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Georgi Sava Rakovski

Georgi Stoykov Rakovski (en bulgare Đ“Đ”ĐŸŃ€ĐłĐž ĐĄŃ‚ĐŸĐčĐșĐŸĐČ Đ Đ°ĐșĐŸĐČсĐșĐž, GuĂ©orgui StoĂŻkov Rakovski), aussi connu sous le nom de Georgi Sava Rakovski (Đ“Đ”ĐŸŃ€ĐłĐž ĐĄĐ°ĐČĐ° Đ Đ°ĐșĐŸĐČсĐșĐž, GĂ©orgui Sava Rakovski), nĂ© Sabi StoĂŻkov Popovitch (ХъбО ĐĄŃ‚ĐŸĐčĐșĐŸĐČ ĐŸĐŸĐżĐŸĐČоч) en 1821 Ă  Kotel, alors dans l'Empire ottoman, et mort le Ă  Bucarest, en Roumanie, est un rĂ©volutionnaire bulgare du XIXe siĂšcle, Ă©crivain, journaliste, diplomate, linguiste, ainsi qu’une importante figure de la Renaissance nationale bulgare et de la rĂ©sistance contre le rĂ©gime ottoman.

Georgi Rakovski
Illustration.
RĂ©volutionnaire Bulgare.
Fonctions
Membre du Comité central révolutionnaire bulgare
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Kotel (Empire ottoman)
Date de décÚs (47 ans)
Lieu de décÚs Bucarest (Roumanie)
Nationalité Bulgare

Biographie

Enfance, famille et Ă©ducation

Il nait Ă  Kotel, dans l'Empire ottoman, dans une riche famille d’artisans commerçants qui a toujours entretenu la vieille tradition rĂ©volutionnaire et un esprit d’indĂ©pendance[1]. Il baigne dans une ambiance de rĂ©volution ; dĂšs son plus jeune Ăąge, il est le tĂ©moin de la souffrance et de l’oppression ainsi que de la lutte menĂ©e par ses ainĂ©s. Deux de ses oncles du cĂŽtĂ© paternel, Dacho et Matei, ont pris part Ă  la rĂ©sistance armĂ©e contre les kurdjalis[1] (bandes de dĂ©serteurs Ottomans qui pillent les villages chrĂ©tiens au XIXe siĂšcle). Dacho est un meneur d’hommes et il se bat fĂ©rocement contre l’injustice et la cruautĂ©. AccompagnĂ© de volontaires armĂ©s de Kotel, il dĂ©fait brillamment les chefs kurdjalis Karafeiz et Indje et sauve sa ville de la destruction.

Son pĂšre, au dĂ©part un simple artisan, se rĂ©vĂšle ĂȘtre un homme fin d’esprit capable d’entrainer les foules. Il prend part aux combats et prouve sa valeur et sa droiture Ă  de nombreuses reprises ce qui lui vaut rapidement le respect de ses paires et de la population.

C’est aussi du cĂŽtĂ© de sa mĂšre russe qu’il tire ses influences rĂ©volutionnaires. Elle est la sƓur de Georgi Mamarchev[2], capitaine Ă©mĂ©rite de l’armĂ©e russe dĂ©corĂ© pour son hĂ©roĂŻsme lors de la capture de Silistra (guerre russo-turque de 1828-1829) et organisateur des insurrections de Sliven et de toute la rĂ©gion de Tarnovo. C’est en l’honneur de cet oncle que Sabi change de prĂ©nom et devient Georgie. Naturellement, Ă  cette Ă©poque, il dĂ©veloppe une forte haine envers l’oppresseur Ă©tranger.

Georgi frĂ©quente des Ă©coles monacales dans sa ville[3] natale ainsi qu’à Karlovo oĂč il est l’élĂšve de Rayno Popovich, un cĂ©lĂšbre hellĂ©niste de son Ă©poque. Mais, en 1836, avec son pĂšre, il quitte Karlovo dĂ©cimĂ© par la peste pour rejoindre le collĂšge orthodoxe grec d’Istanbul (Greek Orthodox College) Ă  partir de fin 1837. Il y Ă©tudie de nombreuses matiĂšres comme le français, la physique, la thĂ©ologie, les mathĂ©matiques, le latin, le perse, l’arabe et bien d’autres. C’est une des meilleures Ă©coles grecques et beaucoup de riches Bulgares y font leurs Ă©tudes Ă  l’époque. Il parle et Ă©crit le grec et se fait appeler Sava Stephanidis. Georgie bĂ©nĂ©ficie d’une Ă©ducation de premier plan.

