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Georges le Dalmate

Georges le Dalmate (en it. Giorgio da Sebenico, en croate Juraj Dalmatinac; né vers 1410 – mort le ) est un sculpteur et architecte médiéval dalmate. Il effectua l'essentiel de sa carrière à Šibenik (alors appelée Sebenico et dépendant de la République de Venise), et à Ancône, une république maritime italienne.

Georges le Dalmate
Image illustrative de l'article Georges le Dalmate
Sculpture de l’artiste (création moderne d’Ivan Meštrović), devant la cathédrale Saint-Jacques de Šibenik
Présentation
Nom de naissance Juraj Matejev
Autres noms Giorgio da Sebenico
Naissance vers 1410
Zara (l'actuelle Zadar, en Croatie)
Décès
Ĺ ibenik, dans l'actuelle Croatie
Nationalité Drapeau de la République de Venise République de Venise
Mouvement gothique flamboyant
Activités sculpture, architecture
Formation atelier de Giovanni et Bartolomeo Bon, Ă  Venise
Élèves Niccolò dell'Arca
Ĺ’uvre
RĂ©alisations ornements du Palais des Doges
Projets Cathédrale de Šibenik, palais ducal de Dubrovnik, forteresse de Minčeta (1464 – 1465), planification de la ville de Pag
Entourage familial
Père Mathieu de Zadar
Famille Élisabetta Da Monte

Biographie

Georges le Dalmate est probablement né à Zara (aujourd'hui Zadar, en Croatie), qui dépendait alors de la République de Venise[1].

Il partit encore jeune pour Venise, où il reçut une formation de sculpteur dans l'atelier de Giovanni et Bartolomeo Bon[2] - [3]. Il fut assistant pour les décors de la Porta della Carta du Palais des Doges[3]. Une analyse comparée de ses premières œuvres donne à penser qu'il fit preuve très vite d'originalité, et qu'en dehors de détails architecturaux, il apprit peu de choses de ses maîtres ; très vite, il ne fut plus pour eux qu’un compagnon itinérant, voire un associé[4]. À Venise il épousa Elisabetta Da Monte (fille d'un drapier vénitien, Gregorio da Monte), qui lui apporta en dot quelques maisons dans Venise.

En 1441, toujours résident de Venise, Georges fut rappelé à Šibenik où on lui confiait la construction de la Cathédrale Saint-Jacques. Il partit à la fin du mois d'août, avec un engagement (stipulé par contrat par les curateurs de la cathédrale) de s'établir pour au moins six ans dans la ville. Mais dès le , il acceptait de devenir l’architecte en chef moyennant une prorogation de son séjour à dix ans. On lui accordait la permission de retourner à Venise pour un séjour de deux mois tous les deux ans, à la condition cependant qu'il n'y travaille à aucun autre chantier que ses propres maisons. Finalement, il travaillera au chantier de la cathédrale de 1441 à 1473, avec des interruptions liées à la vie du chantier, aux manques de subsides et sans doute à un incendie. De 1451 à 1459, il résida à Ancône et ne revint que plus tard à Šibenik.

V. Miagostovich estime qu'il a dĂ» mourir Ă  Ĺ ibenik vers le [5].

Ĺ’uvres

Têtes sculptées de la cathédrale Saint-Jacques de Šibenik - chef-d'œuvre de Georges le Dalmate.

Sa carrière coïncide avec l’âge d'or de l'art médiéval dalmate[2]. Il fut l'un des hérauts de la « Renaissance Adriatique », mouvement qui s'exprima largement à Venise, en Dalmatie et dans quelques villes de la côte italienne adriatique, comme Ancône. La Renaissance, c'est-à-dire la redécouverte de l’art romain, s'est ici épanouie en continuité avec le gothique. C'est particulièrement le cas pour les ornements sculptés de Georges de Sibenik, qui se rattachent au style gothique flamboyant, alors que son architecture et ses sculptures sont profondément imprégnées des idées de la première Renaissance[3].

Sa plus belle réalisation reste la cathédrale Saint-Jacques de Šibenik dont il fut le maître d’œuvre entre 1441 et 1473[3]. Tout l'édifice est construit en pierre calcaire d’Istrie, sans aucune charpente ni mortier. Les parois de la cathédrale comportent une frise continue ornée de 72 effigies sculptées. Au-dessus de cette frise, plus précisément sur le parement Nord, Georges a ajouté deux anges ; sur le soubassement, l’artiste a gravé sa signature. Les tours de force produits sur ce chantier, et qui ont assuré sa célébrité, sont la construction du chœur, dont les fondations n'avaient pas été prévues, l'érection et la couverture de la nef qui n'avait alors atteint que la hauteur des collatéraux, et la couverture de la croisée du transept d'une tour-lanterne ou d'une coupole.

Malheureusement, le manque d'argent et l'incendie retardèrent la construction[6] et au , un architecte toscan, Niccolò di Giovanni Fiorentino, prit sa succession à la tête du chantier de la cathédrale Saint-Jacques.

À Split il construisit plusieurs hôtels particuliers. En 1448 il sculpta un autel en pierre pour la cathédrale Saint-Domnius de Split[3]. À Dubrovnik il participa à la réparation du palais ducal et de la forteresse de Minčeta (1464 – 1465). Il dressa également un plan d'urbanisme pour la ville de Pag[3] et contribua à la conception et à la construction des remparts de Pelješac. Artiste polyvalent, le climat culturel et l’orientation de la Renaissance lui permettaient de mener de front une activité de sculpteur, d’architecte et d’urbaniste, .

