nouvelle Ă©quipe a repris le travail Ă  l’automne 1980 et a dĂ©couvert la partie aval de la rivière de la Nuit. La grande salle et la partie amont de la rivière de la Nuit furent dĂ©couverte le et la jonction avec l’entrĂ©e du Golf se fit un an plus tard, le , portant le dĂ©veloppement Ă  près de trois kilomètres de galeries.

Géologie et contexte géologique

Cette caverne est le résultat de la dissolution de la roche calcaire par la rivière Ferrée. Le lit asséché de la rivière Ferrée, là où l'eau passait avant la création de la grotte, est encore visible et passe sous la rue Notre-Dame. Le lit asséché de la rivière Ferrée redevient actif lors des crues du printemps alors que le réseau souterrain est complètement rempli. Étant le résultat de la dissolution de carbonate de calcium (calcaire), cette caverne peut donc être décrite comme une grotte.

Le parc des résurgences, faisant partie du parc de la Chute Montmorency et exploité par la SEPAQ, témoigne en surface de l'activité karstique en dessous. En effet, il est possible d'observer une multitude de dépressions, signe de la dissolution sous-terre de la roche calcaire. Dans ce même parc, il est possible d'observer les résurgences de la grotte de Boischatel.

La rĂ©gion de QuĂ©bec fait partie des Basses-Terres du Saint-Laurent. Cette province gĂ©ologique est composĂ©e de roches sĂ©dimentaires qui forment un couloir parallèle au fleuve Saint-Laurent. Elles se sont dĂ©posĂ©es au Cambrien (570-510 millions d’annĂ©es) et Ă  l’Ordovicien (510-438 Ma) lors de l’envahissement par les eaux d’un ocĂ©an maintenant disparu, IapĂ©tus. Ces roches reprĂ©sentent une sĂ©quence transgressive-rĂ©gressive Ă©paisse de 1 500 Ă  3 000 mètres. Ainsi, les niveaux infĂ©rieur et supĂ©rieur de la sĂ©quence sont d’origine continentale et le niveau mĂ©dian d’origine marine. Ces calcaires se sont formĂ©s sur une plate-forme carbonatĂ©e de profondeur moyenne. Ils sont apparentĂ©s avec ceux retrouvĂ©s dans l’Outaouais, au Lac-Saint-Jean et sur l’Île d’Anticosti.

Les calcaires ne sont pratiquement pas dĂ©formĂ©s. Ainsi leur pendage est en gĂ©nĂ©ral infĂ©rieur Ă  5e. Les calcaires du Groupe de Trenton sont argileux, de couleur grise, gris bleu Ă  noire, bien stratifiĂ©s et très fossilifères. Ă€ la base du groupe, les calcaires sont en lits Ă©pais (jusqu’à m) en gĂ©nĂ©ral plus cristallins. Dans la partie supĂ©rieure, les lits de calcaire sont interstratifiĂ©s avec des interlits centimĂ©triques de shale. Ces interlits de shale sont bien visibles dans la grotte de Boischatel oĂą ils forment des lamelles cassantes ressortant des parois. La datation de dĂ©pĂ´ts piĂ©gĂ©s dans la grotte montre qu'elle fonctionnait il y a plus de 80 000 ans[1].

Statistique et topographie

Au fil des annĂ©es, la grotte a Ă©tĂ© topographiĂ©e par des spĂ©lĂ©ologues, ce qui a permis de dĂ©terminer qu'elle a un dĂ©veloppement de 2,8 km et un dĂ©nivelĂ© de m. Une carte très prĂ©cise de la grotte, appelĂ©e topographie, est disponible pour les spĂ©lĂ©ologues moins familiers avec ce rĂ©seau complexe de passages. Aujourd'hui, les spĂ©lĂ©ologues dĂ©sirant typographier une caverne utilisent un tĂ©lĂ©mètre laser (comme le DistoX2 par exemple), une boussole et un clinomètre Ă©lectronique. Ă€ chaque lecture, le Disto X transmets l'information vers un ordinateur personnel (PDA) par communication Bluetooth; non seulement la prĂ©cision des relevĂ©s est amĂ©liorĂ©e, mais le spĂ©lĂ©ologue voit la grotte se dessiner sous ses yeux en 3D approximatif (une lecture prĂ©cise haut-bas-gauche-droite est seulement enregistrĂ©e Ă  chaque point topographique et le reste des dĂ©tails est dessinĂ© Ă  la main).