Lors de son adolescence et bien avant ses premiers pas révolutionnaires il prend déjà part aux intenses débats opposant les nombreux étudiants grecs et bulgares au sein de son collÚge. Bercé par le fantasme de la Grande Bulgarie d'antan, il joue un rÎle important dans ces débats et façonne son image de patriote.

Un puissant citoyen de Kotel nommĂ© Neophit Bozveli[4], qui mĂšne dĂ©jĂ  la lutte pour l’indĂ©pendance de l’Église bulgare tout en distillant une haine envers les Grecs et surtout les Phanariotes, va Ă  ce moment prendre Rakovski dans sa sphĂšre et beaucoup influencer ses futurs combats[5].

Il se rapproche des Ă©tudiants bulgares et fonde « la Compagnie macĂ©donienne », qui prĂŽne l’indĂ©pendance de la Bulgarie ainsi que l’indĂ©pendance de son Église[6].

C’est la fin de l’innocence pour Rakovski qui dĂ©sormais choisi la voie des armes et le combat contre l’oppression.

La une d'un journal de Rakovski.

Premiers pas de révolutionnaire

En aoĂ»t 1841, Rakovski quitte Istanbul pour se rendre Ă  Brăila (Roumanie) prendre part Ă  la rĂ©bellion bien conscient que celle-ci est violemment rĂ©primĂ©e par les autoritĂ©s locales. Avec son ami grec Stavros Giorgiu Balakostas, il repense la rĂ©volution de cette colonie ou vivent beaucoup de Bulgares et de Grecs. Il obtient un passeport grec au nom de George Macedonia et devient professeur de grec et de français (une couverture pour ses agissements anti-ottomans). Leurs plans sont contrecarrĂ©s et 15 personnes sont arrĂȘtĂ©es. Rakovski n’en fait pas partie, il se cache dans un premier temps mais rongĂ© par le remords de voir des innocents arrĂȘtĂ©s par sa faute il se rend aux autoritĂ©s.

En 1842, il est condamnĂ© Ă  mort[7] mais, grĂące Ă  son faux passeport, est remis aux autoritĂ©s grecques qui doivent accomplir la sentence. AidĂ© par l’ambassadeur grec d’Istanbul AlĂ©xandros MavrokordĂĄtos, il Ă©chappe Ă  la condamnation et est finalement envoyĂ© en exil. Il rejoint la France oĂč il s’installe pendant un an et demi. À Marseille, il dĂ©couvre la libertĂ© et prend conscience de la nĂ©cessitĂ© ultime de faire progresser son pays[8]. En 1845, il rentre Ă  Kotel et retrouve son pĂšre. L’ambiance est tendue Ă  cause des abus rĂ©pĂ©tĂ©s de Chorbajis locaux (des riches collaborateurs, puissants qui usurpent les taxes et oppressent les paysans et commerçants bulgares). Rakovski, qui essaye d’alerter les autoritĂ©s ottomanes pour qu’elles envoient des enquĂȘteurs et rĂ©tablissent l’ordre, est devancĂ© par les Chorbajis qui le calomnient, prĂ©textant un nouveau complot. Les Ottomans qui ont encore en tĂȘte les derniĂšres rĂ©bellions de la rĂ©gion dĂ©cident immĂ©diatement d’arrĂȘter Rakovski et son pĂšre et de les envoyer Ă  Istanbul.

