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Green Deal

Le Green Deal est un plan gouvernemental britannique officiellement lancé en [1], qui vise à permettre aux consommateurs d’améliorer l’efficacité énergétique de leurs habitations par un système de prêts remboursés par les gains d’énergie réalisés. Cette mesure introduit notamment le concept du tiers-financement dans le droit britannique et une « règle d’or » disposant que le montant du remboursement ne peut excéder le total des gains promis.

Historique

Annoncé en 2010 par David Cameron, le Green Deal fait partie de l'Energy Act[2] adopté par le Royaume-Uni l'année suivante. Il vise à répondre à la précarité énergétique du parc immobilier britannique, l'un des plus anciens et des plus mal isolés d'Europe, car construit essentiellement dans les années 1960 et 1970.

Le plan doit permettre la rĂ©novation de 14 millions de logements d'ici Ă  2020 et 25 millions en 2030[3] en Ă©vitant de grever le budget de l'État puisque le financement de la rĂ©novation du parc privĂ© est transfĂ©rĂ© aux entreprises et son remboursement aux occupants. Selon le ministre de l'Énergie Greg Barker, le Green Deal doit soutenir 60 000 emplois en isolation en 2013, contre 26 000 en 2012. Il devrait permettre de baisser de 11 % la facture des mĂ©nages d'ici 2020.

En , la Commission européenne annonce que les 700 millions d’euros d’aides d’État prévues dans le cadre du Green Deal sont compatibles avec les règles du marché unique[4].

Fonctionnement

Tout particulier ou entreprise peut solliciter un audit de son bâtiment auprès d’un « Green Deal assessor ». Le rôle de cet expert est d’évaluer précisément les travaux qui peuvent être entrepris pour en améliorer l’efficacité énergétique : double vitrage, isolation, rénovation du matériel électrique ou installation d’une unité d’énergie renouvelable indépendante, etc. Son diagnostic permet de délivrer un certificat (« Green Deal Plan ») qui autorise l’occupant à s’adresser ensuite à un industriel spécialisé qui lui proposera un devis. Toutes les composantes des travaux doivent être labellisées « Green Deal » (y compris les plombiers locaux qui peuvent les mettre en œuvre) et le prix du chantier ne peut pas excéder le montant total des économies d’énergie qui seront ainsi réalisées en 25 ans (« règle d’or »). Le dispositif ECO (Energy Company Obligation)[5], financé par les énergéticiens à hauteur de 1,3 Md£ par an, est destiné aux ménages qui ne peuvent atteindre sans aide les économies d’énergie nécessaires pour respecter la règle d’or[6].

Spécificités

Le tiers payeur

Les travaux sont payés grâce au tiers financement, c’est-à-dire par un « tiers payeur » qui n’est pas l’occupant du bâtiment ni l’entreprise qui réalise les travaux. Il s’agit d’un intermédiaire reconnu par la « Green Deal Finance Company », un consortium rassemblant plusieurs organismes bancaires mais aussi de grandes chaînes de distribution sous la houlette de la Green Investment Bank. Opérationnelle depuis , celle-ci dispose de 3 milliards de livres jusqu’en pour attirer les fonds privés vers les investissements en faveur de la transition énergétique.

Le paiement par l’occupant

L’occupant du bâtiment rembourse progressivement le tiers payeur grâce aux économies réalisées par la baisse de sa facture énergétique. Le montant est prélevé directement par le fournisseur d’énergie [7]. La « créance » est rattachée au logement et à son compteur, c’est-à-dire à l’occupant et non pas directement au propriétaire ou au locataire. C’est donc sur la facture de l’occupant du logement que sont prélevés les remboursements, ce qui permet de le responsabiliser. Il ne participe à cet investissement qu'aussi longtemps qu'il reste dans le bâtiment concerné. Lors de son déménagement, c'est le nouvel occupant qui prend le relais [8].

RĂ©sultats

Ouverts dès le mois d’, les audits permettant de connaĂ®tre la consommation d’énergie au sein d’un bâtiment et ainsi d’évaluer le potentiel d’économies rĂ©alisables commencent Ă  ĂŞtre demandĂ©s que le mois suivant. Seuls cinq avaient Ă©tĂ© conduits au . Les premières statistiques publiĂ©es en par le ministère de l’Énergie [9] pour les six premiers mois du « Green Deal » se sont avĂ©rĂ©es dĂ©cevantes : 38 259 audits ont Ă©tĂ© menĂ©s, 245 bâtiments ont reçu le label « Green Deal Plan » et seulement 4 chantiers ont Ă©tĂ© lancĂ©s. Le chiffre serait de 145 000 pour l’annĂ©e 2013 [10].

