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Good Morning Babilonia

Good Morning Babilonia est un film franco-italien (avec coparticipation américaine) réalisé par Paolo et Vittorio Taviani en 1986, sorti en 1987.

Synopsis

1913 en Toscane - Le maître-maçon Bonnano restaure une église, aidé par ses sept fils dont deux, Nicola et Andrea, qui décident d'aller tenter leur chance aux États-Unis. Ils iront de déconvenue en désillusion, jusqu'à ce jour de 1914 où le hasard les mène à San Francisco. Là, le réalisateur David Wark Griffith prépare son nouveau film, Intolérance, et engage deux maîtres-maçons italiens pour en réaliser les décors. Les deux frères se font passer pour eux mais, leur supercherie découverte, se font renvoyer. Ils rencontrent alors deux figurantes de la production, Edna et Mabel, qui les poussent à réaliser une sculpture monumentale en carton-pâte, d'un éléphant. Ils parviennent à la présenter au metteur en scène qui, impressionné, les embauche...

Fiche technique

Distribution

Genèse

  • Alors que des producteurs amĂ©ricains essayaient d'entrer en contact avec eux, les frères Taviani, extrĂŞmement rĂ©ticents, se montrèrent, des mois durant, insensibles Ă  leurs appels. Un jour, pourtant, les gens d'Hollywood se firent plus pressants et Ed Pressman, un producteur amĂ©ricain, vint lui-mĂŞme Ă  Rome pour dire aux deux frères : "Nous voulons un film comme Padre padrone ou comme La Nuit de San Lorenzo."
  • Pendant que les frères Taviani mettaient le point final Ă  Kaos, ils reçurent, plus tard, un courrier contenant l'histoire proposĂ©e par Lloyd Fonvielle. Celle-ci relate un Ă©pisode cĂ©lèbre dans l'histoire du cinĂ©ma amĂ©ricain : au cours du tournage d' IntolĂ©rance, David Wark Griffith est sujet Ă  de terribles interrogations. En visionnant Cabiria (1914), il vient de prendre conscience que les dĂ©cors de sa Babylone ne peuvent ĂŞtre idĂ©alement rĂ©alisĂ©s que par les artisans italiens qui ont travaillĂ© sur le film de Giovanni Pastrone. De surcroĂ®t, il visite l'Exposition universelle de San Francisco de 1914, dans laquelle il peut admirer la tour des Joyaux, construite par des ouvriers-architectes italiens. Il s'efforce, dès lors, de faire rechercher ces artisans en Italie et de les ramener aux États-Unis. Les frères Taviani racontent : "Ă€ peine l'avons-nous lue, cette idĂ©e nous a tout de suite beaucoup stimulĂ©s. Les trois ouvriers se sont transformĂ©s en deux frères et de lĂ  est nĂ© notre sujet puis notre scĂ©nario. (...) aussi bien au niveau du scĂ©nario qu'au niveau du choix des acteurs, du tournage et du montage, ils (les producteurs amĂ©ricains) nous ont laissĂ© la plus grande libertĂ©." (entretien au pluriel, Jean A. Gili)

Analyse

Architecture et cinéma

  • Good Morning, Babylon Ă©tablit un parallèle entre l'art des bâtisseurs de cathĂ©drales et celui du cinĂ©ma, du moins tel qu'il fut conçu Ă  l'origine. Paolo Taviani affirme, Ă  ce sujet : " (...) la forme d'expression la plus haute de ce siècle, c'est le cinĂ©ma, et comme les cathĂ©drales, le cinĂ©ma est aussi le fruit de la collaboration de nombreuses personnes. (...) Le cinĂ©ma est l'Ĺ“uvre d'un auteur, mais cet auteur est fait aussi des nombreuses personnes qui travaillent avec lui. Cela ne se retrouve pas dans les formes d'art comme la peinture ou la littĂ©rature. Par contre, le travail collectif existe dans l'architecture et seulement Ă  certains moments de l'histoire de la peinture (...) Les artistes naissaient dans un climat d'artisanat, des artisans qui travaillent ensemble Ă  la rĂ©alisation de quelque chose. Dans le film, nos deux protagonistes sont deux artisans, ce ne sont pas deux artistes qui arrivent Ă  Hollywood. L'Hollywood que nous avons essayĂ© de reprĂ©senter est le lieu de rencontre d'une multitude d'artisans." Et Vittorio Taviani d'illustrer les propos de son frère en Ă©tablissant l'Ă©vidence que "la famille des Bonanno (les hĂ©ros du film), qui a derrière elle mille ans d'expĂ©rience dans le travail de la pierre, a une conscience culturelle de son mĂ©tier. Au contraire, les jeunes qui Ă©taient Ă  Hollywood avaient en main leur mĂ©tier de manière quasi inconsciente, non certes culturelle. Ils possĂ©daient leur instrument de travail de façon très pragmatique, pragmatisme qui caractĂ©rise gĂ©nĂ©ralement les AmĂ©ricains. Mais, au fond, c'est le mĂŞme esprit qui les unissait. En relisant tout ce que les tĂ©moins de l'Hollywood d'alors ont Ă©crit, nous avons constatĂ© que, de manière très ingĂ©nue et parfois de façon très Ă©mouvante, ils mettaient en commun leurs dĂ©couvertes. (...) Au fond, c'est comme ça que Griffith a peu Ă  peu dĂ©couvert tous les divers Ă©lĂ©ments du langage cinĂ©matographique, par exemple, le premier plan." (entretien au pluriel, Jean A. Gili)