Dans son manuscrit, Rakovski raconte que son pĂšre et lui sont jetĂ©s dans le plus infĂąme cachot aprĂšs avoir rejoint Istanbul escortĂ©s Ă  dos de cheval en plein hiver. Ils y restent six mois Ă  attendre leur procĂšs sans voir la lueur du jour. Ils sont tous deux innocentĂ©s au procĂšs, faute de preuves, mais Ă  cause d’interfĂ©rences des Phanariotes, sont condamnĂ©s Ă  sept ans de prison ferme. GrĂące Ă  ses soutiens, ils sont libĂ©rĂ©s en 1847 aprĂšs trois ans et demi d’emprisonnement oĂč Rakovski cĂŽtoie les pires criminels de l’Empire. À sa sortie, il est ruinĂ© financiĂšrement.AprĂšs le dĂ©clenchement de la guerre de CrimĂ©e (1853), Rakovski, avec un groupe de Bulgares, a crĂ©Ă© la SociĂ©tĂ© secrĂšte Ă  Svishtov, qui avait pour tĂąche de collecter de l’argent pour la libĂ©ration et des informations sur les troupes ottomanes, et de le remettre au commandement militaire russe. La SociĂ©tĂ© secrĂšte nouvellement crĂ©Ă©e a adoptĂ© comme drapeau de la future rĂ©publique bulgare le drapeau tricolore – blanc, vert et rouge. Pour accomplir cette tĂąche, Rakovski et ses camarades ont rejoint l’armĂ©e turque en tant que traducteurs. Cependant, leurs activitĂ©s ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes et il a Ă©tĂ© arrĂȘtĂ© Ă  nouveau. Quand il a Ă©tĂ© emmenĂ© Ă  Constantinople, cependant, il a rĂ©ussi Ă  s’échapper. Les membres de la SociĂ©tĂ© secrĂšte continuent de collecter des fonds, contribuant Ă  hauteur de 20% Ă  un centre communautaire et Ă  80% Ă  l’armement. À cette Ă©poque, Svishtov avait le statut de rĂ©gion libre sur la base du traitĂ© de Sistova, conclu le 5 aoĂ»t 1791 entre l’Autriche et l’Empire ottoman, dans lequel la ville ne pouvait ĂȘtre gouvernĂ©e que par le Valide Khanim - la mĂšre du sultan

Ce sĂ©jour en prison lui a permis de s’aguerrir au mĂ©tier d’avocat. Il dĂ©cide de rester Ă  Istanbul exercer cette profession qui a l’époque ne nĂ©cessite pas de qualifications particuliĂšres dans L’Empire Ottoman. Il se fait des amis puissants et fait des affaires mĂȘme s'il n’est pas rĂ©ellement avisĂ©.

Son pĂšre rentrĂ© Ă  Kotel meurt. DĂ©sormais riche, Rakovski n’en oublie pas pour autant la cause de son peuple et continue de se battre pour la crĂ©ation d’une Église IndĂ©pendante Bulgare. Il Ă©crit des livres[9] et choisit la voie du combat et de la souffrance pour le bien de ses compatriotes. Il Ă©crit : « Tant que je tiendrai sur mes jambes et que je pourrais utiliser mes mains, tant que j’aurai une once de luciditĂ© en moi, je ne cesserai de me battre pour le bien-ĂȘtre de mon peuple que j’aime ardemment depuis mon plus jeune Ăąge et qui est la chose la plus prĂ©cieuse que je possĂšde sur cette terre. »

Engagement pour la libération de la Bulgarie

Haidouks Bulgares, CE 1867, de Rakovski

À l'Ă©poque prĂ©cise oĂč les diffĂ©rentes influences rĂ©gionales se heurtent Ă  l’expansionnisme occidental et oĂč point une future guerre entre les Russes et l’Empire Ottoman, Rakovski dĂ©cide de prĂ©parer son peuple Ă  une future rĂ©volution. Le ressenti est trĂšs fort en Bulgarie ou les inĂ©galitĂ©s du systĂšme fĂ©odal et les abus sont frĂ©quents. Le terrain est fertile Ă  la rĂ©volte. Il crĂ©e la « PremiĂšre LĂ©gion Bulgare» qui prĂ©voit une insurrection nationale lorsque la Russie dĂ©clarera la guerre Ă  l’Empire ottoman.

La Guerre de CrimĂ©e Ă©clate et, jouant de son rĂ©seau puissant Ă  Istanbul et de ses capacitĂ©s linguistiques, il se place Ă  un poste militaire stratĂ©gique Ottoman [10] d’oĂč il prĂ©pare secrĂštement la libĂ©ration de la Bulgarie grĂące Ă  un rĂ©seau clandestin tissĂ© Ă  travers toutes les villes du pays, prĂ©voyant au moment opportun de retourner ses armes contre l’armĂ©e ottomane. L’attente est conditionnĂ©e par l’avancĂ©e Russe.

