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Gouvernement Sagasta (5)

Le cinquiĂšme gouvernement Sagasta est le gouvernement du royaume d'Espagne en fonction du au [1].

Il s'agit du deuxiÚme gouvernement de la Restauration présidé par Sagasta, leader du Parti libéral fusionniste.

Il est marqué par l'engagement de l'Espagne dans la premiÚre guerre de Melilla (en)[2].

Histoire

En dĂ©cembre 1892, une affaire de corruption Ă  la municipalitĂ© de Madrid provoqua la crise du gouvernement CĂĄnovas, que la rĂ©gente rĂ©solut en faisant de nouveau appel Ă  Sagasta — dans le dĂ©bat qui eut lieu au CongrĂšs, la rupture entre CĂĄnovas et Silvela fut consommĂ©e —[3]. Suivant les usages de la Restauration, Sagasta obtint le dĂ©cret de dissolution des CortĂšs et de convocation de nouvelles Ă©lections afin de se doter d'une large majoritĂ© en soutien du gouvernement. Les Ă©lections gĂ©nĂ©rales furent cĂ©lĂ©brĂ©es en mars 1893 et, comme on devait s’y attendre, furent un triomphe des candidatures gouvernementales — les libĂ©raux obtinrent 281 dĂ©putĂ©s, face Ă  61 pour les conservateurs (divisĂ©s entre canovistes, 44 siĂšges, et silvelistes, 17), 33 rĂ©publicains unionistes, 14 rĂ©publicains possibilistes (es) et 7 carlistes —[4].

Sagasta forma un gouvernement dit de notables car il incluait tous les chefs de faction du Parti libĂ©ral, y compris le gĂ©nĂ©ral LĂłpez DomĂ­nguez qui avait rĂ©intĂ©grĂ© ses rangs, et les rĂ©publicains possibilistes d’Emilio Castelar — que CĂĄnovas obligea Ă  abjurer de son rĂ©publicanisme par la voix de Melchor Almagro —, et dut s'efforcer de concilier les postures droitiĂšres et protectionnistes de GermĂĄn Gamazo avec celles libre-Ă©changistes et plus Ă  gauche de Segismundo Moret. Au portefeuille du Budget, Gamazo se proposa d’atteindre l’équilibre budgĂ©taire mais son projet se vit frustrĂ© par l'augmentation des dĂ©penses causĂ©e par la brĂšve guerre de Melilla (en), entre octobre 1893 et avril 1894. Le conflit fut dĂ©clenchĂ© par la construction d’un fort dans une zone proche de Sidi Guariach, Ă  proximitĂ© d’oĂč se trouvait une mosquĂ©e et un cimetiĂšre, ce qui fut considĂ©rĂ© par les Rifains comme une profanation. De durs combats eurent lieu, notamment l’épisode du siĂšge du fort de Cabrerizas Altas (es), oĂč prĂšs d’un millier d'hommes furent encerclĂ©s et qui se solda par 41 morts et 121 blessĂ©s parmi les forces espagnoles[5]

Pour sa part, le ministre de l'Outre-mer, Antonio Maura, gendre de Gamazo, mit en marche la rĂ©forme du rĂ©gime colonial et municipal des Philippines afin de les doter d’une plus grande autonomie administrative — malgrĂ© l'opposition qu’elle suscita dans certains secteurs du nationalisme espagnol et de l'Église —, mais Ă©choua dans sa tentative de faire de mĂȘme Ă  Cuba, car la rĂ©forme sembla trop avancĂ©e au Parti union constitutionnelle, formation cubaine espagnoliste, tout en satisfaisant pas les aspirations du Parti libĂ©ral autonomiste cubain. Le projet fut rejetĂ© aux CortĂšs, oĂč il fut qualifiĂ© d'« anti-patriotique », et Maura en vint Ă  ĂȘtre qualifiĂ© de « flibustier », d’« ivrogne » et d’« Ă©nergumĂšne ». Maura et Gamazo dĂ©misionnĂšrent, ouvrant une grave crise au sein du gouvernement Sagasta[6].

Une du Petit Journal sur l’attentat du Liceu, oĂč une bombe lancĂ©e par un anarchiste causa 22 morts et 35 blessĂ©s.

