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Grosse ĂŽle (archipel de L'Isle-aux-Grues)

La Grosse Île est une île du Québec (Canada), dans le fleuve Saint-Laurent. Elle fait partie de l'archipel de L'Isle-aux-Grues.

Couché de soleil sur le fleuve Saint-Laurent à partir de la Grosse île.
Lieu historique national de la Grosse-ĂŽle-et-le-MĂ©morial-des-Irlandais
Les hĂ´tels de la Grosse ĂŽle
Présentation
Partie de
Destination initiale
Clinique[1]
Destination actuelle
Musée[1]
Construction
1832 Ă  1937[1]
Surface
7 700 000 m2
Propriétaire
Patrimonialité
Coordonnées
47° 01′ 40″ N, 70° 40′ 00″ O
Localisation sur la carte du Canada
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Localisation sur la carte du Québec
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GĂ©ographie

L'Ă®le mesure 2 800 m sur 800. Elle se trouve dans la municipalitĂ© de Saint-Antoine-de-l'Isle-aux-Grues.

Histoire

En 1832, face au danger que posait la deuxième pandémie de choléra (1826-1841), le gouvernement du Bas-Canada établit un lieu de quarantaine pour les immigrants arrivant par le fleuve Saint-Laurent ; ce sera à Grosse-Île. Un poste de quarantaine existait déjà à la Pointe-Lévy[2], mais on le trouvait trop près de Québec. En prescrivant des règles strictes de contrôle des navires, on comptait protéger la population de la maladie. L'Hôpital de la Marine ouvre ensuite en 1835 sur un isthme de la Rivière Saint-Charles, avec la mission de recevoir des immigrants et des marins qui sont malades, entre autres du typhus.

1847

Au cours des grandes Ă©pidĂ©mies du XIXe siècle, 7 553 personnes sont mortes sur l'Ă®le, dont plus de 5 000 durant la seule annĂ©e 1847, en grande partie des Irlandais qui avaient fui la Grande Famine sĂ©vissant dans leur pays et qui mourraient du typhus ici ou dans la longue file des bateaux qui ne pouvaient plus dĂ©barquer leurs malades. L'Ă®le vit aussi les actes de compassion de ceux qui cherchèrent Ă  leur apporter un certain rĂ©confort, qu'il soit matĂ©riel, mĂ©dical[3] ou spirituel[4], et y laissèrent parfois leur vie.

Le , le gouvernement du Canada-Uni, devant l'ampleur des dépenses occasionnées, protesta auprès du gouvernement impérial, qui semblait faire peu de cas de ses sujets irlandais[5]. L'archevêque de Québec, Joseph Signay, écrivit aux évêques irlandais pour les prévenir du sort fatal qui attendait leurs compatriotes. Les nombreux orphelins de l'épidémie furent adoptés, principalement dans des familles canadiennes-françaises[6], la plupart ayant pu conserver leur nom de famille d'origine.

Après 1847

Bateau à vapeur Lac Champlain arrivant au port, Québec, oct. 1911
Bateau à vapeur Lac Champlain arrivant au port, Québec, oct. 1911
Croix dressée à Grosse-Île pour commémorer les morts

En 1909, sur le point culminant du secteur ouest de l'île, l'Ancient Order of Hibernians (en) érige une croix celtique, l'un des symboles de l'Irlande, pour commémorer la Grande Famine irlandaise et l'hécatombe de 1847.

En 1937, le centre de quarantaine était rendu très moderne, par contre en raison de la crise économique le gouvernement n'avait plus d'argent pour financer cette station. De plus, il y avait de moins en moins de malades sur les bateaux à vapeur puisque les conditions à bord y étaient meilleures qu'avant. S'il y avait des cas de maladies contagieuses, les hôpitaux de Québec et de Montréal étaient capables de les traiter. Pour ces raisons, l'année de 1937 marque la fermeture de la station de quarantaine humaine après 105 ans d'opération.

De 1942 à 1956, l'île est le lieu d'expériences bactériologiques secrètes des armées canadienne et américaine. On y fait entre autres des expériences sur la maladie du charbon[7] - [8]et l'on y fabriquait de l'anthrax. L'anthrax produite sur l'île ne fut jamais utilisé au combat. Les sources se contredisent sur ce qu'il advient possiblement de l'anthrax à la suite de la fermeture de la station, mais aucune source ne peut affirmer exactement ce qu'il en fût.