Au pic de ses activitĂ©s sa sociĂ©tĂ© secrĂšte est dĂ©masquĂ©e. Rakovski est d’abord envoyĂ© Ă  ShumenoĂč le commandant en chef ottoman, furieux, est tentĂ© de le faire exĂ©cuter sur le champ mais dĂ©cide finalement de l’envoyer Ă  Istanbul. Lors du transfert, Rakovski est libĂ©rĂ©[11] par son ami Mustafa Bei et reprend immĂ©diatement les armes.

AprĂšs avoir rejoint les Balkans puis l’armĂ©e Russe qui a finalement passĂ© le Danube, il retourne se cacher pour attendre les beaux jours (plus propices Ă  des opĂ©rations militaires dans la rĂ©gion). Il se remet Ă  l’écriture et entreprend son Ɠuvre la plus connue Gorski Putnik. À cette pĂ©riode, les Chorbajis rĂ©quisitionnent tous ses biens familiaux et vendent aux enchĂšres les biens de son pĂšre. Il quitte la rĂ©gion de peur de se faire arrĂȘter Ă  nouveau et trouve refuge chez son cousin Nikola Balkanski, Ă  Stanoya. Il continue l’écriture et signe de nouveau poĂšme comme Radan et Boyana. Il prend alors la dĂ©cision de participer Ă  la libĂ©ration de la Bulgarie avec l’épĂ©e mais aussi et surtout avec la plume, et l’aide de la presse [12].

ÉtĂ© 1856 il gagne la Serbie[13], alors que la Russie a Ă©tĂ© dĂ©faite par l’Empire ottoman et ses alliĂ©s occidentaux. Avec l’aide de ses amis journalistes et Ă©ditorialistes serbes il publie ses ouvrages Predvestnik na Gorski Putnik et son poĂšme Gorski Putnik. C’est le premier ouvrage littĂ©raire Bulgare traitant de la libĂ©ration nationale.

À Novi Sad [14], aidĂ© par son ami le docteur Danilo Medakovich, il entreprend la crĂ©ation d’un journal dont il prend la direction Ă©ditoriale en 1857. Rapidement Bulgarska Dnevnitsa (Le Quotidien Bulgare)[15] dĂ©nonce l’oppression du clergĂ© grec ainsi que de l’Empire Ottoman. Évidemment cela attire l’attention de la « Sublime Porte ». Rakovski est une nouvelle fois arrĂȘtĂ© et la publication interdite. Rakovski est envoyĂ© en Valachie. Il est minĂ© moralement et financiĂšrement et doit beaucoup d’argent Ă  son ami Medakovitch qui a soutenu le lancement du journal. Lors de son passage Ă  Novi-Sad, il Ă©tend son rĂ©seau et se fait de puissants alliĂ©s serbes.

Rakovski et Matanovic en 1861

De retour en Bulgarie, il prend part au dĂ©veloppement de l’éducation nationale. Il pense fermement qu’"un homme sans Ă©ducation est un homme mort". Il obtient la crĂ©ation d’un lycĂ©e bulgare Ă  Bolhrad. Inquiet de la rĂ©action de la Sublime Porte qui y voit une volontĂ© de fĂ©dĂ©rer le peuple bulgare en vue d’une rĂ©volution, il fuit vers la Russie, « La terre de Russie, mĂšre de tous les slaves et protectrice du Peuple Bulgare » comme il la dĂ©crit lui-mĂȘme. Il s’installe Ă  Odessa vers 1860 et il reprend ses activitĂ©s universitaires, son Ă©criture, et la publication d’un journal Bulgare. MĂȘme en Russie, c’est un projet difficile Ă  mener. Ses souhaits sont d’attirer l’attention des occidentaux sur la rĂ©alitĂ© de l’oppression Ottomane en Europe de l’Est et publier son journal en France ou en Belgique, en français et en bulgare. Il ne trouve pas le financement nĂ©cessaire ; s'il est considĂ©rĂ© comme le plus brillant des Bulgares, les Ă©lites le dĂ©daignent, voyant d’un mauvais Ɠil cet agitateur public prĂȘt Ă  tout pour dĂ©noncer les abus auxquels eux aussi prennent part. Le Tsar russe de l’époque, pro-Phanariotes l’oblige Ă  Ă©migrer Ă  nouveau.