Critiques

Ces résultats mitigés s’expliquent par la faible connaissance du grand public pour ce mécanisme (98 % des Britanniques ignoraient en quoi consistait le Green Deal en ), par ailleurs jugé trop complexe, mal ciblé et peu incitatif :

  • MalgrĂ© le système de guichet unique, du diagnostic au remboursement des travaux sur les Ă©conomies d’énergie, la complexitĂ© affleure avec les multiples opĂ©rateurs qui existent en Grande-Bretagne. La capacitĂ© des occupants Ă  changer d’opĂ©rateur implique ainsi un transfert de crĂ©ance s’il venait Ă  en changer, transfert encore mal dĂ©fini lĂ©galement, ce qui inquiète les tiers-investisseurs [8].
  • Le Green Deal pourrait encourager un Ă©ventuel « effet rebond », c’est-Ă -dire que les utilisateurs sont incitĂ©s Ă  consommer plus d’énergie lorsque leur facture d’électricitĂ© baisse [11].
  • Le coĂ»t est trop Ă©levĂ© : le diagnostic original est facturĂ© jusqu’à 150 ÂŁ et le taux d’intĂ©rĂŞt pratiquĂ© atteint les 7 %, deux Ă©lĂ©ments qui peuvent dĂ©courager les consommateurs. En , le UK Green Building Council publiait un rapport [12] suggĂ©rait d’utiliser la fiscalitĂ©, notamment la taxe d’habitation, pour pousser les mĂ©nages Ă  l’action avec un système de bonus/malus selon l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique du bâtiment.
  • Les gains sont trop faibles : les Ă©conomies rĂ©alisĂ©es par un foyer sur sa facture d'Ă©lectricitĂ© après l'amĂ©lioration de l'isolation dĂ©passent difficilement 300 euros par an. Ceci implique un retour sur investissement très Ă©talĂ© dans le temps, ce qui a contraint le gouvernement britannique Ă  annoncer le versement de 150 millions d'euros d'aide directe pour participer au financement des travaux pendant les premiers mois. L'aide pourra atteindre 1 000 euros par logement [13].
  • La règle d’or est menacĂ©e par une hausse de la TVA sur les travaux de rĂ©novation ainsi que par une hausse du coĂ»t de l’énergie.

Début 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19, Andrej Babiš, Premier ministre tchèque, affirme que « l’Europe devrait maintenant oublier le Green Deal et se concentrer sur le combat contre le coronavirus »[14].

En France

Lors de la confĂ©rence environnementale de , le prĂ©sident François Hollande avait annoncĂ© vouloir « mettre aux normes Ă©nergĂ©tiques un million de logements par an » soit 500 000 constructions et 500 000 rĂ©novations. Le Green Deal est une source frĂ©quente d’inspiration et de comparaison avec la France. Dans une note sur la rĂ©novation Ă©nergĂ©tique des logements, le think-tank Terra Nova recommandait d’ailleurs de reprendre certaines mesures du plan britannique[15]. Les audits rĂ©alisĂ©s dans le cadre du « Green Deal » s’apparentent au diagnostic de performance Ă©nergĂ©tique mis en place en France en 2007 et imposant une Ă©valuation de la consommation lors de toute location ou vente d'un bien immobilier, dans le cadre large des certificats d’économie d’énergie. Le tiers-financement est une des recommandations du rapport sur les « financements innovants de l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique » prĂ©sentĂ© en [16]. DĂ©fini par la loi ALUR[17] de CĂ©cile Duflot, le tiers-financement doit encore voir son pĂ©rimètre prĂ©cisĂ© par un dĂ©cret, mais les acteurs de la vente ou la revente d'Ă©nergies en sont d'ores et dĂ©jĂ  expressĂ©ment exclues, les banques craignant une atteinte Ă  leur monopole[18].

Nations Unies

En pleine crise de 2008 l'ONU, via le Programme des Nations Unies pour l'environnement a commandé à Edward B. Barbier un rapport[19] constituant la base de son nouvel accord mondial vert pour stimuler la reprise économique et créer des emplois ; ce projet de Global Green New Deal doit selon ce rapport pouvoir être financé selon le Principe Pollueur/payeur et en supprimant les subventions aux énergies fossiles et au développement non durable[20]. Le FMI a estimé que supprimer les distorsions de la tarification des combustibles dues aux subventions des énergies fossiles réduiraient les émissions mondiales de carbone de 21 %, réduiraient la consommation de combustibles de 55 % et généreraient des recettes supplémentaires ou 4 % du PIB mondial d’ici 2013, lesquelles recettes pourraient être affectées au Global Green New Deal selon Edward B. Barbier.