L'île sert ensuite de lieu de quarantaine animale, principalement pour l'importation des bovins. La station était sous la juridiction d'agriculture Canada et était en opération de 1965 à 1985.

Site historique

Depuis 1984, l'île est un site historique national sous le nom de Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais. Il est administré par l'agence Parcs Canada et ouvert de mai à octobre.

En 1984, la Corporation pour la mise en valeur de Grosse-Île, organisme sans but lucratif, a été fondée par Jean-Marie Dionne, auparavant médecin-vétérinaire pour le ministère canadien de l'agriculture à l'époque où Grosse-Île était un lieu de quarantaine animale. La corporation travaille avec Parcs Canada afin de conserver le lieu et de le mettre en valeur[9].

Notes et références

  1. « Lieu historique national du Canada de la Grosse-Île-et-le-Mémorial-des-Irlandais », sur Les lieux patrimoniaux du Canada (consulté le )
  2. Voir Histoire de la ville de LĂ©vis
  3. Plusieurs médecins succombèrent à la maladie ; les infirmières étaient tirées des rangs des immigrants.
  4. Ils Ă©taient catholiques, mais aussi anglicans.
  5. (en) « St. Paul's College - University of Manitoba », sur umanitoba.ca (consulté le ).
  6. Gallagher, The Irish Emigration of 1847 and its Canadian Consequences
  7. « Anthrax »
  8. « LaPresse.ca / Actualités et Infos au Québec et dans le monde », sur La Presse (consulté le ).
  9. Diane Gendron, « La Corporation pour la mise en valeur de Grosse-Île fête son quart de siècle », Le Peuple Côte-Sud,‎ (lire en ligne)

Voir aussi

Bibliographie

  1. (en) « The Irish (in countries other than Ireland) », dans Catholic Encyclopedia, consulté le 2012-03-25
  2. Yves Bernard et Caroline Bergeron, Trop loin de Berlin : Des prisonniers allemands au Canada, 1939-1946, Sillery, Éditions du Septentrion, 1995, 358 p. (ISBN 2-89448-021-0)
  3. André Charbonneau et André Sévigny, 1847, Grosse-Ile au fil des jours, Ottawa, Patrimoine canadien, 1997, xii, 283 p.
  4. (en) John A. Gallagher « The Irish Emigration of 1847 and its Canadian Consequences », dans CCHA Report, 3 (1936), pp. 43-57 (en ligne)
  5. (en) John A. Jordan, The Grosse-Isle Tragedy and the Monument to the Irish Fever Victims 1847 [...], Québec, Telegraph Printing Company, 1909, 136 p. (en ligne)
  6. Marianna O'Gallagher et Rose Masson Dompierre, Les témoins parlent : Grosse Île 1847, Sainte-Foy, Livres Carraig Books, 1995, 437 p. (ISBN 0-9698581-0-8)
  7. Marianna O'Gallagher, La Grosse-Île : porte d'entrée du Canada, 1832-1937, Sainte-Foy, Carraig Books, 1987, 188 p. (ISBN 0969080549) [traduit par Michèle Bourbeau]
  8. Martin Tétreault, « Frederick Montizambert et la quarantaine de Grosse Île, 1869-1899 », Scientia Canadensis: Canadian Journal of the History of Science, Technology and Medicine / Scientia Canadensis : revue canadienne d'histoire des sciences, des techniques et de la médecine, CSTHA/AHSTC, vol. 19,‎ , p. 5-28 (ISSN 0829-2507 et 1918-7750, résumé)
  9. Jeannette Vekeman Masson, Grand-maman raconte la Grosse-Ile, Sainte-Foy, Éditions la Liberté, 1981, 190 p. (ISBN 2890840158)
  10. Mariages de St-Luc, Grosse-Île - 1834-1937 (Montmagny), relevé et compilé par l'abbé Armand Proulx, Éditions Bergeron & Fils enr, 1976, 10 pages.

Articles connexes

Liens externes

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