Il retourne finalement en Serbie [16] oĂč le nouveau prince prĂŽne une politique d’indĂ©pendance des pays balkaniques et n’est pas apprĂ©ciĂ© de la Sublime Porte. C’est le dĂ©but des actions de rĂ©volutions communes dans les Balkans [17]. Rakovski y trouve naturellement sa place. Le Prince lui permet de reprendre la publication de son journal Bulgare.

Le journal Ă©voque tous les aspects de la vie opprimĂ©e des Bulgares et dĂ©crit aussi avec sympathie les mouvements progressistes voisins des Balkans, d’Italie et de Hongrie, mais apporte aussi son soutien aux populations opprimĂ©es d'Inde[18]. Il prĂŽne l’indĂ©pendance de l’Église Bulgare qui donne l’éducation et qui collecte les taxes, dominĂ©e par les Ă©vĂȘques grecs et les Chorbajis bulgares ces derniĂšres favorisent le systĂšme fĂ©odal. Le combat pour l’Église Bulgare est en rĂ©alitĂ© une question politique majeure : « C’est le combat pour l’Église IndĂ©pendante qui ouvre la voie vers la libĂ©ration nationale et culturelle Bulgare », opprimĂ©e depuis cinq siĂšcles. Rakovski ne se dĂ©crit pas comme un croyant. Il continue de dĂ©crire dans son journal les misĂšres du peuple bulgare, leur oppression et leur tragique obligation de migrĂ© pour fuir la misĂšre et les bourreaux.

Alors que la rĂ©volte gronde au sein de l’Empire ottoman oĂč la situation Ă©conomique est prĂ©occupante, Rakovski reprend les armes et forme ses volontaires[19] pour une proche rĂ©volution. La Serbie elle-mĂȘme se prĂ©pare Ă  repousser les envahisseurs et Ă  rejeter sa dĂ©pendance vassale Ă  la Sublime Porte. Rakovski accompagnĂ© de 150 000 hommes dont 40 000 armĂ©s, entreprend de libĂ©rer les bords de mer serbes. Un demi-million d’hommes prend part aux affrontements. Rakovski entrevoit la victoire des peuples opprimĂ©s. Les volontaires armĂ©s rĂ©unis Ă  Belgrade sont impatients de se jeter Ă  l’assaut des frontiĂšres bulgares. AprĂšs une rencontre avec le Prince Nicolas VogoridĂšs de Moldavie, Georgie et ses hommes prennent part aux combats lors de diffĂ©rentes escarmouches, au cĂŽtĂ© des moldaves. Mais le moment n’est pas venu d’envahir les contrĂ©es bulgares. Rakovski se rend compte du double jeu que mĂšne la Serbie qui, malgrĂ© ses promesses, n’aidera pas la cause bulgare et, au contraire, se sert d'elle pour servir ses propres ambitions vis-Ă -vis des Turcs. En aoĂ»t 1862, les Serbes signent un protocole visant Ă  dĂ©manteler toutes les bandes de volontaires armĂ©es, y compris celle de Rakovski. La rĂ©volution Bulgare est tuĂ©e dans l’Ɠuf quand la LĂ©gion Bulgare est dĂ©mantelĂ©e[20].

Buste de Rakovski Ă  Plovdiv

Panayot Hitov, Ă  cette Ă©poque, lui propose une insurrection en envoyant ses hommes dans les montagnes bulgares pour s'unir avec celle de Rakovski mais en fin politicien, Georgi sait que le vent a tournĂ©. Trahi par les Serbes, les bulgares doivent dĂ©poser les armes mais Rakovski croit encore que la lutte contre l’oppresseur commun doit ĂȘtre organisĂ©e avec les pays des Balkans et il accepte d’aider les Serbes Ă  faire transiter des armes Ă  travers la Roumanie puis, plus tard, d’aller dĂ©fendre Ă  AthĂšnes l’idĂ©e d’une unitĂ© entre les peuples Balkaniques.