Description du réseau

La grotte de Boischatel comprend trois zones principales: la galerie des Piliers; la galerie Parallèle et la rivière des Hydroscopes; et la rivière de la Nuit. L’entrée du golf donne accès directement à la galerie des Piliers, en passant par la salle de la Dame Blanche, nommée ainsi à cause de la myriade de petits champignons blancs, des penicilliums, qui croissent sur ses parois.

La galerie des Piliers est de bonnes dimensions : sa voĂ»te s’élève jusqu’à 3 mètres par endroits. Au dĂ©but de cette galerie on croise l’affluent principal de la grotte, la galerie des CĂ©phalopodes. Sur ses parois, beaucoup de fossiles ressortent en relief. Ă€ l’extrĂ©mitĂ© de cette galerie de 1,5 m sur 1,5 m, on observe l’eau qui s’engouffre dans la grotte Ă  travers un Ă©boulis de la rivière. Les conduits de la Calcite et des Topographes sont deux affluents de plus modestes dimensions, actifs en pĂ©riode de crue. Ă€ son extrĂ©mitĂ©, la galerie des Piliers rĂ©trĂ©cit en passages boueux avec l’enfilade des Vers-Gluants, pour se terminer Ă  la rivière de la Chasse-Galerie, longue d’une dizaine de mètres.

La galerie Parallèle est accessible par la Galerie Jean-Lamarre (ramping long de 40 m). Cette galerie de 1,5 m sur 1,5 m se dĂ©veloppe sur 160 m de long. Les spĂ©lĂ©o-contorsionnistes peuvent, s’ils le dĂ©sirent, se mesurer au grand Houdini dans le ramping du mĂŞme nom. La galerie Parallèle mène, par l’entremise du ramping des Taupes-DisloquĂ©es, Ă  la rivière des Hydroscopes. Cette galerie est constamment parcourue par une rivière. Au dĂ©but hauts et Ă©troits, les plafonds s’abaissent graduellement pour devenir des voĂ»tes mouillantes temporaires oĂą sont coincĂ©s des blocs. La galerie se termine sur les Ă©boulis de la salle du Bloc-Ose.

Selon la sociĂ©tĂ© quĂ©bĂ©coise de spĂ©lĂ©ologie[2], la rivière de la Nuit est l’une des plus impressionnantes galeries du QuĂ©bec. Sur plus de 400 mètres de long, des passages de 2 Ă  m de haut relient entre elles des salles aux dimensions surprenantes. Une rivière Ă  fort dĂ©bit serpente tout au long du conduit et se perd entre les blocs Ă  la base du puits de la doline des Roches. Vers la fin de la galerie, il faut se mouiller Ă  mi-corps pour franchir quelques passages bas. On accède Ă  cette galerie par le puits artificiel de m de la Doline des Roches.

Occupation et exploitation

Les deux entrées connues de la grotte sont situées sur des terrains privés, ce qui restreint l'accès au grand public. Les 2 entrées sont protégées par des portes verrouillées afin d'assurer la sécurité du public. Jusqu'en 2012, la Société québécoise de spéléologie (SQS) offrait un stage de visite de la grotte. Aujourd'hui, seuls les spéléologues expérimentés et accrédités ont accès à la cavité, mais des demandes spéciales (recherche, études, tournages de films) peuvent être formulées à la SQS[3].

L'exploration de la grotte se poursuit encore aujourd'hui et a pour but d'augmenter le dĂ©veloppement de la grotte par la dĂ©couverte de nouveaux passages. L'exploration de cette grotte consiste en une sĂ©rie de chantiers de dĂ©sobstruction, soit le retrait de sĂ©diments compactĂ©s dans des passages obstruĂ©s. Ces derniers se sont remplis de sĂ©diments dans le passĂ© de la grotte, probablement en lien avec des changements sur l'hydrogĂ©ologie de la grotte. La dĂ©sobstruction est complexe pour diverses raisons, entre autres la difficultĂ© de disposer des sĂ©diments et la dimension rĂ©duite des passages (certains chantiers de dĂ©sobstruction s'effectuent dans des conduites de 30 cm de haut, ce qui implique que le spĂ©lĂ©ologue doit pelleter sur le ventre et doit disposer des sĂ©diments dans un traĂ®neau d'enfant).

Notes et références

Notes

    Références

    1. Gilles Sénécal et Diane Saint-Laurent, Les espaces dégradés : contraintes et conquêtes, Presses de l'Université du Québec, (ISBN 2-7605-1071-9, lire en ligne), p. 113.
    2. Administrator, « Description grotte Boischatel », sur www.speleo.qc.ca (consulté le )
    3. « Description grotte Boischatel », sur speleo.qc.ca.

    Voir aussi

    Liens externes

    Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.