Accueil🇫🇷Chercher

Ghetto de Loutsk

Le ghetto de Loutsk (polonais : getto w Łucku, allemand : Ghetto Luzk) était un ghetto pour les Juifs de Loutsk, dans l'ouest de l'Ukraine, créé par les SS en 1941.

Ghetto de Loutsk
ЛуцькСинагогаПошт.jpg
La Grande synagogue de Loutsk avant sa destruction partielle pendant la Seconde Guerre mondiale.
Présentation
Type Ghetto
Gestion
Date de création Décembre 1941
Créé par Schutzstaffel
Géré par Judenrat
Dirigé par Einsatzgruppe C
Police auxiliaire ukrainienne
Wehrmacht
Date de fermeture Décembre 1942
Victimes
Type de détenus Juifs
Morts 25 600
Géographie
Pays Drapeau de l'Ukraine Ukraine
Région Oblast de Volhynie
Localité Loutsk
Coordonnées 50° 27′ nord, 25° 12′ est
Géolocalisation sur la carte : Ukraine
(Voir situation sur carte : Ukraine)
Ghetto de Loutsk

Histoire

La synagogue karaïte de Loutsk.

Ville d’Ukraine, Loutsk est l'une des plus anciennes cités de la région. Durant l'entre-deux-guerres, la ville était connue sous le nom de Łuck et faisait partie de la voïvodie de Wołyń, dans la deuxième République polonaise[1]. En , la ville est occupée par l'armée rouge et annexé avec toute la Pologne orientale par l’URSS. L’implantation de la communauté juive dans la ville date de la fin du XIVe siècle. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, 18 000 Juifs vivent dans la ville sur environ 40 000 habitants que compte la ville[2], cela fait de la ville la plus grande communauté juive de la province[3]. De à , les Soviétiques nationalisent l'économie et liquident les établissements et organismes juifs[4]. Les institutions politiques, communales et culturelles sont fermées et les dirigeants de la communauté juive arrêtés par le NKVD[5] - [6]. Quelque 10 000 personnes sont déportés dans des trains de bétail en Sibérie lors de quatre vagues de déportations du comté de Łuck à partir de février, avril et [7] - [8].

La synagogue galicienne de Loutsk.

Dès le premier jour de l'opération Barbarossa, le , Loutsk est sévèrement bombardée par la Luftwaffe : 60 % des bâtiments sont détruits et beaucoup de citoyens tués, dont un grand nombre de Juifs. Les Allemands entrent dans la ville le . Le jour suivant, les Ukrainiens s’attaquent à la communauté juive : pendant le pogrom les Juifs sont humiliés, battus, volés et plusieurs sont massacrés. Le lorsque l'Einsatzkommando atteint la ville, il trouve dans les prisons de nombreux cadavres de prisonniers et d’Ukrainiens exécutés par les Soviétiques avant leur retraite. Le gouvernement militaire allemand et les chefs de la communauté ukrainienne nationaliste accusent les Juifs de ces meurtres. En représailles, ils saisissent 300 Juifs, qu'ils exécutent le . Le , les hommes Juifs entre seize et de soixante ans sont convoqués pour le travail forcé : 2 000 d’entre eux sont emmenés dans les ruines de la forteresse de Lubart et y sont assassinés, avec la participation de la Wehrmacht. Les Allemands imposent ensuite aux douze membres du Judenrat[9], composé principalement d'anciens ouvriers communaux, la réquisition des objets de valeur, récepteurs de radio, et autres articles appartenant aux familles juives, ceux-ci devant également payer une amende en or, argent et marchandises de valeur. Les restrictions draconiennes imposées aux Juifs sont mises en œuvre en . En octobre, un groupe de 500 charpentiers et artisans juifs (dont 50 couturières[10]) sont transférés dans un nouveau camp de travaux forcés installé dans le bâtiment de l'école juive[11]. Le ghetto de Łuck est créé par les autorités d'occupation allemandes en , et scellé de l'extérieur en ne fournissant que de faibles rations alimentaires. Le ghetto est alors peuplé de plus de 20 000 personnes.