Il fait la rencontre de la fille d’un de ses amis, Hadji Hristo, avec qui il se fiance. Il prend conscience du faible bien-fondĂ© des alliances avec la GrĂšce et la Serbie qui semblent peu soucieuses du sort des Bulgares et qui secrĂštement complotent contre leurs prĂ©tendus alliĂ©s. Il s’installe en Roumanie en 1863 et expose Ă  diffĂ©rentes personnalitĂ©s europĂ©ennes ses doutes sur la politique serbe tout en prĂŽnant l’amitiĂ© bulgaro-roumaine avec qui il pense pouvoir s’allier contre les oppresseurs.

Il reprend l’écriture d’un journal ou il soutient cette fois la rĂ©volution agraire en Roumanie et en Bulgarie poussant les paysans Ă  se battre pour possĂ©der leur propre terre. À l’époque 95 % des bulgares sont des paysans qui travaillent sur les terres des 5 % de bulgares qui les possĂšdent. Il se met rapidement les riches Bulgares Ă  dos, notamment ceux vivant Ă  Bucarest. Pour autant le travail journalistique de Rakovski a un rĂŽle dominant dans la vision du monde sur le combat bulgare.

Il est toujours Ă  Bucarest en 1866 lors du coup d’État qui Ă©vince le Prince Alexandre Jean Cuza. On demande Ă  Rakovski de recruter des volontaires et de se prĂ©parer Ă  une invasion turque qui n’approuve pas le nouveau gouvernement mais les nouveaux dirigeants roumains qui tentent un rapprochement avec la Sublime Porte se dĂ©tournent de Rakovski, obligĂ© de se cacher des autoritĂ©s en prenant la direction de Brăila avec son ami Panayot Hitov puis vers la Russie.

Fin de vie et mort

Il ressent les prĂ©misses d’une maladie grave et reste alitĂ© pendant trois semaines. RĂ©tabli, il se dirige vers Odessa ; alors que la situation se tend nettement entre la Roumanie et la Turquie, on lui demande de reprendre la direction de sa faction armĂ©e [21] et de se prĂ©parer Ă  une guerre entre la Turquie et la Roumanie soutenue par les Bulgares. Le ComitĂ© central rĂ©volutionnaire bulgare est Ă  l’époque alliĂ© au gouvernement roumain sans que Rakovski soit mis au courant[22]. Rakovski fait le tour de ses connaissances bulgares et turques et cherche Ă  financer l’armement des rĂ©voltĂ©s bulgares. Il est opposĂ© aux dĂ©cisions du « ComitĂ© Secret Central Bulgare », dirigĂ© par des pro-occidentaux, qui se soumet trop aux Roumains Ă  son gout. Les relations se tendent avec certains alliĂ© bulgares et roumains.

Atteint de tuberculose, il jette ses derniĂšres forces dans l’unification de la Bulgarie, en faveur de son indĂ©pendance, en formant des troupes et en prĂ©parant une libĂ©ration de son pays. Sans le sou et malgrĂ© la douleur, il fait le tour de ses amis puissants pour chercher Ă  financer son armĂ©e rĂ©volutionnaire. De l’aveu de son ami Panayot Hitov, Rakovski ne s’économise pas malgrĂ© sa maladie et continue son combat jusqu’à la mort.

Georgi Stoykov Rakovski meurt le [23] à 47 ans, des suites de sa tuberculose. Ses obsÚques ont lieu le lendemain, au cimetiÚre de Serban Vodu de Bucarest. Des milliers de Bulgares sont présents pour ses funérailles. Partisans comme opposants lui rendent un dernier hommage. Tous ont conscience que la Bulgarie vient de perdre son plus fervent défenseur, un homme qui a donné sa vie pour son peuple et qui a ouvert une nouvelle Úre pour sa nation[24].

Ses combats pour l’éducation, la libĂ©ration et le dĂ©veloppement de la Bulgarie ont touchĂ© ses pairs au-delĂ  des frontiĂšres [25]. Il reste une des figures les plus emblĂ©matiques de la renaissance bulgare mais n’aura pas connu la Bulgarie libre.