Musique et cinéma

  • La musique joue un rĂ´le dramaturgique essentiel dans le cinĂ©ma des frères Taviani. Paolo Taviani s'explique : "Nous l'avons souvent rĂ©pĂ©tĂ©, la musique fait partie de notre travail d'Ă©criture du film. Quand nous Ă©crivons un film, nous Ă©crivons non comme des scĂ©naristes, mais comme des metteurs en scène. (...) Et quand nous disons ici arrivera la musique, quelquefois nous savons dĂ©jĂ  quelle musique ce sera, par exemple dans le cas de Good Morning Babylon, un extrait de La Pie voleuse de Rossini ou La Vergine degli angeli de La Force du destin de Verdi chantĂ© par les artisans dans le train. (...) Ce sont des instruments narratifs qui font partie du film." Vittorio Taviani nuance, pour sa part, cette opinion fondamentale en indiquant : "RĂ©ussir Ă  toujours partir du film, c'est bien ; cependant, cela ne signifie pas qu'on ne puisse pas utiliser Ă  certains moments une intervention musicale autonome, naturellement liĂ©e Ă  un choix prĂ©cis." (entretien au pluriel, Jean A. Gili)
  • Cette conception du rapport entre musique et cinĂ©ma entre en correspondance avec le choix de Nicola Piovani, comme maĂ®tre-musicien attitrĂ© des films des frères Taviani. Vittorio Taviani commente ainsi le travail de Nicola Piovani : "Au stade du scĂ©nario, du montage et du mixage, Nicola rĂ©agit autant comme musicien que comme homme du cinĂ©ma, (...) Lui, l'homme du son, fait vraiment un discours sur l'image ; il est très Ă  l'intĂ©rieur du cinĂ©ma." (entretien au pluriel, Jean A. Gili) Aucun des Ă©lĂ©ments constitutifs du cinĂ©ma des frères Taviani n'est donc compartimentĂ©. Tous s'efforcent de vivre et d'Ă©voluer en d'Ă©troites relations fusionnelles.

La figure paternelle

  • RĂ©currente, l'image du père s'impose, de film en film, dans l'Ĺ“uvre des frères Taviani. Elle s'incarne, en l'occurrence, sous les traits de l'acteur Omero Antonutti. Vittorio Taviani dĂ©crit ce père Ă  travers leurs rĂ©alisations : " (...) tragique, flamboyant, obscur dans Padre padrone, on le retrouve aussi dans La Nuit de San Lorenzo avec la figure du paysan qui conduit le groupe des fuyards. (...) Je crois que dans Good Morning, Babylon le père reprĂ©sente le lien avec le passĂ©, avec tout ce dont on naĂ®t pour devenir crĂ©atif. (...) Comme le dit LĂ©onard de Vinci : "Nous sommes des nains juchĂ©s sur des Ă©paules de gĂ©ants." (NB: Cette citation est en fait attribuĂ©e Ă  Bernard de Chartres). Et alors ce père, avec ses formes autoritaires, est pour ses fils la garantie de la route qu'ils empruntent." (entretien au pluriel, Jean A. Gili, Éditions Institut Lumière-Actes Sud)

Liens externes

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