En Italie, il fut actif à Ancône où il édifia la Loggia dei Mercanti, le portail de San Francesco alle Scale et de Sant'Agostino[3]. L'étude chronologique de ces œuvres montre chez l'artiste une imprégnation croissante des motifs de l'architecture Renaissance, en résonance avec les autres régions d'Europe où la sophistication croissante donnait naissance au style Gothique flamboyant, appelé à Venise Gotico Fiorito.

La sculpture de Georges le Dalmate doit très peu de son inspiration au milieu vénitien. À vrai dire, les experts continuent de s'interroger sur ses sources d'inspiration.

Controverse sur son nom

Buste de Georges le Dalmate Ă  Zadar.


L’artiste dalmate apparaît fréquemment dans la littérature sous le nom italien de Giorgio da Sebenico[7], ou même parfois comme Giorgio Orsini[2] - [8], particulièrement dans la littérature italienne. Aujourd'hui, on trouve plutôt Giorgio Dalmatico ou Georges le Dalmate[9]. En Croatie, il est quelquefois connu sous le nom Serbo-croate de Juraj Matejev Dalmatinac[10]. Le nom d’Orsini ne fut jamais employé par l’artiste, mais seulement par son fils, et uniquement après la mort de son père[11] - [12] - [13] -

L’artiste a apposé sa signature en latin sur un bas-relief de l’abside nord de la Cathédrale Saint-Jacques : « hoc opus cuvarum fecit magister Georgius Mathaei Dalmaticus[11] - [12] », et sur son contrat de 1441 il signe : « Georgius lapicida quondam Mathei de Jadra Civis Sibenicenis » (trad. « Georges sculpteur, fils de Mathieu de Zadar, citoyen de Šibenik[12] »). Ce sont là les seuls actes signés de l’artiste dalmate.

Notes et références

  1. Thomas Graham Jackson, Dalmatia, the Quarnero and Istria, with Cettigne in Montenegro and the Island of Grado, Clarendon Press, (lire en ligne), p. 389
  2. « Giorgio da Sebenico [Georgius Matthei Dalmaticus; Giorgio di Matteo; Giorgio Orsini; Juraj Matejev Dalmatinac] », Grove Dictionary of Art, Macmillan Publishers Limited/Artnet, (consulté le )
  3. Encyclopédie générale de l’Institut Lexicographique de Yougoslavie, vol. 4, Zagreb, , « Juraj Dalmatinac »
  4. Anne Markham Schulz, « Giorgio da Sebenico and the Workshop of Giovanni Bon »(Archive.org • Wikiwix • Archive.is • Google • Que faire ?), Providence, USA, Université Brown (consulté en )
  5. Cf. Vincenzo Miagostovich, « I nobili e il clero di Sebenico nel 1449 per la fabbrica della cattedrale », Šibenik,
  6. Guide Vert Croatie, Boulogne-Billancourt, Sté Michelin, , 591 p. (ISBN 978-2-06-716902-9), « Vie de Giorgio Orsini »
  7. Cf. par exemple Peter Burke (trad. de l'anglais par Patrick Wotling), La Renaissance en Italie : art, culture, société [« The Italian Renaissance »], Paris, Éditions Hazan, (réimpr. 1997), 347 p., In-octavo collé (ISBN 2-85025-240-9), . 46, 296 (index)
  8. D'après Ludwig H. Heydenreich, Architecture in Italy, 1400-1500, Yale University Press, (réimpr. 2e) (ISBN 0-300-06467-5), p. 74, 80, 101, 183 (index) & 184 (index)
  9. André Vauchez, Dictionnaire encyclopédique du Moyen Âge, vol. I, Éditions du Cerf, , 23cm × 28cm (ISBN 2-204-05790-8), p. 453
  10. Cf. Giacomo Scotti, « La letteratura italiana in Dalmazia: una storia falsificata », Quaderni Giuliani di Storia, xXIII no 1,‎ , p. 21-35
  11. (hr) Cvito Fisković, Juraj Dalmatinac, Zagreb, Zora, , p. 73
  12. Radovan Ivančević, Šibenska katedrala, Šibenik, City Library "Juraj Šižgorić", (ISBN 953-6163-44-6)
  13. Encyclopedia of Visual Arts of the Yugoslav Lexicographical Institute, vol 3 (Zagreb: 1964), article Juraj Dalmatinac.

Bibliographie

  • (en) Cet article est partiellement ou en totalitĂ© issu de l’article de WikipĂ©dia en anglais intitulĂ© « Giorgio da Sebenico » (voir la liste des auteurs).
  • Mariano Fabio, La Loggia dei Mercanti in Ancona e l’opera di Giorgio di Matteo da Sebenico, Ed. Il lavoro editoriale, Ancona 2003.
  • M. Fabio, La facciata di S. Agostino in Ancona e il suo restauro, in Aa.Vv., Atti del Convegno "Arte e SpiritualitĂ  negli Ordini Mendicanti, II", Tolentino, Roma 1994.
  • M. Fabio, La stagione adriatica del Gotico fiorito, in F. Mariano, L’Architettura nelle Marche. Dall’EtĂ  classica al Liberty, Ed. Nardini, Fiesole 1995, p. 83–88.

Liens externes

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