Etats-Unis

Début 2019, avec les élections de mi-mandat qui ont redonné du poids aux démocrates contre l'administration Trump, au début du 116ème Congrès américain, une coalition pourrait à nouveau porter un ambitieux projet[21] de Green New Deal sous la forme d'un plan décennal visant à s'éloigner des industries polluantes, à adopter une trame verte, des infrastructures vertes et produire 100 % d'énergies renouvelables toute en améliorant ainsi les perspectives américaines de l'emploi[20].

Articles connexes

  • Energy policy of the United Kingdom (en)

Références

  1. « En anglais, Grenelle se dit Green Deal », Le Moniteur, .
  2. Bulletin électronique du ministère des Affaires étrangères, 23 novembre 2012
  3. Novethic, « Le green deal britannique peine à convaincre » 18 juillet 2013
  4. Journal de l’environnement, « Le Green Deal britannique conforme à la réglementation européenne », 6 février 2013 http://www.journaldelenvironnement.net/article/le-green-deal-britannique-conforme-a-la-reglementation-europeenne,32966
  5. The Guardian : Green deal ECO https://www.theguardian.com/environment/green-deal
  6. http://www.cler.org/CERT-Green-Deal-ECO-le-Royaume-Uni Réseau pour la transition énergétique, « CERT, « Green Deal », ECO : le Royaume-Uni vers plus d’efficacité énergétique », 7 septembre 2012
  7. http://ecocopro.com/le-green-deal-anglais-la-reponse-au-manque-dinvestissement-dans-la-renovation-energetique-en-europe/ Ecocopro, « Green Deal anglais : la réponse au manque d’investissement dans la rénovation énergétique en Europe », 29 avril 2013
  8. http://www.lemoniteur.fr/201-management/article/actualite/20035492-en-anglais-grenelle-se-dit-green-deal Le Moniteur, « En anglais, Grenelle se dit Green Deal », 24 janvier 2013
  9. https://www.gov.uk/government/uploads/system/uploads/attachment_data/file/209097/Statistical_Release_-_Green_Deal_and_Energy_Company_Obligation_in_Great_Britain_-_Mid-June_2013.pdf Department of Energy and Climate Change, 16 juin 2013
  10. http://www.lemoniteur.fr/197-eau-energie/article/actualite/23829309-royaume-uni-le-ministre-de-l-energie-veut-ameliorer-le-green-deal Le Moniteur, « Au Royaume-Uni, le ministre de l’Énergie veut améliorer le Green Deal », 7 mars 2014
  11. http://www.efficacite-electrique.fr/2012/03/royaume-uni-adopte-green-deal-ambitieux-malgre-incertitudes/ , Efficacité énergétique, 13 mars 2012
  12. http://www.ukgbc.org/press-centre/press-releases/energy-efficiency-incentives-would-boost-green-deal-and-construction-ind UK Green Building Council, 8 juillet 2013
  13. https://www.lemonde.fr/cgi-bin/ACHATS/acheter.cgi?offre=ARCHIVES&type_item=ART_ARCH_30J&objet_id=1217954 Le Monde, « Un green deal thermique au Royaume-Uni », 11 décembre 2012
  14. Anna Hubert, « Coronavirus : les anti Green Deal sortent du bois », sur Contexte.com, (consulté le ).
  15. http://www.tnova.fr/note/r-novation-nerg-tique-des-logements-pour-une-politique-volontariste Terra Nova, « Rénovation énergétique des logements : pour une politique volontariste », 9 janvier 2013.
  16. http://www.lagazettedescommunes.com/154971/efficacite-energetique-un-rapport-livre-de-nouvelles-pistes-de-financement/ La Gazette des Communes, 18 février 2013, « Efficacité énergétique : un rapport livre de nouvelles pistes de financement »
  17. http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000028772256&categorieLien=id Article 124 de la loi no 2014-366 du 24 mars 2014 pour l'accès au logement et un urbanisme rénové
  18. http://www.lemoniteur.fr/145-logement/article/actualite/24372820-renovation-energetique-le-tiers-financement-defini-mais-pas-fini Le Moniteur, « Le tiers financement défini mais pas fini », 7 mai 2014
  19. E. B. Barbier (2016) Building the green Economy ; Can. Public Policy 42 (Suppl. 1), S1–S9;
  20. Edward B. Barbier (2019) How to make the next Green New Deal work ; To make green investments pay off, policymakers must learn from past mistakes and stop subsidizing polluters, urges Edward B. Barbier. Journal Nature ; publié le 1er janvier 2019
  21. SCOPE OF THE PLAN FOR A GREEN NEW DEAL AND THE DRAFT, in DRAFT TEXT FOR PROPOSED ADDENDUM TO HOUSE RULES FOR 116TH CONGRESS OF THE UNITED STATES
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