Goliarda Sapienza
Goliarda Sapienza, née à Catane (Italie) le et morte à Gaète le , est une comédienne et écrivaine italienne, athée et anarchiste.
Biographie
Goliarda Sapienza[1] est née dans une famille socialiste anarchiste sicilienne recomposée et comptant de nombreux enfants[2]. Elle grandit au 20, rue Pistone à Catane. Son père, Giuseppe Sapienza, avocat, est une figure importante du socialisme sicilien jusqu'à l'arrivée au pouvoir des fascistes, et sa mère, Maria Giudice[3], également une figure importante de la gauche italienne[4], est directrice du Grido del popolo (Le Cri du peuple), le journal de la section turinoise du Parti socialiste italien, dont Antonio Gramsci est l'un des rédacteurs.
Ses parents tiennent à la garder éloignée des écoles fascistes et elle reçoit une éducation originale, athée et socialiste[4].
Comédienne
En 1940, une bourse d'études permet à Goliarda Sapienza, âgée de 16 ans, d'entrer à l'Académie nationale d'art dramatique à Rome. Dans les années qui suivirent, elle se produit régulièrement sur les scènes de théâtre, entre autres dans des pièces de Luigi Pirandello. Elle travaille aussi de temps en temps dans le cinéma, avec plusieurs réalisateurs de renom mais souvent dans de petits rôles[5]. Elle fut alors pendant dix-sept ans la compagne du cinéaste Francesco Maselli. Tardivement, à presque 70 ans[4], elle enseigne la comédie au Centre expérimental de cinématographie de Rome.
Écrivaine, autrice
Elle met fin à sa carrière d'actrice pour écrire, et commence un cycle de récits autobiographiques à la fin des années 1960 (Lettre ouverte (1967), Le Fil de midi (1969)), dans lequel elle parle de sa jeunesse, de sa relation avec ses parents, de la vie de sa famille durant le régime fasciste et son séjour dans un hôpital psychiatrique après une tentative de suicide après la mort de sa mère en 1953. Les livres L'Université de Rebibbia (1983), dans lequel elle raconte son incarcération après un vol de bijoux, Les Certitudes du doute (1987) et Destin forcé (paru en 2002) complètent plus tard son œuvre[4].
Son roman L'Art de la joie, écrit entre 1967 et 1976, est considéré comme une œuvre majeure de la littérature italienne contemporaine. Il suscita pourtant des réticences initiales de la part des éditeurs italiens pour son contenu contestataire et féministe. Même l'intervention du président de la République, ami de sa mère, ne suffit pas à faire accepter son manuscrit[4] qui ne sera publié pour la première fois qu'en 1998[6] à compte d'auteur par le mari de Goliarda Sapienza, Angelo Pellegrino (un acteur et écrivain italien), après la mort de celle-ci — en 1996 —, et passe à l'époque inaperçu[3]. C'est en 2005 avec la publication en Allemagne par Waltraud Schwarze, puis en France par son amie Viviane Hamy, qu'il devient un best-seller et un long-seller, traduit en quinze langues et enfin reconnu aussi en Italie[3] - [7].
« Le certezze del dubbio » (Les certitudes du doute, Pellicanolibri, 1987) lui permet de rencontrer son compatriote, poète publié et éditeur, Beppe Costa, qui tente, en vain, de lui donner la rente de la loi Bacchelli, sans pouvoir obtenir une réimpression de ses œuvres. Il n'est publié en italien qu'en 1998, après la mort de son auteur.
Ĺ’uvres
- Lettera aperta (Lettre ouverte, 1967) Lettre ouverte, traduit par Nathalie Castagné, Paris, Le Tripode, 2021
- Il filo di mezzogiorno (Le fil de midi, 1969) Rassemblé avec Lettera aperta sous le titre Le Fil d'une vie, trad. française et préface de Nathalie Castagné, Paris, Viviane Hamy, 2008, (ISBN 978-2-87858-267-3)
- L’Università di Rebibbia (L’Université de Rebibbia, 1983) L'Université de Rebibbia, traduit par Nathalie Castagné, Paris, Le Tripode, 2019
- Le certezze del dubbio (Les certitudes du doute, 1987) Les certitudes du doute, traduit par Nathalie Castagné, Paris, Le Tripode, 2015
- L'Arte della gioia, Angelo Maria Pellegrino, 1998 L'Art de la joie, traduit de l'italien par Nathalie Castagné, Paris, Viviane Hamy, 2005 ; réédition Le Tripode, 2015 (ISBN 2-8785-8214-4)
- Io, Jean Gabin, Torino, Einaudi, 2010 Moi, Jean Gabin, traduit par Nathalie Castagné, Paris, Le Tripode, 2017
- Carnets, Le Tripode, Paris 2019
- Ancestrale, Le Tripode, Paris, 2021 (Poésie)
- Appuntamento a Positano (Einaudi, Turin 2015), Rendez-vous à Positano, traduit de l'italien par Nathalie Castagné, Le Tripode, Paris 2017
Bibliographie
- Goliarda Sapienza, telle que je l'ai connue, d'Angelo Pellegrino, Le Tripode, 2015
Filmographie
- 1946 : Un giorno nella vita d'Alessandro Blasetti
- 1950 : Persiane chiuse de Luigi Comencini
- 1952 : Heureuse Époque (Altri tempi - Zibaldone n. 1) d'Alessandro Blasetti
- 1953 : Vestire gli ignudi de Marcello Pagliero
- 1954 : Senso de Luchino Visconti (rôle d'une patriote au théâtre)
- 1955 : Les Égarés (Gli sbandati) de Francesco Maselli
- 1970 : Lettera aperta a un giornale della sera de Francesco Maselli
Notes et références
- « Une vie une œuvre - Goliarda Sapienza (1924-1996) : la Madone indocile » [audio], sur France Culture
- « Goliarda Sapienza, la gloire posthume d'une écrivaine insoumise », sur www.telerama.fr, (consulté en )
- « Le Charme de Goliarda Sapienza », sur www.causette.fr, (consulté en )
- « Goliarda Sapienza, L'art de la joie (Viviane Hamy) », France Culture,‎ (lire en ligne, consulté le )
- René de Ceccatty, « Sapienza, princesse hérétique », Le Monde.fr,‎ (ISSN 1950-6244, lire en ligne, consulté le )
- « L’art du paradoxe de Goliarda Sapienza », sur next.liberation.fr (consulté en )
- « Retour sur l'œuvre de Goliarda Sapienza », sur www.franceculture.fr, (consulté en )
Liens externes
- Ressource relative Ă l'audiovisuel :
- (en) IMDb
- Goliarda Sapienza - L'art de la joie sur France Culture,
- « Goliarda Sapienza (1924-1996) : la Madone indocile » [audio], sur France Culture,
- Goliarda Sapienza, L'Art de la joie par Marie Fabre dans la revue Terres de femmes,
- Fiction autour d'une action en justice imaginaire contre Goliarda Sapienza, par CĂ©line Lory-Deschietere
- David Guilbaud, Goliarda Sapienza : vivre absolument, Ballast, , [lire en ligne].
- Lucas Minisini, Goliarda Sapienza, un modèle d’émancipation pour les féministes, Le Monde, , [lire en ligne].