Le , plusieurs centaines de jeunes Juifs sont envoyés à Vinnytsia, pour participer à la construction du quartier général de campagne du Führer. Lorsque les travaux seront terminés, tous sont tués, hormis 3 qui réussissent à s’échapper et à rejoindre la Transnistrie où ils sont sauvés grâce à l’aide des Juifs de Roumanie[12].

La synagogue de la rue Pouritsova.

Le sort des juifs ghettoïsés à travers la Pologne occupée est scellé à Wannsee au début de 1942, lorsque la solution finale a été mise en marche. La première action à grande échelle dans le ghetto de Łuck a lieu le . Environ 17 000 Juifs sont arrêtés par les bataillons de la police de l'ordre nazi et la police auxiliaire ukrainienne pendant quatre jours[10]. Rassemblés sur la place et transportés par camion dans la forêt de Górka Połonka, à la périphérie de Łuck[13], ils sont abattus dans les tranchées préparées.

Pendant les déportations, le petit ghetto de Hnidawa (Gnidawa) est également liquidé. Quelques familles parviennent à survivre dans les caves de la pharmacie. Pendant ce temps, le camp de travail est resté opérationnel pendant plusieurs mois[5]. Le ghetto principal est alors totalement supprimé, les Juifs encore en vie ayant été réinstallés dans le petit ghetto de Gnidawa[9]. Ils sont rassemblés le et entament une marche jusqu'au château de Lubart, lieu de transit où ils seront assassinés à Połonka[9].

Rue du ghetto à Łuck après la liquidation, 1942.

Lors de la dernière phase d'extermination de l'opération Reinhard, le , la police allemande et ukrainienne entre dans le camp de l'ancienne école juive pour procéder à la liquidation de l'entreprise sous contrôle SS. Les Juifs se sont barricadés à l'intérieur, déterminés à mourir au combat. Armés avec ce qu'ils ont à disposition (haches, pioches, outils d'usine et bouteilles d'acide), les prisonniers parviennent à tenir le siège toute la journée. Vers la soirée, les forces de police ont mis le feu au bâtiment et ont mitraillé tous les prisonniers en fuite, assistées par l'artillerie pour supprimer toute résistance. La révolte a eu lieu au cœur de l'hiver, quatre mois avant le soulèvement du ghetto de Varsovie d'. Le ghetto de Łuck a été entièrement liquidé par la Shoah par balles[14] : au total, plus de 25 600 hommes, femmes et enfants ont été exécutés à bout portant à Połonka[6]. Plusieurs participants à la rébellion sont parvenus à s'échapper[11].

Lorsque l'armée rouge entre dans la ville le , environ 150 Juifs ont survécu dans diverses cachettes[6] - [15] - [16].

Après la Seconde Guerre mondiale, sur l'insistance de Joseph Staline lors de la conférence de Téhéran, confirmée (comme non négociable) lors de la conférence de Yalta de 1945, les frontières de la Pologne ont été redessinées — là encore, Loutsk a été incorporé dans la RSS d'Ukraine de l'Union soviétique. Le reste de la population polonaise a été expulsé et réinstallé dans la nouvelle Pologne avant la fin de 1946. La communauté juive n'a jamais été restaurée. L'URSS officiellement cessé d'exister le [17] - [18].