Honneurs

  • Il existe de nombreuses rues Georgi-Sava-Rakovski en Bulgarie[26].
  • Il existe une ville du nom de Rakovski au sud de la Bulgarie l'oblast de Plovdiv, fondĂ© en 1966.
  • Rakovski Nunatak sur Île Livingston dans les Ăźles Shetland du Sud (Antarctique) est nommĂ© ainsi en l’honneur de Georgi Sava Rakovski.
  • Bolhrad High School est aussi baptisĂ© en son nom.
  • L'AcadĂ©mie militaire Georgi Rakovski dispense des cours aux jeunes bulgares.

Liens internes

Références

  1. Vesselin Traikov, Georgi Rakovski A Short Biography (1977) Sofia Press.
  2. Veselin Nikolov TraÄ­kov, G. Mukherjee Georgi Stoikov Rakovski, a Great Son of Bulgaria and a Great Friend of India p. 158
  3. Crampton, R. J. (1997). A Concise History of Bulgaria. Cambridge University Press. p. 77. (ISBN 0-521-56719-X).
  4. TraĂŻkov, Đ’Đ”ŃĐ”Đ»ĐžĐœ. Georgi Sava Rakovski. Sofia, maison d'Ă©dition de l'AcadĂ©mie des Sciences Bulgares, 1974. с. 44-68. (En Bulgare)
  5. Veselin Nikolov TraÄ­kov, G. Mukherjee Georgi Stoikov Rakovski, a Great Son of Bulgaria and a Great Friend of India (p. 88)
  6. Georgi Bokov (1981) Modern Bulgaria: History, Policy, Economy, Culture p. 56
  7. Ivan Vazov - "Sous le Joug" (Pod Igoto) (1894)
  8. Veselin Nikolov TraÄ­kov, G. Mukherjee (1987) "Georgi Rakovski, a Great Son of Bulgaria and a Great Friend of India" Northern Book Centre
  9. Margaret H. Beissinger, Jane Tylus, Susanne Lindgren Wofford (1999). Epic Traditions in the Contemporary World: The Poetics of Community. University of California Press. p. 79. (ISBN 0-520-21038-7).
  10. Biographie de Georgie Sava Rakovski sur Academic.ru
  11. Article sur Rakovski sur All4Sofia.com (Eng)
  12. Emanuela Costantini, Armando Pitassio (2008) Ricerca di identitĂ , ricerca di modernitĂ : il Sud-Est europeo tra il XVIII e el XX secolo. p. 29
  13. Trotsky, Leon; Brian Pearce, George Weissman, Duncan Williams (1980). The War Correspondence of Leon Trotsky. The Balkan Wars, 1912-13. Resistance Books. p. 487. (ISBN 0-909196-08-7).
  14. Marcel Cornis-Pope, John Neubauer (2007) History of the Literary Cultures of East-Central Europe: Junctures..., Volume 3 p. 44
  15. Article de Petar Kostadinov du 08/05/2006 dans "The Sofia Echo"
  16. Judit Maar, Patrick Renaud, Traian Sandu (2011) "Ouest-Est : dynamiques centre-périphérie entre les deux moitiés du continent" p. 140
  17. Association of Yugoslav Historial Societies (1975) The Historiography of Yugoslavia: 1965-1975 p. 212
  18. Rabindranath Tagore, A Century Volume 1861-1961 (1967) p. 323
  19. Georgi Sava Rakovski sur New World Encyclopédia
  20. Trotsky, Leon Brian Pearce George Weissman Duncan Williams (1980) The War Correspondence of Leon Trotsky. The Balkan Wars, 1912-13. Resistance Books, p. 487
  21. BalĂĄzs TrencsĂ©nyi, Michal Kopeček (2007) "National Romanticism: The Formation of National Movements" p. 381
  22. Dossiers de Hristo N. Macédoine
  23. Trotsky Leon Brian Pearce George Weissman Duncan Williams (1980) "The War Correspondence of Leon Trotsky. The Balkan Wars, 1912-13". Resistance Books, p. 487
  24. Biographie Rakovsky à la BibliothÚque virtuelle «Le Verbe» (En Bulgare)
  25. Annick Benoit-Dusausoy, Guy Fontaine (2007) Lettres européennes: Manuel d'histoire de la littérature européenne p. 527
  26. Par exemple, la rue Georgi-Sava-Rakovski Ă  Bourgas.
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