Un grave problĂšme auquel dut faire face le gouvernement fut le terrorisme anarchiste de la « propagande par le fait », justifiĂ© par ses partisans comme une rĂ©ponse lĂ©gitime Ă  la violence de la sociĂ©tĂ© et de l'État bourgeois, qui rendait les conditions de vie de nombreux travailleurs intenables, et Ă  la brutale rĂ©pression policiĂšre. Les troubles anarchistes eurent pour Ă©picentre la ville de Barcelone. Le premier attentat important (es) avait eu lieu en fĂ©vrier 1892 sur la place Royale de Barcelone, causant la mort d'un chiffonnier et plusieurs autres blessĂ©s. Le premier attentat avec un objectif clairement politique (es) se produisit le 24 septembre 1893, dirigĂ© contre le gĂ©nĂ©ral Arsenio MartĂ­nez Campos, capitaine gĂ©nĂ©ral de Catalogne et l’un des personnages clĂ©s de la Restauration. MartĂ­nez Campos ne fut que lĂ©gĂšrement blessĂ©, mais une personne mourut et d’autres furent blessĂ©s Ă  diffĂ©rents degrĂ©s. L'auteur de l'attentat, le jeune anarchiste PaulĂ­ PallĂ s (en) — qui fut fusillĂ© deux semaines plus tard — justifia ses actes comme des reprĂ©sailles aux Ă©vĂšnements (es) survenus Ă  Jerez un an et demi plus tĂŽt, au cours desquels environ 500 paysamns tentĂšrent de prendre la ville pour libĂ©rer des camarades emprisonnĂ©s dans la nuit du 8 janvier 1892, auxquels les autoritĂ©s rĂ©pondirent par une rĂ©pression brutale et indiscriminĂ©e des organisations ouvriĂšres andalouses — aprĂšs la mort d’un assaillant et de deux habitants de la localitĂ© pendant les Ă©vĂšnements, quatre ouvriers furent exĂ©cutĂ©s Ă  l'issue d'un conseil de guerre, seize autres Ă©tant condamnĂ©s Ă  l'emprisonnement Ă  perpĂ©tuitĂ©, tous les condamnĂ©s ayant dĂ©noncĂ© des aveux obtenus sous la torture —. Avec les mĂȘmes motifs que PallĂ s, quelques semaines plus tard, l’anarchiste Santiago Salvador commit l’attentat du Liceu, lançant deux bombes dans le public du grand thĂ©Ăątre du Liceu — dont une seule explosa —, causant 22 morts et 35 blessĂ©s, cette succession de « scĂšnes d'horreur » propageant un sentiment d'« alarme [
] parmi la population barcelonaise »[7].

Le gouvernement finit par tomber en mars 1895, car Sagasta dĂ©missionna aprĂšs avoir refusĂ© d'accĂ©der Ă  la demande de MartĂ­nez Campos de faire juger par des tribunaux militaires les journalistes des deux journaux dont les rĂ©dactions avaient Ă©tĂ© assaillies par un groupe d'officier mĂ©contents des nouvelles qu’ils avaient publiĂ©es et qu’ils considĂ©raient injurieuses. CĂĄnovas revint Ă  la prĂ©sidence du gouvernement. Un mois auparavant avait commencĂ© la guerre d'indĂ©pendance cubaine[8].

Notes et références

  1. (es) « Relación cronológica de los presidentes del Consejo de Ministros y del Gobierno », sur www.lamoncloa.gob.es
  2. (es) M. Antonio Carrasco Gonzålez, El reino olvidado : Cinco siglos de historia de España en África, La Esfera de los Libros, (ISBN 9788499707297, lire en ligne).
  3. Dardé 1996, p. 86.
  4. SuĂĄrez Cortina 2006, p. 134.
  5. Dardé 1996, p. 86-87.
  6. SuĂĄrez Cortina 2006, p. 134-136.
  7. Dardé 1996, p. 93-96.
  8. Dardé 1996, p. 87.

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • (es) Carlos DardĂ©, La RestauraciĂłn, 1875-1902 : Alfonso XII y la regencia de MarĂ­a Cristina, Madrid, Historia 16, coll. « Temas de Hoy », (ISBN 84-7679-317-0). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
  • (es) Manuel SuĂĄrez Cortina, La España Liberal (1868-1917) : PolĂ­tica y sociedad, Madrid, SĂ­ntesis, (ISBN 84-9756-415-4). Ouvrage utilisĂ© pour la rĂ©daction de l'article
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