Notes et références

  1. Joshua D. Zimmerman (2015), The Polish Underground and the Jews, 1939–1945. Cambridge University Press via Google Books, p.193. "The Home Army nevertheless noted armed resistance in the Łuck ghetto. Consequently, some managed to flee and join partisan groups in the forests."
  2. Central Statistical Office (Poland), Drugi Powszechny Spis Ludności. Woj.wołyńskie, 1931. PDF file, 21.21 MB. The complete text of the Polish census of 1931 for the Wołyń Voivodeship (1921–39), page 59 (select, drop-down menu). Wikimedia Commons.
  3. Wydarzenia 1931 roku. Historia-Polski.com. Wykaz miast RP z populacją żydowską powyżej 12 tysięcy. Łuck: 17.366 czyli 48% ludności.
  4. Marek Wierzbicki, Stosunki polsko-białoruskie pod okupacją sowiecką. Bialorus.pl (Warszawa), pp. 1/3. (pl)
  5. Dr Pawel Goldstein, Lutsk (Luck) Ghetto. Geni.com. "In the spring of 1942 a group of young Jews attempted to escape from the ghetto to the forests, but most of them were caught and murdered by the Ukrainians. A few, however, managed to join the Soviet partisans and fought the Germans as part of the Kowpak units."
  6. YIVO Encyclopedia of Jews in Eastern Europe, Lutsk.
  7. Tadeusz Piotrowski (1998), Poland's Holocaust (Google Books). Jefferson: McFarland, pp. 17-18, 420. (ISBN 0-7864-0371-3).
  8. Feliks Trusiewicz, Zbrodnie – Ludobójstwo dokonane na ludności polskiej w powiecie Łuck, woj. wołyńskie, w latach 1939–1944. (War crimes committed against Polish nationals in the Łuck county, 1939–44). Retrieved July 22, 2015.
  9. Yad Vashem, [vidéo] Mass-murder of Łuck Jews at Gurka Polonka in August 1942 sur YouTube Note: village Połonka (polonais : Górka Połonka or its Połonka Little Hill subdivision) is misspelled in the documentary, with testimony of eyewitness Shmuel Shilo. Retrieved July 24, 2015.
  10. Yad Vashem, testimony of Shmuel Shilo (Shmulik Shilo), [vidéo] Liquidation of the Jewish inmates of the Łuck labor camp in December 1942 sur YouTube. Retrieved July 21, 2015.
  11. IZRUS, « The forgotten December », The fall of "masada" of Western Ukraine, The Berdichev Revival, (consulté le )
  12. « Lutzk %28Luck%29 %5BLes petits ghettos polonais %28Nazisme - 2i%E8me guerre mondiale%29%5D », sur www.encyclopedie.bseditions.fr (consulté le )
  13. Andrzej Mielcarek, Wieś i kolonia Hnidawa, inaczej Gnidawa, powiat Łuck; Gromada Połonka. Interactive 1936 map included. Strony o Wołyniu Wolyn.ovh.org in Polish. Retrieved July 24, 2015.
  14. [vidéo] "The Holocaust by bullets" by National Geographic Channel sur YouTube Retrieved 20 July 2015.
  15. Dr Maria Ciesielska, Klara Jackl, ed., « Rodzina Strusińskich », Sprawiedliwy wśród Narodów Świata – tytuł przyznany (Bestowed titles), Polscy Sprawiedliwi – Przywracanie Pamięci (Polish Righteous – Return of Memory), (consulté le )
  16. Wojciech Załuska, Andrew Rajcher, transl., « The Ostrowski Family », Sprawiedliwy wśród Narodów Świata – tytuł przyznany, Polscy Sprawiedliwi – Przywracanie Pamięci (Polish Righteous – Return of Memory), (consulté le )
  17. Sylwester Fertacz (2005), "Krojenie mapy Polski: Bolesna granica" (Carving of Poland's map). Magazyn Społeczno-Kulturalny Śląsk. Retrieved from the Internet Archive on 5 June 2016.
  18. Simon Berthon et Joanna Potts, Warlords : An Extraordinary Re-Creation of World War II, Da Capo Press, , 384 p. (ISBN 978-0-306-81650-5 et 0-306-81650-4, lire en ligne), p. 285

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Cet article est issu de wikipedia. Text licence: CC BY-SA 4.0, Des conditions supplémentaires peuvent s’appliquer aux fichiers multimédias.